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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

Chienne de vie. Les agressions ne faisaient que se multiplier ces derniers jours. Plus que ton corps c'est ta foi en l'Humanité qui se fait détruire aujourd'hui. Est-ce qu'un jour tu pourras profiter d'un semblant de paix ? Tu ne demandes pas grand chose. Tu veux juste qu'on te laisse tranquille. Tu pensais prendre l'air en restant sur les marches de la baraque que tu squattes désormais avec d'autres idiots qui n'avaient pas réussi à se faire un trou dans la coloc des amis deux maisons plus loin. Un truc qui t'arrange bien en soi. Mais même là on était venu te chercher. Une Jaguar naturellement. Et dire que les Aigles devaient compter sur ça pour apprendre la vie façon sudiste. C'était désolant et plutôt mal parti. A croire que la Chef avait dû racler le fond pour trouver des chaperons. Toi aussi tu sais que tu auras droit au tien et tu n'es pas vraiment impatient de le rencontrer. Manquerait plus qu'il fasse aussi partie des adorateurs de Thiago et qu'il ait désormais un pass pour t'en coller une dès que l'envie lui prends. « Alors, quoi, Aline, t'es devenue aveugle ? Ta haine t'empêche d'ouvrir grand tes yeux et de connecter ce qu'il y a dans ta tête pour constater que ce n'est pas notre cher Thiago ? Tu me désoles. » Tu en étais revenu à la bonne vieille méthode de l'ignorance lorsqu'elle était arrivée. Après la veille tu étais encore trop fragile pour les bagarres. Ton ventre restait douloureux à cause du bleu impressionnant qui s'y étendait et y avait tous les tiraillements sur tes bras là où des égratignures guérissaient. La fameuse Aline n'avait pas pris la peine de t'adresser une excuse pour s'être trompée. Fallait croire qu'elle était au-dessus de ça. « Le destin t'a pas gâté. Rejoindre le clan où se trouve ta copie conforme qui est une cible de choix, c'est pas ce que j'appelle avoir de la chance. » Sans blague. T'avais attendu son arrivée providentielle pour le comprendre, tiens. Toujours sur les marches tu l'observes en te demandant ce qu'on t'a donné là comme chaperon. Elle a pas l'air mauvais, t'es juste pas d'humeur après tout ça et cette nuit de merde que tu as passée. Le silence c'est probablement ta meilleure réponse parce que tu as cette impression qu'elle apprécierait pas ton ton en ce moment. « Et le destin se moque encore de toi ou de moi, au choix. Je m'appelle Nyx. Oui, c'est ça, la blague. Sinon, plus sérieusement, je suppose que tu as déjà dû remarquer d'autres Aigles s'éclipser. Je suis celle qui va te faire une petite visite des lieux. » Tu soupires. Nyx. Ça aurait pu être marrant mais non. Peut-être plus tard. « T'as pas mieux à faire ? » Tu te redresses en esquissant une grimace lorsque ton estomac se tend sous le mouvement. « J'ai jamais été un passionné d'architecture. Vis ta vie, je traînerais juste derrière. » Tu sais pas trop ce qu'elle y gagne dans l'histoire mais tu vois pas trop d'intérêt à lui faire perdre son temps alors que tu te fiches bien de visiter le territoire.

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moon unblessed. There was a man who loved the moon, but whenever he tried to embrace her, she broke into a thousand pieces and left him drenched, with empty arms.

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Avec ce que tu lui as dit c'est quitte ou double. Tu as toutes les chances de t'en prendre une pour peu que tu ais épuisé sa patience. De ton point de vue le plus simple serait l'ignorance. A ta façon tu lui facilites le job. Elle récolte les mérites d'avoir formé un Aigle sans avoir eu à bouger le petit doigt. Mais tout le monde n'est pas intéressé par ce type de deal. Question de fierté ou de droiture. Parfois pour une autre raison toute aussi valable et stupide à la fois. « Vivre ma vie sous-entend que je vais te demander si t'as rien de grave. Pas de baratin, ni de pseudo-héroïsme, chez nous, ça fonctionne pas comme ça. On ne considère pas qu'un Membre est le meilleur parce qu'il n'a jamais rien ramassé de sa vie. Surtout que t'es pas en position pour répondre. Puisque tu vis ta vie aussi, libre à toi de répondre mais c'est une vraie question, y a pas de piège. » Bien sûr qu'elle a remarqué. Tu n'es pas discret non plus mais tu avais espéré qu'elle se désintéresse de ton cas. Elle n'aurait pas été la première. « C'est pas parce que je suis un Aigle que j'suis un con plein d'ego. » Tu grognes. Les jugements vont bien deux minutes. Vos clans sont différents et tu peux admettre que certains Membres n'étaient pas des modèles mais ça t'agace un brin. T'as jamais été le mec qui se cache bêtement pour lécher ses blessures. T'aurais sûrement pas dû réagir de la sorte mais ça t'a pas plus qu'elle sous-entende ça. T'as eu l'impression pendant un instant que ça mettait en doute la façon dont tes parents t'avaient éduqué. « Je me suis pris une raclée hier. C'est tout. C'est pas la première et ce sera sûrement pas la dernière vu le nombre de crétins qui me prennent pour vot' Thiago là. » Tu lui as emboîté le pas sans trop réfléchir. C'est ce que tu voulais après tout. Avoir juste à la suivre sans qu'elle ne se soucie trop de toi. La réalité est un peu différente mais tu remplis ta part du contrat. Ce n'est pas comme si tu avais envisagé de lui créer des emmerdes de toute façon. On t'avait mieux élevé que ça.

