it wasn't supposed to be this hard (lazéa)

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 89)

Tu es rentrée rapidement aujourd'hui. Aussi vite que possible au vu de ta condition. Rose était partie vers un repos bien mérité et du boulot t'attendait encore mais tu n'avais pas été capable de rester en place. Pas avec ce que tu savais. Avec cette information que tu avais pour Laz et qui ne manquerait pas de le rassurer. Une information que tu avais toi-même eu besoin d'entendre. S'il lui était arrivée quelque chose par ta faute... Tu as appris à l'aimer, Gaëlle, mais c'est encore différent qu'avec Rose ici. Si Gaëlle avait succombé à la maladie cela aurait été de ta faute. Tu aurais été celle arrachant à Laz la personne qu'il aimait le plus au monde. Un crime avec lequel tu n'aurais pas pu vivre. Le silence t'aurait rongée. Soit jusqu'à ce que la vérité sorte, soit jusqu'à ce que tout soit fini entre vous. Votre relation n'aurait pas pu survivre à ça. Mais c'est du petit génie dont on parle. Increvable comme elle prétends toujours l'être. Et Laz doit savoir même si sa sœur lui dirait que c'est une évidence. Tu es donc de retour après une marche douloureuse durant laquelle tu as un peu trop forcé mais l'épuisement s'échappe un peu lorsque tu le trouves dans la pièce à vivre. Un sourire t'étirant les lèvres d'une joie quelque peu amère. Tu es heureuse mais ça ne retire pas tout le reste. Une part de culpabilité est encore là. Même si elle va bien, il ne te le pardonnera pas s'il l'apprends. Alors toi non plus. Pas vraiment. Il y a les morts aussi. La perte que James doit encore encaisser. Vous ne vous connaissez sans doute pas encore assez mais tu n'es pas insensible à sa douleur. Tu dois être l'une des seules capables de comprendre en partie ce qu'elle ressent. Cette part secrète du deuil qu'elle a à faire. Tu ne souriras sans doute plus jamais totalement. Plus aussi pleinement qu'avant. Être Chef t'a teintée de trop de sang et rien ne t'y avait préparé. On ne t'avait pas non plus taillé dans le même bois que d'autres. Tu es bien loin d'une Noâ qui paraît inébranlable sans réellement l'être. Elle te l'a montré. Un peu. Mais elle continue d'avancer malgré tout et c'est ce qui la rend si forte. Tu reprends un peu ton souffle, le pas de la porte à peine dépassé. Il fait chaud ici et tu arraches vivement ton bonnet et l'écharpe enroulée trop de fois autour de ta gorge. Tu as encore ta veste quand tu viens t'asseoir à ses côtés. Ta jambe enfin soulagée. « Des Vipères sont revenues. » Tu commences, le souffle toujours un peu court. « Rose. D'autres filles. » Tu te débat en même temps avec ton manteau pour l'abandonner derrière toi dans le fauteuil défoncé. « Gaëlle va bien. »

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Lazéa

année 41, saison intermédiaire, fin de journée 81

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Ma bêtise m'avait rattrapée, je payais un prix fort mais c'était normal, je n'aurais jamais dû sortir même si je m'inquiétais pour Théa. C'était un accident que j'aurais pu éviter ou en tout cas, essayer d'éviter. Je me sentais bête. Stupide. Avec une cheville dans cet état, je ne pouvais pas faire grand-chose en tant que réparateur et ça me mettait face au mur, incapable de mettre de côté cette inquiétude qui me rongeait depuis le départ de Gaëlle. Quand je travaillais, je pouvais mettre cette petite voix dans le fond de ma tête, lui donner moins d'importance mais là, rien n'arrivait à me calmer. Quand elle était à la maison, ça se passait un peu mieux mais elle ne pouvait pas continuellement rester près de moi. Elle avait d'autres priorités. C'était con mais je ne pouvais pas m'empêcher de me demander s'ils n'avaient pas rencontrés un couac pendant ce voyage, comme si j'avais une date de retour en tête. Personne n'aurait pu le dire. Pas même les différents chefs de Paris.

J'entendis la porte s'ouvrir et je sentis alors un certain soulagement. J'allais pouvoir peut-être ouvrir une parenthèse. « Des Vipères sont revenues. » Avec un peu de chance, ce serait même mieux qu'une parenthèse, ce serait une bonne nouvelle. Je savais que Gaëlle n'était pas de celles qui étaient revenues parce que, dans le cas contraire, elle serait à la maison pour me rassurer personnellement. Elle ne se ferait pas prier. Ça ne signifiait pas qu'elle allait mal. J'espérais toujours cette bonne nouvelle.

