Olympe & Tyrell

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 85

  karma ne réagit jamais comme on l'attend

Penelope m'avait demandé de passer plus tard dans la journée, sachant pertinemment que certaines choses avaient traîné avant le début de la saison polaire. Elle ne voulait pas que je parte en même temps qu'elle parce qu'elle était certaine, en faisant le tour, de trouver autre chose, alors je n'avais pas discuté et j'étais partie un peu plus tard, en fin de matinée, après un premier entraînement matinal. J'étais à l'aise, en temps normal, sur un vélo mais j'avais à peine franchi les frontières du territoire que j'avais compris que quelque chose tournait mal. Ne voulant pas fâcher la patronne de l'usine, j'étais partie malgré les mauvaises conditions, espérant que ça se calmerait au fur et à mesure de la journée, oubliant bêtement qu'une tempête suivait forcément ces temps de froid. Je n'avais que mon objectif en tête et, quelque part, j'imaginais que s'il m'arrivait quelque chose, ce serait le juste cour des choses, le karma plus précisément. Je n'avais jamais subi les conséquences de mon acte, même des années après.

J'allais très vite déchanter et changer d'idée, mettant mon vélo de côté. Je ne pouvais pas continuer plus longtemps sur celui-ci, consciente du risque que je prenais. A première vue, aucune véritable issue. Il aurait fallu trouver une faille au niveau d'une des usines. Prier peut-être pour qu'une des portes soit ouverte. A force de tourner la solution dans tous les sens, j'avais reçu un débris en pleine figure et du sang coulait de mon front, tout près de mon oeil. Ma vue était floue à cause de ça. Je sentais que ça me tirait au niveau de la poitrine et, en y posant la main, je découvris que mon haut était souillé. Heureusement, ça ne semblait pas énorme. Au loin, j'entendis quelqu'un râler, certainement de douleur aussi. A moins que ce ne soit que le mauvais sort, que cette personne soit coincée, elle aussi, à cause de la tempête. Je ne pouvais pas risquer de tomber sur quelqu'un qui prendrait le dessus. Le couteau à la main, j'attendais que la silhouette féminine se rapproche. « Tyrell, je crois ? » J'avais baissé l'arme d'un coup sec, attendant un signe pour agir. Karma n'avait pas décidé de frapper si méchamment.

Olympe & Tyrell

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 85

  karma ne réagit jamais comme on l'attend

Tyrell s'était levée plus légère suite à sa rencontre avec Eliza, la veille. Naïvement, elle avait cru qu'elle passerait une journée moins sombre. Ses problèmes et sa culpabilité n'étaient pas près de disparaître aussi tôt, bien évidemment, mais il lui semblait avoir fait un pas en avant. C'était donc d'humeur plus ou moins bonne qu'elle s'était préparé à quitter les frontières de Sud, espérant faire le plein de gibiers. Néanmoins, elle constata très vite qu'elle risquait plus de rentrer les mains vides ou même ne pas rentrer du tout tant le temps se gâtait autour d'elle. Elle n'avait pas d'autres choix que de rentrer et attendre que le mauvais temps passe avant de remettre le nez dehors. Aussi prudente ait été sa décision, les mauvaises choses n'arrivaient jamais seules et Tyrell se retrouva littéralement soulevée du sol et projetée contre la carcasse d'un mur. Un hurlement lui échappa alors qu'elle s'écrasait au sol, la douleur dans son épaule si intense qu'elle pouvait voir des points de lumière danser devant elle. Il était difficile de réfléchir clairement avec la souffrance qui pulsait dans son corps meurtri mais il restait clair qu'elle avait tout intérêt à bouger et vite si elle ne voulait pas subir pire et finir en nourriture pour rats. Grognant à en faire fuir la moindre proie aux alentours, Tyrell se releva douloureusement. Quelque chose n'allait pas avec son épaule mais elle n'osait pas y toucher de peur d'aggraver son cas. Lentement mais aussi vite qu'elle le pouvait dans son état, la jaguar tenta  de trouver un endroit où passer le plus gros de la tempête car il était impossible qu'elle y parvienne autrement. Aussi têtue qu'elle puisse l'être, elle pouvait au moins reconnaître le sérieux de la situation.

Pas après pas, elle gagnait du terrain, grognant quand la douleur devenait trop intense. Elle en oubliait les règles de première nécessité. Elle fut prise par surprise par la voix qui s'adressa à elle. Avec du retard, elle essaya de remonter son fusil mais le mouvement brusque lui arracha une nouvelle grimace suivie d'un juron. Si rien ne semblait aller aujourd'hui, la personne sur qui elle était tombée semblait la connaître. Quand elle prononça son nom, Tyrell acquiesça. Il lui fallut quelques instants de plus pour reconnaître la jeune femme qu'elle avait croisée à plusieurs reprises par le passé et une minute encore pour remarquer qu'elle non plus n'était pas sortie indemne des caprices de la nature. Tyrell était soulagée de ne pas avoir à batailler pour sa vie, elle n'aurait pas fait long feu avec un bras inutilisable. On ferait mieux de trouver un abris solide. Tu connais la zone ? C'était assez gênant de demander de l'aide d'autant plus quand elle ne savait pas exactement ce que la jaguar pouvait penser d'elle mais elles étaient toutes les deux dans le pétrin, elles devaient au moins pouvoir compter sur l'entraide pour revenir vivante sur le territoire. Olympe, c'est ça ?! Elle avait parlé le plus clairement possible, essayant de faire abstraction de la douleur et espérant que son interlocutrice la comprenne.

Olympe & Tyrell

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 85

  karma ne réagit jamais comme on l'attend

« On ferait mieux de trouver un abris solide. Tu connais la zone ? » Ça crevait les yeux qu'elle souffrait et c'était détestable de ne pas pouvoir y changer grand-chose mais en même temps, nous n'y gagnerions rien à rester plantée là, sous prétexte de tenter de l'aider avec mes médiocres connaissances en soins. Régler des problèmes mécaniques, c'était une chose, régler les défauts humains en était une autre. Elle avait raison, il valait mieux trouver un abri. « Olympe, c'est ça ?! » J'acquiesçai d'un mouvement de tête avant de lui faire signe. Il y avait quelques bâtiments en piteux état dans les alentours de la zone industrielle mais ça devrait faire affaire, nous n'avions pas cinquante mille solutions en pleine zone industrielle et tenter d'ouvrir une porte d'un des entrepôts nous ferait trop rapidement perdre du temps. Je n'étais pas certaine que Milo soit occupé dans l'un d'eux.

Il me fallut plusieurs longues minutes pour retrouver un endroit plus ou moins sûr tant le vent était violent. Il fallait littéralement se battre avec les éléments de la nature et je devais surveiller qu'elle me suivait, elle avait l'air beaucoup plus amochée que moi. Je m'étais glissée dans l'une de ces bâtisses abandonnées, après avoir forcé une porte qui, heureusement, ne tenait pas des masses face à un mon poids tant c'était abandonné. Je l'invitai à en faire de même. « C'est ton épaule qui est en mauvais état, j'suppose ? Tu vas pouvoir tenir comme ça ? J'suis pas une super soigneuse, loin de là. » Et nous n'avions aucune idée du temps que cette tempête allait durer. Son épaule avait l'air de lui faire beaucoup plus mal que ma tête.

AVENGEDINCHAINS