l'après (Amber)

VIPERES DE L'OUEST

June & Amber

année 41 ; seconde saison tempérée ; matinée 99

l'après

J'avais été incapable de réellement dormir, pas longtemps en tout cas, à cause d'un bon nombre d'éléments. Je savais bien qu'il fallait trouver le moyen de sortir de ce cercle vicieux, de casser ces mauvaises pensées et, la première solution fut de sortir de la maison pour ne pas envoyer de mauvaises ondes à Sofia qui n'avait pas à payer pour mes choix et mon mal être. Courir ne me ferait pas de mal et vu que le soleil venait tout juste de se lever, il n'y aurait probablement pas trop de monde dans le quartier que je dérangerais en me dépensant en pleine rue. Dans l'autre sens, je n'allais pas forcément tomber sur trop de personnes curieuses. Je n'allais pas pouvoir courir comme je le voulais, j'étais très vite à bout de souffle mais ça personne n'avait besoin de le savoir. Ca ne regardait que moi et ce serait une bonne façon de me punir, même si ce ne serait probablement jamais suffisant vu l'ampleur de notre décision.

Une fois cassée, j'avais imaginé rejoindre la maison de James. Le temps de marcher, j'aurais été moins en sueur. Malgré l'intention, je n'y arrivais pas, par peur de déranger, par peur de mal m'y prendre et parce que je ne connaissais pas leur horaire à elle et son mec. Il me faudrait plus de courage pour lui parler de sa cousine. Du courage et un peu d'ordre dans mes idées. A force de balade, je m'étais retrouvée dans un quartier que je connaissais bien, celui dans lequel Amber vivait. Aller la retrouver après tant de temps n'était pas une mauvaise idée. Elle voudrait certainement voir de ses propres yeux que j'étais en un seul morceau. J'avais frappé à sa porte et quand elle s'ouvrit, je lui offris un sourire emprunt d'épuisement. « Salut. »

AVENGEDINCHAINS

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★ at the beginning ★

No one told me I was going to find you. Unexpected, what you did to my heart. When I lost hope, you were there to remind me this is the start. I'll be there when the world stops turning. I'll be there when the storm is through. At the end I want to be standing at the beginning with you.

VIPERES DE L'OUEST

l'après ;
année 41- ST2 jour 99 (matinée)

Après tant de temps à attendre des nouvelles, puis avec la certitude qu'elle était bien vivante malgré une maladie qui l'avait affectée, Amber s'était montrée curieusement timide lorsque l'occasion s'était présentée d'aller voir June. Elle n'avait pas été en mesure de participer au rassemblement lorsqu'un véritable troupeau de voyageurs était revenu. Elle n'avait appris tout ça que plus tard. Trop tard, quelque part. Dans ces circonstances, elle avait eu peur de déranger. June n'était plus une membre comme les autres depuis un moment et cela venait avec des responsabilités. Après un tel voyage, elle devait aussi vouloir se reposer et profiter d'une solitude enfin retrouvée. Amber avait donc rongé son frein, partagée entre plusieurs émotions. Elle se sentait un peu idiote de se comporter de la sorte. June n'aurait eu aucun mal à lui demander un peu de temps si c'était de ça dont elle avait besoin.

Sans une garde à prendre, la vipère profitait d'une matinée calme pour garder le lit lorsque l'on frappa à la porte. Elle ne dormait pas vraiment, jouant à la place à la paresseuse entre les couvertures. Il était à la fois un peu tôt pour une visite et un peu tard pour dormir encore. Elle s'arracha à son lit, toute sa délicatesse concentrée sur sa cheville encore un peu faible. Cette dernière n'était dérangeante qu'après le boulot et elle n'avait pas fait les choses à moitié la veille. Il y avait donc là une douleur mise en sourdine qu'elle ne voulait pas oublier en piétinant trop violemment pour rejoindre la porte.

— June ! s'exclama-t-elle avec surprise en découvrant la dénommée sur le pas de sa porte.

Toute retenue abandonnée, Amber combla la distance pour une brève étreinte.

— T'imagine pas comme je suis contente de te revoir. Même si t'as une sale gueule mais, pour ça, ta sœur m'avait prévenue.

Le sourire était présent, faussement moqueur.

D'un geste de la main, elle invita son amie à la suivre et à entrer dans la maison.

VIPERES DE L'OUEST

June & Amber

année 41 ; seconde saison tempérée ; matinée 99

l'après

J'avais beau reproché à d'autres de recourir à la facilité et aux habitudes réconfortantes au lieu d'assumer leurs actes, je n'étais pas différente d'eux. Je n'avais pas été chez Amber par hasard, même si je n'y avais pas pensé consciemment, même si l'arrivée dans le périmètre n'était pas exactement calculé, j'aurais pu changer de cap, ne pas continuer en direction de sa maison mais je l'avais fait parce que j'étais faible et parce que je forçais les occasions plutôt que d'avoir la décence de rester gentiment chez moi. Je m'en voulais un peu mais sûrement trop peu. « June ! » L'entendre dire mon nom m'avait comme ramenée sur terre, en pleine connexion avec la réalité du moment. J'avais toujours ce sourire épuisé et, si pas faux, pas exactement en accord avec ce que je vivais à l'intérieur de moi.

