I'm not in distress ft. Shea

JAGUARS DU SUD

Erika & Shea

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 83

I'm not in distress

Je ne savais pas exactement comment j'en étais arrivée là mais j'étais concentrée sur ma respiration et sur le sang qui coulait le long de mon bras. La vue du sang n'était pas le problème, tout le monde y était confronté tôt ou tard et généralement tôt au sein de la ville et je ne serais pas devenue Membre dans de pareilles circonstances. Non, je me concentrais sur des signes physiques et réguliers pour ne pas perdre totalement la tête et vacillé. Sentir la douleur me permettrait de garder le contact avec la réalité et c'était tout ce qui comptait à cet instant. L'enthousiasme de la découverte avec l'assurance d'être prête pour les éléments les plus basiques du voyage, c'est-à-dire les éventuels conflits, s'étaient envolés. Je me rappelais parler à Sif, lui demander de ne pas trop en faire pour ne pas épuiser ses réserves et jeter un œil rapidement à son état général, pour le principe, quand tout avait basculé. Le sol s'était dérobé sous mes pieds et mon réflexe avait été de protéger ma tête avant tout. C'était comme ça que ce bout de verre s'était incrusté très légèrement dans mon bras. Stupide incident.

Stupide incident ? Endroit détestable, surtout. L'angoisse continuait de monter et entendre du bruit à mes côtés n'avait rien arrangé. Je n'avais pas tant peur de la personne en soi que d'être vulnérable et une proie facile. Pour commencer, j'aurais dû sortir ce débris de mon bras mais la douleur n'était rien en comparaison à l'oppression ressentie au niveau de la poitrine. Cette sensation désagréable et mes défenses tombées, ma vigilance s'était accrue. « ... » J'avais ouvert la bouche mais rien n'était sorti. Le mieux dans ce genre de situation était certainement de la surveiller pour ne pas la laisser gagner trop de terrain et ne pas se laisser poignarder dans le dos. Parler était secondaire tant que je laissais l'agitation dominer mon esprit.

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DRAGONS DU NORD

I'm not in distress
Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 83)

Cette fois c'est une certitude. Cet endroit ne veut pas de vous. Il n'y a rien de plus parlant qu'un éboulement. La terre vous avait englouti pour tenter de vous faire disparaître. Tout le contraire des habitudes en ville où le ciel avait plutôt tendance à vous tomber sur la tête. Au milieu d'un tel incident tu es reconnaissante d'avoir derrière toi de solides bagages. Malgré les débris qui te malmenaient le corps, tu avais pris la peine de passer en revue ton état, vérifiant chaque membre avant de te déplacer. Intacte à l'exception de quelques égratignures. Un véritable miracle. Cette chance est presque insolente. Tout n'est pas parfait non plus. Cette situation aurait encore toutes les raisons de mal tourner. Après tout tu es coincée. Et accompagnée. La présence est étrangère. Tu la scrutes en t'accroupissant, évaluant tes options. Ce silence ne pouvait pas s'étendre trop longtemps, il n'apporterait que des pensées paranoïaques. L'idée te vient en voyant le sang s'écouler de son bras. C'est une accroche comme une autre. Sur le moment ce n'est pas non plus comme si tu lui voulais du mal. Qu'importe son clan vous êtes censés vous entraider pendant ce voyage. Redorer le blason de la bonne foi du Nord. Cette belle blague. « Tu me laisserais t'aider ? J'ai des notions médicales. » Pour ça tu peux remercier tes parents que tu as suivi durant plus de la moitié de ta vie dans l'hôpital avant d'apprendre pour pouvoir les aider. Ton expérience est souvent moquée à cause de l'équipe dans laquelle tu as atterri mais elle existe belle et bien. Tu t'approches à peine pour pouvoir te faire une meilleure idée mais tu comprends bien vite qu'il n'y a pas que ça qui cloche. A moins que ça n'ait provoqué autre chose ? C'est subtil mais tu trouves sa respiration un peu trop rapide. Quelque chose l'agite et tu ne comprends pas quoi. Cette inconnue est inquiétante. Impossible de savoir comment elle réagirait à cause de ça.

