THERE'S SOMETHING TRAGIC ABOUT YOU
Année 41 - saison tempérée 2 (matinée 92)

Ce n'est pas si courant que tu passes le pas de la porte de la maison familiale. Pas tous les jours que tu en ressens le besoin ou qu'une raison t'y appelle. Tu préfères fréquenter les tiens ailleurs. Ceux qui comptent vraiment. Vous êtes mieux à l'abri dans ton cocon. Tu préfères les filles là-bas. Sans le poids du monde sur les épaules et des attentes qui les transforment. Pourtant tu rentres sans formalité. Tu es toujours chez toi même si les lieux n'ont rien de chaleureux. Que tu n'as pas tant de bons souvenirs ici. Tu vas d'une pièce à l'autre. Cherchant de la vie. Ton manteau a été abandonné sur un crochet dans le couloir. A sa place. Ta mère aime que les choses restent carrées. Ainsi ce n'est donc pas étonnant que ta place désignée soit toujours là. Ce n'est pas sentimental. Tu ne feras plus l'erreur de le croire. Elle attend que tu rentres dans le rang. Que tu regagnes tes sens. Tu n'es pas son héritière, ne l'a jamais vraiment été, mais tu peux toujours servir. Ainsi il y a ton crochet, ta place à la table, une chambre qui t'attend. Tu trouves Olivia dans la pièce qui a toujours servi pour les affaires. Une sorte de bureau. Un lieu où ta mère pensait. Tu t'es fait taper sur les doigts plus d'une fois pour l'avoir dérangée lorsqu'elle s'y trouvait. Ou même pour l'avoir explorer. Ta cadette y est toute à sa place. Elle trône comme elle l'a toujours un peu fait. Presque copie conforme de la matriarche. Quelque chose de plus hautain encore dans le port de tête. « Maman n'est pas là ? » Tu ne t'encombres pas de saluts inutiles. Tu préfères progresser dans la pièce et aller lui embrasser le sommet de la tête. Insensible à tout ce qu'elle pourrait te dire, aux potentiels rejets. Tu l'as vu naître. Il n'y a rien qu'elle puisse faire contre toi. Pour t'éloigner.

There's something tragic about you

olivia ∞ garance

Année 41, seconde saison tempérée (jour 92 - matinée) ✻✻✻ Ces derniers temps, elle était contrariée, Olivia. Rien ne se déroulait comme prévu, la faute à cette fichue tempête qui avait envoyé un grand coup de pied dans tous ses plans. Les séquelles étaient là aussi. Personne ne la verrait ne serait-ce que grimacer mais trop souvent sa blessure la dérangeait. Elle lui rappelait un peu trop les limites de son corps. Un truc qu'elle n'aimait vraiment pas, Livie. Les limites, elle connaissait mal. Elle voulait toutes les repousser. Egoïstement pour elle mais aussi pour d'autres. Pas qu'on l'aurait crue si elle s'était mise à le dire un peu trop haut et fort. Elle n'allait pas pleurer à cause de ça. Elle ne désirait pas être comprise, Olivia. Elle n'en avait pas besoin, elle se suffisait d'elle-même. Un mensonge comme une vérité. Ce n'était pas tant qu'elle le prétendait, plutôt qu'elle n'avait pas réellement conscience de cette petite part de vide dans son cœur.

« Maman n'est pas là ? » Elle ne sursauta pas, la Liv, mais la surprise restait présente. Plongée dans ses pensées, elle avait perçu les mouvements dans la maison sans s'en inquiéter plus que ça. Il y avait toujours quelqu'un. Sans être un moulin, les lieux représentaient trop de choses pour qu'il n'y ait pas un certain va et vient. Elle aurait parié sur la présence de n'importe qui, d'un membre de sa famille à un Soumis bossant pour eux, mais pas sur sa sœur aînée. Depuis toute petite déjà, elle avait abandonné l'idée de voir Garance entre ses murs de façon régulière. « Elle règle un problème. » Inutile de s'étendre. Malgré le même sang qui coulait dans leurs veines, Garance n'avait pas caché son désintérêt pour leur héritage.

« Je ne suis plus une enfant. » L'affection reçue lui faisait toujours cracher ça. Ce n'était pas naturel pour Olivia tout ça. Elle ne savait pas comment y réagir malgré des années de pratique avec Garance. Puis elle se sentait un peu trop faible d'apprécier le geste. Sa sœur n'était que chaleur et elle avait peur de fondre à son contact. Pour autant, elle ne faisait que bougonner, Liv. Elle évita même de bouger de peur qu'un geste pour chasser son aînée puisse atteindre l'une de ses blessures. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Elle avait le ton sec, comme d'habitude, mais la morsure était factice. Elle ne lui reprochait pas sa présence, à Garance. Elle voulait juste comprendre l'anomalie.



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CODES LITTLE WOLF.