Si la vague de froid était une excellente raison de passer à l'action, elle n'est pas l'unique cause de la chute des Aigles de l'Est. Depuis un moment déjà, la stabilité du clan avait été mise à mal. Les dissidences au sein de la hiérarchie, puis l'absence de Kim - plongé dans le coma - aux commandes, et, enfin, la prise de force du contrôle par Eli - Second officieux - ont été un terreau fertile pour la dernière graine qui allait conduire l'Est à sa perte. A quelques jours du bouleversement, une information a créé une véritable déferlante au sein de la population. Enzo, Espion affecté aux Vipères de l'Ouest, était de retour avec de sombres nouvelles : un traître dans les rangs. Mais pas dans les leurs. Depuis des années, une ancienne Aigle, désormais Vipère, transmettait des informations à Kim dans le but de nuire à son nouveau clan. Et cette fille n'était autre que la sœur d'Enzo. C'était ainsi qu'il l'avait appris. Furieux de savoir son Chef impliqué dans de si basses manœuvres, c'est le clan qu'il prévint plutôt que sa hiérarchie. Il avait choisi les siens, plutôt que ceux qui les conduisaient vers la tombe. Les Aigles devaient savoir que quelque chose était en marche.

Si la trahison était une chose, le fait que les Vipères soient au courant en était une autre. Car oui, elles savaient. Et leur rage était sans fin. Cet événement allait raviver pour de bon les vieilles rancœurs entre l'Est et l'Ouest. Et personne ne voulait se trouver sur le chemin de ces Vipères nouvelle génération, plus puissantes que jamais. Quand la vague de froid frappa, les Aigles se crurent en sécurité. Aucune attaque n'aurait lieu dans ces conditions. Comme ils se trompaient...

L'ennemi n'était pas celui qu'ils croyaient. Leur fragilité n'avait pas échappé aux Dragons du Nord, toujours prêts à faire un mauvais coup. L'occasion était trop belle. Mais ils n'attaqueraient pas seuls. La nouvelle de la trahison ayant circulé, ils passèrent un marché avec les Vipères. Avec leur force de frappe et l'intelligence des Vipères, ils avaient toutes les cartes en main pour sortir victorieux.

Une nuit, les Dragons attaquèrent. Leurs manœuvres étaient grandement facilitées par le poison que les Vipères avaient glissé dans les rations distribuées plus tôt aux Aigles. Les massacrer fut donc aisé. Nombreux ne se réveillèrent jamais de leur sommeil. Les autres périrent dans les flammes et sous les armes des Dragons. Le QG fut le premier attaqué et réduit en cendres.

Les Aigles se défendirent du mieux qu'ils le pouvaient, mais ils n'étaient pas de taille. Nombreux choisirent finalement la fuite. Devant un tel ennemi, il n'y avait rien d'autre à faire. Et suite à la trahison qui les avait mis dans cette situation, la loyauté n'avait plus de valeur.

Les survivants gagnèrent le centre neutre. Leurs rangs étaient considérablement diminués et les blessés étaient nombreux. De la noble nation de l'Est, il ne restait plus grand-chose. Pendant ce temps, les Dragons en avaient profité pour piller toutes les réserves et les armes appartenant aux Aigles. La moitié devait revenir aux Vipères, mais à la dernière minute, leur alliance se brisa. Le Nord n'était pas partageur et la félonie était dans leur sang. Ils éliminèrent le commando Vipères venant récupérer les biens et retournèrent derrière la protection de leurs murailles.

Ce n'est que plus tard, après un repérage dans ce qui serait les ruines de l'Est, que les Jaguars du Sud découvrirent les survivants. Il n'était humainement pas possible de laisser les rescapés mourir là. Inconscient de la responsabilité des Vipères dans l'attaque, ils leur demandèrent de s'impliquer dans ce sauvetage. Ce que les Vipères refusèrent dans un premier temps. Les Aigles avaient été les premiers à déterrer la hache de guerre. Moult conversations purent convaincre Théa de recueillir au moins les femmes et les enfants désirant leur protection. Les Jaguars, quant à eux, se chargèrent des hommes et de ceux refusant de rejoindre un ennemi potentiel.

Cet accueil allait s'annoncer difficile. Malgré toute la bonne volonté du monde, les clans ne pouvaient décemment pas traiter des étrangers comme les leurs. Les rescapés furent rassemblés dans des bâtiments non-utilisés, parfois mal isolés, et aidés sommairement. Ce n'était pas parfait, mais c'était sûrement mieux que d'errer dans le centre neutre.