It's okay not to be okay (Max)

DRAGONS DU NORD

it's okay not to be okay
année 41 – saison tempérée 2 (nuit 91)

Tu essuies un peu de sang du revers de la main. Juste là où la peau s'est déchirée sous le choc. Trop sèche en cette saison. Le mauvais coup n'a clairement pas aidé. Tu as toujours un goût un peu ferreux dans la bouche et les phalanges trop chaudes d'avoir frappé. L'idiot l'a bien mérité. Encore un de ces types trop vieux pour le service qui n'avait rien trouvé de mieux que d'aller rouler des mécaniques parmi les Soumis. Une attitude qui t'a toujours été insupportable. Dans ce monde idéal auquel tu aspires un Membre est là pour servir la population et non le contraire. Il inspire le respect et la sécurité. Pas la peur. L'histoire aurait été plus loin si quelqu'un n'était pas venu vous séparer mais tu as la satisfaction de savoir qu'il a pris plus de mauvais coups que toi. Les mouvements ont réveillés la douleur dans ton flanc mais il ne l'a pas atteint. Tu es certaine d'avoir senti l'épaisseur d'un bandage en lui assénant un coup de poing. Peut-être que cela lui servira de leçon pour quelques jours. Tu n'es pas très optimiste pour plus. Il n'a pas l'air d'être prêt à se repentir. Il n'en a même aucune raison au vu des décisions qui sont prises là-haut. On lui donnera raison si cela remonte. Ce qui ne se produira pas. Aucun Dragon ne va se plaindre d'avoir pris un peu plus que ce qu'il a rendu. Question de fierté. Les rues sont froides ce soir. Ou peut-être que c'est parce que tu es dehors depuis trop longtemps. Que l'adrénaline est déjà retombée et que tu ressens un peu plus la fatigue. Tu presses le pas. Les mains glissées sous les aisselles pour les garder au chaud parce que tu as encore oublié tes gants. Mais tu t'arrêtes vite. Frappée par un détail qui te pousse même à revenir en arrière de quelques pas. « Il est pas un peu tard pour que tu traînes là ? » Ce n'est surtout pas la bonne période pour ça. Les violences sont trop régulières et certains sortent en meute à la tombée du jour pour s'amuser. Il fait sombre mais tu la reconnais sans mal. Difficile de ne pas connaître son existence dans le clan. « Tout va bien, gamine ? » C'est bizarre pour une Golden d'être ici. Seule. Ton instinct s'agite un peu. Sent que quelque chose cloche avec elle même si tu ne la connais pas vraiment. Elle semble misérable. Avec le poids du monde sur les épaules.

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Maxine & Sparrow
A41 ST2 J91 (nuit)

It's okay not to be okay

Le sentiment était ancien, de l'un de ceux qu'elle n'avait plus ressenti depuis des années et qu'elle s'était persuadée qu'elle ne ressentirait plus jamais, avec un peu trop de naïveté, comme toujours. Pourtant, elle ne pouvait pas nier que ce qui lui serrait le cœur était l'impression d'être profondément seule et perdue, toutes ses envies d'aller trouver quelqu'un tué dans l'œuf avant qu'elle n'ait réellement le temps de l'envisager. Quelques jours plus tôt, les réponses avaient pourtant été si claires. Elle avait son père et Sawyer, et des amis auprès desquels elle pouvait aller se réfugier. Qu'est-ce qu'elle était censée faire lorsque son père était le problème, que Sawyer ne voulait plus d'elle, et que tous ses amis étaient liés de près ou de loin à cette situation ? Chez Cam et Jackson, il y avait Lila et Milo. Elle n'aurait même pas osé aller voir Shiloh, elle ne s'était jamais sentie assez à l'aise avec son paternel pour le faire, sans même compter qu'il faisait aussi partie du Conseil. Les autres avaient d'autres problèmes sans doute, il était hors de question qu'elle devienne un poids de plus avec ses embrouilles d'enfant gâtée. Se laisser grelotter dans une ruelle n'était pas l'idée du siècle, mais elle n'avait eu que celle-là et elle n'avait pas eu le cœur de se soucier des conséquences. Au point où elle en était, attraper la crève ne serait qu'une raison supplémentaire d'être misérable et la raison serait au moins visible. Une voix l'avait sortie de ses pensées après ce qui lui semblait être des heures. Ce n'était pas la première personne qui était passée, mais elle était la première à l'avoir remarquée ou à s'être souciée de sa présence, pour ce que cela changeait. Elle n'avait pas relevé la tête, un simplement haussement des épaules en guise de réponse parce qu'il était sans doute trop tard pour ça, mais qu'elle s'en fichait pas mal. Cette femme n'avait pas besoin de savoir qu'elle n'avait nulle part où aller.

