Eliza & Tyrell

année 41 ; saison intermédiaire ; soirée 84

  le chemin vers le passé

J'avais chopé Ronan par l'oreille pour interrompre momentanément les insultes qui sortaient si facilement de sa bouche. Je savais que c'était sa façon de réagir à un cumul de traumatismes qui avaient resurgi avec la rébellion mais il ne m'écoutait pas si je n'attirais pas son attention. Cette méthode avait très souvent fait ses preuves et le voilà en train de crier à nouveau, à la violence, soit disant. « Quand t'arrêteras de raconter des bêtises, j'arrêterai ce supplice. T'as pas reçu assez de coup de pieds dans ta vie, faut y remédier. » Je n'avais jamais prétendu jouer le rôle du parent avec lui, après tout, nous n'avions que 2 ans de différence. J'étais la grande sœur qui se plaisait à lui donner une petite baffe sur le crâne quand il partait dans des délires qui n'avaient ni queue, ni tête. Comme il le faisais depuis trop longtemps pour ma propre santé mentale.

Une baffe de perdue et je me retirais de sa chambre, le laissant réfléchir à toutes ces conneries qu'il avait en tête au sujet de Tyrell et de... Lui. C'était sa meilleure amie, il l'avait défendue corps et âme pendant des années et il n'avait jamais hésité à tenir tête à plus fort que lui et soudainement, il était devenu cet abruti trop fier et trop sûr de lui. Pourquoi ? J'avais appris à me défendre toute seule et j'étais l'aînée. Je pouvais m'occuper de mon cas comme une grande fille. Après tout, j'étais en âge d'être une Ancienne. J'avais shooté dans une pierre qui traînait sur mon passage, ne trouvant rien de plus intelligent que de traîner dans le coin de notre enfance. Malgré tout le côté glauque que ça pouvait représenter, c'était avant tout un repère important, notre vie avec nos parents. Avant que tous les drames s'enchaînent. J'y retrouvai une silhouette familière qui traînait des pieds. « C'était plus simple avant, tu ne trouves pas ? » Je n'étais pas dupe, elle m'avait forcément remarquée sinon, elle ne se serait pas arrêtée dans ses mouvements.

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  le chemin vers le passé

Parfois l'ambiance au QG des jaguars était trop pour Tyrell. Elle le vivrait probablement bien différemment si elle faisait partie des blagues et autres coups en douce. Malheureusement, il était difficile de s'intégrer quand on se traînait la réputation d'un père aussi horrible que haï et que l'on était pas non plus la personne la plus ouverte qui soit. Alors elle observait de loin, tentant de cacher ses sourires quand elle parvenait à entendre une blague ou l'autre. Tyrell savait qu'elle devait en partie son isolement à elle-même. Elle avait grandi surprotégée et son meilleur ami lui avait tourné le dos. Et peut-être qu'elle se rabattait sur des excuses faciles mais elle n'avait plus la motivation de faire des efforts, elle avait encore du mal à avaler tout ce qu'elle apprenait sur son paternel. Chaque nouvelle information venait lui pousser un peu plus la tête sous l'eau.

