death is not the end

oz ∞ salem

Année 41, saison intermédiaire (jour 85) ✻✻✻ Oz, il était pas fataliste mais il savait bien qu'il crèverait un jour et que ce serait plutôt tôt que tard. Il disait pas, être rationnel et très axé sur sa survie à lui, ça aidait. Sauf que c'était plus comme avant depuis longtemps. Il s'était endurci sur certains plans mais une part de lui était devenue plus molle. Il s'était attaché. Il y avait des gens auxquels il pouvait pas s'empêcher de penser et ils étaient parfois pas capables de se débrouiller suffisamment seuls. Ils étaient pas incapables non plus mais un petit citadin manquait de bases pour certains trucs. Parce qu'il se souciait d'eux, il était condamné à faire moins attention à lui. Les accidents arrivaient comme ça. On prenait une conne de décision pour quelqu'un d'autre, puis on regrettait mais pas vraiment.

Puis y avait Jax. Lui, en la matière, il remportait toutes les palmes. L'idiot de cabot avait pas toutes les pièces pour fonctionner. Ce qu'il pouvait être con aussi parfois. Il savait pas pourquoi, Oz, mais ça lui prenait parfois. Il se barrait et qu'importe que son maître gueule, ça changeait rien. Ses mésaventures commençaient presque toujours comme ça désormais. Vraiment, y a rien d'autre qui aurait pu expliquer qu'il s'élance en pleine tempête après avoir trouvé un abri parfaitement acceptable en attendant que le vent se décide à se calmer.

Dans tout ce chaos, il valait pas mieux qu'un fétu de pailles, Oz. Il s'était fait avoir comme un bleu. Il avait valdingué, était passé au travers de trucs. Il avait eu mal. Il résistait pourtant bien à la douleur. Lorsqu'il s'était pété le bras quand il était plus jeune, il avait même pas chialé. Ici, il aurait presque trouvé ça cathartique de laisser sa petite larme couler. La vie se foutait un peu trop de sa gueule. Peut-être qu'il aurait dû voir les signes, Oz. Sentir que le vent tournait pour lui. Le moment était p't'être venu. Il le pensait, tout en regardant sa main toute poisseuse de sang qu'il venait de retirer de la blessure qui lui trouait le bide. C'était pas un bon endroit pour être blessé. Il était pas soigneur mais il avait retenu ce qu'il avait vu. Il avait vu des gens y passer après une blessure pareille. En plus, il était trop faible, Oz. Il avait pas de graisse autour des os et son corps était perpétuellement fatigué. Ouais, ça puait la mort à cent kilomètres à la ronde.

Et dire qu'il n'avait même pas foutu la main sur cet idiot de cabot. Oz, il espérait que quelqu'un le retrouverait en vie. Puis que Swann s'occuperait de lui. Jax, il avait toujours bien aimé Swann.

Dans le fond, il n'avait pas vraiment peur de mourir, Oz. Il s'y était préparé toute sa vie. Dès le début, on avait pas voulu de lui. Il avait quand même lutté comme il pouvait. Il avait tracé une sacrée route. Puis, il pensait pas que la mort était une fin en soi, Oz. Il y croyait à ce truc que les Libres lui avaient raconté. Des croyances dont on se foutait trop souvent mais auquel il s'était accroché. Ça aidait de se dire qu'une vie n'était qu'une étape parmi tant d'autres. Si c'était le moment de passer à la suivante, qui il était pour venir dire le contraire. Et valait mieux que Mère Nature en personne vienne le faucher plutôt que de se faire crever dans son sommeil par un connard à écailles.



