Zola

année 41, seconde saison tempérée, nuit 97

  pensées intrusives

Les jours passaient et j'avais parfois l'illusion que j'étais passée à autre chose, que puisque la vie devait continuer j'avais réussi à mettre cette horrible vérité de côté sauf que ce n'était pas le cas. Les journées étaient moins compliquées à gérer émotionnellement parce que le clan devait tourner et que j'avais ma part de travail si je voulais que ça tourne correctement. Les soirées, j'avais mes piliers, l'un plus ancien que l'autre et elles réussissaient toutes les deux à leurs façons à m'arracher un sourire et parfois un rire. Les nuits, c'était une autre histoire. Ma tête me rendait complètement chèvre. Je voyais une silhouette inventée de toute pièce par mon esprit mais qui ressemblait terriblement à la sienne en train de me sourire après avoir tenté de m'extirper de mon lit parce que je râlais beaucoup trop à son goût, dans mon coin et que j'étais plus jolie quand je souriais. Tout ça après un énième coup de pute de ma part, après avoir foutu le boxon dans sa chambre ou avoir chourré son pull fétiche. Elle rigolait pour deux. Elle vivait la vie à fond pour deux. Elle était un bien meilleur élément pour les Vipères aussi parce qu'elle était sociable, facile à vivre et toujours prête à aider les autres.

Dans un réflexe stupide, j'avais rejoint sa chambre. Remplie et pourtant plus vide que jamais. J'étais restée plantée là, au niveau de la porte de sa chambre pendant plusieurs minutes avant de me ressaisir et de retourner dans la mienne. Une fois dans cette bulle de sécurité, je m'étais recroquevillée sur moi-même, à même le sol et je m'étais remise à pleurer. Un coup de poing contre mon genou. Un cri. Des larmes et toujours des larmes. J'avais même appelé Rory, appel étouffé par ma position. De toute manière, elle n'était pas dans les environs. Je ne pouvais pas me l'accaparer constamment non plus. J'étais incapable de dire à mes proches que je les aimais alors ces remords n'étaient qu'une maigre punition. C'était à cause de mon comportement si j'étais si seule. Je le méritais bien.