En réaction, elle allait se réfugier là où elle avait ses habitudes, dans le quartier où elle avait grandi. Et à présent qu'elle y était, elle se rendait compte de sa bêtise. Si une grande partie des souvenirs qu'elle y avait était bon, elle ne pouvait y trouver du réconfort tant ils étaient entachés de ses propres erreurs. Peut-être que si elle avait été moins naïve, moins obéissante, peut-être aurait-elle pu changer le fil de l'histoire, qu'ils auraient tous moins à souffrir. Peut-être que si elle avait...C'était plus simple avant, tu ne trouves pas ? Tyrell s'arrêta soudainement. Quelle idiote ! Elle aurait du faire plus attention. Elle se retrouvait dans un scénario qu'elle avait réussi à éviter jusqu'ici. Il était trop tard pour faire comme si elle n'avait pas entendu, comme si elle n'avait pas reconnu la personne qui s'adressait à elle. Eliza, bien évidemment. Si Tyrell avait essuyé la hargne et les mots horribles de Ronan avec colère, il lui était tout simplement impossible de regarder Eliza dans les yeux, la culpabilité lui nouant l'estomac à chaque fois qu'elle posait les yeux sur elle. Tyrell ne méritait pas la bienveillance de la jaguar, ni aujourd'hui, ni par le passé. Elle avait été si aveugle...Était-ce plus simple avant ? Comment pouvait-elle dire ça ? N'était-ce pas cette simplicité qui avait tant aveuglé Tyrell qu'elle n'avait pas vu les horreurs qui se passaient sous son nez ? Elle avait été bercée dans l'illusion de cette simplicité et Eliza en avait payé les frais en silence. Tyrell était en colère contre elle, d'avoir gardé le silence, de l'avoir laissée vivre dans ce mensonge mais comment pouvait-elle le faire comprendre ? Elle ignorait comment se comporter vis-à-vis de son interlocutrice. Eliza avait toujours pris soin d'elle, l'avait traitée comme une sœur, sa colère n'avait pas lieu d'être, celle qui devait l'être, c'était bien Eliza. T'es pas obligée de faire semblant. Ça a du être tout sauf simple pour toi, répondit-elle peut-être un peu trop vigoureusement sans pour autant poser son regard sur elle, elle préférait fixer un caillou près de ses chaussures. Elle se sentait encore plus idiote maintenant qu'elle remettait le sujet sur le tapis. Peut-être qu'Eliza préférait justement oublier et qu'elle venait lui remettre les horreurs passées sous le nez. Te sens pas obligée de venir me parler non plus, continua-t-elle ne résistant pas à la tentation de vérifier si personne ne rôdait dans les environs. Les jaguars étaient connus pour leur mode de vie plus chaleureux que dans les autres clans mais cela ne voulait pas dire que les rumeurs ne circulaient pas et Tyrell, elle en avait marre d'entendre tout et n'importe quoi.

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  le chemin vers le passé

Le pari était risqué et je ne voulais pas plus la froisser que la faire fuir mais cet entre-deux depuis la révélation me bouffait de l'intérieur, à la rigueur plus encore que le souvenir horrible de son père, un être humain abject. Contrairement à Ronan, je ne voulais pas la brusquer ni l'obliger à me faire face mais je n'étais pas enchantée à l'idée qu'elle ne puisse pas me regarder en face, comme si le comportement de son père avait quelque chose à voir avec elle. J'imaginais que le souci ne venait pas de là mais du fait qu'elle n'avait pas compris les choses avant que tout ça ne lui retombe soudainement dessus. La réaction de Ronan, même si je devais l'accepter aussi, n'avait rien arrangé. C'était encore des enfants, quoi qu'ils en disent et des enfants qui subissaient plus qu'ils n'étaient réellement acteurs de leur vie, en ce moment.

« T'es pas obligée de faire semblant. Ça a du être tout sauf simple pour toi. » Elle n'avait pas compris l'essence du message mais j'aurais dû être plus claire, j'avais très mal choisi mes mots. Même si elle ne me regardait toujours pas, je gardais un sourire qui, malgré l'impression qu'elle aurait pu en avoir, était sincère et vraiment joyeux. Je ne pensais plus continuellement à ces horreurs, même si ma vie de ce point de vue là n'était pas encore simple et tranquille. « Te sens pas obligée de venir me parler non plus. » J'étais navrée qu'elle cherche à mettre tant de distance entre nous et je me sentais coupable dans le fond, c'était à moi, l'aînée et la principale concernée de clarifier les choses. J'aurais dû le faire beaucoup plus tôt. « Tyrell, je ne me sens pas obligée de te parler. Ce que ton père m'a fait ne doit rien changer entre nous. Tu n'es pas ton père et tu ne seras jamais ton père. Je trouve dommage que tu te fasses autant de mal à cause de lui et à cause de ces stupides rumeurs. Des gens cons, il y en aura toujours mais je suis bien placée pour savoir ce que tu vaux. Ce n'est pas ta faute. Tu peux me faire confiance, non ? » Je devais à tout prix maintenir ce faible lien qu'il restait entre nous et ne pas lui laisser l'occasion de le briser pour de bon. Pour elle, pour Ronan mais aussi pour moi.