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Erika & Shea

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 83

I'm not in distress

« Tu me laisserais t'aider ? J'ai des notions médicales. » Ce qui m'avait permis de me laisser aller un peu plus, c'était ce qu'elle venait de dire. Elle n'était pas obligée de le signaler, ni même obligée de m'aider tout simplement. Elle ne me devait rien et aurait pu tout simplement me laisser mourir là ou me débrouiller toute seule, que ce soit vis-à-vis de mon angoisse ou vis-à-vis de mon bras. Je pouvais baisser ma garde, même un court instant, elle n'avait pas l'air de vouloir se moquer de moi. C'était un risque que j'étais prête à prendre parce que je n'en menais pas large à ce moment précis. J'allais peut-être m'en mordre les doigts mais il serait encore temps de prendre sur moi si la situation l'imposait, bien que ce ne soit pas flagrant à ma façon de me tenir et de respirer un peu trop rapidement.

J'avais acquiescé d'un mouvement de tête alors que l'angoisse continuait de prendre de l'ampleur et j'avais l'impression que l'étau autour de ma poitrine se resserrait un peu plus chaque seconde qui s'écoulait. C'était désagréable et je sentais par ailleurs des picotements dans les bras et dans les jambes. Je connaissais ces crises, je les connaissais par cœur. Plus jeune, j'en avais fait encore plus et pendant le test, le confinement fut la partie la plus difficile parce que ça jouait sur mon mental. « Mon bras, c'est trois fois rien. » J'avais réussi à m'exprimer avec une difficulté incroyable, hachant ma phrase. Ça n'allait pas franchement l'aider pour ce qui était de la crise d'angoisse. Est-ce qu'elle en avait déjà vu ? Peut-être. A moins qu'elle ne me trouve tout simplement ridicule. Ça n'allait pas m'affecter directement mais je me sentais toujours bien désemparée dans ce genre de situation et, en l'occurrence, idiote. « T'as rien à craindre, c'est pas un piège. C'est compliqué mais pas un piège. » M'exprimer me demandait beaucoup d'énergie mais ce n'était pas difficile de remarquer la distance qu'elle mettait entre nous après avoir proposé son aide. Je ne comprenais pas qu'elle puisse avoir peur de moi dans cet état.

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 83)

Un hochement de tête. C'est tout ce qu'il te faut pour bouger plus franchement vers elle. Les mouvements encore calculés par prudence mais plus dans l'excès. Vous avez comme signé une trêve et cela vaut mieux vu la situation. Même si au départ rien ne vous destinait à être ennemies. En tant qu'étrangères on ne savait jamais. « Mon bras, c'est trois fois rien. » Même si c'est le cas ce n'est pas une mauvaise chose de concentrer l'attention sur la blessure plutôt que sur cette agitation qui ne cesse de grandir en elle. C'est ton but principal. Au vu de ses difficultés à communiquer, tu ne doutes pas du fait que tu dois accélérer un peu la cadence si tu ne veux pas te retrouver avec un problème sur les bras. « T'as rien à craindre, c'est pas un piège. C'est compliqué mais pas un piège. » Apparemment elle a quand même été capable de voir que tu en faisais bien trop. Cette prudence. « Ce n'est pas ça qui m'inquiétait. » Tu es désormais à ses côtés, son bras saisit du bout des doigts alors que tu observes le peu que tu peux voir par la déchirure dans le tissu. « Je voulais éviter que tu te sentes acculée. Que ça déclenche la crise. » Et accessoirement de ramasser un mauvais coup si elle se sentait agressée. « Ce n'est pas très profond. On peut se permettre de retirer le débris. Utiliser ton bras pour sortir d'ici sera plus commode. » Tu as déjà entrepris de retirer tes gants pour améliorer ta prise. Heureusement pour elle le morceau de verre dépasse suffisamment pour qu'il soit possible de l'attraper à main nue. L'autre option aurait été nettement moins sympathique puisque tu ne possédais pas de pince, ni d'outil similaire. Mais la pointe d'un couteau, ça tu avais. Si charcuter quelqu'un n'aurait pas été une première et ne t'aurait pas fait grand chose, l'idée ne t'attirait pas non plus. « Ça va piquer. » Un euphémisme. Avoir un débris enfoncé dans la chair, c'est ça qui doit plus que piquer. Tu t'assures de l'avoir bien coincé entre les doigts avant de l'extraire dans un geste rapide et continu. Ton sac s'étant perdu quelque part dans la zone, tu n'as d'autre choix que de déchirer des morceaux de tissu dans tes vêtements pour former un bandage précaire. Cela aiderait jusqu'à ce qu'un sous-infirmier puisse s'en mêler.

