don't get bitter, just get better (Swann)

JAGUARS DU SUD

don't get bitter, just get better
année 41 – saison tempérée 2 (après-midi 88)

Tu entends d'ici les commentaires que l'on va te faire plus tard. Tu devrais te reposer. Pas errer dans les couloirs comme tu l'as fait un peu trop souvent. Rester inactif n'est simplement pas ton genre. Tu ne sais pas comment rester au lit. Seul. Avec juste ton ennui pour te tenir compagnie. Même si tu ne fais pas grand chose au moins tu croises des gens. Tu restes là où il y a de la vie. Les marques sur ton abdomen sont douloureuses mais ce ne sont pas tes premières blessures. Tu peux faire avec. Au pire tu t'en mordras plus tard les doigts lorsque tu t'arrêteras enfin. Cela ne concerne que toi. Qu'importe ce que d'autres peuvent penser. Aller rendre visite à Swann est une étape logique. Tu ne l'as pas fait avant uniquement pour lui laisser un peu l'occasion de récupérer. Mais tu es inquiet pour ta protégée. Affecté aussi à ta façon qu'elle soit blessée alors que vous venez à peine de commencer son entraînement. C'est triste vu sa motivation. Un coup au moral sans doute. Tu te glisses dans la chambre après quelques coups frappés à la porte en guise d'avertissement. « Un peu dramatique quand même. » Ton sourire s'étire un peu. « Je pensais pas que le confort te manquait à ce point là. » Tu combles la distance jusqu'au pied de son lit en quelques pas. Les bras se croisant inconfortablement sur ton torse avec la force de l'habitude.

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Swann & Kahlan

année 41 ; seconde saison tempérée ; après-midi 88

don't get bitter, just get better

Je râlais dans ma tête, je me répétais que j'avais tout gâché bêtement, que j'avais compromis ma seule chance de prouver à tout le monde que j'en avais dans le ventre, que j'étais solide et que j'allais pouvoir passer leur foutu test haut la main grâce à l'aide acharnée de Kahlan, celle de Seth et probablement celle d'autres Aigles qui ne refuseraient pas non plus de participer à tout ça quand ils en auraient un peu le temps. Je tentais tant bien que mal de montrer que j'étais énervée et frustrée par la suite logique des événements parce que ces soigneurs et ces sous-infirmiers n'avaient pas à subir ma mauvaise humeur mais quand je le pouvais, je frappais dans l'oreiller, le regrettant beaucoup trop vite, dans les secondes qui suivaient.

Quand on frappa à la porte, je m'étais attendue à voir Seth se glisser dans la pièce mais c'était quelqu'un d'autre. Je n'étais pas exactement étonnée parce qu'une part de moi se disait que je n'étais plus uniquement cette pauvre Aigle qu'il avait accepté de chaperonner mais je n'aurais sûrement jamais pensé qu'il viendrait me voir. Surtout quand j'avais appris quelques jours avant, deux ou trois, je ne savais plus trop, qu'il n'était pas en meilleur état. A peine plus remis parce qu'il avait un peu plus de chair sur les os. « Un peu dramatique quand même. » J'avais froncé les sourcils, pincés les lèvres, faussement énervée en l'entendant m'envoyer une telle pique. C'était de bonne guerre et je préférais de loin un tel comportement. Les paternalistes à en crever me sortait par tous les trous.

« Je pensais pas que le confort te manquait à ce point là. » J'avais roulé des yeux. Abruti. Crétin. Mais mon dieu que ça faisait un bien fou. Je n'avais pas envie d'entendre que j'étais mal, que ça mettait à mal tous mes plans, j'avais besoin qu'on me bouscule un peu, qu'on me fasse rire ou réagir tant qu'on ne cherchait pas à me blesser. Tout ce qui me plaisait chez ce mec. « On m'a dit qu'on t'attirait plus facilement quand on était dans un lit. » J'avais lancé ça au culot mais je l'avais rapidement regretté. Je n'étais pas certaine de pouvoir me le permettre, même à ce stade. « Pardon. C'était peut-être trop tôt, cet humour. » Ouais, je me sentais conne.