« Rose. D'autres filles. » Si j'étais content pour elle, j'aurais préféré qu'elle me parle directement de Gaëlle. J'étais égoïste mais ma soeur était toute ma vie et Théa avait eu la chance de voir Rose. J'allais m'en vouloir une fois que la tension serait retombée mais à ce moment, je n'avais que mon unique famille en tête. Elle et elle seule.

« Gaëlle va bien. » La bonne nouvelle était tombée. J'avais soufflé, soulagé, mes muscles se relâchaient et je me sentais même sourire, c'était discret, mais elle le remarquerait sans mal. Je ne savais pas combien de temps ça durerait mais une victoire à la fois. Je ne voyais pas trop loin, j'étais un ancien Libre après tout. « Merci. Et désolé. Je suis content pour Rose et toi. » Cette fameuse petite culpabilité. Je savais bien ce que la jeune fille représentait pour elle. Elles étaient vachement attachées et je n'aurais pas voulu qu'elle la perde.

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 89)

Tu le vois qui se relâche. Le soulagement qui fait son effet. C'est différent bien sûr mais tu avais eu une réaction un peu similaire. Même si c'est difficile d'imaginer Gaëlle abattue par quoi que ce soit ça reste possible. Elle n'est pas invincible. A l'art de s'attirer des ennuis avec son attitude. Mais elle va bien. N'a même pas été touchée par la maladie. Cela n'arrache qu'un éclat à ta culpabilité comme on casserait un petit bout de roche. C'est quelque chose mais pas assez significatif. « Merci. Et désolé. Je suis content pour Rose et toi. » Tu prends sa main. La serres dans la tienne. « T'excuse pas. T'as aucune raison de le faire. » Et tu y met peut-être un peu trop de ferveur. Parce qu'ici c'est toi qui la coupable. Toi qui devrais t'excuser des milliers de fois tout en sachant que tu ne mériterais pas son pardon. Mais tu ne peux pas le faire. « Il s'est passé quelque chose là-bas. Comme une épidémie de fièvre. » Tu sais pertinemment de quoi il s'agit mais tu es bien forcée de paraître hésitante. « Elle ne l'a pas attrapée. » Et heureusement. C'est une ancienne Libre et elle a rejoint trop tardivement le clan que pour être immunisée à vos virus. Une bonne chose que si vous veniez à vous servir de cette vraie saleté dont tu ne connais l'existence que depuis que tu es Chef, elle n'aurait aucune raison de s'approcher des zones de contagion. Il en est de même pour Laz. Mais il n'empêche qu'il y a des conséquences. Qu'elle est naturellement moins solide que des Vipères nées ici sur certains points. Avoir autant baroudé n'endurcit pas tout. « Ils se mettront en route d'ici quelques jours. S'il n'y a pas de complications elle sera en sécurité à la maison d'ici dix jours. »

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Lazéa

année 41, saison intermédiaire, fin de journée 81

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« T'excuse pas. T'as aucune raison de le faire. » Sentir sa main autour de la mienne me fit beaucoup de bien et eu le don de me ramener complètement dans la réalité qu'était la nôtre, celle au sein de cette maison. J'avais bien entendu que Gaëlle allait bien mais il fallut encore un petit moment pour complètement décompresser et accepter que je pouvais lui faire confiance pour le reste du voyage. Si elle avait réussi à rester vivante et en un seul morceau jusque-là, le retour serait une partie de plaisir. En tout cas, c'était l'idée qui venait à ce moment-là mais une fois seul, j'allais forcément y repenser. J'étais trop prévisible. Je n'avais pas peur de grand-chose. A part ça. La perdre. C'était inconcevable qu'elle y passe avant moi. J'avais souri. Elle méritait bien ça pour tous les efforts dont elle faisait preuve au quotidien, qu'on soit trois ou deux.