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« Ce n'est pas ça qui m'inquiétait. » Elle était gentille, certainement trop pour quelqu'un de Paris, ce qui m'avait mis le doute. C'était une chose d'en profiter pour achever quelqu'un d'affaibli mais c'en était une autre de partir pour s'assurer sa propre sécurité, qu'elle soit Vipère ou Dragonne. Afficher sa faiblesse était quelque chose que j'avais dû accepter mais ça ne signifiait pas que j'appréciais l'idée éventuelle que je puisse lui faire pitié. « Je voulais éviter que tu te sentes acculée. Que ça déclenche la crise. » Cette fille était déroutante et par mécanisme, je l'imaginais être une sous-infirmière. Elle avait au moins l'air d'être trop respectueuse. Elle me déstabilisait à tel point que ma crise se calmait progressivement.

« Ce n'est pas très profond. On peut se permettre de retirer le débris. Utiliser ton bras pour sortir d'ici sera plus commode. » Je l'écoutais sans un mot, toujours un peu larguée par son attitude. Oh, ce n'était pas inhabituel chez les Jaguars mais là on parlait tout au plus d'une alliée par la force des choses, alliée qui aurait pu décider de laisser derrière elle un élément qu'il fallait prendre la peine de soigner. Je ne la lâchais pas du regard, non pas par peur de me faire trancher la gorge mais la bouche entre-ouverte, totalement dépassée par les événements.

« Ça va piquer. » Malgré l'avertissement, le mouvement du débris m'avait arraché un cri que j'avais vainement cherché à cacher, un peu par fierté mais la douleur était présente. Avant que je ne puisse réagir, elle avait eu le temps de couvrir la plaie avec un bout de tissu de ses vêtements. Idiote. La moindre des choses aurait été que j'agisse avant elle. Ça ne me ressemblait pas de me reposer sur les autres, pas à ce point. « T'étais pas obligée, tu sais, de faire tout ça. » Je ne m'étais jamais sentie aussi bizarre, ça devait être le choc et l'angoisse. « Merci. Je t'en dois une, je n'oublierai pas. On m'a appris à toujours payer mes dettes. » J'avais posé ma main sur le bout de tissu, dans un réflexe et parce que je ne trouvais rien de mieux à faire à ce moment-là. Je le regrettai la seconde d'après, grimaçant, un soupir de douleur s'échappant de ma bouche. « Tu sais que tu aurais pu me laisser derrière ? »

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 83)

Tu te forces à respirer calmement et profondément. Une astuce pour la pousser à en faire de même. Plus vite elle se calmera et plus vite votre problème diminuera. Ne serait-ce qu'un peu. Vous n'êtes clairement pas encore sorties d'ici. Mais elle semble en bon chemin. Et suffisamment passive pour que tu puisses travailler. « T'étais pas obligée, tu sais, de faire tout ça. » Tu hausses les épaules. « Je sais. » Tu en as toujours été consciente. C'est un choix que tu fais ici. Peut-être un pari aussi. Tu n'es pas totalement désintéressée même si ce n'est pas ta raison première. Tu agis de la sorte car c'est comme ça que tu as été élevée, cela fait partie de toi. Ici rien ne vous oppose. Tu ne vois donc aucune raison d'aller contre tes instincts. « Merci. Je t'en dois une, je n'oublierai pas. On m'a appris à toujours payer mes dettes. » Pleine de fierté mais sans être étouffée par elle. Tu aurais clairement pu tomber sur pire. Ton sourire se fait à peine présent alors que tu te relèves. Les yeux scrutant l'obscurité à la recherche de tes affaires ou d'un accès de sortie. Au choix. Même si tu préférerais trouver les deux. « Tu sais que tu aurais pu me laisser derrière ? » Ton regard retourne vers elle. Tu ne sais pas exactement ce qu'elle cherche mais elle semble vraiment déroutée. A croire qu'on ne lui a jamais tendu la main de la sorte. Non tu exagères. Le problème est que tu es une étrangère et que ce n'est pas normal dans cette ville d'agir de la sorte. Sauf que vous n'êtes pas en ville. La situation n'a rien de normale. « Peut-être que je l'aurais fait dans d'autres circonstances. » Nouveau haussement des épaules. Tu ne vas pas lui mentir pour te donner l'air gentil. « Tu n'es pas la seule à qui on a appris des choses et tu n'es pas mon ennemie. Peut-être que tu le deviendras mais c'est le problème d'un autre jour. On ne peut que régler ceux d'aujourd'hui et nos chances sont plus hautes si on coopère. »

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année 41 ; saison intermédiaire ; journée 83

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« Je sais. » Elle n'en faisait pas des tonnes, en plus d'être attentive, j'étais consciente d'avoir eu beaucoup de chance, d'autres en auraient certainement profité pour m'achever, parce que j'étais une gêne ou parce que j'étais une étrangère. Je savais également que je parlais beaucoup mais l'angoisse avait cet effet là sur moi, ce qui ne plaisait pas à tout le monde. Mon père me l'avait souvent reproché quand j'étais plus jeune, parce qu'il était là mais n'avait jamais connu la marche à suivre dans ces moments de crise.

