Lin & Shamyr

année 41, seconde saison tempérée, soirée 92

 une petite place ?

Ils avaient vaguement tenté de me rappeler à l'ordre, m'avaient tendu ce vulgaire bout de tissu me disant que c'était la seule solution si je voulais survivre en tant que simple Aspirante. Je savais bien ce que ça signifiait réellement, ils ne voulaient pas avoir honte de moi, honte de mes choix de vie et c'était l'ultime tentative de me rattraper parce que j'étais leur fille, celle qui les représentait, je n'étais pas que moi, Lin. Ce serait beaucoup trop facile. J'avais passé l'après-midi à tourner en rond dans cette maison qui ne représentait que de la mauvaise tension pour moi, qui me rappelait nos tropp nombreuses disputes parce qu'ils pensaient que c'était mieux pour moi que je sois sage, que je n'en fasse pas trop mais que je me rapproche des bonnes personnes parce que j'étais une fille, je devais forcément penser à mon avenir, à notre avenir. Ils avaient remis Eliott sur le tapis, le danger qu'il représentait et ils avaient appuyé sur le fait qu'ils n'avaient qu'une fille. Autrement dit, qu'une chance d'avoir des petits-enfants. Bande de chiens.

Avant de m'en aller pour de bon, de préférence avant leur retour, j'avais rempli un sac de quelques affaires mais surtout de remèdes en tout genre qu'ils avaient stocké. Quitte à les trahir, autant le faire à fond, pour reprendre leurs propos. Puisque ça allait me retomber dessus, il valait mieux les rouler un bon coup et penser à amener un petit quelque chose qui n'aiderait pas que moi. Parce que je n'avais pas grand-chose à panser pour le moment mais on n'était jamais à l'abri, surtout pas depuis que les Anciens avaient décidé de réagir comme des blaireaux. En plus, si elle m'acceptait, Shamyr ne cracherait pas dessus non plus, même si je savais pertinemment qu'elle ne m'accueillerait pas qu'en échange de soins, elle n'était pas si chiche. J'avais frappé à sa porte, attendant un signe de sa part pour entrer, plutôt bien chargée. « Je suis désolée de débarquer à l'improviste. T'as de la place pour moi, le temps que j'aille demander une maison ? Si c'est pas possible, je me débrouillerai, hein. » Ca avait toujours fonctionné comme ça entre nous, je lui en devais beaucoup trop alors je me faisais toute petite.

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Entendre des coups frappés à la porte alors que la nuit était déjà tombée n'était pas de bonne augure en cette période. La situation ne faisait que s'empirer au fil que les jours passaient et les quartiers les plus mal placés avaient rarement le droit à la tranquillité. Il n'était clairement pas bon d'être vu dehors au risque d'être pris pour cible. Son grade de Messagère n'était pas la protection la plus efficace, mais, le jour, il lui permettait au moins de rester hors des ennuis à cause de son utilité pour les Anciens. La nuit, il était néanmoins facile de ne pas être reconnue et elle préférait s'éviter des embrouilles en restant à l'intérieur. Ce n'était pas tellement qu'elle les craignait, mais elle connaissait sa grande gueule et les emmerdes qu'elle avait tendance à lui attirer. Elle ne parviendrait pas à se taire bien longtemps en compagnie de ces fumiers et, il fallait être au clair avec ça, une Messagère se remplaçait, même si ça représentait un boulot qu'ils préféraient éviter pour le moment. Fondamentalement, elle ne donnait donc pas cher de sa peau si elle ne la bouclait pas. Lame à la main, elle se rapprochait de la porte au moment où la voix familière résonna. Lin.

- Tu m'as baliser pendant cinq secondes.

Elle l'avait dit en ouvrant en grand la porte, l'invitant à entrer d'un mouvement empressé. Si elle était ici, chargée d'un gros sac et demandant l'asile, c'était qu'il ne valait mieux pas qu'elle soit vue tout court. Les signes étaient clairs.

- Tu sais bien que tu peux rester tant que tu veux. Pas le meilleur quartier de la ville, mais on a pas encore défoncé ma porte.