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« Désolée, n'y vois pas un jugement ou une agression. Je m'y suis mal pris, je peux être vachement maladroite mais c'est pas intentionnel. Je m'inquiétais simplement. Je peux rien te promettre pour les crétins, comme tu dis, mais je suis pas ton ennemie. » Tu ne sais pas trop quoi en penser. Parce que tu ne cherchais tout simplement pas des excuses. Cette fille, elle ne t'avait rien fait. Maladroite elle l'était, comme elle le disait mais elle avait été plutôt clean avec toi contrairement à d'autres. Tu pouvais bien avouer que tu n'avais pas été très adroit non plus. Vraiment tu ne voulais pas avoir l'air d'un petit merdeux. Au contraire. Ne pas l'emmerder était le leitmotiv ici. Sauf que ça ne semblait pas fonctionner avec son profil. Quelque chose d'ennuyant. Tu détournes la tête avant de grommeler entre tes dents. « C'est moi. Je m'exprime mal. » Ce n'est pas non plus nouveau. Luna s'était trop souvent foutu de ta gueule à ce sujet. « J'aime pas être un dérangement pour quelqu'un. Ça aurait pas plu à ma mère. » C'est peut-être un peu honteux à admettre mais tu t'en fous. T'as bien le droit d'être sentimental après tout ça et de vouloir faire quelque chose des efforts qu'elle a fait pour t'orienter sur le bon chemin. C'est pour ça que depuis tout à l'heure tu insistes pour que Nyx fasse sa vie sans prendre des détours pour ta petite personne.

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

Tu apprécies qu'elle n'en dise pas plus. Elle ne te plaint pas, ne rebondi par sur tes mots. Elle accepte juste ce que tu as dit. Cela ne relance aucune conversation et c'est très bien comme ça. Plus facile. Tu n'es pas prêt à aborder ta vie privée. Avec qui que ce soit. Tu n'es capable pour le moment que d'attendre que cette vilaine blessure à l'âme guérisse. Alors vous avancez et si tu n'es toujours pas attentif au territoire, tu te sens plus libre. Tu respires mieux à l'air libre au fil de ces nouvelles rues que tu empruntes. La forme du QG ne t'est pas étrangère mais tu n'étais pas très réceptif ce matin non plus lors de ton rendez-vous avec la Chef. Pour des raisons encore différentes de maintenant. Plus de stress t'avait bloqué à ce moment là. Nyx emprunte un chemin nouveau et tu es surpris par l'environnement, la vie au sein du bâtiment. Il y aussi cette drôle d'installation que tu devines vite comme étant l'armurerie. C'est indéniablement différent de chez les Aigles. Les yeux écarquillés, tu suis le mouvement par réflexe, tâchant de ne toucher à rien dans ta surprise. Tu te sens même t'asseoir sous son ordre tacite sans trop y faire attention. Malgré l'omniprésence du métal tout autour tu ne peux t'empêcher de trouver les lieux chaleureux. Comme s'il ne pouvait en être autrement avec le QG tout entier, comme si la vie s'insufflait tout simplement partout. Même le vieil homme un peu rustre travaillant dans un coin ajoutait quelque chose à l'ensemble. « Ouais, j'ai pas le boulot le plus direct quand il s'agit de baston mais c'est mon petit domaine, ou, en tout cas, Peacemaker ici présent accepte de me partager l'espace. » Tu ne t'étais pas attendu à ce qu'elle occupe une telle tâche. Pour la raison évidente qu'elle était une femme et que tu dois encore te faire à certaines différences. Bien sûr que les femmes Jaguars avaient accès à l'armurerie. Qu'elles puissent être douées dans le domaine ne faisait aucun doute, le choc n'était que culturel. Une autre raison est tout simplement que tu n'aurais pas vu quelqu'un avec un boulot aussi prenant prendre de son temps pour s'occuper d'un Aigle. Un peu surpris tu glisses un regard rapide à l'homme avant de te détourner par instinct. Le fameux Peacemaker donc. Il ne semble clairement pas commode. « Attends tu veux dire que tu n'es pas l'Armurière ? » Ce qui te rendait curieux était l'âge évidemment avancé du bougre. Sûrement était-il plus vieux que tes parents. De toute évidence les Jaguars fonctionnaient encore plus différemment que tu ne l'avais pensé. Cela allait au-delà de la simple présence des femmes parmi les Membres. « Je veux pas être vexant. Je suis juste surpris. » Tu te défends sans pouvoir t'en empêcher. Difficile de dire auprès de qui exactement.