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année 41 – saison tempérée 2 (après-midi 88)

Tu vois les signes. Un regard. Un mouvement au niveau des sourcils. Les traits froncés. L'entrée en matière fait mouche. Elle reste réceptive à l'humour malgré son état. Une bonne chose. Elle n'est décidément pas comme tous ces Aigles que tu as dû fréquenter pour le boulot. Encore moins comme ces poules avec lesquelles tu t'es amusé à l'occasion lorsqu'elles cherchaient un peu d'aventure. Tu n'en doutais pas non plus. Tu as appris depuis votre rencontre. Cela ne date pas tant mais il y a des relations qui se forgent en peu de temps. « On m'a dit qu'on t'attirait plus facilement quand on était dans un lit. » Un tel répondant reste surprenant. Elle ne te dépayse pas du tout. C'est digne de ces nanas autour desquelles tu gravites. « Pardon. C'était peut-être trop tôt, cet humour. » Elle manque encore un peu de confiance mais le temps ferait le boulot. « Du tout. Elle était bonne. T'as pas tort non plus. » Tu en rigoles clairement. Peu étonné qu'elle ait déjà entendu des trucs à ton sujet. Ta réputation n'est plus à faire. C'est un détail si tu ne rentres plus vraiment dans ton persona ces derniers temps. Ce n'est pas tellement l'envie qui manque. Les choses sont juste compliquées. Tu avais eu d'autres occupations dans lesquelles donner de ton temps et de ton énergie. « Et dire que je t'ai encore présenté personne. » Elle va s'entendre avec les filles. Tu n'en as aucun doute. Elle se plaira tout court chez les Jaguars. Un bon sens de l'humour vous sortait de tout dans le coin. « Comment ça se passe ? » Tu demandes un peu plus sérieusement. La blessure désignée d'un coup de menton rapide.

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Swann & Kahlan

année 41 ; seconde saison tempérée ; après-midi 88

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« Du tout. Elle était bonne. T'as pas tort non plus. » Qu'il rigole me rassura et me poussa à en faire de même, son rire était communicatif et sa position était trop ouverte pour que je reste indifférente à tout ça. Rigoler ne me fit pas franchement du bien mais on n'avait qu'une vie. Je pouvais me préserver sans m'empêcher de vivre. Les deux n'étaient pas incompatibles. En plus, je n'étais pas exactement de ces filles qui se lamentaient durant des heures. J'insultais si on me saoulait et je passais à autre chose quand ça n'en valait pas le coup. La vie était plus simple de cette façon.

« Et dire que je t'ai encore présenté personne. » Je supposais que ça faisait référence à ses fameux amis. Amies peut-être. Ce n'était pas la première fois qu'il les évoquait et, à chaque fois, je mourais d'autant plus d'envie de les voir pour de vrai, de découvrir à quel point je pourrais m'acclimater au sein des Jaguars, qu'on arrête de me voir comme une petite chose fragile. Certes, je n'avais pas le niveau des Jaguars mais je voulais apprendre, pas qu'on me relègue au second plan.

« Si j'étais pas coincée dans ce foutu lit, je serais probablement en train de les chercher dans le quartier général. Tu les vends trop bien. » Qu'il n'ait pas l'air d'être le genre à faire des cadeaux aidait pas mal. Il n'était pas méchant ou cruel mais il y allait franchement alors elles devaient au moins être aussi incroyables qu'elles ne l'étaient dans mon esprit. Il était difficile de ne pas avoir des attentes gigantesques mais j'étais certaine que je ne serais pas déçue. La pression allait dans l'autre sens.

« Comment ça se passe ? » Je n'étais pas débile, je me doutais bien que sa visite n'était pas qu'une occasion de se moquer de mon état, au contraire, mais c'était encore particulier comme sensation, pas complètement nouvelle mais ce n'était pas fréquent pour autant. Avant, il y avait toujours eu Oz. Plus récemment, Seth. Et elle. Tout se passait toujours mieux quand elle était encore là pour me gronder quand je me moquais ouvertement de mes blessures ou quand je décidais de narguer quelques mecs, la nuit, quand les petites protégées devaient sagement dormir.

« Comme on peut. Si j'avais eu un peu plus de chair, sûrement mieux. Je suis impatiente mais de savoir que j'ai des possibilités, c'est plus engageant. Je préfère être coincée dans ce quartier général que chez les autres blaireaux. » Toujours tout en délicatesse. C'était ma marque de fabrique. Les Aigles n'avaient jamais envoyé les bonnes ondes non plus, à nous traiter comme des êtres incapables de se gérer tout seuls. Je l'avais encore en travers de la gorge quand j'y repensais. Heureusement, l'agitation du quartier général me permettait de voir d'autres choses.