« Il s'est passé quelque chose là-bas. Comme une épidémie de fièvre. » Je sentais l'angoisse monter à nouveau. Parce que même si Gaëlle allait bien, on n'était jamais totalement sûr des répercussions de maladies qu'on découvrait trop souvent. On ne maîtrisait rien. Ni sur les routes, ni même à Paris. On était loin de tout connaître. « Elle ne l'a pas attrapée. » Heureusement, elle m'avait arrêté avant que ça ne prenne trop d'ampleur. Elle avait probablement dû le sentir à ma main qui s'était crispée tout autour de la sienne. C'était plus fort que moi. Mon corps me trahissait quand une peur aussi primaire prenait le dessus.

« Ils se mettront en route d'ici quelques jours. S'il n'y a pas de complications elle sera en sécurité à la maison d'ici dix jours. » Je ne doutais pas réellement de Théa, ni en tant que personne, ni en tant que Chef, elle était équilibrée et beaucoup plus réfléchie qu'Annabella, qui avait globalement réussi à voir le génie de Gaëlle mais c'était tout ce que je retenais de son règne. Mon comportement était purement primaire. Alors je n'avais qu'une solution, la meilleure, me raccrocher à ce qu'elle me disait parce qu'elle ne chercherait pas à me bercer d'illusions pour me calmer et avoir la paix. Elle ne me mentirait pas sur un sujet aussi sensible. Elle avait compris comment je fonctionnais vis-à-vis de ma petite sœur. « Merci pour tout. C'est compliqué à gérer tout ça, émotionnellement, loin d'elle. J'aurais voulu être près d'elle quand la maladie leur est tombée dessus mais c'est bien qu'elle vive des expériences seules, je suppose. En tout cas, loin de mon angoisse. En plus, on ne peut pas tout maîtriser, surtout pas une telle maladie. »

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 89)

« Merci pour tout. C'est compliqué à gérer tout ça, émotionnellement, loin d'elle. J'aurais voulu être près d'elle quand la maladie leur est tombée dessus mais c'est bien qu'elle vive des expériences seules, je suppose. En tout cas, loin de mon angoisse. En plus, on ne peut pas tout maîtriser, surtout pas une telle maladie. » Il faut que tu t'y habitues. Cela va arriver. Sans doute plus souvent que tu le voudrais. Des rappels constants. Des commentaires qui pour certains n'auront aucun impact mais t'affecteront toi. Parce qu'ils ne savent pas. Qu'il y aura toujours ce secret. Tu dois t'endurcir. Être capable d'encaisser sans rien montrer. Même aux gens que tu aimes le plus. Surtout à eux. Ils seront le problème. Ceux qui sur le long terme pourront attraper tes dérapages. Tu hoches simplement la tête avant de passer les bras autour de lui, allant nicher la tête dans son épaule. C'est tout ce que tu peux faire. Tu n'as pas les mots. Parler te fait peur. Tu n'es pas si sûre de ce qui pourrait sortir en cet instant à cause de la culpabilité. « On sera bientôt de retour à la normale. » Tu lâches finalement. Pourtant tu n'en crois pas un mot. Tout est différent maintenant. Et soudain tu as peur de toutes ces choses qui peuvent devenir temporaires désormais que tu es Chef.

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Lazéa

année 41, saison intermédiaire, fin de journée 81

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Je l'avais accueillie contre moi avec plaisir, son contact avait l'air de détendre mon corps. J'entourai sa taille de mes bras et posai un baiser dans ses cheveux. « On sera bientôt de retour à la normale. » L'idée était rassurante et elle avait le don de me réchauffer le coeur. Leurs disputes me manquaient presque. Un tout petit peu. Pour ce qu'elles représentaient, c'est-à-dire un foyer au complet, une routine dont j'avais sous-estimé l'importance.

« Avec un peu de chance, elle ne pensera pas à te gronder la première. J'y passerai avant à cause de cette stupide histoire de tempête. » C'était plus simple de rigoler à propos de choses plus légères. Entendre Gaëlle râler ça signifiait qu'elle était là, dans les parages, loin d'un danger face auquel je ne pouvais rien. D'une certaine façon, j'étais certain que même Théa préférait ça.