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« Tu m'as baliser pendant cinq secondes. » Désolée, j'avais haussé les épaules, la tête enfouie vers le bas, comme s'il était seulement possible de le cacher. Même pas un petit peu. J'avais un sourire de circonstance, ce sourire embêté, qui en disait long. Je me rendais bien compte que ce n'était pas le moment idéal pour débarquer chez elle ou chez qui que ce soit mais, en ce temps rudes, il n'y avait aucun bon moment, à vrai dire. Juste des moins dramatiques. En plus, je n'avais pas exactement beaucoup de possibilités, pas beaucoup de marge de manœuvre avec les parents que je me coltinais. Malgré tout, j'étais un peu embarrassée parce qu'elle était la dernière personne que je voulais mettre à mal, surtout dans les circonstances actuelles. J'avais lâché un désolée au passage.

« Tu sais bien que tu peux rester tant que tu veux. Pas le meilleur quartier de la ville, mais on a pas encore défoncé ma porte. » J'avais soupiré de soulagement, même si je n'étais pas franchement étonnée. Je m'étais pressée d'entrer et de fermer la porte derrière moi avant de déposer mon coffre à trésors. Ne plus l'avoir sur le dos me fit un grand bien et j'en profitai pour m'étirer. Entre les fameux trésors et mon bordel, mon dos n'avait pas énormément apprécié. J'ouvris alors mon sac à dos. « Tada ! » J'espérais que la surprise ferait son petit effet. Shamyr connaissait les différends entre mes parents et moi, elle savais donc qu'ils méritaient ce vol à l'étalage plus que quiconque.

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Elle avait sans doute bien choisi son moment pour tout ça. Les moments de cohabitation entre elles n'étaient pas exactement nouveaux et la période actuelle l'encourageait fortement. Lorsqu'il était facile de douter de tout le monde, avoir une alliée était une bonne chose. Elle n'était pas non plus contre l'idée de pouvoir la garder à l'œil, plutôt que d'avoir à s'interroger trop souvent sur sa situation ou d'avoir à passer par des moyens détournés pour prendre des nouvelles.

- Eh ben, tu n'y as pas été de main morte.

Elle n'avait pas pu s'empêcher de siffler un peu, impressionnée par tout ce qui se trouvait sur le dessus du sac à dos. C'était d'autant plus marquant lorsque l'on pensait au rationnement des produits de soin. Et dire que pendant tout ce temps, un couple de Goldens était restés assis sur cette mine d'or. Une personne plus sage aurait sans doute commenté sur le fait qu'elle s'attirait des ennuis en agissant comme ça, mais c'était largement mérité et elle savait pertinemment qu'on ne méritait pas toujours ce qu'on récoltait. Donc, autant agir lorsqu'on en avait l'occasion.

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« Eh ben, tu n'y as pas été de main morte. » J'avais souri de plus belle, à pleines dents, heureuse de l'effet qu'avait eu ma bonne action. C'était beaucoup plus simple et sympa depuis que Shamyr avait compris que c'était ma façon de gérer ma relation avec mes parents. Elle n'avait pas vu que les bons côtés du clan, ça aidait probablement à se faire une opinion plus nuancée. Depuis le temps, j'aurais pu mourir plus d'une fois, être encore debout signifiait que mes parents hésitaient encore un peu, qu'ils n'étaient pas si radicaux ou qu'ils n'osaient pas parce que j'étais leur fille.

« Quelles sont les chances que j'y reste si j'organise un service clandestin, selon toi ? Au point où j'en suis, autant qu'ils soient mieux distribués avant qu'on ne rattrape le pactole, non ? » L'idée germait depuis que j'avais décidé de leur voler leur cagnotte. Quitte à me faire choper, je préférais que ce soit après d'avoir été un peu utile à ceux qui galéraient, au clan, le vrai clan, les vraies personnes.

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D'autres auraient sans doute pris tout ça pour une blague de mauvais goût, sans doute pour se rassurer aussi, mais l'idée était sérieuse, elle n'avait aucune hésitation à ce sujet.

- Vu l'attitude des Anciens ?

La réflexion n'était pas vraiment une nécessité vu ce qui se murmurait un peu partout sur le territoire. Il n'y avait rien d'officiel, mais une annonce n'était pas toujours nécessaire pour mettre en avant une situation qui n'avait rien de normal et qui n'irait pas en s'améliorant. Et puis, elle en avait déjà trop vu lors de ses convocations. Martin se comportait comme un Chef le faisait et, aux dernières nouvelles, Samuel n'était pas dans les parages, pas que ça change grand chose.

- Je veux pas te donner l'impression de pas croire en ta subtilité, mais ça patrouille presque autant dans les rues que sur les murailles. Et ça, c'est si tu ne te fais pas trahir par quelqu'un. C'est hypocrite venant de l'une d'entre eux, mais j'irais pas donner beaucoup de confiance à un Golden. C'est bon que t'es toi et que je te connais.