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

L'impair est commis. Tu en es certain. Ça va encore se retourner contre toi. Mais comment aurais-tu pu comprendre ? Cette configuration n'était vraiment pas commune. Tu te faisais à la présence des femmes à tous les étages de la hiérarchie mais un homme âgé occupant un tel grade était tout simplement inimaginable pour toi. Pour la simple et bonne raison que ça ne se faisait pas. Oui, tu te rendais compte de la pauvreté de l'argument. Si il était encore capable de travailler pourquoi l'en empêcher ? Néanmoins il te semblait qu'il y avait une limite entre le laisser faire et ne pas placer une personne plus jeune et dégourdie au combat à cette position. Que l'homme semble bien bâti et impressionnant ne faisait pas tout. « T'inquiète, j'ai entendu pire et je pense que c'est largement le cas de Peacemaker aussi. » Tu surveilles l'homme du coin de l’œil sans trop savoir comment réagir. Est-ce que tu es censé t'excuser ? Tu n'en sais trop rien. « Crois-moi, ma place, je l'ai durement gagnée. Il a fallu lui prouver que j'étais douée avec les armes blanches et ça l'arrangeait bien. En même temps, je n'aurais confié à personne d'autres mes bébés. C'est beaucoup trop précieux. » Son amour pour les armes est évident. Cela te tire un sourire un peu nostalgique alors que tu approches d'un raque où les carabines sont alignées nettement. Par réflexe tu tends la main mais tu te reprends tout aussi vite. Tes bras se croisant derrière ton dos pour envoyer le signal que tu n'avais pas voulu leur faire un sale coup. « Mon père était sous-armurier. » Ton observation continue mais tu restes à une distance convenable. Tu notes la quantité d'arc parant un mur. Leurs formes, les différences dans le choix des matériaux. L'intérêt des Jaguars pour cette arme est évident. « Il parlait un peu comme toi. Toujours occupé à en trifouiller une. Je pense que je ne l'ai jamais vu sans saleté sur le visage ou les mains. » Le souvenir est doux et amer à la fois. Le passé pesant lourd.

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« Ton père avait de bons goûts. Et tu traînais parfois avec ton père quand il n'était pas occupé dans l'armurerie ou ça n'a jamais été trop ton truc ? » Tu hausses les épaules. Les yeux un peu larmoyants à cause de ce sujet qui est abordé. Tu es triste mais pas dévasté comme certaines autres fois. C'est une des premières fois que tu peux parler de lui en gardant un sourire. Même s'il est plus mélancolique que joyeux. Mais le souvenir l'est. « Ouais. Une fois quand j'étais tout petit il m'a même emmené à l'armurerie pour rester avec lui pendant qu'il travaillait. C'était un de ces derniers jours de boulot. Il m'a eu très jeune. » Tu ajoutes comme justification. C'est l'un de tes souvenirs de cette époque les mieux ancrés. Tu devais avoir cinq ou six ans. « On a eu des hauts et des bas mais c'est lui qui m'a appris à mettre la main à la pâte et à ne pas craindre le cambouis. Ça l'a un peu désolé que je ne choisisse pas la même voie que lui. C'est con. A l'époque je voulais juste me faire mon propre chemin. Je pensais qu'il serait plus fier de moi si je ne faisais pas que me reposer sur ce qu'il m'avait appris. De là où je suis je me dis que j'aurais peut-être pas dû faire ce choix. Lui donner la satisfaction de voir son fils avec la même tâche que lui.  » Il était idiot de refaire le passé mais tu ne peux pas t'en empêcher. Qu'importe que tu as toujours été très heureux parmi les mécanos. Passant une main maladroite sous tes yeux pour effacer les traces humides, tu jettes un œil à ta nouvelle chaperonne. « Et toi ? T'as toujours voulu bosser ici ? »

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

« Ma mère m'a fait aimer me salir les mains et aimer les subtilités de l'entretien des armes blanches principalement et dès que j'en avais l'occasion, je proposais mon aide un peu partout sur le territoire, avec son soutien et j'ai rapidement su que je devais me trouver une place dans l'armurerie. J'ai mes petits joujoux mais ça fait plaisir de pouvoir travailler toutes sortes d'armes. » Décidément. Vous vous ressemblez à votre façon. Elle a sa vocation familiale. Un parent qui avait tout déclenché. Tu souris sans mal. Le sujet tout de même plaisant malgré ce qu'il réveille. En parler reste douloureux mais moins que prévu. Il apporte aussi un petit quelque chose que tu  n'as plus ressenti depuis un moment. Le tout guidé par une petite touche de nostalgie. La paire que vous formez annonce un choix bien fait. Tu as ce sentiment. Le départ a été complexe mais ta mauvaise humeur a été vite effacée. Et tu sens que les murs ne sont déjà plus là. Que tu es prêt à prendre cette chance que Nyx t'offre. « Je sais que c'est bizarre à dire. Mais je suis content d'être tombé sur toi. » Tu lâches d'une voix un peu trop rapide. Le regard ailleurs et une main logée dans tes boucles. Tu es trop vieux pour la timidité mais la situation reste nouvelle.

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