- Non.

Elle aurait dû prétendre le contraire, il n'était pas bon d'admettre ses faiblesses, mais elle avait toujours été trop sincère pour son propre bien. Cela n'allait pas changer alors qu'elle avait la sensation que ce bien ne comptait plus vraiment.

AVENGEDINCHAINS

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année 41 – saison tempérée 2 (nuit 91)

Elle hausse les épaules dans une réaction typique d'ado mais tu vois une gravité dans ce geste. Tu n'en plantes que plus fermement les pieds sur place. Décidée à ne pas partir tant que tu ne l'auras pas au moins raccompagné vers le chemin de la sécurité. Elle n'est pas nouvelle Membre ou une simple Soumise pourtant. Mais les raisons d'être une cible sont nombreuses. Tu as vingt-quatre ans et tu as encore des jours sans. Des moments où tu as besoin d'une épaule amicale pour regagner la lumière. « Non. » Elle a encore un peu de voix. Mais tant de désespoir qu'elle place dans un seul mot. Trois lettres qui la rendent misérables. Tu n'as pas pitié. Elle te fait de la peine. Fait jouer les fils rattachés à ton cœur trop sensible. Tu progresses dans la ruelle pour aller t'accroupir à ses côtés. Tu as appris qu'il valait mieux ça. La position te fait prendre moins de place. « Tu peux pas rester là. » Ils ramassent les solitaires le soir. Vu sa position dans la chaîne alimentaire c'est moins risqué pour elle. Sans doute. Mais il suffit d'une personne particulièrement mauvaise ou qu'elle ne soit pas reconnue. La nuit pourrait virer au cauchemar même pour une telle élite. Martin ne laisserait pas de telles actions impunies mais il serait trop tard pour elle. Le trauma serait installé. Ce même statut rend sa présence ici bizarre. « Tu as quelque part où aller ? » Ce n'est sans doute pas anodin qu'elle ne soit pas chez elle. Dans le confortable Golden Quarter. Elle se trouve à l'opposé. Les quartiers où vivent les moins chanceux ne sont plus très loin. Si elle ne veut pas rentrer là-bas il y a sans doute un endroit où elle pourrait aller. Chez un ami. Elle semble en avoir beaucoup. Ou du moins tu la croises toujours avec quelqu'un. Mais ça ne veut rien dire. Tu devrais le savoir.

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Maxine & Sparrow
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It's okay not to be okay

Elle n'était même pas sûre de ce qu'elle désirait vraiment. D'un côté, elle aurait voulu que cette femme parte pour qu'elle puisse se complaire dans son misérabilisme pour quelques heures encore, mais, de l'autre, une part d'elle qu'elle ne connaissait que trop bien ne voulait pas être seule. Elle ne voulait pas revivre ça et, même si l'intérêt venait d'une étrangère, il représentait quelque chose qui l'impactait et provoquait un picotement caractéristique de larmes à venir dans ses yeux. Faire confiance à la première personne venue n'aurait pas dû être si facile, mais, dans ces circonstances, après que les pires des trahisons soient venues de ceux dont elle était le plus proche, ce choix paraissait presque logique.

