Giya & Maya
A41 SI J90 (nuit)

you're my pain in the ass

Au moment de déménager, trouver une maison correspondant à leurs besoins n'avait pas été une partie de plaisir. Il aurait été un peu gênant d'avoir à expliquer tous les détails à la Secrétaire pour s'assurer sa sympathie. Parce que oui, elle était la sœur de Nadya et Nadya était celle de Maya. Et, oui, Maya et elle sortaient ensemble. Seulement, avec leurs mauvais caractères combinés, il était important qu'elles puissent chacune avoir son espace pour gérer les crises qui finissaient toujours par apparaître. Et, non, elle ne voulait pas aller squatter la chambre de sa sœur à chaque fois, elle aussi avait sa vie. Elle ne tenait vraiment pas à voir les fesses de son mec du moment parce qu'elle serait rentrée un peu trop vite dans la pièce. Cela s'était déjà produit, mais il n'y aurait pas de deuxième fois, elle se l'était promis. Non seulement le pauvre garçon avait été mortifié et elle s'était fait vanner pendant une semaine au moins par la blonde. Elle ne tenait pas non plus à ce qu'une étrangère, la Secrétaire donc, se permette de juger sa relation. C'était leurs affaires, elles ne dérangeaient personne lorsqu'elles se prenaient la tête pour des trucs idiots. Sauf peut-être Nadya, mais elle commençait à avoir de la bouteille et n'avait plus l'air de s'en faire tant que ça.

Les fameuses chambres séparées étaient donc vitales, mais ça ne signifiait pas qu'elles servaient toujours. En l’occurrence, là oui. Même comme ça, cela ne voulait pas dire qu'un manque n'était pas parfois ressenti. Cette nuit, elle ne parvenait pas à faire grand chose d'elle-même. Elle se reposait depuis des jours, repoussant toujours la nécessité de se lever pour être sûre de guérir le plus vite possible, mais cette immobilité commençait à la faire saturer. L'attitude de Maya n'aidait pas non plus. Elle aurait sans doute préféré qu'elle lui fasse la gueule, cette phase là était bien plus facile à gérer. Après un peu trop de ruminations à son goût, elle finit par s'extraire de sa couche le plus doucement possible. Marcher un peu ne lui ferait pas de mal, il fallait bien qu'elle fasse fonctionner ses jambes de temps en temps. Elle n'alla pourtant pas loin, un filet de lumière sous la porte de la chambre de sa petite amie attirant son attention. Sans trop y réfléchir, elle se glissa dans la pièce et la fixa quelques instants, en silence, avant de faire son chemin jusqu'au lit pour en réquisitionner une petite partie.
 
- J'en ai marre de tout ça. T'es ni ma mère, ni ma sœur. Juste ma meuf.

Si son ton était un peu dur et qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de grimacer à l'idée, un peu dégoûtée, cela ne l'empêcha pas de glisser la main sur sa joue, son pouce retraçant sa pommette avec douceur. Elle voulait juste que ses mots soient efficaces, pas qu'ils relancent un quelconque problème.

- Et même si tu me les brises souvent, t'as du bol que je t'aime.

Magi

année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 90

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C'était plus difficile encore que ça l'était habituellement parce que je bloquais et je m'entêtais à vouloir l'aider, quitte à en faire de trop - et c'était largement le cas - à cause de cette dispute qui avait commencé juste avant la tempête et ses désagréments. Malheureusement, le tout faisait que la dispute durait beaucoup plus longtemps qu'en temps normal et avoir été réprimandée par Nadya n'avait rien arrangé. J'étais consciente que je devais me reposer, que je n'avais pas d'autre choix si je voulais me retaper rapidement et pouvoir souffler un peu en-dehors de la maison mais il y avait toujours cette voix en moi qui me poussait à me rattraper, comme si un désolée ne suffirait pas à Giya et alors que tout ça n'avait plus aucun sens, ce n'était plus la même dispute, ni le même contexte. Je devais m'excuser de bouger et d'agir comme une inconsciente avant tout.

