don't have the tools for that — seylah

VIPERES DE L'OUEST

Sidonie & Seylah
A41 ST2 J93 (zénith)

don't have the tools for that

Elle n'avait jamais été aussi soulagée de recevoir un assignement à l'hôpital. Le temps avait beau s'améliorer, les occasions de sortir du territoire n'était pas nombreuse. Elle avait beau s'obstiner à éviter Nadya, elle n'en était tout de même pas au point d'aller se perdre au détour des ruelles de la ville, sans l'ombre d'un but en vie. Malgré une tâche qui lui avait donné l'occasion de faire des rencontres, elle n'avait pas tant d'amis dans les autres clans, plus des connaissances avec lesquelles elle n'aurait pas forcément su de quoi parler en dehors des heures de travail. Elle ne cherchait de toute façon pas la compagnie de qui que ce soit. C'était plus facile lorsqu'elle était seule et qu'elle n'avait pas à faire l'effort d'avoir l'air en forme ou inventer une excuse quelconque pour justifier sa mauvaise humeur. En tête à tête avec une batterie, paumée dans une arrière-salle où était entreposé le matériel, elle ne devait rien à personne et ce stupide composant n'allait pas pouvoir se plaindre si elle grommelait en lui filant un mauvais coup de temps en temps. Elle pouvait comprendre, elle n'aimait pas particulièrement le froid, mais elle n'en devenait pas aussi capricieuse pour autant. Si elle manquait un peu de patience aujourd'hui, encore une fois, personne ne pouvait pas juger.

- C'est bon, j'ai compris, t'es pas contente, mais connecte quand même !

Le matériel avait été beaucoup sollicité par la tempête, cela n'aidait pas, mais elle ne pouvait vraiment pas se permettre d'abandonner la réparation pour le moment. Personne ne pouvait prévoir quand un peu de jus en plus serait nécessaire. Ces derniers jours avaient prouvés qu'il valait mieux être prêt à tout. Ce qu'elle n'était pas, de toute évidence, puisqu'elle sursauta lorsque la porte derrière elle s'ouvrit à la volée, le choc lui faisant sauter le tournevis des mains. Il alla se perdre sous une étagère, preuve que ce n'était vraiment pas son jour.

- Tu m'as fichu la trouille !

Il y avait un peu de morsure dans sa voix, cela faisait beaucoup tout de même, mais elle ne fusilla pas longtemps la nouvelle arrivante du regard. La pauvre avait déjà l'air assez mal comme ça.

- Euh, ça va ?

La question n'aurait pas pu être plus idiote, mais elle se sentait prise de court.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
Cela devient trop. Les jours passent, les progrès trop lents. Tu traînes dans cet hôpital depuis ce qui semble être une éternité. Et il y a quelque chose qui prend de plus en plus de place en toi. Une angoisse qui ne disparait jamais vraiment. Trop de monde autour de toi mais à la fois pas assez. Ton père est trop différent. Une fragilité nouvelle luit dans ses yeux. Tu sais qu'il s'est passé un truc lorsqu'ils étaient tous les deux dans la chambre avec Alessandra. Les retrouvailles n'ont pas été celles qu'il espérait. Dans son état il doit peiner plus encore que rien ne se soit passé comme il l'avait imaginé. Tu le sais. Il le faisait souvent. Il y avait ces moments où il restait longtemps silencieux. Les yeux dans le vide et pleins de nostalgie. Aujourd'hui il est juste triste. Tu n'arrives plus à lui arracher un sourire et tu ne sais pas à qui tu en veux vraiment. Vers qui diriger cette frustration. L'histoire ne te concerne pas. Pas vraiment. C'est tout le problème. C'est entre elle et lui. Mais on ne peut pas nier qu'elle t'impacte grandement. Les larmes montent trop souvent sans raison. Tu es à bout. Tu ne veux qu'un refuge. Cette petite salle où personne ne semble aller est idéale pour ça. Tu ne sais pas si tu as le droit d'être là, sans doute pas, mais tu t'en fiches bien. Tant que tu peux aller te cacher dans un coin tu es prête à endurer les réprimandes. Mais lorsque tu entres cette fois il y a un fracas. Quelqu'un dans la pièce. Tu t'arrêtes, l'épaule toujours poussée contre la porte. « Tu m'as fichu la trouille ! » Les larmes redoublent. Tu n'es pas en état. Pour faire face à quelqu'un, pour être réprimandée maintenant. C'est trop, trop, trop. « Euh, ça va ? » Un grognement mouillé t'échappe. De frustration. Quelle question idiote. « Non. » Tu renifles. La voix trop sincère bien qu'elle doit s'en ficher. Tu es déjà prête à faire demi-tour. A te trouver un autre endroit pour pleurer sans déranger personne.

