Lazéa

année 41, saison intermédiaire, soirée 86

  some rest

J'avais directement abandonné l'idée d'aller déranger les sous-infirmières, soigneuses et Charlotte parce qu'elles avaient des cas beaucoup plus urgents à gérer. Dans ma tête, c'était clair, on m'avait grossièrement soigné dans l'urgence et le reste pouvait attendre le lendemain, quand les cas les plus problématiques auraient été vus et traités. Le mieux que j'avais à faire était de rejoindre la maison mais ça me prit beaucoup plus de temps que prévu, ma cheville me freinait et ma vision n'était pas particulièrement géniale non plus. Sans parler de la fatigue et de cette impression que j'allais m'écrouler pour un rien. Je m'en voulais alors que je n'avais pas encore rejoint la maison parce que Théa allait forcément s'inquiéter plus que de raison à cause d'un choix très mauvais de ma part. J'aurais sûrement pu m'éviter tout ça si j'avais eu un bien meilleur réflexe.

En ouvrant la porte, j'entendis quelques plaintes et j'étais soulagé d'apprendre que j'étais arrivé le dernier. C'était toujours particulièrement pénible de rejoindre la pièce de vie dans cet état mais j'avais connu des situations beaucoup plus gênantes et handicapantes lors de ma vie de Libre. Je m'étais approché d'elle, la rejoignant dans le fauteuil, en faisant mon possible pour ne pas la bousculer et relancer ses blessures, qu'elles aient été soignées sommairement ou non. Malgré mes propres douleurs, j'avais approché ma tête de la sienne pour l'embrasser. Le calcul demandait beaucoup d'énergie mais je devais éviter à tout prix sa cuisse, celle qui avait saigné. « Je suis soulagé. Je me suis fait du souci pour toi. » Je n'avais pas besoin d'en dire plus, elle savait que je ne minimisais pas ses blessures. Je m'étais posée à nouveau à son côté, le plus délicatement possible. Ma cheville et ma tête me faisaient trop mal que pour y aller sans réfléchir.