Kagan & Oskar

année 41, seconde saison tempérée, soirée 93

  une des rares stabilités

Ce discours qui avait plutôt l'air d'un spectacle dont le personnage principal était Martin, un vieux qui avait de gros soucis d'ego, m'inquiétait un peu plus. Je n'étais déjà pas particulièrement optimiste concernant la voie qu'empruntait le clan mais là, je sentais bien les problèmes arriver. Forcément, avec des décisions pareilles, ils allaient épuiser le grand nombre de Dragons, Soumis, Membres et Aspirants les premiers et ils allaient encore s'étonner que ça n'aille pas, que ça n'avance pas aussi bien qu'ils l'avaient imaginé en prenant de tels choix. Je ne les comprenais pas bien. Je pouvais comprendre qu'on veuille que son clan soit bien placé, qu'on veuille s'assurer de garder le contrôle après tant de saisons à agir comme nous l'avions fait, d'autant plus quand on connaissait la réputation des Vipères mais ce n'était pas comme ça que ça arriverait selon moi. Epuiser le gros des troupes ruinerait leurs plans sur le long terme, sans aucun doute.

Je réfléchissais à ça alors que je revenais de ma patrouille avec Alina en traversant les rues du territoire avant de croiser un ami de toujours, Oskar. Ca devenait difficile de se croiser aussi souvent qu'avant mais il avait l'air d'être toujours en un seul morceau et ne portait toujours pas de brassard. C'était plutôt rassurant. Je n'aurais pas voulu qu'il soit le larbin de ces Anciens. Je savais bien que ce n'était pas facile tous les jours quand nous n'étions pas dans les bonnes grâces de quelqu'un bien placé qui avait les possibilités de vous protéger de ces écervelés. Je l'avais salué de la main pour attirer son attention. Après, je m'étais approché de lui pour ne pas avoir besoin de crier. Je ne pensais pas être paranoïaque, on surveillait tout le monde en cette période. « Salut. Rassuré de voir que tu as l'air d'aller bien. » J'avais souri pour renforcer mon message.

Kagan & Oskar

année 41, seconde saison tempérée, soirée 93

  une des rares stabilités

« Salut, Kagan. Pour le moment. Toi aussi à ce que je vois. » J'avais hoché la tête de bas en haut pour confirmer ses propos. Nous n'étions à l'abri de rien, la muraille pourrait s'écrouler sur nous à tout moment mais je n'avais pas de quoi m'inquiéter outre mesure, ça ne servirait donc à rien d'inquiéter les autres inutilement. Nous aurions trop rapidement le temps de se faire du mouron pour les autres le temps venu, avec ces Anciens complètement à côté de leurs pompes.

« De retour de patrouille ? » J'avais encore une fois acquiescé d'un mouvement de la tête. Oskar avait toujours fait preuve d'intérêt quand il s'agissait de ma vie et je le lui rendais sans aucune hésitation. Notre amitié s'était construite un peu comme ça, à force de traîner dans les mêmes coins, quand la vie était encore simple de mon côté, alors forcément les liens avaient été suffisamment forts pour ne pas se briser quand j'avais eu des phases un poil plus compliquées à cause de la situation familiale.

« Oui. Rien de particulier en dehors des murailles. Les Dragons n'ont pas trop à s'inquiéter de l'extérieur. » C'était une façon déguisée de rappeler que la menace était vraiment à l'intérieur même de nos rangs. Il le comprendrait sans aucun doute. Quant aux crétins trop imbus d'eux-mêmes, ça les réconforterait dans l'idée que les Dragons étaient invincibles. Chacun y trouverait son compte.