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année 41 – saison tempérée 2 (après-midi 88)

« Si j'étais pas coincée dans ce foutu lit, je serais probablement en train de les chercher dans le quartier général. Tu les vends trop bien. » Tu rigoles. Heureux dans le fond qu'elle soit si enthousiaste à l'idée que vos deux mondes se lient. Doucement mais sûrement. « Je devrais sans doute faire gaffe. Leur ego est déjà assez développé comme ça. » Ce n'est qu'une plaisanterie. En partie. Ces femmes ne manquent de toute évidence pas de confiance en elles. Elles sont loin d'être arrogantes néanmoins. Mais ce n'est pas le sujet du jour. Elle aura tout le temps de faire leur connaissance lorsqu'elle sera un peu plus retapée. « Comme on peut. Si j'avais eu un peu plus de chair, sûrement mieux. Je suis impatiente mais de savoir que j'ai des possibilités, c'est plus engageant. Je préfère être coincée dans ce quartier général que chez les autres blaireaux. » C'est quand même significatif. La déclaration marque. Il vaut mieux pour elle qu'elle ait eu le corps déchiré par une tempête plutôt que d'appartenir aux Aigles. Parle d'un trauma. « Je me rend pas encore bien compte d'à quel point cette vie était merdique pour toi. » Tu te décales pour te poser au pied du lit. Le changement de position un peu douloureux mais tu passes au-dessus. « Tu m'envoies chier si c'est trop perso mais pourquoi t'es pas partie ? Même à dix ans j'ai dû mal à t'imaginer coller aux pigeons. Les Jaguars valaient pas grand chose à l'époque mais ça te laissait les Vipères au moins. »

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Swann & Kahlan

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« Je devrais sans doute faire gaffe. Leur ego est déjà assez développé comme ça. » En l'entendant parler d'elles, je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer une bande de filles capables de lui répondre au tac au tac, sûres d'elles et capables de se défendre, de vraies Membres en somme. Il fallait au moins tout ça pour être mis en avant avec un personnage de sa trempe. C'était fou qu'un clan à côté de celui qui avait été le mien pendant de trop longues années puisse s'imaginer que le respect accordé aux femmes devait être exactement le même que celui accordé aux hommes. J'avais souri de plus belle, heureuse de cette victoire de la vie. Heureuse d'avoir survécu à cette horreur pour découvrir de nouveaux horizons.

« Je me rend pas encore bien compte d'à quel point cette vie était merdique pour toi. » Il aurait probablement fallu qu'il vive chez les Vipères pour comprendre ce que j'avais pu ressentir. Même si on disait que les Vipères traitaient mieux leurs Soumis. Tout comme je ne connaîtrais jamais le traumatisme des Jaguars. Celui de Seth. Celui de plein d'autres personnes. C'était Louane qui m'avait ouvert les yeux sur les autres réalités, sur le malheur sous toutes ses formes. Sans elle, je ne serais sûrement qu'une adulte qui crie à l'injustice à tort et à travers.

« Tu m'envoies chier si c'est trop perso mais pourquoi t'es pas partie ? Même à dix ans j'ai dû mal à t'imaginer coller aux pigeons. Les Jaguars valaient pas grand chose à l'époque mais ça te laissait les Vipères au moins. » Il s'était installé au pied du lit et je n'avais pas loupé la réaction de son corps quand il l'avait fait. On me demandait de me reposer mais monsieur jouait les grands durs. Je n'allais pas me gêner pour lui dire ma façon de penser après l'avoir remercié une nouvelle fois. Une chose à la fois.

« Ma famille dans un premier temps. J'étais attaché à mon père. A ma mère aussi. Mon père est parti le premier. Ma mère a suivi assez rapidement. Le bordel. J'étais en colère contre le monde entier mais je n'avais pas pris la décision à temps. Je ne dis pas que j'accepte complètement tout ça mais au moins j'avais une amie pour me supporter. Oz après aussi. Sans eux, je crois que j'aurais fait plus d'une connerie. Et puis. » L'émotion prenait encore le dessus. Je me demandais quand ce serait plus facile de parler d'elle autrement qu'en sentant mon corps s'agiter. C'était au niveau de la poitrine que ça bloquait. « A cause de ces lâches, de ces cons et avec l'aide des Dragons, Louane est morte. Je l'ai vue y passer. Je sais même pas comment j'ai fait pour m'en sortir. J'essaie de pas trop y penser mais c'est ce que je reproche le plus aux Aigles. » La douleur pulsait à nouveau. Les émotions n'aidaient pas exactement, parce que je tressautais.