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Sidonie & Seylah
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Elle se sentait particulièrement idiote, assisse devant la vieille batterie, sans outil, ni l'ombre d'une idée de ce qu'elle aurait pu dire à cette fille. Elle n'avait jamais été douée pour gérer les émotions des autres, elle était le genre d'amies qui vous tapotait maladroitement le dos pendant que les larmes coulaient sans réellement parler. Dans ce cas-ci, c'était encore plus compliqué puisqu'elle était face à une inconnue qui ne devait sans doute pas vouloir d'elle dans les parages. Pourtant, elle avait répondu sincèrement et n'avait pas décollé de la petite pièce comme elle aurait eu de nombreuses occasions de le faire si elle voulait être seule. Peut-être que tout était là et qu'elle cherchait justement la compagnie de quelqu'un, même si elle était aussi passive que celle d'une mécano peu douée pour les pep talks.

- Bon choix que de venir ici, ce placard en a vu d'autres.

C'était maladroit, mais elle avait au moins brisé le silence avec un peu d'humour noir. Avec ses recoins, la pièce était idéale pour se recroqueviller contre un mur lorsque ça n'allait pas, elle parlait peut-être d'expérience. Elle allait par contre éviter de trop penser aux gens qu'elle avait surpris ici, occupés à d'autres choses. Un peu dégoûtée par le souvenir, elle se redressa en grimaçant et se rapprocha de l'étagère pour tenter de récupérer son tournevis. La saleté avait bien sûr été se loger loin, presque contre le mur, et elle pouvait à peine effleurer le métal du bout des doigts.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
« Bon choix que de venir ici, ce placard en a vu d'autres. » Le sourire que ça te tire est triste. Les coins de tes lèvres se redressent à peine. Mais c'est quelque chose. Trop peu habituée aux interactions avec des étrangers, tu restes toujours un peu abasourdie lorsqu'on te témoigne un intérêt bordant le positif. Tu ne sais pas exactement ce qu'elle a voulu sous-entendre mais cela sonne comme une blague. Tu chasses tes larmes des paumes sans que le flux ne s'arrête réellement. Cela améliore juste ta vision pour de précieux instants. Tu renifles encore. Hésites. Tu n'as vraiment pas envie de partir. Elle ne semble pas non plus vouloir te chasser. Peut-être que ça veut dire que ça va. Que tu n'as rien fait de mal. Elle bouge et ça te sort de tes pensées. Mais ce n'est pas vers toi qu'elle va. Elle se rapproche d'une étagère, fourres le bras sous la dernière planche. Cela te rend curieuse. C'est idiot mais tu te rapproches. Tu vas t'accroupir à proximité du meuble. Sans prendre trop de place ou lui manger son espace. Tu n'aimes pas qu'on le fasse avec toi alors respecter les autres est naturel. « Qu'est-ce que tu fais ? » La question est innocente. Ta curiosité évidente dans ce petit mouvement de tête pour la pencher, les yeux scrutant la zone. Peut-être que tu peux aider. Tout s'échange dans cette ville, non ? Une bonne façon de mériter le squat de ce qui semble être son lieu de travail.

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Sidonie & Seylah
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Tous les grommellements qu'elle avait murmuré sous son souffle à l'adresse du tournevis s'étaient arrêté net lorsqu'elle avait remarqué l'approche. Si elle s'était attendu à ne pas voir cette fille partir, elle n'avait pas envisagé qu'elle puisse chercher sa compagnie d'une façon si évidente. Pourtant, elle pouvait comprendre le besoin de se changer les idées lorsque cela n'allait pas, elle ne le faisait simplement pas avec des étrangers.

- J'essaye de récupérer mon tournevis.

Elle s'était surprise à répondre sans réfléchir, acceptant de ce fait la présence et la curiosité si innocente. La blonde lui avait semblé mignonne et curieusement désarmante. Elle l'observa un instant, pensive, avant de retourner son attention vers l'étagère.