Je l'avais entendue rentrer alors que j'étais encore en pleine bagarre avec moi-même, luttant de toutes mes forces pour ne pas leur donner une occasion supplémentaire de me reprocher mon comportement digne d'une enfant. Je ne réagis pas trop dans un premier temps alors qu'elle se glissait dans mon lit, envahie par la peur de ne pas avoir le bon geste en fonction de son humeur. « J'en ai marre de tout ça. T'es ni ma mère, ni ma sœur. Juste ma meuf. » Ce n'était pas la première fois qu'elle devait me le foutre dans la tête mais quand l'angoisse montait, j'oubliais ce détail. En plus, j'étais convaincue qu'une petite amie pouvait en faire autant. Peut-être pas elle. Ou elle voyait les choses plus en nuance.

J'avais un sourire qui signifiait bien que j'étais mal, désolée et surtout particulièrement anxieuse. Cette voix continuait de me dire que j'allais encore me planter et que j'allais encore la décevoir, ce que je ne voulais absolument pas. « Et même si tu me les brises souvent, t'as du bol que je t'aime. » Qu'elle soit cash n'était pas un problème, je ne faisais pas l'autruche, je connaissais mes limites et ma tendance à énerver pour un rien. Parce que je n'étais pas capable de doser quoi que ce soit dans ma vie, tout était une question d'extrême. « J'ai cru bien faire. » Je préférais éviter les longs monologues pour éviter de me perdre et d'en dire trop. Pour une fois, il fallait que j'arrive à me dominer, même si je me remettais tout juste de cette peur primaire de la voir mourir à cause de ce temps de merde.

Giya & Maya
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Au moins, elle n'était pas arrivée au mauvais moment. Le timing jouait un rôle trop important au cœur de leurs disputes. Il ne fallait vraiment pas grand chose pour qu'une petite grogne devienne plus sous prétexte qu'une tentative de communiquer s'était présentée lorsque l'autre n'était pas prête à l'accepter. Depuis le temps, elle aurait eu du mal à avaler de se faire rembarrer, mais peu de choses auraient par contre pu l'étonner. Face à un tel sourire, elle se doutait néanmoins qu'elles parviendraient à quelque chose aujourd'hui.

- Je suis pas facile, je sais.

Hausser les épaules était tentant, mais elle avait eu l'occasion d'apprendre à ne plus faire cette erreur.

- Je ferais la gueule si tu t'inquiétais pas un minimum pour moi, mais ça reste difficile quand on veut me materner. Pas l'habitude. C'est pas toi, ça me rappelle juste que je suis coincée là.

Magi

année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 90

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« Je suis pas facile, je sais. » J'avais reniflé en l'entendant avouer ça. Ce n'était pas faux mais ce qui n'était pas faux non plus c'était que je n'étais pas du tout plus évidente qu'elle. Beaucoup croyaient que j'étais gentille et parfois même que j'avais un caractère facile alors que j'étais une grincheuse de première. Nous avions au moins ça en commun. A la différence qu'on lui foutait généralement plus la paix, ils étaient moins nombreux à tenter quoi que ce soit en sa présence. J'étais incapable de mettre le doigt sur ce qui renvoyait de mauvais signaux mais au fond, on s'en moquait un peu.

« Je ferais la gueule si tu t'inquiétais pas un minimum pour moi, mais ça reste difficile quand on veut me materner. Pas l'habitude. C'est pas toi, ça me rappelle juste que je suis coincée là. » J'avais soupiré cette fois. Comment j'étais censée lui en vouloir pour ça ? Les histoires familiales c'était toujours le bordel, on ne me ferait pas changer d'avis à ce sujet. En plus, j'avais conscience que mes propres insécurités pesaient aussi lourd dans la balance. Pour seule réponse, j'avais glissé un désolée.

« Je vais pas te promettre que ça n'arrivera plus mais je ferai mon possible pour que ça n'arrive pas. Juste pour toi. » Je détestais les belles promesses qui ne servaient qu'à endormir la colère de la personne à qui on offrait ces fameuses promesses. Nous valions mieux que ces phrases toutes faites.

Giya & Maya
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Cela se produirait encore et c'était une bonne chose qu'elles en soient toutes les deux conscientes. C'était aussi consciemment qu'elle l'avait accepté. Tomber amoureuse de Maya avait été hors de son contrôle, mais chaque jour elle la choisissait en dépit de tous les obstacles et des difficultés. Leurs quelques années de cohabitation maladroite sous le toit de ses parents avec Nadya pour seul amortisseur au milieu avaient été une bonne période d'apprentissage. Même si être ensemble n'était pas toujours facile, c'était tellement mieux que de ne pas l'être. Elle avait beau aimé sa liberté, elle avait su trouvé avec sa petite amie un équilibre qui ne l'entravait généralement pas, quelque chose qu'elle n'aurait pourtant pas cru connaitre à l'époque où il n'y avait bien que sa sœur pour être tolérée de façon régulière dans son espace.