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« Vu l'attitude des Anciens ? » Je sentais bien venir la suite. Son avis était prévisible et c'était la même chose pour tous les Dragons sensés, les Anciens étaient plus remontés et plus dangereux que jamais. Ils avaient repris les rennes du clan même si ça n'avait rien d'officiel à ce stade. Les brassards étaient clairs. Pendant qu'elle rassemblait ses idées, je m'étais installée sur une chaise. Porter ce chargement m'avait fatiguée plus que je ne l'avais imaginé.

« Je veux pas te donner l'impression de pas croire en ta subtilité, mais ça patrouille presque autant dans les rues que sur les murailles. Et ça, c'est si tu ne te fais pas trahir par quelqu'un. C'est hypocrite venant de l'une d'entre eux, mais j'irais pas donner beaucoup de confiance à un Golden. C'est bon que t'es toi et que je te connais. » Dans le fond, elle avait totalement raison, je n'étais pas idiote et elle était sûrement la mieux placée pour m'en dissuader mais l'idée resterait dans ma tête encore un moment, jusqu'à ce que je ne me sois fait ma propre opinion, avec ses arguments à l'esprit. Les mêmes auxquels je pensais depuis que j'avais cette petite envie.

« Sinon, comment ça s'est passé chez les Jaguars ? » Je n'avais pas eu l'occasion de la croiser depuis qu'elle avait porté son dernier message chez eux, raison pour laquelle j'avais posé cette question. C'était normal de se soucier d'elle puisqu'elle en faisait autant pour moi depuis longtemps.

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Qu'elle abandonne le sujet ne voulait pas dire qu'elle en ferait de même avec l'idée, mais il n'y avait rien de plus qui pouvait être fait à ce sujet. Aussi proches soient-elles, Lin était maîtresse de sa vie - autant qu'être une Dragonne le permettait - et elle n'allait pas lui imposer quoi que ce soit. Elle ne pouvait qu'espérer qu'elle choisirait la prudence, surtout dans ce cas où les chances de réussite étaient si maigres. Elle n'était pas de celles qui faisaient particulièrement attention à sa vie depuis quelques années, mais elle ne prétendrait pas ne pas être un peu une hypocrite désirant le mieux pour ses proches. Faites ce que je dis, pas ce que je fais était l'esprit ici.

- Pas si différemment que d'habitude. Je vais pas dire que leur Chef était ravie, mais l'attitude des sentinelles reste la même. Je suppose que ça dépends sur qui tu tombes.

Quant à Noâ, elle était rarement enthousiaste lorsqu'elle lui apportait un message, mais elle était bien placée pour savoir que Samuel était en tort à ce sujet. Le nombre de fois où elle avait eu à se déplacer pour une connerie lui aurait demandé plus de mains qu'elle n'en avait pour les compter.

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« Pas si différemment que d'habitude. Je vais pas dire que leur Chef était ravie, mais l'attitude des sentinelles reste la même. Je suppose que ça dépends sur qui tu tombes. » Chez les Dragons, ce n'était pas le rêve que d'être Messager et j'étais très heureuse de ne pas être à sa place, je ne le cachais pas. Je n'avais rien contre les Jaguars mais premièrement, ce n'était pas bien vu dans le Nord, deuxièmement, nous n'étions pas bien vus non plus et Samuel avait le don de ne pas améliorer les relations. Avec les vieux, ça n'irait sûrement pas en s'améliorant. J'avais soupiré, les lèvres pincées et la mine un peu fataliste. Ca puait et ça me saoulait.

« Tu sais que t'as tout mon respect ? » Mon sourire n'était pas grandiose mais les circonstances n'aidaient pas en l'occurrence. Sans compter sur le fait que je m'étais déjà perdue dans ma tête. Ma dernière visite chez les Jaguars n'avait pas été brillante et à cette allure, je n'allais plus avoir de nouvelles d'Eliott avant un bon bout de temps et si ce n'était pas la première fois, ça me saoulait plus que lors des saisons meurtrières où l'obligation était d'un autre genre. Je m'étais laissée tomber lourdement en arrière dans un nouveau soupire.

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- Pour ?