« Peut-être que je l'aurais fait dans d'autres circonstances. » Je n'allais ni pleurer, ni me refroidir alors que les trois quarts de Paris pensaient comme ça. On ne pouvait pas aider tout le monde et dans certains cas, il valait mieux laisser quelqu'un derrière soi pour s'assurer sa survie. C'était encore différent dans ce cas là mais c'était l'état d'esprit le plus sain qu'un Membre puisse avoir. Certains n'étaient pas prêts à l'entendre ou à l'accepter mais, en temps de guerre, ils seraient les premiers à tomber.

« Tu n'es pas la seule à qui on a appris des choses et tu n'es pas mon ennemie. Peut-être que tu le deviendras mais c'est le problème d'un autre jour. On ne peut que régler ceux d'aujourd'hui et nos chances sont plus hautes si on coopère. » Elle était donc raisonnable et mature, de vraies qualités en tant que Membre. J'avais haussé les épaules avant de le regretter et de me focaliser sur le plan évident, tenter de sortir. « Merci, j'suppose. » Je lui souris avant de me lancer dans les fouilles, à la recherche d'une sortie éventuelle. Il me fallut plusieurs échecs et minutes pour trouver une première voie dégagée qu'on pourrait suivre. Il faudrait s'accrocher et y aller petit pas par petit pas mais c'était possible. « J'crois que j'ai trouvé une sortie. »

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 83)

« Merci. » Vous êtes au clair désormais. C'est mieux comme ça. Parfois le mieux est d'étaler ses cartes sur la table pour arrêter les jeux de dupe. Pas tout le temps naturellement. Tu sais quand conserver tes atouts. Dans ce cas-ci cela n'a aucun intérêt. Elle a l'avantage d'être mature ce qui rend la situation plus simple. En plus elle ne s'étends pas inutilement. Discussion close, on passe à l'action. Fouiller à deux est en effet plus rapide. Les lieux ne sont pas grands mais pleins de décombres. Rien qui ne vous facilite la chose. « J'crois que j'ai trouvé une sortie. » Tu te tournes immédiatement dans sa direction pour la rejoindre. Il y a bien un accès que tu observes quelques instants avant de prendre ta décision. « Je vais passer première. Si y a quoi que ce soit je pourrais réagir. » Tu ne diminues pas ses capacités en suggérant ça. C'est la solution logique. Elle est blessée et il suffit parfois d'un rien pour perdre quelques secondes cruciales. Tu t'engages sans réellement lui laisser une chance d'exprimer son avis. Vous n'avez pas le temps pour ça. L'accès est un peu étroit mais c'est praticable. « Fais gaffe y a un truc qui ressort. » Une sorte de bout de tuyau un peu trop effilée à ton goût que tu esquives en te plaquant à la paroi parallèle. Ce n'est pas le seul obstacle. Un peu plus loin tu te retrouves à proximité d'une fosse qui vous entraînerait plus profondément encore. Tu vois le sol de l'étage du dessous mais l'idée d'y descendre n'est vraiment pas tentante. Heureusement un petit rebord devrait permettre de continuer. « J'espère que t'as pas le vertige. » L'espace ne sera pas assez grand pour poser la totalité d'un pied. L'équilibre va jouer. Tu te délestes en vitesse de ton sac et t'assures de le balancer le plus loin possible sur la plateforme d'en face. Tu lui tends la main pour qu'elle te donne le sien et en faire de même. « T'as une préférence ? Tu joues la prudence en restant derrière ou tu tentes ? »

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« Je vais passer première. Si y a quoi que ce soit je pourrais réagir. » C'était la meilleure solution, je n'allais pas me braquer pour un tel détail alors je n'étais pas mécontente qu'elle s'applique et qu'elle ne cherche pas à me caresser dans le sens du poil. Etre efficace et réfléchir à la meilleure solution est l'une des premières règles que j'inculquais à mes proches et aux élèves que j'avais eu jusqu'à présent. Si on se laissait aller à l'ego, ça ne fonctionnait pas ou en tout cas pas très souvent. Il fallait apprendre à accorder sa confiance de manière juste et à laisser l'autre prendre les devants quand la situation l'exigeait.