- On est solides, ça me fait pas peur. Faut bien que ça se serve de se prendre la tête autant qu'on le fait.

Peut-être était-ce là une manifestation de ce choix qu'elles faisaient de rester ensemble. En plus, ce n'était pas comme si elles se disputaient pour des sujets graves comme certains autres couples qui finissaient par se faire plus de mal que de bien. Elle n'irait pas jusqu'à donner des conseils à qui que ce soit, mais elle s'estimait plutôt clean dans sa relation malgré les apparences.

- Puis, je sais pas toi, mais je m'emmerderais si on ne faisait pas nos erreurs.

Magi

année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 90

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« On est solides, ça me fait pas peur. Faut bien que ça se serve de se prendre la tête autant qu'on le fait. » Je le savais bien que nous étions solides, Giya n'avait pas besoin de me le dire pour que je m'en rende compte mais ça ne m'empêchait pas de me sentir coupable de tout ce nouveau bordel. Je l'aimais depuis un bout de temps, c'était pour cette raison précise que je voulais être une meilleure version de moi-même pour elle. Seulement, ça crevait les yeux que je n'y arrivais pas. La plus mature de nous trois ? Elle, sans aucun doute.

« Puis, je sais pas toi, mais je m'emmerderais si on ne faisait pas nos erreurs. » Encore une fois, elle avait les mots justes pendant que je jouais les gamines. Je jouais les donneuses de leçon avec Nadya mais au final, je ne valais pas mieux qu'elle. J'étais même pire. Il y avait pas de vrai bordel entre ma copine et moi et je réussissais toujours à me montrer maladroite, soit disant sous prétexte de bonnes intentions. Je regardais les alentours, peu assurée.

« Je suppose. » Je ne râlais pas. J'étais plutôt un peu triste. Un peu énervée contre moi aussi. Pendant qu'elle, elle jouait les adultes.

Giya & Maya
A41 SI J90 (nuit)

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Cela ne fonctionnait pas. Vu de l'extérieur, leur discussion pouvait paraître bien engagée et elle aurait sans doute été encouragée à en rester là, mais elle ne s'en suffisait pas. Ce n'était pas tellement le fait que Maya en disait peu, mais la façon dont elle participait. Il y avait comme une retenue et trop d'autres émotions qu'elle ne comprenait pas. Revenir à une période plus apaisée ne serait pas de refus, d'autant plus alors qu'elles étaient ici pour encore un bon moment, mais elle ne voulait pas de ça si c'était pour la voir tout garder pour elle et en souffrir.

- Dis moi ce qu'il se passe là-dedans.

Pour être bien claire, elle lui avait tapoté la tempe de l'index en plus de bien dirigé son regard vers le sommet de son crâne.

- Je m'en fous si ça sort mal.

Magi

année 41 ; saison intermédiaire ; nuit 90

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« Dis moi ce qu'il se passe là-dedans. » Je le savais, j'aurais dû être plus attentive aux signaux que je renvoyais et prouver que j'étais capable d'efforts moi aussi mais, non, je m'étais bornée à jouer l'enfant gâtée et capricieuse. C'était particulièrement merveilleux. Je le regrettais alors qu'elle posait un nouvel acte qui confortait encore l'image de la petite amie prévenante. J'avais un peu grommelé pour le principe parce que le geste n'était pas le meilleur mais je n'avais pas précisément le droit de râler.

« Je m'en fous si ça sort mal. » Un autre coup asséné dans le cœur. Elle avait la méthode avec moi, en y allant franchement, on réussissait plus souvent à me faire cracher le morceau, seulement en même temps, la culpabilité ne cessait de croître dans mon corps. Je le sentais bien, j'avais mal au ventre. D'une autre façon. Et je mourrais d'envie de me cacher sous les draps.

« Je me sens mal. Tu fournis tous les efforts pour ce couple et moi, je joue la drama queen. Je prétends que j'ai des excuses et j'en profite pour ne pas agir pour nous deux. » Je n'étais toujours pas énervée. Pas contre elle, du moins. J'étais peut-être un peu trop vide en balançant ça. Comme un énième reproche qui tombait à pic.