all this did not make me better ;

année 41- ST2 (soirée 88)

La vie s'acharnait. Pour la deuxième fois en trop peu de temps, Seth se retrouvait sans un toit au-dessus de la tête. Le quartier général l'abritait actuellement mais le moment ne durerait pas. Il se doutait aussi que les survivants n'auraient pas droit à une deuxième sélection d'habitations dédiées. Il se forçait à reconnaître encore et encore la générosité des jaguars mais les miracles n'existaient pas. Son futur était plus flou encore qu'il ne l'avait été deux ou trois jours plus tôt. Il n'était plus sûr de rien. Seth se sentait perdu. Inutile dans tout ce chaos malgré ses efforts pour aider en faisant de son mieux. Cela lui venait naturellement. Il n'avait jamais aimé rester les bras croisés pendant que d'autres s'affairaient. En plus, ses blessures le lui permettaient. Il ne pouvait nier une part d'égoïsme dans cette décision. Il ressentait le besoin de s'occuper et de se tenir éloigné.

L'occupation restait insuffisante pour empêcher les pensées de tourner. La tombée de la nuit avait de toute façon arrêté les travaux. Le froid était revenu, quoi que moins mordant. Seth était pourtant dehors, mal installé sur des gravats. Il se tenait dans l'ombre de l'imposant QG, peu désireux d'être trouvé là.

Son besoin de ne pas retourner dans l'instant au milieu de l'agitation du quartier général lui fut vite refusé. En entendant les pas, il avait levé le nez, s'attendant à voir une sentinelle faisant sa ronde, mais il avait croisé le faciès trop connu d'un aigle.

Basile ne paraissait pas plus arrangé que lui. Il avait l'air secoué de quelqu'un qui avait survécu à une énième catastrophe mais aucun bandage sanglant.
Seth s'en voulu un instant de ne pas avoir cherché à prendre de ses nouvelles. L'idée ne lui était pas venue, tout simplement. C'était sans doute le pire. Il avait oublié un homme qu'il considérait comme un ami avant que sa vie ne parte en fumée. Leur vie.

Il ne trouva pas de mots pour l'accueillir. Seth demeura donc silencieux, le regard accroché à celui du blond.

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année 41- ST2 (soirée 88)

Seth n'était vraiment pas d'humeur à parler mais Basile n'était pas le genre de personne que l'on avait envie d'envoyer sur les roses. Il se dégageait de lui une bonté trop pure pour ça. Il avait aussi tout du bon confident. Être froid avec le blond n'aurait pas amélioré l'impression qu'il avait de se comporter comme un enfoiré. Il baissa tout de même les yeux, les posant sur ses mains nues et rougies par le froid. Si Basile faisait un aussi bon confident c'était aussi car il appelait les confidences, justement. Il s'était assis aux côtés de Seth, avait glissé une question des plus bateaux, et il sentit les mots s'agglutiner dans sa gorge. L'idée de parler au blond n'était plus si dérangeante maintenant. Un véritable pouvoir que ce dernier avait là. Il n'aurait jamais dû se questionner sur la montée en grade de Basile. L'espionnage devait être plus aisé avec une telle facilité à créer un contact avec d'autres.

— Cela n'arrête pas. Il ne s'est passé que des trucs depuis plusieurs saisons. soupira-t-il.

Il y avait eu la rébellion et les conséquences dramatiques sur la hiérarchie des aigles. Avec Kim dans le coma, le clan avait été fragilisé. Cela n'était encore rien à côté des révélations de sa trahison. Puis, il y avait eu l'attaque bien sûr. Ils avaient tout perdu. Depuis, chaque jour, il fallait presque tout recommencer à zéro. C'était ce qu'il se passait quant on ne pouvait pas se poser.

— Je ne sais pas quoi faire. Les gens que j'aime s'adaptent bien ici et j'ai l'impression de rester en arrière. D'être le seul idiot coincé dans son passé.

Soudain lancé, on n'arrêtait plus Seth.

— Dès que je pense faire un pas en avant, autre chose me rattrape. Et ça me rend idiot. Je fais du mal aux autres à cause de ma frustration.

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année 41- ST2 (soirée 88)

Seth avait toujours fait preuve de résilience mais elle était lente. Il était conscient qu'il s'agissait là d'un problème dans un monde où tout bougeait si vite parfois. Depuis l'enfance, il n'avait pas beaucoup évolué sur ce point là. La faute, sans doute, à trop de temps passé seul. Il avait cultivé ses mauvaises habitudes, faute d'être bien entouré. Cette solitude était aussi un peu de sa faute, il ne le niait pas. Mais sans doute aurait-il mieux évolué grâce à l'aide de ses parents. Un détail auquel il évitait de trop penser. Nostalgique, il l'était pourtant et vivre chez les jaguars n'aidait pas. Pourtant, il progressait à ce sujet. Lentement. Il se faisait à l'idée d'être à nouveau sous la bannière du sud, bien qu'il ne sache pas si il s'agirait un jour d'une fierté. Ou même si il pourrait un jour se battre par loyauté à son clan comme il avait cru le faire chez les aigles.

A la déclaration de Basile, il ne pu s'empêcher de laisser s'échapper un rire sarcastique. On ne leur apprenait pas de tels principes chez les aigles. Un membre n'était pas censé admettre qu'il allait mal. Mais il n'était plus ni aigle, ni membre. Que l'ancien espion soit capable de l'admettre et de parler de la sorte prouvait bien qu'il était bien plus valeureux que les autres. Il avait vécu tellement pire et, pourtant, il tentait de soulager les émotions d'un gars comme Seth.

— Le deuil de quoi ? D'années de mensonges ? De l'hypocrisie d'un chef ?

La colère était ressortie sans mal. Ces derniers temps, elle était sa réponse bien trop souvent et Seth n'en était pas fier.

— Désolé. Je t'ai dit que j'étais pas fréquentable.

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année 41- ST2 (soirée 88)

Basile lui avait toujours paru être bien plus mature que d'autres jeunes de leur âge. Il avait cette forme de sagesse dont Seth aurait été incapable de faire preuve. Il lui semblait qu'il avait toujours les mots. Du moins, il ne se souvenait pas d'une occasion où son camarade n'avait pas su comment lui parler. Malgré une envie idiote de rester enfoncé dans son malheur, l'ancien aigle l'écouta attentivement et tâcha de saisir vraiment ce qu'il voulait lui dire. Il était trop important de comprendre, pas juste d'entendre. Dans le cas contraire, il aurait fait perdre son temps au blond. Cela ne signifiait pas qu'il pourrait appliquer cette leçon de suite mais elle le marqua. Basile avait raison, il ne devait à personne de leur révéler ses pensées mais Seth leur devait d'autres choses. Ses proches méritaient mieux que l'idiot qu'il était en ce moment.

— J'essayerai. souffla-t-il parce qu'il n'était pas encore prêt pour la suite.

C'était un début. Il ne pouvait que faire un pas à la fois. Comme il l'avait toujours fait maintenant qu'il y pensait. Comme ils le faisaient tous.