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année 41 – saison tempérée 2 (après-midi 88)

« Ma famille dans un premier temps. J'étais attaché à mon père. A ma mère aussi. Mon père est parti le premier. Ma mère a suivi assez rapidement. Le bordel. J'étais en colère contre le monde entier mais je n'avais pas pris la décision à temps. Je ne dis pas que j'accepte complètement tout ça mais au moins j'avais une amie pour me supporter. Oz après aussi. Sans eux, je crois que j'aurais fait plus d'une connerie. Et puis. » Ah. Ouais. La famille. C'est une évidence à laquelle tu ne penses pas toujours. Un réflexe que tu as perdu. Quand les parents étaient normaux ou présents, les gosses restaient. Tu retiens que ça n'a pas dû durer longtemps avec les siens. Tu peux comprendre ça. Perdre ton père ça t'a mis dedans. Vous vous ressemblez. C'est plus qu'une histoire de détails. Vos évolutions sont différentes mais le chemin a été marqué de pierres communes. C'est sans doute pour ça que tu as eu envie de l'aider. Que tu la trouves attachante. « A cause de ces lâches, de ces cons et avec l'aide des Dragons, Louane est morte. Je l'ai vue y passer. Je sais même pas comment j'ai fait pour m'en sortir. J'essaie de pas trop y penser mais c'est ce que je reproche le plus aux Aigles. » T'oses poser la main sur sa jambe par-dessus les couvertures. Seul endroit que tu peux atteindre d'où tu es. Elle a l'air secoué et tu veux lui montrer qu'elle est pas seule. « Perdre quelqu'un comme ça, le voir, ça reste. Mais promis ça devient- » Tu cherches les bons mots. Ceux qui ne feront pas tache. Pas ceux que tu as toujours détesté entendre. « Ca devient pas facile mais t'apprends à vivre avec la cicatrice. Tu comprends que les moments que vous avez eu ont plus de valeur que le jour où tu l'as perdu. N'empêche y aura des jours où elle va te manquer plus que d'autres mais quand tu connais bien quelqu'un tu sais ce qu'il aurait dit. Et c'est con mais ça peut te faire rire. Juste fais pas comme moi. C'est quand t'essaie de tuer la douleur que ça fait le plus mal. Y a des trucs que tu dois juste ressentir. T'as pas le choix. C'est comme là. Tu dois guérir. »

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Swann & Kahlan

année 41 ; seconde saison tempérée ; après-midi 88

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« Perdre quelqu'un comme ça, le voir, ça reste. Mais promis ça devient- » Les mots et les gestes m'avaient aidée à me recentrer et à revenir à la réalité, le moment présent. C'était con mais on pouvait rapidement se perdre quand les émotions prenaient le dessus. C'était un risque à prendre. J'attendais une suite, quelque chose d'autre parce qu'il s'était arrêté en plein milieu d'une phrase mais je supposais qu'il ne s'était pas interrompu là par hasard. Il ne me donnait pas l'impression d'être de ces gens qui vous prenaient en pitié et vous sortaient absolument tous la même phrase complètement débile.

« Ca devient pas facile mais t'apprends à vivre avec la cicatrice. Tu comprends que les moments que vous avez eu ont plus de valeur que le jour où tu l'as perdu. N'empêche y aura des jours où elle va te manquer plus que d'autres mais quand tu connais bien quelqu'un tu sais ce qu'il aurait dit. Et c'est con mais ça peut te faire rire. Juste fais pas comme moi. C'est quand t'essaie de tuer la douleur que ça fait le plus mal. Y a des trucs que tu dois juste ressentir. T'as pas le choix. C'est comme là. Tu dois guérir. » D'une certaine façon, il s'ouvrait à moi, à chaque fois, petit bout par petit bout et j'étais étonnée que quelqu'un voie une personne digne de confiance en moi après tant d'années. Ce n'était pourtant pas le premier mais lui, il me faisait penser à Oz, plutôt du genre sélectif et pas dans le mauvais sens du terme. J'avais souri, essuyant de mon poing quelques larmes par fierté, une vieille habitude.