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  le chemin vers le passé

Parfois, il lui était difficile de concevoir que Ronan et Eliza soient frère et sœur. Leur façon de réagir était bien trop à l'opposé l'une de l'autre. Comment Eliza pouvait-elle encore vouloir lui adresser la parole et lui tendre la main alors que Ronan s'était empressé de lui cracher au visage. Tyrell aurait du être soulagée d'entendre que la jaguar ne lui en voulait pas mais malgré tout, elle continuait à se sentir coupable. Le cercle vicieux n'allait qu'en s'aggravant. Comment osait-elle se plaindre ? Pourquoi était-ce à Eliza de la réconforter une nouvelle fois ? Peut-être que Tyrell n'était pas son père mais elle ne valait certainement pas beaucoup mieux que le monstre qu'il avait été. Eliza avait le courage qu'il fallait pour affronter ce genre d'horreurs mais Tyrell, qui n'avait rien subi, n'arrivait même pas à arrêter d'y penser. Les révélations étaient tombées les unes après les autres sans qu'elle ne sache quoi faire. Il lui arrivait même encore de croire qu'elles étaient fausses, qu'il était plus facile de rejeter le blâme sur un mort. C'était plus facile pour elle, plus lâche aussi, cela lui donnait l'illusion qu'elle n'aurait rien pu changer à tout ce qui avait pu se passer sous ses yeux pendant des années. Si tu es si bien placée pour savoir ce que je vaux alors pourquoi tu ne m'as rien dit ? Parce que je dois avoir confiance en toi mais toi, t'as jamais eu confiance en moi. Tu aurais pu parler, pourquoi t'as rien dit ? Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ? Maintenant que son père n'était plus là, que ses pêchés étaient révélés au grand jour. Maintenant qu'elle se sentait seule contre tous, jugée sans qu'on lui donne l'occasion de se défendre par des étrangers et pire, par des proches. Sa tirade était montée en puissance au fur et à mesure qu'elle y pensait, les poings serrés et tremblants, elle avait enfin relevée la tête, fixant Eliza droit dans les yeux cette fois. Mais son coup de chaud ne dura qu'un instant et elle se mordit la joue jusqu'au sang pour s'empêcher de continuer dans une diatribe de plus en plus égoïste. Elle avait envie de hurler qu'elle ne devait pas valoir grand chose pour avoir été gardée dans le silence à ce point mais quel droit avait-elle à se plaindre ? Aucun. D'un côté, elle se sentait trahie et de l'autre, elle se sentait coupable et horriblement égoïste d'éprouver des sentiments aussi contradictoires dans une situation pareille.

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  le chemin vers le passé

Je réalisais bien que j'avais donné un coup de pied dans une muraille qui se fissurait progressivement depuis la mort de son père, une muraille que son père avait érigée et qu'elle avait tenté de maintenir mais avec beaucoup de difficultés. Ça ne me plaisait pas mais je ne pouvais pas la laisser s'autodétruire toute seule sans même réagir et je devais encore plus rattraper les erreurs de mon frère qui avait réagi à chaud, pris forcément à parti, un peu comme elle et deux adolescents entre eux, ça ne faisait jamais bon ménage quand ils étaient tous les deux perdus.

