♛ it's not like I care

A41 SI J90 (zénith)
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Elle regrettait déjà d'être venue. Tout ceci ne lui ressemblait vraiment pas. Se soucier des autres, faire un effort pour eux. Pourtant, elle était ici, juste pour faire taire cette petite voix anxiogène qui s'activait dans le fond de sa tête. Trouver où habitait Hazel n'avait pas été bien compliqué, il suffisait de savoir à qui demander l'information. Elle suivait désormais sa mère dans la maison, luttant contre l'inconfort qui tentait de se glisser dans ses muscles à chaque pas qu'elle faisait. Elle ne pouvait pas s'empêcher de remarquer les détails, de constater à quel point les lieux ressemblaient à... A un foyer, tout simplement. Cela faisait habité, chaleureux. Le nid d'une famille. Ce n'était pas pour rien qu'elle évitait de faire ce genre de visite habituellement. Il y avait des rappels dont elle n'avait pas besoin. Lorsque l'Ancienne l'abandonna dans un couloir, elle força des remerciements à quitter ses lèvres avant de prendre une longue inspiration pour calmer les battements un peu trop rapides de son cœur. Puis, elle toqua deux coups à la porte et l'ouvrit, se glissant à l'intérieur de la chambre.

- T'as une sale gueule.

Fallait pas croire que tout allait changer juste parce qu'elle avait décidé de venir s'assurer de son état. Elle continua à progresser dans la chambre, examinant de plus près l'état de son... Amie n'était pas exactement le terme, elle n'avait pas d'amis. Il fallait néanmoins reconnaître que Hazel était une sorte de constante dans sa vie depuis quelques temps. La tempête l'avait laissé amochée, elle aurait dû être aveugle pour passer à côté.

- Je suppose que je vais pouvoir me brosser pour nos entraînements pendant un moment.

N'attendant aucune invitation, elle se posa au bord du lit, tâchant tout de même de ne pas faire bouger trop le matelas et restant loin de la cheville blessée.

Hazel & Kyra

année 41 ; deuxième saison tempérée ; zénith 90

it's not like I care

J'avais le sentiment d'être punie depuis que Maze était venue me voir alors que, en l'occurrence, c'était bien elle qui s'était déplacée et pas l'inverse. Dans le fond, ce n'était pas une vraie punition, Shae était même plutôt positive, comme trop souvent et elle faisait simplement attention à mon état général. Elle n'avait pas exactement tort, si je faisais attention dans un premier temps, je pourrais plus rapidement reprendre du service. En attendant, je devais laisser le temps à ma jambe et à ma cheville de se retaper. Elle me connaissait par cœur, reprendre à moitié me rendrait encore plus dingue et de toute manière, je n'avais pas le feu vert de Charlotte pour le moment. Travailler en tant qu'herboriste, ça demandait une bonne condition physique quoi qu'on en dise. Je devais passer d'une plante à une autre et avec une jambe dans un tel état, ça ne rimerait à rien.

« T'as une sale gueule. » J'avais décroché mon regard du plafond pour lever les yeux au ciel. Kyra dans toute sa splendeur. Que Maze se soit accrochée à moi se résumait en un mot : les sentiments. Par contre, c'était toujours un mystère en ce qui concernait Kyra, elle qui n'aimait pas s'attacher aux autres. Les entraînements, c'était une chose, il ne fallait pas être particulièrement attaché pour partager de tels moments. Qu'elle soit venue me voir relevait du miracle. Je n'aurais même pas pu jurer que j'en aurais fait autant, pas tant que je n'étais pas dans son cas.

« Je suppose que je vais pouvoir me brosser pour nos entraînements pendant un moment. » J'avais grommelé quelque chose pour moi-même, un peu par fierté et surtout parce que je ne voulais pas lui donner raison, alors que, justement, elle avait raison et plus pour la remarque que pour le fait qu'elle s'était assise. Je ne voulais pas avoir éternellement le vertige en la regardant depuis mon lit et ça ne me dérangeait pas trop que cette fille se mette là. Ça ne signifiait absolument pas que je m'étais inquiétée pour elle. « J'te prierais de ne pas m'insulter. » Des piques, la fierté, la suite logique. « C'est pas une mauvaise chose que tu sois revenue en un seul morceau. J'me serais ennuyée sans toi aux entraînements. Mais juste aux entraînements, soyons claires. » A croire que c'était difficile d'avouer à une fille qui me supportait depuis tant d'années que je m'étais attachée à elle. Pur accident.

