too bad, you're alive

rover ∞ ivy

Année 41, deuxième saison tempérée (jour 91 - zénith) ✻✻✻ « Aucun instinct » Qu'il souffla de sa voix pleine de gravats et de dédain. La pauvre chose qui était venue se perdre dans son lit la nuit précédente dormait trop profondément pour son propre bien. Il lui jeta la couverture qu'il avait à la main sur les fesses et se tira de la pièce comme un fantôme. Encore une idiote qui avait pensé pouvoir obtenir quelque chose de lui parce qu'il frayait avec les bonnes personnes. Elle s'était pointée à la tombée du jour avec ses airs de minette et un but dans la tête. Il n'avait pas dit non, Rover, n'avait pas dit oui non plus. Il s'était laissé embrasser. Lui avait laissé le champ libre lorsqu'elle lui avait ôté son pull et l'avait plain comme si il n'était qu'un gosse en voyant les bandages. Malgré la blessure qui lui trouait le bide, il l'avait laissé faire ce qu'elle voulait. Il n'avait même pas bronché face aux douleurs lorsque ses plaies aux épaules s'étaient mise à frotter contre le matelas. L'opportunité était là et il l'avait laissé se produire avec son flegme coutumier. Le sexe était la solution de tous les maux, prétendait un vieux dans un rue qui était mort il y a bien deux saisons d'une saleté de crève. Preuve que ce n'était pas très vrai. Le plaisir s'estompait vite, comme avec tout. Ca ne l'avait pas empêché d'avaler une tasse de la tisane difficilement obtenue qui allait lui filer des aigreurs avant de commencer sa journée. Un matin comme un autre. La fille dans son lit avait déjà été oubliée et trouverait son chemin vers la sortie toute seule. Tout ce qui avait de la valeur était mis sous clé de toute façon. Elle pouvait bien partir avec une chaise, il s'en battait les couilles. Il avait de toute façon mieux à faire que de la foutre dehors. La gosse était naïve si elle pensait qu'ils ne se ressemblaient pas. Il jouait les putes autant qu'elle pour obtenir des faveurs, le Rover. Il n'utilisait simplement pas son cul pour ça.

Sans ordre pour la journée, il savait où était son intérêt. Il avait toujours eu l'art de savoir où se placer. Être au bon endroit, au bon moment faisait toute une vie. Un type comme lui ne prenait pas de pause sous peine de se faire taxer sa place par un arriviste. un truc qu'il était pas prêt de laisser arriver. « Comme toujours, la vie épargne les crevards. J'aurais bien aimé te voir plus bas que terre mais on n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie. » Le vieux qu'il comptait suivre pour l'après-midi avait intérêt à ne pas se rendre compte tout de suite qu'il avait besoin d'un coup de main parce qu'il savait bien qu'il n'allait pas se sortir de là si facilement, le Rover. Presque quinze ans que Ivy lui collait aux fesses et lui aboyait dessus comme un chien avec l'écume aux babines. Il était bien placé pour savoir qu'elle lâchait l'affaire tout aussi difficilement. « Ca me plairait bien que tu te la fermes parfois mais ouais, t'as raison, on n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie. » La haine était facile à prendre, il avait la peau dure. La répétition était plus chiante mais on s'habituait à tout. Le jeu était trop bien rôdé que pour qu'il ne tombe pas dedans, oubliant simplement le haussement las des épaules pour le bien des blessures dans son dos. Tel le requin qu'il était, il avait flairé le sang sans y faire vraiment gaffe. Son regard s'était accroché au bras en écharpe et il avait rangé l'information dans un coin pour un peut-être usage futur. Toujours être prêt au pire. Elle surfait sur l'honneur doré, la Ivy mais ils connaissaient ceux-là. Ils faisaient quand même que ce qui les arrangeaient. « J'vois qu'on a pas grand chose à faire de sa vie. Choquant. » Son regard perçant balayait encore le corps de sa compagne de fournée à la recherche d'un signe qu'il ne trouva évidemment pas. Ni vert, ni dragon parmi ses fringues. Rover n'allait pas s'en étonner. Elle manquait de raison de se mouiller avec son futur tout tracé dans le Golden Quarter.



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Année 41, deuxième saison tempérée (jour 91 - zénith) ✻✻✻ « Oh c'est vrai, je t'empêche d'aller te rendre utile auprès d'un crevard arriéré ou encore de détruire la vie d'une pauv' fille. J'suis désolée. Ma vie est d'un ennui à côté de la tienne. » Des jugements, toujours des jugements. Elle était douée pour ça, Ivy. Elle ne voyait que le négatif derrière ses actions et non la maîtrise d'un véritable business et sa capacité à s'adapter à un monde qui changeait. Apparemment, elle était pas foutue non plus de capter que par son opportunisme, il était bien plus ouvert d'esprit qu'elle ne pouvait le penser. Ce n'était pas sa faute, tout de même, si le mal payait mieux et qu'il n'avait pas l'idiotie d'aller se laisser crever la gueule ouverte parmi des gens qui ne bougeaient pas vraiment. On murmurait un peu partout qu'on voulait du changement, que la situation qui s'empirait de jour en jour était un problème, mais y avait personne pour porter ses couilles et aller trancher la tête du problème. Littéralement. Il aimait pas ça, Rover. Cette complaisance à soutenir le bien, à être honorable, en se disant que c'était bien suffisant. Même gueuler son mécontentent à voix haute, personne faisait. Il prétendait pas que ça aurait été intelligent, tout le contraire, mais qu'on arrête de le faire chier parce qu'il se tournait pas les pouces comme les autres. « Qu'est-ce t'as, Ivy ? Nos petits camarades de fournée sont pas libres pour cracher sur le si vilain monde alors t'as que moi à emmerder ? P't'être qu'il serait tant que tu fasses comme eux. Pondre un gosse ou deux pour occuper tes journées. »



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Année 41, deuxième saison tempérée (jour 91 - zénith) ✻✻✻ Il le connaissait bien ce rire, Rover. Il parsemait souvent leurs échanges, n'était jamais bon même si il n'était pas toujours facile de savoir pour qui. Pas tout de suite, du moins. Il ne se dérida pas, l'humeur n'aidant pas. Si il pouvait apprécier de se prendre la tête avec Ivy à l'occasion, il n'était pas là pour tout le reste. Fallait pas croire qu'il allait aider à lui remonter le moral. Il était pas son putain de pote. Elle avait jamais manqué d'être vocale à ce sujet.

« On en rediscutera quand le clan sera stable. Pas sûre que ça arrange tes affaires. Enfin, t'es doué pour trouver le bon filon. » A ça, il rigola. Franchement. Un bon rire bruyant qui ne manqua pas de réveiller les douleurs dans son dos et au niveau de son ventre. La bonne blague. « Tu joues les optimistes, Ivy ? Quand le clan sera stable ? La seule stabilité qui se pointe pour le moment c'est celle qui nous aura tous cassés sous l'oppression et j'doute que t'auras plus envie de pondre que maintenant dans ce climat. » On l'accuserait jamais de ne pas avoir une vision claire de la situation. Il était comme ça, Rover. Le regard porté au loin et l'esprit qui calculait. Bien moins con que ce qu'on pouvait raconter lorsqu'il s'agissait de sauver sa propre peau ou d'accumuler des richesses qui s'avèreraient utiles un jour ou l'autre.



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