- Tu veux essayer ? T'as l'air d'avoir les bras plus fins, peut-être que ça passera mieux.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
« J'essaye de récupérer mon tournevis. » Tu n'as qu'un petit mouvement de tête sur le côté pour signifier que tu as bien entendu. Tes yeux glissant juste un instant dans la direction où elle avait commencé ses recherches. Tu n'as que plus de questions dans le regard lorsque tu croises le sien. Il est un peu insistant et tu ne le comprends pas. Une interrogation est au bord de tes lèvres mais elle t'interromps. T'offrant au passage une réponse. « Tu veux essayer ? T'as l'air d'avoir les bras plus fins, peut-être que ça passera mieux. » Un sourire nait aussitôt sur tes lèvres. Voilà l'occasion de te rendre utile que tu cherchais. Tu hoches rapidement la tête, acceptant la mission sans plus réfléchir que ça. Tu ne perds rien à tenter. Tu n'aurais jamais cru qu'être si maigrichonne soit utile un jour mais tu ne vas pas cracher dessus pour une fois. Tu la contournes pour aller t'aplatir sur le sol. Tes vêtements sont déjà sales de toute façon. De cette façon tu peux aussi voir les formes d'un objet sous la planche. Tu remontes ta manche pour gagner quelques précieux centimètres avant de glisser la main jusqu'à l'outil. Tu saisis le bout métallique du bout des doigts et le tires vers toi. Le ramenant ainsi jusqu'à la lumière. « Je l'ai ! » Lorsque tu y parviens ton sourire devient triomphant. La réussite est minime, franchement ridicule, mais tu emmagasines surtout les échecs depuis quelques temps. C'est con mais ce tournevis fait la différence. Qu'importe que tu ne saches même pas à quoi ce truc puisse bien servir.

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Sidonie & Seylah
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Il y avait des détails à propos de cette fille qu'elle aurait sans doute dû remarquer plus tôt comme les vêtements en piteux état, la crasse plus incrustée, et la maigreur si caractéristique des Libres. A cause de son comportement, elle avait été trop vite prompte à l'imaginer comme une ancienne Aigle, mais elle percevait son erreur maintenant. Il n'y avait pas que la batterie qui était parfois un peu lente pour établir la connexion. Cela ne changeait rien dans les faits, elles étaient en centre neutre, en plein hôpital en plus, on ne faisait pas plus neutre, mais elle avait désormais des questions en tête et elle était connue pour ne pas avoir le filtre le plus efficace de cette ville. Pas pour rien que Nadya est ma binôme. Elle s'en voulu un peu de laisser son amie refaire surface dans ses pensées, mais ce n'était pas comme si l'événement était inhabituel, tout le problème était même là. Le fait qu'elles se complètent si bien n'arrangeait rien non plus à cette vaste affaire de sentiments. L'exclamation victorieuse avait eu le don de la faire sortir de pensées trop envahissantes qui l'avaient apparemment empêché de remarquer les efforts de la Libre. Elle s'en voulu un peu en la découvrant si fière, mais il n'était heureusement pas trop tard pour réagir un peu plus.

- Merci, tu me sauves d'une belle galère.

Elle s'efforça de sourire avant de constater que la tâche n'était pas si difficile tant l'énergie de cette fille était contagieuse. Elle n'avait pas souri si sincèrement depuis un bout de temps et elle en rigola un peu, presque nerveusement, parce qu'elle ne comprenait pas exactement ce qui se jouait ici et pourquoi elles étaient au final si heureuses pour un tournevis. Vu de l'extérieur, elles devaient vraiment avoir l'air stupide, mais elle mit ça de côté et décida d'embrasser la situation. Ce ne serait pas la première fois qu'elle agirait bizarrement ou un peu bêtement, certaines personnes auraient même pu dire qu'elle le faisait trop souvent.

- On a vécu une aventure trop importante que pour ne pas échanger nos noms. Je m'appelle Sidonie. Et toi ?