« Je vais essayer d'écouter ton conseil. Un de plus. Faudra que je te remercie royalement pour tout ça un jour. » C'était plus facile de parler légèrement mais j'intégrais dans ma petite tête que je devais faire de vrais efforts à ce niveau. Eviter le nœud du problème, c'était mon défaut et ça ne nous aidait pas, Seth et moi, à se construire comme un couple aussi sain que possible. Avec ses hauts et ses bas. Plus personne ne devait supporter l'ancienne Swann, celle qui en voulait à tout Paris.

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année 41 – saison tempérée 2 (après-midi 88)

T'évites de trop poser ton attention sur les signes évidents. De trop t'attarder sur les larmes avec lesquelles elle ne parait pas à l'aise. Tu peux comprendre. Tu détestes pleurer. Encore plus devant quelqu'un d'autre. Ca a beau être naturel dans la pratique les supporter n'est pas simple. « Je vais essayer d'écouter ton conseil. Un de plus. Faudra que je te remercie royalement pour tout ça un jour. » « Pft t'en fais pas pour ça. Autant que les trucs que j'ai appris à force de faire des conneries aident. » A défaut d'appliquer plus souvent tout ce que tu sais, tu peux les partager. Aussi con que ça sonne quand on le voit comme ça. T'es vraiment l'exemple type du gars qui devrait se recentrer mais encore une fois, plus facile à dire qu'à faire. Le pire c'est que ça te ressemble pas tant que ça te donner des conseils aux autres. A croire que ce rôle de chaperon était fait pour toi. Noâ a dû voir en toi un mentor potentiel dont tu connaissais pas l'existence. Tu t'en étonnes pas. Depuis le temps qu'elle est votre Chef t'as pu remarquer à quel point elle cernait bien ses Membres.

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année 41 ; seconde saison tempérée ; après-midi 88

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« Pft t'en fais pas pour ça. Autant que les trucs que j'ai appris à force de faire des conneries aident. » C'était vraiment bizarre comme sensation, celle d'une personne qui me renvoyait ma propre image et ma vision de la vie. Il n'avait peut-être pas tort dans le fond, on se ressemblait et je ne détestais pas l'idée, tant que ça ne me balançait pas à la figure les erreurs de parcours. J'espérais cependant que ça m'aiderait à prendre un meilleur chemin, ce qui semblait de plus en plus cohérent. Sans que je ne m'en rende compte, j'avais un petit ami, j'arrivais à me construire une petite place et une identité qui me convenait mieux depuis que nous étions chez les Jaguars et on me laissait croire qu'on ne piétinerait pas gratuitement mes espoirs.

« La question est stupide mais tu crois aux secondes chances ? » Je me sentais complètement idiote en lui demandant ça aussi spontanément mais c'était le risque quand les autres mettaient à l'aise. J'aurais sûrement dû m'abstenir mais ouais, il me donnait une certaine assurance et j'en profitais comme un rat affamé se ruant sur un tout petit morceau de viande.

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année 41 – saison tempérée 2 (après-midi 88)

« La question est stupide mais tu crois aux secondes chances ? » La question te surprends. Elle n'est pas totalement dénuée de sens au vu de votre conversation. Malgré tout elle te prends au dépourvu et tu marques une pause. Y réfléchissant malgré toi. Swann ne semble pas du genre à parler pour rien. Si elle te demande ça c'est que cela doit être important à ses yeux. « J'suppose ? Je peux pas vraiment dire le contraire j'ai eu droit aux miennes. J'dis pas certains les méritent moins que d'autres mais ça reste un jugement. » Et puis une petite part de toi espère un peu. Parce que des conneries tu en fais encore un paquet et sans seconde chance ton avenir paraît mal parti.

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Parce qu'il n'avait pas répondu spontanément, cette même petite voix avait grappillé de l'espace dans ma tête, cherchant à me persuader que cette question était bel et bien stupide et qu'il me trouvait idiote par la même occasion mais je m'étais pincé la cuisse pour mettre un terme à cette hantise et casser directement ce cercle vicieux parce que je refusais de rester coincée à cette époque où je détestais la ville entière pour la disparition de mon père. J'étais tendue mais c'était un moindre mal. Je pouvais bien m'autoriser ça pour une fois, le droit d'exister avec mes inquiétudes, qu'elles soient rationnelles ou non.