« Si tu es si bien placée pour savoir ce que je vaux alors pourquoi tu ne m'as rien dit ? Parce que je dois avoir confiance en toi mais toi, t'as jamais eu confiance en moi. Tu aurais pu parler, pourquoi t'as rien dit ? Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ? » C'était de bonne guerre et je comprenais le raisonnement derrière ses mots et je savais qu'une part d'elle connaissait la réponse mais elle était aveuglée par la culpabilité et la colère, j'en étais convaincue. Ronan ne s'était certainement pas retenu quand il lui avait balancé tout ce qu'il avait sur le cœur en apprenant pour le viol que j'avais subi. Son regard franc et brûlant n'avait pas duré longtemps et je m'en voulais encore plus de la voir trembler. C'était terrible de la mettre dans un tel état alors que mon intention était bonne mais c'était malheureusement inévitable, nous devions passer par-là, crever l'abcès si je voulais que nous puissions nous parler plus ou moins normalement à nouveau, même si je gardais en tête que plus rien ne serait jamais comme avant.

« Je ne cherche pas à me dédouaner, seulement ce n'était pas évident et si je t'en avais parlé, Ronan l'aurait appris aussi et j'avais peur de sa réaction. Mais surtout, j'avais honte et je ne savais pas par quel bout commencé, ni comment en parler. Je suis désolée si tu as l'impression d'avoir été mise à l'écart mais personne n'était au courant. C'était trop difficile et j'ai appris à guérir toute seule. » J'étais passée à autre chose mais il restait quelque chose de douloureux. Pas l'acte en soi. Non, c'était le regard de Tyrell qui me déchirait, j'avais le sentiment d'avoir tout foiré. « Je vous comprends, Ronan et toi. Vous avez le droit d'être en colère, c'est mon choix, pas le vôtre et je ne peux pas vous empêcher de préférer un autre scénario mais je ne peux malheureusement plus retourner en arrière. » J'imaginais bien que ça ne suffirait pas mais j'espérais que ça amorcerait quelque chose entre nous. Mon sourire était plus réservé mais je ne perdais pas encore espoir.

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  le chemin vers le passé

Ce n'était pas que Tyrell ne comprenait pas les choix qu'avait fait Eliza. Dans sa moindre mesure, elle n'avait pas de mal à admettre qu'Eliza avait fait au mieux de ce qui était possible à l'époque. La jaguar avait forcément son propre point de vue, ses réflexions n'étaient pas les mêmes en plus du traumatisme qu'elle avait du assumer. Pour ne pas avoir été à sa place, il était impossible pour Tyrell d'imaginer comment elle aurait réagi elle-même face à une pareille tempête. Il suffisait de voir à quel point elle s'empêtrait et s'enfermait sur elle-même juste face aux révélations. Comme depuis toute petite, Tyrell débordait d'admiration pour Eliza mais les choses n'étaient plus aussi simples. Pourtant c'était elle qui ramenait le sujet sur le tapis quand la jeune femme aurait peut-être souhaité passer à autre chose. C'était ça son problème, l'idée qu'elle n'ait pas pu aider et pire qu'elle ait été un élément à prendre en compte pour éviter encore plus de dommages collatéraux. Tyrell aurait voulu être là, aurait voulu empêcher et effacer tout ce qui avait pu leur tomber dessus. Elle détestait le passé tragique qui les liait à présent. Et elle n'avait même pas eu la possibilité d'offrir son aide après. C'était peut-être ce qu'elle détestait le plus, qu'elle ait pu continuer à vivre sa vie comme si de rien n'était quand Eliza avait du gérer et guérir dans son coin. Tyrell se sentait honteuse et profondément coupable, la colère n'était là que pour l'aider à tenir debout sans s'effondrer à la moindre attaque de Ronan. Seulement, Ronan n'était pas Eliza et même si elle se sentait d'autant plus pathétique et égoïste en y pensant, face à Eliza, elle pouvait se montrer vulnérable. Non. Je suis désolée, murmura-t-elle, la voix tremblante, les larmes au bord des yeux et la tête baissée. T'aurais pas du avoir à guérir toute seule. Ni à avoir honte, ni à veiller sur Ronan ou sur moi, continua-t-elle mentalement. T'aurais pas du avoir à guérir tout court, je suis désolée, renifla-t-elle, la poitrine lourde de ressentiments envers la Tyrell du passé. J'aurais du faire quelque chose, j'étais si naïve, si bête, pourquoi est-ce que j'ai rien vu?! Ronan doit avoir raison, je voulais juste conserver mon confort, au fond, je devais bien savoir qu'un truc n'allait pas. Les larmes avaient roulé le long de ses joues et elle les écrasa rageusement d'un revers de la manche. Elle se détestait encore plus de pleurnicher comme une gamine. Comment osait-elle se plaindre?! Je suis vraiment désolée, Eliza, il faut que tu me crois, je voulais pas...