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A41 SI J90 (zénith)
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Toujours à ronchonner. Rien de nouveau là-dedans et elle n'était même pas étonnée, les blessures avaient cette tendance à accentuer les mauvais caractères en plus. Si elle sortait d'ici sans s'être au moins pris un objet volant, elle verrait ça comme une réussite frisant le miracle. Elle ne se leurrait pas, elle savait pertinemment qu'elle n'était pas une personne agréable à fréquenter et qu'elle avait l'art d'aller mettre le doigt là où ça faisait mal. Parfois en le faisant exprès et parfois juste car c'était devenu une sorte de réflexe.

- J'oserais pas te complimenter. La jalousie de quelqu'un pourrait ressortir.

Elle n'avait pas pu s'empêcher de le marmonner, ne se sentant pas coupable pour un sou au vu de ce sourire narquois qui lui avait étiré les lèvres durant un instant à peine. Maze n'était vraiment pas subtile lorsqu'il s'agissait de Hazel et elle n'était pas certaine que le fait qu'elles se connaissaient puisse changer quoi que ce soit à la donne.

- C'est cela oui. Je vais pas t'en tenir rigueur vu que, apparemment, tu t'es littéralement pris un coup sur la tête.

Assumer une telle déclaration était beaucoup trop compliqué, même lorsqu'elle ne faisait que la recevoir. Et, pourtant, cela lui avait fait plaisir. Il y avait eu cette petite étincelle de chaleur qu'elle s'était empressée de tuer.

- Comment tu t'es retrouvé dans un tel état ? J'ai pourtant pas l'impression que le Labo ait morflé. Pareil pour ici.

Par réflexe, elle avait jeté un regard autour d'elle, les yeux s'attardant sur le plafond intact. Tout le quartier semblait en bon état. Hazel avait dû être au mauvais endroit, au mauvais moment, et elle ne pouvait s'empêcher d'être curieuse. Elle n'avait pas l'air du genre à rester au milieu de la tempête, à courir comme une poule sans tête.

Hazel & Kyra

année 41 ; deuxième saison tempérée ; zénith 90

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« J'oserais pas te complimenter. La jalousie de quelqu'un pourrait ressortir. » Mes joues étaient devenues rouges en un instant et mes yeux la fusillaient, alors que je me cachais sous mes couvertures. Elle ne pouvait pas savoir pour Maze et moi, c'était impossible, pas en si peu de temps. Elle avait certainement bluffé ou tenté une blague de mauvais goût, d'autant plus si dans sa tête, nous étions toujours célibataires. Je serrais les poings autour des couvertures pour m'empêcher de lui en coller une ou de lui dire ce que je pensais au fond de moi, même si dans le fond, j'aurais aimé apprendre que je n'étais pas la seule jalouse. Maze était forcément mieux que moi dans ma tête mais c'était peut-être à cause de cette subjectivité malsaine dont je pouvais faire preuve quand on parlait d'elle.

« C'est cela oui. Je vais pas t'en tenir rigueur vu que, apparemment, tu t'es littéralement pris un coup sur la tête. » Au moins, Kyra était pareille à elle-même, le voyage ne l'avait pas changée. Je n'allais pas tout d'un coup m'ennuyer parce qu'elle serait devenue une étrangère trop gentille et trop parfaite. Je lui jetai un regard noir, signe que je ne m'étais pas ramollie, moi non plus.

« Comment tu t'es retrouvé dans un tel état ? J'ai pourtant pas l'impression que le Labo ait morflé. Pareil pour ici. » Première réaction digne d'une adolescente que j'étais encore, je pris un coussin, non sans râler parce que ma blessure à la tête me tirait, ainsi que ma cheville, avant de le balancer, direction sa figure. Elle avait été trop loin et je m'étais retenue trop longtemps. « Ça, c'est pour l'allusion à Maze, abrutie. Et au passage pour le coup sur la tête. » La vengeance, c'était toujours si plaisant et elle l'avait cherchée.

Concernant la suite, j'étais beaucoup moins fière. Il fallait que je la mène en bateau. Je n'étais pas prête à l'entendre me juger ou, en tout cas, je n'étais pas prête à prendre un tel risque. Elle aurait pu réagir autrement mais je n'en avais aucune certitude à ce stade. « T'as pas vu comment ça s'est passé. Il y en avait un bon nombre, d'idiotes qui couraient dans tous les sens et se bousculaient parce qu'elles paniquaient. J'aurais pas pu éviter ça. Mais pas besoin d'en faire des tonnes. J'vais m'en remettre. » Je n'avais même pas hésité, l'histoire bidon était venue naturellement et ça pouvait être crédible, vu certains spécimens.