« J'suppose ? Je peux pas vraiment dire le contraire j'ai eu droit aux miennes. J'dis pas certains les méritent moins que d'autres mais ça reste un jugement. » Je n'avais même pas cherché à retenir mon soupir de soulagement mais je l'avais maintenu à petit volume. C'était toujours drôle d'entendre quelqu'un confesser avoir eu droit à plus d'une seconde chance et ça rendait ses mots presque trop humains, trop accessibles, ce que j'avais presque oublié à force de m'enfoncer bêtement chez les Aigles, dans mes délires.

« J'ai peut-être ma chance, en fin de compte. » J'avais souri bêtement, les yeux rivés sur mes jambes. C'était très con comme comportement mais je devais encore me convaincre que je n'étais pas arrivée jusque-là pour tout lâcher. C'était plus difficile d'imaginer un futur glorieux après seulement quelques jours de galère suite à la tempête mais je pouvais bien m'accrocher s'il me vendait du rêve.

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Soulagée. Voilà ce qu'elle est. Pas étonnant tu supposes. « J'ai peut-être ma chance, en fin de compte. » Elle doute. Encore une fois ça reste logique. Elle n'a pas eu tant de chance que ça avec la tempête. Elle qui commençait tout juste à s'entrainer. A mener sa nouvelle vie. Cela a de quoi souffler la motivation de quiconque. Alors quand ce quiconque a vécu des changements aussi drastiques et est affaibli... Tu ne sais pas trop quoi dire au début. Ce qu'elle veut entendre. Ce dont elle a besoin. Tu te grattes la tempe. Te lances. « C'est ce que représente ta marque non. Nouvelle vie ? Nouvelle chance ? Ou tu peux voir ça comme si t'avais eu droit de naître deux fois. Puis t'en connais beaucoup des gens qui peuvent se vanter d'avoir deux lettres gravées dans la peau ? C'est spécial. Ca veut dire un truc. C'est pas que tu l'as peut-être ta chance. Tu la vis déjà. » Tu parles beaucoup trop avec des gens ces derniers temps. Les rencontres t'ont poussé à prendre conscience que tu étais plus mature que tu le pensais. Que t'avais pris des années, de l'expérience, sans faire gaffe. T'as appris et voilà que tu distribues ce que tu sais comme ces jeunes Anciens trop sages. Tu devrais en être un après tout. Ancien en tout cas. Mais tu pensais pas en arriver là. A vrai dire t'as jamais pensé au futur. Devenir quelqu'un qu'on puisse regarder et se dire qu'il n'est pas totalement flingué. T'auras encore des occasions de mourir en service mais c'est plus dans tes plans. T'aimes assez l'idée de rester encore un peu pour voir ce que tu pourrais faire. Quel mec tu pourrais être.

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année 41 ; seconde saison tempérée ; après-midi 88

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Je ne m'étais pas attendue à une réponse, je n'attendais rien en particulier, ce qui était sorti était une simple réflexion à voix haute. Un instant, j'avais craint de l'avoir mis mal à l'aise en parlant ouvertement de ce qui me traversait l'esprit. « C'est ce que représente ta marque non. Nouvelle vie ? Nouvelle chance ? Ou tu peux voir ça comme si t'avais eu droit de naître deux fois. Puis t'en connais beaucoup des gens qui peuvent se vanter d'avoir deux lettres gravées dans la peau ? C'est spécial. Ca veut dire un truc. C'est pas que tu l'as peut-être ta chance. Tu la vis déjà. » J'aimais bien sa façon de voir les événements et ne pas avoir été attachée aux Aigles pour ce qu'ils étaient me facilitait largement la transition. A l'exception d'une personne. Plus ça allait, plus je m'imaginais sa réaction et la connaître si bien rendait la tâche plus simple d'un point de vue pratique.

« Je lui dois bien ça. » Une nouvelle pensée qui s'échappait de ma tête. Il allait peut-être me prendre pour une folle, en tout cas plus tôt que prévu. J'avais finalement chassé un nuage métaphorique du bras droit avant de relever la tête. « J'en profiterai au maximum. »

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« Je lui dois bien ça. » Tu creuses pas. Peut-être qu'un jour elle t'en dira plus. Peut-être que non. Y a des trucs qui doivent venir de l'intérieur et pas être arraché. T'es bien placé pour le savoir. « J'en profiterai au maximum. » « J'espère bien. » Tu balances en te redressant. Plein d'énergie. « Mais pour ça faut que tu t'assures de bien te retaper. Dès que t'auras le feu vert pour un petit peu d'exercice on verra pour un programme léger. Avant ça j'veux pas entendre dire que ma protégée a fait des conneries. T'auras tout le temps pour ça plus tard. Et t'inquiète pas. Dès que tu seras revenu au point zéro, je vais pas te louper pour les entrainements. » Tu lui tends le poing. « On a un deal ? »