« Fais gaffe y a un truc qui ressort. » Je la suivais sans trop m'éloigner d'elle et écoutant tout ce qu'elle me disait à la lettre. Un sur-accident ne nous aurait pas aidées. En tout cas, elle aurait eu toutes les raisons de s'en aller seule et je ne comptais pas crever là, comme une bleue. Ma famille m'attendait et j'espérais qu'ils puissent encore compter sur moi le plus longtemps possible. Même si ça ennuyait Sif parce que, selon elle, j'en faisais trop vis-à-vis d'Ulrik qui n'avancerait pas à ce rythme. Comme si je lui évitais le bizutage. Je n'allais pas m'en mêler. Pas à ce point. J'avais réussi à esquiver non sans mal. Je me sentais presque inutile à ce stade.

« J'espère que t'as pas le vertige. » Je m'étais raidie dans la seconde. Quelle horreur. Je ne comprenais décidément pas pourquoi Noâ avait eu l'idée de m'envoyer pour cette aventure. Depuis le temps, elle devait avoir appris pour mon vertige. Je ne bougeais plus. La seule solution qu'il me restait était, justement, de jouer carte sur table et d'accepter, dans un premier temps, de lui confier mon sac. Je le sentais mal ce passage mais je n'avais pas trop d'option si je voulais m'en sortir et retrouver mes proches. « T'as une préférence ? Tu joues la prudence en restant derrière ou tu tentes ? » Je sentais l'angoisse monter sévèrement. J'étais mal. Très mal. « Je vais le dire cash. J'ai le vertige. Ouais, j'ai pas mal de défauts mais on n'a pas vraiment le choix. Je tiens pas à crever sur place. J'ai de l'ambition personnelle dans la vie. » C'était bizarre, cette fille me mettait un peu trop à l'aise, comme s'il s'agissait d'une Jaguar, d'une véritable alliée.

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 83)

« Je vais le dire cash. J'ai le vertige. Ouais, j'ai pas mal de défauts mais on n'a pas vraiment le choix. Je tiens pas à crever sur place. J'ai de l'ambition personnelle dans la vie. » Tu remarques les signes un poil trop tard. Trop prise que tu étais dans votre progression et les obstacles sur votre route. Maintenant tu ne peux plus le louper. Tu te demandes si un truc lui est arrivé. Si c'est pour ça les peurs qu'elle combat depuis que vous êtes coincées dans cette situation. Une chose est sûre : elle n'est pas en veine. A croire que les lieux ont été créés pour la mettre à l'épreuve. « Ok. » Tu t'approches. Juste ce qu'il faut pour poser une main sur son épaule. Un geste qui se veut confortant. « On va y arriver. Je vais passer première comme ça tu pourras me voir pendant que tu avanceras. » Tu tentes un sourire. Un petit hochement de tête même avant de te tourner vers le vide. Ce n'est pas très long ça va le faire. Le dos collé à la paroi tu te lances. Petits pas par petits pas. Le regard bien porté droit devant toi. Jusqu'à atteindre l'autre côté. « C'est stable. » Tu restes au bord de la plateforme. « Et tu seras vite de l'autre côté. Je reste là. Lance toi quand tu le sens. Et attrape ma main dès que tu peux si tu veux. » Tu as le bras bien tendu. La main prête à être saisie.

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« Ok. » Ce n'était pas tout. Non seulement elle ne semblait pas me reprocher quoi que ce soit par ce ok, mais en plus, elle a un geste bienveillant, de quoi me donner un peu d'énergie pour la suite sans me donner l'impression de me juger pour toutes ces peurs complètement stupides. Ce n'était pas donné à tout le monde d'avoir autant de patience, surtout en période de crise. Comme quoi, tout le monde ne dénigrait pas les Jaguars ou les autres en général. J'étais drôlement bien tombée, j'en étais consciente.

« On va y arriver. Je vais passer première comme ça tu pourras me voir pendant que tu avanceras. » En plus d'être plutôt sympa, elle était une fille pleine de ressources et attentive aux autres. Elle aurait pu m'encourager et ne pas savoir comment me pousser tout en sécurité pour qu'on y arrive toutes les deux. Elle n'était donc pas dénué d'empathie. Plus ça allait, plus je me disais que malgré l'épreuve, j'y gagnais beaucoup dans ce bordel. Je découvrais que tout espoir d'entraide n'était pas mort.