Le fil de la conversation n'était pas des plus clairs. Cela avait beau ressembler à des mots positifs, elle préférait savoir exactement ce qu'elle voulait dire par là. D'autant plus quand elle ne voyait pas bien ce qui aurait pu attirer du respect dans ce qu'elle faisait pour le moment. Elle se contentait d'assumer les suites de sa punition pour éviter de mourir des mains d'un gradé - ou ex-gradé en l'occurrence -, un concept assez ridicule au vu du peu d'attention qu'elle portait à sa vie en-dehors des heures de boulot.

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« Pour ? » Sa question n'était pas surprenante, c'était un concept de parler de respect dans sa situation mais je voyais les choses comme ça, personnellement. J'avais souri, réfléchissant à la façon dont j'allais tourner ma pensée pour ne pas être ni vexante, ni insultante. Je lui devais bien cet effort quand elle se mettait elle-même à mal pour une adolescente dans mon genre, sûrement un peu trop inconsciente. Si mes parents le voulaient, il ne leur en faudrait pas beaucoup pour foutre le bordel chez elle ou dans sa vie sans être pris sur le fait. De vrais beaux blaireaux.

« Je sais que la survie est importante mais d'autres auraient quand même réussi sans le vouloir à se mettre des bâtons dans les roues à force. Et puis, les Jaguars sont différents des Dragons mais la réputation de leur Seconde n'est plus à refaire. Survivre dans ce contexte relève de l'intelligence, si tu veux mon avis. » J'avais jeté un coup d'œil dans sa direction avant de reprendre. « Sans parler de ce que tu fais pour moi dans tout ce bordel. Tu aurais pu virer égoïste sans avoir besoin de te justifier. On connaît tous la réalité du clan. » Je lui devais bien ça depuis le temps, de la reconnaissance, surtout quand j'étais finalement l'élément égoïste du duo. Stupide enfant.

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Avec la piètre d'image d'elle-même qu'elle avait et la façon que d'autres avait de la voir, le positif était toujours déroutant à entendre. Être Messagère n'était pas une réussite chez les Dragons, ce n'était sans doute pas aussi honteux que se faire attraper en mission et être jeté d'une équipe de Spécialiste, mais cela restait un boulot ingrat qu'on destinait aux faibles. Une partie d'elle restait persuadée que si les Jaguars venaient à la tuer durant une visite, beaucoup se diraient bon débarras. La réalité était là, un Messager était remplaçable, seul le message comptait. Mais elle avait réussi à se rendre importante pour Lin, un peu par la force des choses, et le sentiment qu'elle en tirait était aussi plaisant que mal placé. Heureusement, quelque part, le froid qui accompagnait toujours la mention de Roxanne aida.

- Leur Chef n'est pas rancunière, elle sait que le boulot, c'est le boulot.

Elle pouvait reconnaître ça aux Jaguars. Sa nomination avait eu l'art de surprendre, elle l'avait vu brièvement, mais ni Noâ, ni sa Seconde, n'avaient abusé de leur malheureuse première rencontre. Ce moment avait été laissé dans le passé, là où son esprit demeurait toujours. Si quelqu'un ne parvenait pas à passer au-dessus, c'était elle. Elle faisait de son mieux pour être efficace, mais le Sud lui rappelait trop de mauvaises choses et elle se sentait trop démunie en présence de l'ancienne Fine Lame. Son corps n'oublierait sans doute jamais.

- Ton estime de moi est trop haute, c'est pas parce que je fais quelque chose pour toi que je ne suis pas égoïste.

Ce n'était même pas un effort avec elle, mais c'en était un avec d'autres et elle n'était pas certaine qu'elle l'aurait fait. La plupart de ses décisions avaient tendance à être prises pour les mauvaises raisons. Lorsqu'elle aidait quelqu'un, soit elle y gagnait quelque chose, soit elle le faisait avec la volonté d'emmerder un autre. Elle n'était pas une bonne personne, elle paraissait simplement moins pire en comparaison des salauds qui peuplaient les rues pour le moment.

- Moins de blabla, on a de l'organisation à faire si tu veux pouvoir dormir cette nuit. Et ton butin à planquer aussi.

Il valait mieux changer de sujet, tout ceci devenait trop lourd et leur vie était déjà bien assez compliquée comme ça.