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Année 41, saison intermédiaire (jour 85) ✻✻✻ Putain, il aurait dû le savoir que Jax lui ramènerait de l'aide et qu'il serait pas le plus grand des génies au moment de faire le choix. Oz, il s'était forcé à ouvrir les yeux en entendant l'aboiement. Il s'était même demandé deux secondes si il n'était pas déjà mort ou si il rêvait pas. Son clébard était bien là, à lui lécher le visage comme si il ne l'avait plus vu depuis la saison d'avant, le tout face à un public inconnu. Même à moitié crevé, il avait pas pu s'empêcher de juger, Oz, et il se dit que ce grand maigrichon n'allait pas être d'une grande aide pour le sortir de cette merde dans laquelle Mère-Nature l'avait fourré. D'ailleurs, elle se foutait un peu de sa gueule, celle-là, à lui envoyer quelqu'un mené par l'ange Jax au moment où il s'était dit que c'était bon, qu'il pouvait y passer là sans trop de regrets. Jamais on avait ce qu'on voulait dans cette ville. Tu pouvais être sûr que t'allais te faire truander même pour passer l'arme à gauche. « Reste réveillé. » « Va te faire foutre. » Qu'il grogna, Oz, dans un réflexe, parce que vraiment c'était quoi ce conseil à la con ? Il aurait voulu l'y voir, à sa place, le Musclor version wish. Oz, il paya vite son jugement et jura encore un peu plus lorsque la douleur devint plus forte au niveau de son ventre. Il s'en était presque tapé la tête au sol. Il critiqua pas parce qu'au moins l'autre foutait un truc mais quand même. Prochaine fois qu'il le voyait, il lui mettait son poing dans la gueule. « Tu y connais quelque chose ? Il y a un truc que je pourrais faire pour t'aider ? » Vraiment, le monde allait devoir arrêter de se foutre de sa gueule. Il voulait pas lui passer le fil et l'aiguille pour qu'il se recouse le bide tout seul aussi ? « Achève-moi. J'déconne pas. C- » Il ravala un grognement et deux jurons de plus. « -ira plus vite. » Qu'il termina quand même parce que la douleur et la vie en général n'allaient pas le priver de sa répartie. Il se sentait déjà assez souillé comme ça, le Oz.



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Année 41, saison intermédiaire (jour 85) ✻✻✻ « T'as pas une proposition utile plutôt ? » Il n'avait pas d'affection particulière pour les gens trop sympathiques, Oz, tout le contraire, mais il n'aurait pas été dérangé d'avoir une bonne poire sous la main à cet instant. Tout sauf ce type inutile qui lui renvoyait la balle et s'attendait à ce que lui, le mec avec le bide ouvert, leur sauve la mise. Parfois, fallait quand même reconnaître qu'il valait mieux rien que ça. « Je dis ça pour toi, si t'y passes, c'est pas mon problème. » Il ricana un coup. Ouais, c'était pas illogique. Il fallait bien qu'il tombe un jour sur un gars qui lui ressemblait avec lequel s'assembler. Putain, ce qu'il aurait préféré que ce soit à un autre moment. Ou jamais, il aimait bien être un peu unique, Oz, il l'avait toujours été parmi ces soumis d'Aiglons. On rejoignait rarement un clan si tard, il avait cru comprendre. Les anciens Libres finissaient par s'adapter parce qu'ils étaient moins cons et moins bornés. « Pourtant t'es là. » Il savait bien ce que ça voulait dire, le Oz. Malgré les excuses qu'on pouvait trouver, la vie se voulait plutôt simple. Beaucoup de choses tenaient à ce qu'on avait en soi. Il trouverait des trucs à redire parce qu'il avait l'air chiant comme ça, ce mec, mais si il était resté c'était bien qu'il ne devait pas être si terrible. Il devait même avoir un fond plus bon que mauvais. « Si t'en avais rien à foutre que j'crève, tu te serais déjà barré. » Provoquer un gars qui restait sans l'avouer n'était pas l'idée du siècle mais il avait l'art de prendre des décisions discutables. Il avait choisi de s'attacher un boulet au pied en adoptant Jax, pour ne citer que ça. Dans ce cas-ci, ça lui avait bien réussi puisque le cabot lui avait ramené de l'aide. Bon, il l'avait aussi mis dans la merde mais on allait éviter de penser à ça. Ce nouveau compagnon d'infortune le réussirait peut-être aussi. Puis c'était pas comme si il avait le choix. « Faut un truc pour compresser la blessure. Si t'arrivais à faire un bandage par-dessus, ça nous faciliterait la vie. Pis faut de la chaleur. J'vais rien d'apprendre, c'est toujours ce qui pêche. »