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« J'espère bien. » Ce sourire avait amené avec lui un tout petit peu de doute sans même que je ne m'en aperçoive immédiatement. Je prenais conscience que j'avais beaucoup de chance, une nouvelle fois dans ma vie, alors que j'avais été une vraie garce pendant mon adolescence. J'enchaînais les bonnes rencontres et une part de moi ne pouvait pas s'empêcher de s'imaginer que la réalité m'attendait au tournant. La peur bleue de perdre d'autres personnes auxquelles je m'attachais. Pourtant, je n'avais pas le droit de penser comme ça quand j'avais survécu à l'attaque et la tempête.

« Mais pour ça faut que tu t'assures de bien te retaper. Dès que t'auras le feu vert pour un petit peu d'exercice on verra pour un programme léger. Avant ça j'veux pas entendre dire que ma protégée a fait des conneries. T'auras tout le temps pour ça plus tard. Et t'inquiète pas. Dès que tu seras revenu au point zéro, je vais pas te louper pour les entrainements. » J'aurais bien voulu pouvoir taper mon poing dans un mur à cause de la frustration qui ne cessait d'augmenter mais je n'étais pas certaine que ce soit la solution à tous mes problèmes, surtout pas après son discours et en sa présence alors j'avais rongé mon frein.

« On a un deal ? » J'avais levé le poing à mon tour, en grimaçant au passage. Mon corps n'appréciait pas l'idée de ne pas être respecté mais honnêtement, je m'en moquais. Je partais du principe que je ne lui en demandais pas tant que ça.

« J'ai hâte de pouvoir te faire manger le sol à mon tour. » Je n'étais pas folle, je savais que ça n'arriverait probablement jamais mais c'était la seule motivation qui me maintenait en vie après toutes ces merdes et je n'avais pas affaire à quelqu'un qui le prendrait personnellement. Il était intelligent et n'était pas l'image même de ces mecs Aigles.

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année 41 – saison tempérée 2 (après-midi 88)

C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité de lui réclamer de rester au repos sans faire d'écarts au vu de ton incapacité à en faire de même. T'as jamais prétendu ne pas être hypocrite à l'occasion. Puis vos cas sont pas si similaires. Ces dernières saisons vous les avez passées dans des conditions bien différentes. Tu te targues aussi d'avoir derrière toi un passé qui rend ces blessures bien mignonnes en comparaison. Passons. « J'ai hâte de pouvoir te faire manger le sol à mon tour. » T'en rigole. Le cran ne lui manque pas. Elle le prouve encore et encore. « C'est bien d'avoir de l'ambition. » Tu te moques pas. T'envisages pas que ça va être facile mais tout est possible. En plus elle t'aura comme entraineur, ça vaut un truc. Pour un temps tu peux encore te permettre de lui ébouriffer les cheveux avec un sourire en coin. « Un pas après l'autre. »

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Pendant quelques secondes, j'avais gonflé les joues alors qu'il rigolait. Je commençais à peine à le découvrir et pourtant, j'étais convaincue qu'il ne se moquait pas à la façon qu'il avait de rigoler précisément. « C'est bien d'avoir de l'ambition. » J'avais mimé de lever le menton, prétendant d'être beaucoup trop fière pour mon propre bien. De l'ambition, ce n'était pas ce qu'il me manquait et on n'allait plus m'arrêter, pas alors que le Sud m'offrait une nouvelle perspective.

J'avais remis de l'ordre dans mes cheveux après qu'il me les ait ébouriffé. J'avais ensuite froncer les sourcils. C'était si drôle de prétendre que j'étais énervée alors que ce n'était pas du tout le cas. Avec lui, en tout cas. « Un pas après l'autre. » Il n'avait pas tort et c'était un petit peu frustrant. Un tout petit peu. Je n'avais rien trouvé à répondre à part un oui discret.

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» a bitter morning — lincoln
» swann • I found my way
» crossroad (Swann)
» I won't go easy on you (Swann)
» Survival is a need, living is a will ft. Swann

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