Elle avait laissé l'outil entre les mains de l'inconnue, peu soucieuse qu'elle puisse en faire une arme, et avait bougé un peu jusqu'à pouvoir s'adosser à l'étagère. Elle pouvait bien faire une pause, avec un peu de chance la batterie serait un peu moins récalcitrante ensuite.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
« Merci, tu me sauves d'une belle galère. » Se faire valoriser de la sorte est plaisant. Tu ne découvres pas non plus le concept. Tu y as eu droit avec ton père. Il a été très présent. Toujours à t'encourager. A te pousser plus loin dans ce bout de monde un peu perdu où tu pensais que tes racines se trouveraient toujours. Mais tu n'as pas eu l'occasion de ressentir une telle sensation avec un étranger avant. Tu as cette chaleur plaisante au niveau de la poitrine. La satisfaction d'autant plus plaisante après cette véritable traversée du désert que tu as vécu. Ton sourire prends beaucoup de place sur ton visage. Tu t'accroches au moment en chassant toutes les pensées négatives cherchant à s'introduire dans ce petit bonheur. Tant pis si la réussite est maigre, ridicule même. « On a vécu une aventure trop importante que pour ne pas échanger nos noms. Je m'appelle Sidonie. Et toi ? » « Seylah. » Ce n'est pas tous les jours que tu te présentes avec autant de plaisir. Est-ce que c'est ça se faire une amie ? Elle s'est installée et tu décides d'être proactive. Tu prends la place à ses côtés. Le dos un peu inconfortable contre l'étagère mais c'est mieux pour parler. Le fameux tournevis tourne encore entre tes doigts. Il n'y a pas de bête question sans doute. Autant satisfaire ta curiosité. « A quoi sert ce truc ? » Tu lui montres l'objet comme si ce n'était pas assez évident.

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Sidonie & Seylah
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La question était assez inattendue, après tout les gens avaient généralement au moins une vague idée de l'utilisation d'un tel outil et rarement l'envie d'en apprendre plus. Il fallait une bonne dose de curiosité pour s'intéresser à tout ce qui ne concernait pas son propre quotidien. L'explication prit son temps pour sortir parce qu'elle ne voulait ni se louper en étant trop vague, ni donner l'impression de s'étaler avec condescendance quand elle n'avait vraiment aucun mérite à en connaître un rayon sur les outils dont les mécanos disposaient.

- C'est un tournevis, ça sert à... Tourner des vis ?

Dans sa tête, la leçon improvisée était beaucoup plus nette, mais, comme souvent, la transmission jusqu'à sa bouche laissait à désirer. Puisqu'elle n'était pas assez ridicule, elle mima le mouvement d'une façon peu claire vu qu'elle n'avait pas l'outil en main. Okay, tu peux pas être SI ridicule, t'es une pro quand même. N'empêche, elle évoquait des vis comme si c'était une évidence, mais le concept pouvait être tout aussi obscur si elle n'avait jamais vu un tournevis de sa vie.

- On utilise plus souvent des clous par ici parce qu'ils sont plus faciles à fabriquer, mais certaines vieilles machines ou d'autres trucs demandent des vis. C'est plus solide. Regarde.

Elle se pencha pour attraper le couvercle de la batterie toujours ouverte non loin et le posa en équilibre sur sa cuisse. De grosses vis pendaient toujours dans leurs trous, prêtes à être remises en place une fois le travail accomplit.

- Ce sont ces machins là. Tu places la tête de ton tournevis dans la fente qu'il y a au-dessus et tu tournes jusqu'à ce que ce soit complètement rentrés. Tu vois, tout le long, il y a comme des crans, c'est ça qui fait que ça accroche mieux et pourquoi tu peux pas juste taper dessus pour que ça s'enfonce, faut que ça suive des sillons précis. Là, t'as besoin d'une tête plate vu qu'il n'y a qu'une fente, mais certaines vis ont une croix à la place donc il faut une autre forme de tournevis.