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Année 41, saison intermédiaire (jour 85) ✻✻✻ « Je vais trouver quelque chose. » Enfin, il se bougeait le cul. Oz soupira, la tête lourde contre le sol. Il frissonnait de tous ses membres et son corps était parcouru à l'occasion de spasmes de douleur. Il faisait le con et le fier mais il était quand même content de ne pas être seul. Tant qu'à pas crever, c'était pas plus mal. Si le Jaguar s'était tiré, Jax non. Il s'était posté près de sa tête et lui léchait le visage de sa grosse langue puante. Pour une fois, il s'en plaindrait pas, le Oz. Il y avait le réconfort en plus de ce petit peu de chaleur résiduel. Si il l'avait pu, il aurait aimé s'enfouir dans la fourrure crade du cabot.

L'autre revint les bras chargés et il prit ça comme une bonne nouvelle. Maladroitement, il assista même en pressant la main sur le bout de tissu posé sur sa blessure. « Tu penses que tu supporterais qu'on te bouge un peu ? C'est mieux isolé par-là. » Quelle question. La réponse était putain de non mais bon. « On s'en fout de ce que je supporte, faut le faire. » Réplique de survivant qu'il sortait là. Il observa du coin de l'œil les faits et gestes du matou, un peu à la façon de Jax. En plus méfiant peut-être. Il pouvait pas s'en empêcher. « Je te redresse. » Et aussi sec, Oz se retrouva assis. Plus tard, il serait pas fier d'avouer qu'il avait gueulé un coup. « Putain de merde ! » Maintenir la position était une épreuve en soi. Il aurait pas craché sur une bonne inconscience, le temps que ce soit terminé. P't'être même jusqu'à ce que cette connerie de tempête se calme, qu'ils puissent aller au QG là où des gens compétents s'occuperaient de lui. Encore heureux, le grand machin bossait vite. Oz se retrouva avec le bide tout emballé. C'était pas moins douloureux mais, au moins, il se vidait plus de son sang. « Je pourrais pas faire mieux. » « C'est mieux que j'l'avais imaginé. » Fallait reconnaître ce qui était. L'autre était parti complètement inutile et il était revenu un peu plus débrouillard. « Bon, c'est où que tu veux qu'on se casse ? »



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Année 41, saison intermédiaire (jour 85) ✻✻✻ « La pièce là-bas. » Réponse inutile. Oz grogna un truc indéchiffrable. Il avait été con de demander ça aussi. Savoir ne changerait rien à sa putain de vie dont les prochaines minutes allaient être particulièrement merdiques. « On bouge vite et après je te fous la paix jusqu'à ce que ça se calme dehors. » Un plan glorieux. « Fais pas une promesse que tu peux pas- » Comment payer sa mauvaise foi. Il avait dû serrer les dents si fort sous la douleur soudaine, le Oz, qu'il arriva pas à aller au bout de sa phrase. D'autres mots se glissèrent vite fait entre ses mâchoires. Des insultes majoritairement. Le chat s'en était pris quelques une au passage. Putain de situation. Avec la volonté d'un gars qui avait pour habitude de pas se laisser crever, Oz passa au-dessus de la douleur comme il avait appris à le faire. Il était pas bien stable sur ses guiboles mais être à la verticale restait une amélioration. « Bouge quand tu t'en sens capable. » Faute d'énergie, il fit qu'hocher la tête. Il se sentait pas bien fier, Oz. Heureusement qu'il y avait le bandage, il aurait pu croire que ses organes allaient prendre la porte de sortie improvisée qu'on leur offrait.

Comme un duo de bras cassés, ils progressèrent dans les décombres jusqu'à la fameuse pièce qui devait devenir leur petit havre en attendant que le calme revienne dehors. Oz pris pas trop la peine d'observer la déco. Il se sentait pas loin de tourner de l'œil. C'était bien la seule raison pour laquelle il crachait pas sur la douleur qui lui sciait le bide.



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