Willow & Kahlan

année 41, saison intermédiaire, après-midi 78

  invisible

« Dégage, tu m'emmerdes ! Apprends à t'occuper de toi avant de jouer les moralisatrices à deux balles. T'es désespérée et tu veux m'apprendre la vie ? » Des larmes avaient commencé à couler mais je souriais encore bêtement parce que je me persuadais que c'était plus simple comme ça, je sauvais les apparences et il n'aurait pas à trop culpabiliser quand il se rendrait compte qu'il y avait été un peu trop fort. Avant de m'en aller, je lui avais répété que je l'attendrais dans la salle commune ou dans la salle d'entraînement s'il voulait qu'on en reparle. Parce que c'était important de parler de ce qui n'allait pas, pour aller mieux tous les deux, pour que ça ne s'arrête pas là. Les larmes me brûlaient la peau à chaque fois qu'elle passait sur mes joues qui saignaient une fois de plus. J'allais devoir encore m'arranger avec un sous-infirmier pour qu'il rester discret à ce propos et pour cela, je devais choisir minutieusement le moment où je me rendrais jusqu'à l'infirmerie. Je n'étais pas en état de me présenter à l'hôpital où il était parfois encore plus facile d'étouffer l'affaire. Le plus simple aurait sûrement été d'apprendre à me soigner toute seule mais j'en étais bien incapable.

Le mieux en attendant était de camoufler tout ça derrière mon écharpe qui recouvrait jusqu'à mon nez et à l'aide de mon capuchon. Je n'étais pas la première à m'accoutrer de cette façon au sein du quartier général. Puisque j'avais été amochée lors de la tempête, il était facile de tout remettre sur ce compte. Je m'étais décidée, j'allais rejoindre la salle d'entraînement. Avec un peu de chance, il n'y aurait personne en début de soirée et si quelqu'un s'amenait, il s'occuperait. On ne venait pas à la salle d'entraînement pour papoter. Je m'étais allongée dans un coin de la salle, sans un mot, me faisant aussi petite que possible, le dos contre le mur les jambes déliées, droites devant moi et je m'étais appuyée sur le côté gauche. J'espérais sincèrement qu'il viendrait. Je tâchais de m'en convaincre parce que j'étais naïve, selon mon propre père et aveugle. Je reniflais encore parce que, même si j'avais tout fait pour ne pas pleurer, ce n'était pas aussi simple.