Et elle en avait trop fait, encore.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
Peut-être la question est-elle vraiment bête. Peut-être aurais-tu mieux fait de la garder pour toi. Mais elle existe en-dehors de ta tête maintenant. Tu ne peux qu'attendre une réaction qui traîne à venir. Sidonie semble prise de court. « C'est un tournevis, ça sert à... Tourner des vis ? » Tu n'es pas plus au clair malgré ce qui lui semble être une évidence. Sans doute serait-il mieux de hocher la tête. Prétendre que tu as compris avec un rire gêné. Le mime approximatif pourrait le justifier. Il faut croire que tu es un livre ouvert vu qu'elle prolonge l'explication. « On utilise plus souvent des clous par ici parce qu'ils sont plus faciles à fabriquer, mais certaines vieilles machines ou d'autres trucs demandent des vis. C'est plus solide. Regarde. » Et on ne l'arrête plus. Tu ne peux que tenter de suivre. L'intérêt réel et encouragé par sa motivation. Le sujet doit l'intéresser elle aussi vu tout ce qu'elle a à dire. Tu suis des yeux ses faits et gestes. Observes en te penchant un peu ce qu'elle te montre. « Ce sont ces machins là. Tu places la tête de ton tournevis dans la fente qu'il y a au-dessus et tu tournes jusqu'à ce que ce soit complètement rentrés. Tu vois, tout le long, il y a comme des crans, c'est ça qui fait que ça accroche mieux et pourquoi tu peux pas juste taper dessus pour que ça s'enfonce, faut que ça suive des sillons précis. Là, t'as besoin d'une tête plate vu qu'il n'y a qu'une fente, mais certaines vis ont une croix à la place donc il faut une autre forme de tournevis. » C'est dingue qu'un si petit objet puisse avoir autant d'importance. Autant de spécificités. « T'en connais des trucs. » Lorsque tu abandonnes un peu la rancœur tu es forcée d'admettre que cette ville est impressionnante. Elle cache de nombreuses choses. Permet aux gens de multiplier leurs intérêts. Elle te paraît toujours un peu lugubre mais tu comprends un mieux que tant de gens s'y rassemblent. Tu soupires, bascules ta tête contre l'étagère. « Avant d'arriver ici je pensais que j'en savais assez sur le monde mais tout est si différent. »

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Sidonie & Seylah
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L'attrait de la nouveauté devait jouer, ce n'était qu'une histoire de vis après tout, mais elle n'allait pas cracher sur l'intérêt porté à une partie de son travail. Après ces dernières semaines à se sentir particulièrement minable, il était juste plaisant d'être écoutée, voire même d'avoir simplement l'occasion de parler beaucoup trop comme elle avait la fâcheuse habitude de le faire. La solitude n'avait pas vraiment été dans ce sens et elle avait été trop souvent agacée par la présence des autres. La Libre était comme un vent frais qui avait balayé un peu le reste et lui donnait l'impression de se retrouver. Elle ne se leurrait pas, la sensation serait sans doute passagère, mais ça n'en rendait pas le moment moins important.

- C'est juste mon boulot.

Il fallait reconnaître ce qu'il était, même si elle ne bossait que depuis une grosse année en tant que mécano, elle avait appris en étant réparatrice et il y avait toujours eu des adultes pour satisfaire sa curiosité naturelle. Il n'était pas question qu'elle profite de l'inexpérience de Seylah pour se faire mousser, ce n'était vraiment pas son genre.

- Tu es en ville depuis combien de temps ?

Elle n'était pas sûre que sa curiosité serait bien acceptée, mais la Libre semblait s'ouvrir petit à petit, un peu comme si elle cherchait à communiquer, et elle préférait se faire envoyer promener que de donner l'impression de s'en foutre. Ce n'est pas tous les jours qu'elle avait l'occasion de parler à quelqu'un d'aussi fraîchement arrivée, même si elle n'était pas sûre de grand chose. Après tout, si elle portait un brassard, elle ne devait pas en être à ses premières nuits ici et la vague de froid ne devait pas être propice aux voyages.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
« C'est juste mon boulot. » Un principe avec lequel tu patauges encore. Dans cette ville ils ont tous un rôle bien précis. Chacun utilise ses compétences pour faire fonctionner un ensemble. Vous faisiez ça avec ton père il ne faut pas croire mais le tout est un peu plus strict ici. Il te semble du moins. Tu manques encore d'avis sur le sujet. Cela ne doit pas être une si mauvaise chose néanmoins vu comment elle en parle. Certains jours seraient peut-être plus faciles si tu avais une telle routine. C'est une pensée comme ça. Tu n'en sais rien dans le fond. « Tu es en ville depuis combien de temps ? » La question te surprends un peu. Tu ne sais pas trop quoi faire de la curiosité des autres vis à vis de ta vie. Cet intérêt est juste bizarre. Ou peut-être juste nouveau. Tu l'observes du coin de l'œil, un peu hésitante. Répondre ne te coûterait pas grand chose. Tu dois aussi reconnaître que l'idée n'est pas si dérangeante. Penser au temps qui s'écoule est un peu plus facile depuis que tout est devenu concret. Sans doute car il n'y a plus de retour en arrière possible. « Ca fait trop de jours pour que je puisse les compter. On est arrivés un peu avant ce froid. » Tu as encore du mal avec leur histoire de saisons. Même eux ont eu l'air confus un moment. Cela n'aide pas.