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 89)

Tu t'en veux un peu de profiter du confort qu'il t'offre. Tu ne le mérites pas. Il n'agirait pas de la sorte si il savait. Mais tu es lâche. Et il est facile de se cacher derrière l'excuse qu'il en a besoin. Que tu fais ça pour lui. « Avec un peu de chance, elle ne pensera pas à te gronder la première. J'y passerai avant à cause de cette stupide histoire de tempête. » « Qu'elle essaie. » Tu marmonnes tout contre lui. C'est agréable de l'entendre se montrer plus léger. Jouer le jeu est une facilité de plus. Cela te fait bizarre de l'imaginer malgré la bravado. Gaëlle s'inquiétant pour toi. Tout un concept. Pas si étonnant quand on pense qu'elle t'a confectionné cette canne qui a tout d'une arme. Ultime preuve d'affection dans son langage. Qu'elle verbalise resterait différent. C'est un nouveau coup qui réveille la culpabilité. Tu ne sais pas trop comment tu vas l'accueillir. Heureusement qu'elle s'en est sortie indemne. « Ne compte pas sur moi pour te défendre. Je serais de son côté. »

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Lazéa

année 41, saison intermédiaire, fin de journée 81

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« Qu'elle essaie. » Je rigolai encore une fois de bon coeur parce que c'était toujours drôle d'imaginer leur petite guéguerre qui, à ce stade, ne valait plus grand-chose ou, en tout cas, n'en était plus au même niveau d'intensité que lors des premiers jours. A sa façon, Gaëlle avait appris à vivre avec la présence de Théa et je n'allais pas cracher dessus, c'était rassurant de savoir que les deux femmes de ma vie pouvaient cohabiter. Il aurait été impossible de dire au revoir à ma petite sœur et j'aurais été brisé de devoir remballer celle que j'aimais un peu plus chaque jour.

« Ne compte pas sur moi pour te défendre. Je serais de son côté. » D'une certaine façon, c'était encore plus drôle d'imaginer les deux s'allier contre ma bêtise. Beaucoup moins sympathique de les avoir réellement sur le dos mais si c'était pour la bonne cause, je savais que j'arriverais à prendre sur moi. J'embrassai une nouvelle fois le haut de sa tête.

« J'irai demander l'asile chez un ami. Il n'y a pas que toi qui a des relations. Chef ou pas, je suis beau, charmant et je suis doué de mes mains. On dirait pas mais c'est de bons atouts pour se faire des amis, même chez les Vipères. » La taquiner était naturel, c'était un jeu auquel nous jouions depuis le début et qu'elle soit devenue chef n'y changeait rien. Nous connaissions les limites l'un de l'autre.

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 89)

« J'irai demander l'asile chez un ami. Il n'y a pas que toi qui a des relations. Chef ou pas, je suis beau, charmant et je suis doué de mes mains. On dirait pas mais c'est de bons atouts pour se faire des amis, même chez les Vipères. » Il est si facile de retomber dans le confortable de votre relation. Trop facile. Tu ne le mérites pas. Pourtant tu te laisses charmer par sa présence. Tu te prends au jeu. Tu retrouves les habitudes de cette femme que tu étais encore il n'y a pas si longtemps. Celle qui n'avait pas le poids de tout un clan sur les épaules. « Fais gaffe. » Tu grondes faussement en lui pinçant le côté. « Ce ne sont pas des amis que tu vas te faire en mettant en avant ces qualités et je n'ai pas signé pour te partager. » Tu n'es ni possessive, ni réellement jalouse. C'est ce qui te permet d'agir de la sorte. De plaisanter là-dessus. Parce que tu es sûre qu'il n'y verra pas une mise en garde déguisée sous l'amusement. Il a ta confiance. Tu ne peux qu'espérer que tu as la sienne. Vous avez décidé que cette relation resterait entre vous et tu n'as jamais ressenti l'envie, ni le besoin d'aller voir ailleurs. C'est vous et le bonus aussi ennuyant qu'attachant qu'est sa sœur.

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Lazéa

année 41, saison intermédiaire, fin de journée 81

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« Fais gaffe. » J'avais affiché un sourire malicieux, heureux de constater qu'elle avait retrouvé le sourire et qu'elle était encore capable de rigoler. Les derniers événements et les nouvelles à propos de cette maladie avaient réussi à casser son moral à toute épreuve et c'était légitime, elle avait la responsabilité d'un clan désormais et ça ne devait pas être simple de porter ce poids sur ses épaules, surtout si elle n'avait pas un minimum de soutien et j'avais bien l'intention d'être ce soutien.

