Piétiner sa fierté n'aurait pas dû être si difficile pour Nyssa. N'importe laquelle de ses anciennes relations auraient pu dire qu'elle ne devait pas en avoir pour être tombée si bas. La chute n'avait rien de dragonne. Encore moins lorsqu'on la provoquait soi-même. Elle était une honte pour son propre sang et un mauvais exemple dont on ne voulait pas. Avoir de la fierté et la défendre parfois lorsque l'on trimait plus que de raisons à cause de ses erreurs et qu'on continuait d'en faire n'avait pas beaucoup de sens. Nyssa avait sa complexité comme tout être humain et approcher quelqu'un pour lui demander de l'aide restait compliqué. La complexité venait aussi du fait qu'elle ne le faisait généralement pas, sous ce prétexte que c'était inutile. Elle ne méritait pas qu'on la plaigne ou qu'on lui tende la main alors qu'elle était encore dans les cendres d'une maison qu'elle avait fait brûler elle-même.

Cette fois-ci, ce n'était pas ça. Malgré un état déplorable, elle n'était pas ici pour qu'on l'aide elle mais pour demander une faveur. Cette faveur, elle n'avait pas le droit de la demander. Encore une fois, elle ne méritait pas d'être rassurée après les catastrophes qu'elle avait semé dans son sillage. Nyssa avait toujours été un peu égoïste, elle avait donc cédé à la pulsion au bout d'un temps à ronger son frein. Les horaires de travail déments aidaient pour ça.  

Aller voir Ezio était sa meilleure option. Aussi égoïste qu'elle soit, elle n'aurait pas eu le culot d'aller directement chez Kalenji. Elle lui avait déjà fait assez de mal comme ça. Ezio n'en restait pas moins un cas difficile. A une époque, ils avaient été amis. Ils avaient partagés des moments avec et sans Kalenji. Depuis qu'elle avait déconné, les contacts avaient été rompus. Il y avait bien eu quelques disputes avant que Ezio ne disparaisse de son existence. Encore une fois, elle n'avait pas le droit de s'en plaindre. Elle pouvait simplement admettre qu'il lui manquait parfois.

Le problème aussi avec Ezio était son caractère. Il était sûr de lui et avait cet étrange code d'honneur pour un homme de sa trempe. Malgré toutes les choses qu'il faisait sur le côté, il restait un ami fidèle et il n'était pas prêt de lui pardonner.

Lorsque la porte s'était ouverte, Nyssa s'était attendue à ce qu'elle lui soit directement fermée au visage. La réaction aurait été logique. La porte resta pourtant ouverte et Ezio lui accorda son attention. Une surprise pour la rousse qui ne su durant quelques instants pas quoi dire. Elle s'était tellement attendu à un refus qu'elle n'avait pas préparé la suite.

— Je sais que c'est hypocrite. commença-t-elle après un raclement de gorge. Mais comment il va ?

Et si ce n'était pas assez clair, Nyssa ajouta :

— Tu sais. Kalenji.

Ezio était la dernière personne à laquelle elle aurait dû demander ça. Pourtant, il était aussi le mieux placé. Cela relevait du manque de chance pour Nyssa. Puisqu'elle était responsable de cette situation, elle n'avait pas le droit de s'en plaindre. Elle avait choisi de tout détruire. L'attitude de l'espion n'était due qu'à toutes les erreurs commises, des erreurs qui n'en étaient pas vraiment. Aussi hypocrite qu'elle soit en cet instant, elle s'était préparé à affronter la colère de l'homme qui lui faisait face. Nyssa n'avait sans doute plus dû se montrer aussi courageuse depuis longtemps. Mais la situation était vraiment grave. C'était d'un cliché sans nom mais les évènements avaient été un rappel efficace de l'affection qu'elle portait à son ex-petit ami. Si un rappel était vraiment nécessaire. C'était après tout parce qu'elle l'aimait qu'elle l'avait quitté. Cette réflexion était tordue et si elle avait dû l'expliquer, elle aurait pu donner mal à la tête à son interlocuteur.

— Ezio. S'il te plaît.

Nyssa n'aimait pas insister de la sorte. Elle n'aimait pas devoir quoi que ce soit à quelqu'un. Encore plus à un espion. Tout le monde savait que certaines dettes étaient plus dangereuses que d'autres. Mais elle était là parce qu'il s'agissait de Kalenji.

— Je m'inquiète vraiment pour lui. souffla-t-elle en détournant les yeux.