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« Leur Chef n'est pas rancunière, elle sait que le boulot, c'est le boulot. » Je ne connaissais pas assez la chef des Jaguars, même si j'y faisais souvent un tour, je ne connaissais que ce que mes amis me racontaient et ce n'était pas elle qui m'inquiétait le plus. Je n'aurais pas envie de déconner en allant au quartier des jeux ou en rencontrant des Jaguars en centre neutre mais je n'étais pas tentée, que ce soit elle ou n'importe qui d'autre. J'appréciais beaucoup trop l'ambiance qu'on découvrait en foulant le fameux quartier des jeux et ils savaient s'amuser, contrairement à la plupart des Dragons, à cause de notre éducation vachement discutable. Elle ne m'apprenait pas grand-chose, raison pour laquelle j'avais à peine réagi.

« Ton estime de moi est trop haute, c'est pas parce que je fais quelque chose pour toi que je ne suis pas égoïste. » Je ne niais pas que j'étais sûrement peu objective quand il s'agissait de Shamyr mais je ne pouvais pas m'entendre dire qu'elle était égoïste quand elle m'accueillait chez elle, comme ça, à l'improviste. Je ne comptais pas la bousculer non plus en insistant mais je gardais mon opinion. Elle était gentille. Avec moi, si elle préférait que je rajoute cette nuance.

« Moins de blabla, on a de l'organisation à faire si tu veux pouvoir dormir cette nuit. Et ton butin à planquer aussi. » Mes yeux s'étaient illuminés en entendant le dernier élément. C'était toujours d'une manière excitant de vivre de cette façon chez les Dragons. Ce n'était pas aussi jouissif que prévu parce que j'impliquais Shamyr dans mon bordel mais si je pouvais emmerder une nouvelle fois mes parents, c'était avec plaisir.

« Merci encore et désolée de te mêler à tout ça, t'es la seule chez qui je pensais pouvoir me planquer. » Je disais ça alors que l'excitation se lisait sur mon visage. Ce n'était pas particulièrement crédible de prime abord mais elle commençait à me connaître, elle comprendrait que j'étais sérieuse, que ça ne m'amusait pas vis-à-vis d'elle.

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- C'est pas les occasions qui manquent de s'attirer des emmerdes pour le moment, mais rien d'aussi divertissant.

Elle avait terminé avec un petit haussement des épaules et un demi-sourire. A choisir, elle préférait aussi pouvoir garder sa cadette à l'œil vu tout ce qu'il se passait autour d'elles. De cette façon, elle n'aurait pas à lui courir après entre leurs gardes respectives pour s'assurer qu'elle respirait encore.

- Ramène ton couteau, je pense qu'on devrait pouvoir faire sauter une planche vers la cheminée.

Pour une fois, le piètre état de sa nouvelle maison serait un avantage. L'amocher un peu plus ne l'inquiétait pas plus que ça, il valait encore mieux ça que d'attendre qu'une nouvelle tempête s'en charge ou que l'un de ces débiles trainant dans la rue décide de péter la porte après que tout le monde ait décidé de ne plus mettre un pied dehors. Accroupie devant ce fameux plancher qu'elle avait senti lâche sous son pied, elle récupéra son propre couteau et glissa la lame dans l'interstice pour la soulever un peu.

- Si on force à deux, ça devrait le faire.

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« C'est pas les occasions qui manquent de s'attirer des emmerdes pour le moment, mais rien d'aussi divertissant. » Je savais bien que c'était dangereux de prendre nos décisions à la légère quand on vivait dans le Nord mais j'aimais beaucoup sa répartie, j'avais souri, convaincue par son point de vue. Je ne pouvais pas lui reprocher son attitude alors que j'avais pris un risque non seulement me concernant mais la concernant aussi, au passage. J'étais la plus inconsciente des deux. J'aurais dû être plus honteuse que ça, je le savais mais l'effet de l'adrénaline parlait encore, j'étais particulièrement fière d'avoir fait ce coup de pute à mes parents et tout l'idéalisme qu'ils véhiculaient.

« Ramène ton couteau, je pense qu'on devrait pouvoir faire sauter une planche vers la cheminée. » L'excitation ne cessait de croître avec ce genre de propositions alléchantes. Je nous imaginais chercher à cacher mon petit trésor dans sa maison qui était dans un état pitoyable et c'était drôle dans ma tête. C'était tellement drôle qu'il avait fallu le temps que j'atterrisse et que je bouge mon cul pour la rejoindre.

« Si on force à deux, ça devrait le faire. » On avait au moins trouver une occupation qui allait m'aider à redescendre un petit peu. Le sommeil était trop précieux pour être loupé à cause d'un surplus d'excitation. Je m'y étais mise à mon tour après avoir acquiescé d'un mouvement de la tête.