« Ce ne sont pas des amis que tu vas te faire en mettant en avant ces qualités et je n'ai pas signé pour te partager. » J'aurais presque pu croire à cette plaisanterie si je ne la connaissais pas assez. Je ne comptais pas aller voir ailleurs mais je savais qu'elle m'en parlerait avant de nous infliger une scène et il en était de même de ma part. Nous étions des adultes à ce niveau. Si je n'allais pas voir ailleurs, ce n'était pas parce que j'avais peur des représailles à cause de son nouveau rang mais parce que je ne tenais qu'à elle, de cette manière.

« Désolé, je pensais que je n'étais près de toi que parce que j'avais un bon patrimoine. Je n'avais pas pris conscience que tu t'étais attachée à ce point. » Je lui avais affiché un sourire goguenard. J'espérais que ça lui changerait encore les idées. Je n'étais pas stupide, elle n'était pas de ces filles qui jetaient les hommes dès qu'elles étaient certaines d'avoir une descendance. Elle n'avait pas non plus pris la grosse tête parce qu'elle était à la tête d'un clan. Elle était simple. A sa façon.

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 89)

« Désolé, je pensais que je n'étais près de toi que parce que j'avais un bon patrimoine. Je n'avais pas pris conscience que tu t'étais attachée à ce point. » Un bon patrimoine... Voilà une chose à laquelle tu n'as pas pensé suite à votre rencontre. Moins encore quand vous avez pris la décision de former un couple et d'aller vers l'exclusivité. Il faut dire que tu n'envisages pas l'idée d'avoir un enfant. Pas encore. La possibilité est plus lointaine encore avec ce nouveau titre de Chef. Tu es partie pour rester active un bout de temps. Vous avez peu de contrôle sur le sujet alors on ne sait jamais. Consciemment, tu sais juste que le moment serait mal choisi. Il y a trop de choses dans ta vie. Tu crains déjà de ne pas avoir assez de temps pour Laz. Cela a beau être dans l'ordre des choses que l'homme prenne soin plus activement des petits durant leurs premières années, tu n'as pas l'intention d'être une mère aperçue de temps en temps par ta progéniture. Cette plaisanterie n'était pas destinée à te faire réfléchir. Pourtant tu te perds dans tes pensées. Machinalement ta main lui caresse la nuque. Il te faut une seconde pour prendre conscience qu'il te faut répondre. Et ce qui sort n'est en rien ce que tu as prévu. Cela reste logique. « Je me rend compte qu'on en a jamais parlé. Tu envisages d'avoir des enfants ? » C'est soudain. Si loin du bon moment. Mais tu dois apparemment apprendre à profiter de chaque occasion qui vient et tu sais l'importance de la communication. Plus encore maintenant. « Hypothétiquement. Dans un bout de temps. » Tu t'empresses de préciser. Tu ne veux ni qu'il se fasse de faux espoir, ni qu'il se sente mis sous pression.

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Je n'avais pas imaginé que j'allais balancé une telle bombe et qu'en si peu de temps, elle se perdrait dans sa tête, à trop réfléchir. C'était visible qu'elle pensait au-delà de cette petite boutade que je lui avais lancée, elle pensait à une réalité à laquelle je n'avais pas réellement pensé moi-même. La vie à la dure de baroude ne t'invitait pas exactement à la réflexion, surtout quand tu avais une petite sœur à ta charge, tu pensais à elle et à elle seule. Même en arrivant chez les Vipères, je lui avais trouvé un avenir tout tracé, de belles perspectives de vie mais moi, c'était une autre affaire parce que j'étais un homme, parce que je ne pensais pas trouver une fille aussi merveilleuse, parce que ça n'avait jamais été le bon moment, ni le moment tout court de se projeter dans un futur aussi lointain. Le plus lointain possible. Je voulais vivre ma vie avant de la consacrer à un être fragile.

« Je me rend compte qu'on en a jamais parlé. Tu envisages d'avoir des enfants ? » Je ne m'étais pas trompé, elle réfléchissait à cette possibilité. J'aurais peut-être dû me taire, ça aurait été plus prudent. Je m'étais gratté nerveusement le front, à la recherche d'une réponse toute faite, d'une réponse rassurante, ou en tout cas de celle qui ne lui ferait pas de tort, ni ne lui donnerait envie de me fuir. Seulement, je devais l'accepter, il n'y avait rien de tout ça dans la vie. Ce n'était pas aussi simple.