Je n'avais jamais été la fille la plus tactile au monde mais avant ce bordel, ça m'avait toujours moins dérangé. C'était peut-être pour ça qu'Amber avait réussi à se faire une place, à pouvoir envahir mon espace. Dans un autre genre encore que Sofia. « T'imagine pas comme je suis contente de te revoir. Même si t'as une sale gueule mais, pour ça, ta sœur m'avait prévenue. » Je n'avais pas pu m'empêcher d'être touchée par ce qu'elle venait de dire, si on mettait de côté la blague au sujet de mon état. Pendant un court laps de temps, j'avais souri, d'un sourire plus lumineux, en imaginant Zoya parler de moi parce qu'elle aurait pu s'inquiéter et garder ça pour elle. C'était égoïste d'une certaine manière, je le savais, mais c'était bon de se rappeler que je comptais vraiment pour elle. Moins qu'elle se soit mise dans un état pareil à cause de mon propre jeu avec le feu. Après quoi, j'avais rigolé. Je devais avoir une sale tronche, sans aucun doute.

Je m'étais laissée tenter, entrant chez elle avant de me débarrasser de toutes mes couches pour m'installer dans un fauteuil. Ce n'était qu'une fois en contact avec ce confort et en posant brièvement mon regard dans le sien que la culpabilité refit surface et de plus belle. Rebekah avait menti. C'était ce que je faisais actuellement. J'en venais à me demander si je n'étais pas aussi dégueulasse qu'elle. Sûrement. Pourtant, je devais passer à autre chose pour ne pas inquiéter Amber. Le moins possible en tout cas. « J'espère qu'elle ne t'a pas raconté tous les détails. En plus, je suis sûre que son inquiétude l'a poussée à exagérer tout ça. » Parce que j'avais eu beaucoup trop de chance, j'en étais consciente. J'avais joué avec la mort et je m'en étais trop bien sortie.

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l'après ;
année 41- ST2 jour 99 (matinée)

June ne paraissait pas en très grande forme. C'était sans doute normal après tout ce qu'elle avait vécu. Outre le voyage, il y avait eu la maladie, les morts,... Amber n'osait pas imaginer son calvaire. Elle avait probablement dû prendre des décisions en tant que gradée aussi. June avait toutes les raisons d'aller mal mais ce n'était pas pour ça qu'il était plaisant de la voir comme ça. La blonde se força à se rappeler d'y aller en douceur. Elle n'avait pas choisi la patience pour tout gâcher alors que son amie venait vers elle.

Alors qu'elles se trouvaient toutes les deux dans la pièce à vivre, la situation aurait pu apparaître normale. Pourtant, il y avait une tension. Ce n'était pas entre elles, il émanait une étrange énergie de June. Elle ne paraissait pas comme avant.

— Ta soeur n'est pas du genre à trop en dire. dit-elle en haussant légèrement les épaules.

Zoya n'avait en effet pas été très bavarde. Elle s'était contenté du minimum. C'était bien assez, d'autant plus quand on pensait au fait qu'elle aurait pu simplement envoyer Amber chercher ses informations ailleurs. La soeur de June n'était pas une mauvaise fille loin de là mais elles n'étaient pas proches.

— J'ai du mal à penser qu'elle puisse exagérer quand je te vois. Un soupir. Je t'ai plus vue comme ça depuis longtemps.

Ce n'était pas pareil bien sûr. Amber ne pouvait seulement utiliser que cette comparaison. Il était aussi inutile de pointer l'évidence. Elles savaient toutes les deux ce que la blonde insinuait.

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June & Amber

année 41 ; seconde saison tempérée ; matinée 99

l'après

« Ta soeur n'est pas du genre à trop en dire. » Ce n'était pas une bonne chose que Zoya ne prenne pas l'habitude de parler quand ça n'allait pas mais pour une fois, j'étais contente qu'elle n'ait pas décidé de changer d'optique. Savoir qu'elle n'avait dramatisé les événements qu'en ma présence était un véritable soulagement. Je n'avais ni besoin, ni envie qu'on se soucie de mon état, pour des raisons purement égoïstes et qui me poursuivraient jusqu'à ma mort. Au-delà de ça, je ne voulais certainement pas qu'Amber me voie faible, comme il y a de cela plusieurs années maintenant. Ce chapitre de ma vie devait rester loin derrière nous. Par orgueil. J'avais souri sans trop de chichi. Ni plus ni moins. Je me demandais toujours pourquoi j'étais là, chez elle, alors que je n'étais pas dans mon assiette. De vieux réflexes sans doute.

« J'ai du mal à penser qu'elle puisse exagérer quand je te vois. » Dans le fond, je pouvais comprendre ce qui ressemblait sans doute à de l'inquiétude parce que j'aurais eu peur, moi aussi, si quelqu'un dont j'avais été réellement proche avait été dans cet état. Même si la réaction aurait été différente, elle aurait pris une autre forme.

« Je t'ai plus vue comme ça depuis longtemps. » Elle avait remué le couteau, sûrement sans mauvaise intention mais mes craintes s'étaient avérées sensées. Peut-être parce que j'avais forcé les choses. Les chances étaient grandes pour que ce sujet soit remis sur le tapis, d'autant plus que je devais vraiment lui faire pitié. Si j'avais voulu à tout prix éviter la tension, j'aurais dû ne jamais venir jusque-là. Personne n'aurait l'idée de remettre ça sur le tapis. Parce que peu de personnes avaient été réellement dans la confidence. Je regardais bêtement mes bottines, le poing gauche serré à cause du rappel que je m'étais infligé comme une grande.

« Je ne suis plus cette adolescente. Je suis capable de prendre soin de moi. Je ne tomberai plus aussi bas. » Stupide mensonge, la voix cassante n'allait pas avec la promesse énoncée. La chute risquait même d'être plus violente qu'à l'époque mais cette fois, c'était moi le monstre de l'histoire. La nuance était encore plus cruelle. J'avais relevé la tête, un sourire qui sonnait faux. Elle ne tomberait pas dans le panneau.

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