- Non.

Raison pour laquelle elle était dans cette ruelle, loin de ceux qui la connaissaient et vers qui elle ne voulait pas aller pour trop de raisons. Fondamentalement, elle aurait pu trouver quelqu'un, même dans ceux dont elle était moins proche. Un autre patrouilleur accepterait sans doute de la laisser passer la nuit sur son plancher ou quelque chose du genre, mais elle ne voulait vraiment pas réclamer. Elle ne voulait pas franchir ce pas et qu'ils se sentent forcé d'accepter parce qu'elle devait faire pitié pour que même une Ancienne de passage se soucie de son cas.

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année 41 – saison tempérée 2 (nuit 91)

« Non. » Sa détresse t'est difficile à voir. Il y a chez elle une innocence qui la rend plus touchante encore que certains autres jeunes. Tu le vois bien. Elle est paumée. Et si elle ne tend pas la main pour se faire aider elle ne mord pas non plus celle qui vient vers elle. Pas encore du moins. Le signe est aussi bon que mauvais. Témoigne d'un certain désespoir. Ta décision est déjà prise. « Tu veux venir chez moi ? J'ai pas de deuxième lit mais il y a des couvertures en plus. Je ne voudrais pas te voir tomber malade alors que tu as tenu les grands froids. » Tu te redresses et tu la tends vers elle, cette main symbolique. Juste pour l'aider à se remettre debout. Tu ne sais pas depuis combien de temps elle est là. Ses jambes doivent être tout ankylosées par les basses températures. Tu porterais bien son sac aussi. Pour lui retirer un poids. Mais ce serait peut-être un peu trop alors tu restes sur ta proposition. « Toute personne louche doit le dire je suppose mais je suis pas une femme bizarre. J'ai été patrouilleuse. Je peux pas être totalement mauvaise donc. Tu crois pas ? »

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Maxine & Sparrow
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It's okay not to be okay

Elle ne savait pas trop quoi penser d'une telle proposition. Une part d'elle restait persuadée qu'elle ne méritait pas l'aide qu'on essayait de lui apporter, elle avait sans doute sa place dans cette ruelle, à prendre des risques comme une idiote. Comme l'idiote qu'elle avait été durant trop longtemps. D'un autre côté, elle ne demandait qu'à accepter pour se laisser porter. Il était trop facile de rendre les armes pour profiter de la gentillesse offerte par cette Ancienne. Enfant, elle avait beau avoir été un peu sauvage et solitaire, cela n'avait pas duré longtemps et elle supportait maintenant bien mal l'isolation. Rester seule aurait facilité beaucoup de choses et cela aurait même été plus correct pour les personnes l'entourant, celles qui n'avaient rien fait de mal, mais, égoïstement, elle n'y arrivait pas. Elle aurait presque souhaité pouvoir retrouver sa naïveté pour retourner se cacher auprès de ceux qui l'avaient blessé, mais cette option n'existait plus. Elle avait perdu deux de ses rocs et il faudrait bien faire avec. Cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas se réfugier auprès de cette étrangère presque trop bien tombée. Elle était trop paumée pour se soucier des conséquences et dormir lui permettrait au moins d'arrêter cette machine qui s'était emballée dans sa tête. Elle attrapa donc la main tendue et se laissa tirer jusqu'à retrouver une position verticale. Bizarrement, le changement de position ne fit que rendre le froid plus intense et elle frissonna, ses bras se refermant autour d'elle par réflexe.

- Merci.

C'était sorti faiblement, un vrai miracle en soi vu la difficulté qu'elle avait à enchainer les mots depuis qu'elle avait quitté la maison en claquant la porte derrière elle. Après avoir récupéré son sac à dos, qu'elle hissa difficilement sur son épaule, elle emboîta le pas de l'Ancienne sans trop réfléchir.

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