« Hypothétiquement. Dans un bout de temps. » J'avais soupiré avant d'afficher un sourire, spontané. Le but n'était pas de l'inquiéter inutilement mais c'était réciproque. Cela ne me surprenait pas de sa part mais j'avais l'impression qu'elle y avait mis plus d'attention que d'autres fois. Peut-être parce que le sujet était sensible, peut-être aussi parce qu'elle était à cran depuis un moment. Sûrement un mélange des deux, raison de plus pour ne pas la mettre inutilement dans tous ses états, elle avait bien assez à gérer en tant que chef.

Je m'étais légèrement redressé, non sans râler un petit peu à cause de ce que ce mouvement demandait à ma cheville en piteux état mais je voulais la regarder quand on évoquait ce sujet particulièrement. « Je n'y ai jamais pensé. L'occasion ne s'était pas présentée jusque-là. La vie de Libre n'offre pas beaucoup de moments de réflexion aussi poussée. » La sincérité était de mise, de toute façon, que je m'exprime ouvertement ne l'avait encore jamais dérangée. Espérons que ça continue dans ce sens. « Hypothétiquement. Dans un bout de temps. Pour reprendre tes mots. Si c'est avec toi, je pourrais en avoir envie. » Ce n'était pas la façon la plus romantique d'amener les faits mais je n'étais pas le plus adroit non plus. On ne chipote pas quand on doit survivre dans la nature.

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 89)

Tu sais que c'est une bombe que tu lui lâches sur la tête. Juste pour des suppositions. Mais vous êtes adultes et décidés à rester l'un avec l'autre pour un bout de temps. C'est important. D'autant plus quand la vie Vipère lui donne un choix. Qu'il pourrait trouver ailleurs aisément quelque chose que tu ne pourrais pas lui offrir de si tôt. La situation pourrait lui être favorable dans les deux cas. Il pourrait être père ailleurs tout en restant ton compagnon. Ce n'est pas une conception si étonnante chez les Vipères. A vrai dire votre décision actuelle d'être exclusifs l'est plus en comparaison. Les Membres aiment profiter de leur service avant d'assumer d'autres responsabilités. Tu l'as fait. Tu n'as pas boudé ton plaisir. Mais tu te plais dans le confort et l'amour qu'il t'apporte. Il prends son temps pour répondre naturellement. Tu te fais patiente. Peu stressée malgré l'importance de cette discussion. Tu as appris à prendre les choses comme elles viennent. Tu y as été obligée. Tes difficultés actuelles ne sont qu'un pas en arrière. Les émotions sont trop intenses dans ta vie de Chef. Il y en a trop que tu ne connais pas. Que tu ne pensais jamais explorer. « Je n'y ai jamais pensé. L'occasion ne s'était pas présentée jusque-là. La vie de Libre n'offre pas beaucoup de moments de réflexion aussi poussée. » Tu peux difficilement comprendre son point de vue. Tu as vécu dans un clan toute ta vie. Mais tu imagines. « Hypothétiquement. Dans un bout de temps. Pour reprendre tes mots. Si c'est avec toi, je pourrais en avoir envie. » « Ok. » Tu souris doucement. Simplement. Aussi importante que soit ce moment il concerne un futur lointain. Tu ne ressens pas le besoin d'en faire des tonnes. Tu prends sa main. C'est bien comme ça. Pas de promesse. Vous continuez d'avancer dans une direction similaire. Et pendant un instant tu en oublies la culpabilité et toutes ces choses qui pourraient vous séparer.

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Qu'elle ne m'interrompe pas était une habitude chez elle, elle me laissait de la place au sein de notre couple et je me rendais bien compte de cette chance mais dans de telles circonstances, ça n'aurait pas été choquant et ce même en considérant que c'était elle qui avait lâché la bombe. Il en fallait beaucoup pour me vexer, surtout après tant de temps à traîner ensemble. « Ok. » Sa réponse était aussi courte que rassurante parce qu'elle n'avait pas laissé une impression bizarre ou laissé supposer un non-dit. Non, c'était sobre et cohérent, elle ne surenchérissait pas inutilement et elle ne cherchait pas à combler un potentiel vide, comme si elle en avait attendu trop de ma part. Je ne voyais pas ce que j'aurais pu ajouter sans prendre le risque de gâcher l'instant présent. Après l'avoir embrassée, j'avais décidé de simplement posé ma tête contre son épaule pour profiter du contact qui me calmait.

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» it wasn't supposed to be like this — riley
» I need you more than you need me ft. Lazéa
» some rest (lazéa)

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