« C'est stable. » Je l'écoutais et restais concentrée sur ces mots plus que sur le reste. Je restais malgré tout attentive à ce qui se déroulait sous mes yeux, tentant de retenir l'essentiel et le positif, elle n'était pas tombée, elle était toujours en un seul morceau. Je déglutis avant de m'avancer un tout petit peu. Premier pas. Premières impressions. Je ne devais pas traîner pour ne pas laisser l'angoisse monter et prendre le dessus. J'avançais pas après pas, progressivement, non sans une pointe d'angoisse que je cherchais à repousser à tout prix en l'écoutant. « Et tu seras vite de l'autre côté. Je reste là. Lance toi quand tu le sens. Et attrape ma main dès que tu peux si tu veux. » J'avais hoché de la tête.

L'épreuve était importante à mes yeux mais je n'avais pas d'autre choix. Il fallait que je la rejoigne sur la plateforme pour qu'on puisse continuer notre périple et retrouver les autres. J'avais une famille qui m'attendait. Dès que ce fut possible, la respiration s'affolant un petit peu au passage, je pris la main qu'elle me tendait. Je mettais de côté la fierté. La survie était de loin plus importante. « Merci. Pour tout ce que tu fais. »

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 83)

Les efforts qu'elle fait sont évidents. Tu as eu de la chance de tomber sur quelqu'un que la peur ne paralysait pas ou sortir d'ici aurait été bien plus compliqué. Au moins tu sais comment l'aider. Un peu. Tu as des choses concrètes à faire. Qu'elle l'accepte est encore un autre effort. Tout le monde n'en est pas capable. Mais elle le fait et de cette façon elle vous donne une chance de sortir de cette embrouille. Tu préfères de loin ne pas avoir à l'abandonner qu'importe que tu en sois capable. Tu es soulagée pour elle lorsqu'elle arrive sur la plateforme. Ta main serrant fort la sienne même alors que ce n'est plus nécessaire, ton sourire évident. « Merci. Pour tout ce que tu fais. » « Merci de me faire confiance pour ça. » Tu n'es idiote. La confiance est temporaire, limitée à des détails. Mais c'est quelque chose et tu ne veux pas qu'elle ait l'impression que tu craches dessus. « On y est presque. Il y a de l'air qui vient de par là. » Tu désignes un couloir du regard. Préférant espérer qu'il s'agit bien là d'une sortie et non d'un cul-de-sac. Vous ne pouvez avancer qu'un pas à la fois. Pour le moment tout du moins vous en avez encore la possibilité. Tu récupères ton sac, ramasses le sien au passage pour le lui tendre. Après il n'y a plus qu'à reprendre la progression.

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« Merci de me faire confiance pour ça. » Pour ça. Ce n'était pas anodin. Son attitude confortait mon impression, elle était mature, n'était pas une bleue et elle avait dû en voir des vertes et des pas mûres depuis qu'elle était Membre. Ce n'était pas étonnant, tous les clans devaient avoir leurs galères et la vie en général à Paris n'était pas facile, tout le monde avait droit à son lot de difficultés et son seuil de tolérance et de résilience. Elle, elle était drôlement forte et humaine. Loin de la fille naïve. J'avais répondu avec un sourire, serrant pendant quelques secondes sa main à mon tour. Je remerciais le ciel d'avoir été coincée avec un élément comme elle.

« On y est presque. Il y a de l'air qui vient de par là. » J'avais pris le temps d'observer la direction indiquée, un couloir. Quand nous fûmes toutes les deux prêtes, j'entrepris la progression dans ce sens. Avec un peu de chance, et nous en avions beaucoup depuis le départ, ce ne serait pas une voie sans issue et nous pourrions retrouver les autres. J'avais le sentiment que j'étais coincée depuis une éternité. En bonne compagnie, heureusement mais ça ne m'empêchait pas de m'inquiéter pour Sif et Ulrik.

Après chaque pas, la sensation de l'air sur ma peau se faisait plus importante, ce qui était un vrai bon signe. « Je sais pas laquelle de nous deux porte chance mais on a l'air d'être en bonne voie. » Parler me permettait d'oublier un peu ce que j'avais vécu quelques secondes, peut-être minutes avant.

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» Aria • I'm a damsel, I'm in distress, I can handle this

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