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  le chemin vers le passé

« Non. Je suis désolée. » Il suffisait de l'entendre et de voir les larmes au bord des yeux pour comprendre qu'elle craquait et que ce qu'elle avait tenté de disposer comme barricades s'effritait progressivement. C'était encore plus déchirant pour moi, l'aînée, celle qui aurait dû prendre soin de ne pas faire de dégâts collatéraux, même si j'étais consciente que j'avais fait mon possible dans de telles circonstances. Le coupable de tout ce bordel, c'était son père mais je devais taire ce détail parce que ça n'arrangerait pas la situation qu'elle entende ça de ma bouche, elle en était certainement convaincue elle-même et les autres le lui reprochaient ça trop souvent pour qu'elle ait besoin d'un reproche de ma part en plus.

« T'aurais pas du avoir à guérir toute seule. T'aurais pas du avoir à guérir tout court, je suis désolée. » Je devais lui laisser la place de parler parce que c'était important pour elle, comme pour moi de l'entendre, même si j'avais préféré jouer les dures. « J'aurais du faire quelque chose, j'étais si naïve, si bête, pourquoi est-ce que j'ai rien vu?! Ronan doit avoir raison, je voulais juste conserver mon confort, au fond, je devais bien savoir qu'un truc n'allait pas. » Qu'elle se mette à pleurer me fit toujours plus de mal, comme un coup de poignard dans la poitrine parce que tout ce que j'avais fait jusque-là, c'était dans le but de ne pas la voir sombrer ou pleurer à cause des conneries de son père. Je refusais qu'elle s'en veuille pour ça mais je ne pouvais pas lui interdire de réagir à sa façon. On était tous différents. Et sa position n'était pas la mienne et ne le sera jamais. C'était si difficile de tenir, de la regarder se faire du mal, je serrais le poing pour ne pas la couper et pourtant, j'en mourais d'envie. « Je suis vraiment désolée, Eliza, il faut que tu me crois, je voulais pas... » Là, l'occasion se présentait. Je la pris et l'enlaçai de mes bras pour qu'elle ne s'écroule pas, une peur qui m'avait envahie en la voyant dans cet état misérable. « Je ne t'en veux pas, Tyrell. Je ne t'en voudrai jamais pour les erreurs de ton père. Ce sont ses erreurs, pas les tiennes. Tu n'étais qu'une gamine, tu ne pouvais pas imaginer quelque chose de ce genre. Je ne peux pas t'empêcher de t'en vouloir mais je peux te demander d'essayer de faire la part des choses quand tu iras mieux et me faire confiance. Tu n'y es pour rien. Et c'est moi qui ai décidé de ne pas t'ouvrir les yeux à cette horreur à l'époque. C'est ma responsabilité, pas la tienne. » Je passai mon pouce sous un oeil et puis l'autre pour essuyer ses larmes. « Quant à Ronan, je le lui répète sans cesse et je te fais la promesse de lui faire entendre raison. Il réagit à chaud, il a découvert ça de la pire des façons aussi mais il comprendra tôt ou tard. En attendant, évite-le et parle-moi. Je suis sa grande sœur, je dois calmer ses ardeurs de jeune adulte un peu trop franc. » Des larmes coulaient de mes yeux également et pourtant, je lui offris un sourire, comme un rayon de soleil parmi les nuages.

AVENGEDINCHAINS