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Sidonie & Seylah
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Le silence régna suffisamment longtemps que pour lui donner le temps de douter, de retourner la question dans tous les sens en se demandant comment elle aurait pu la poser autrement, et, enfin, de regretter sa curiosité et de se flageller pour avoir mise mal à l'aise cette pauvre fille qui avait déjà l'air de passer une mauvaise journée. Parfois, il ne fallait vraiment pas grand chose pour que son esprit s'emballe. Dans ces cas-là, elle n'en ressortait jamais vainqueur, sa voix intérieure étant bien trop impitoyable lorsque c'était elle qui était sur le banc des accusés. Le pire était sans doute que le temps écoulé n'était vraiment pas si long et qu'une réponse finit par sortir. Heureusement qu'elle n'avait pas cherché à rectifier ce qu'elle avait fini par voir comme une erreur où soit elle se serait tourné en ridicule, soit elle aurait brisé leur fragile conversation. Les deux, sans doute.

- Oh. Un peu plus de soixante jours alors.

Elle n'était pas certaine que le savoir apporterait quoi que ce soit à la blonde, mais l'information était sortie toute seule. Avoir une certaine notion du temps lui semblait important.

- Vous n'avez vraiment pas bien choisi votre moment.

Était-ce insensible de dire ça ? Le but n'était pas de mettre son groupe en cause, mais plus de pointer le fait qu'il avait dû passer de mauvais moments en ville depuis son arrivée. Les ennuis s'étaient enchaînés, après tout, durant cette période. Cela expliquait sans doute qu'elle paraisse encore si paumée en ville malgré les jours écoulés. Si on retirait ceux affectés par la vague de froid et les diverses embrouilles qu'il y avait eu, il ne restait plus beaucoup d'occasions de grandir avec un risque minimal. A vrai dire, cela tenait sans doute d'une partie de miracle qu'elle s'en soit aussi bien sortie en dépit de tout ça. D'autres Libres n'avaient pas eu cette chance.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
Elle ne ressemble en rien à ces gens que tu as croisé au cours de ta vie. Comme beaucoup d'autres. Ils sont peu il faut dire. L'isolation choisie par ton père n'a pas aidé. Dans cette solitude tu étais à l'aise. A ta place. Les quelques rencontres avec des Libres de passage étaient amplement suffisantes. Vous aviez votre petit monde en dehors de ce chaos qui apparemment régnait tout autour pendant ce temps. Mais depuis que tu es là tu ne peux nier qu'une curiosité se développe en toi. Aussi étranges qu'ils soient, ils t'intéressent. Elle aussi malgré cette maladresse qui te met presque à l'aise. Qui délie ta langue. Qui t'arrache aussi bon gré mal gré à cette détresse qui t'étreint. Même si ce n'est que pour quelques secondes. « Oh. Un peu plus de soixante jours alors. » Le temps. Un concept assez vide de sens quand tu y penses. Tu peines à te représenter soixante jours. Une éternité à l'échelle de ton existence dans cette ville mais rien du tout face à ta vie entière. Tu hausses les épaules. « Vous n'avez vraiment pas bien choisi votre moment. » « Parce qu'il y en a un bon ? » Ton inspiration est soudaine. Tes poings se serrent et revient ce désagréable picotement dans tes yeux. « Si ça n'avait tenu qu'à moi on serait resté bien loin de cette stupide ville. » La réflexion est toute adolescente. Agacée que tu es par tout ça. Par cette vie qui s'impose de plus en plus à toi et ton père qui cruellement te lâche. Coupable sans réellement l'être. Tout ça pour eux. Pour ce frère et cette sœur que tu détestes autant qu'ils t'intriguent. Tout ça en te laissant cette sensation de ne jamais avoir été assez quand tu es à ses côtés depuis le premier jour de ton existence.

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Sidonie & Seylah
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Elle avait fait une boulette, elle le comprit sans mal en entendant cette intonation, le message était clair. Une grimace lui monta au visage et elle se tortilla un peu, mal à l'aise d'avoir mis les pieds dans le plat. C'était logique pourtant, elle aurait dû se rendre compte, même sans connaitre cette fille, qu'il y avait des choses qui ne se disaient pas aussi légèrement. La légèreté n'avait même pas été l'angle choisit, bien au contraire, elle s'était juste mal exprimée. Le silence aurait sans doute été la meilleure des réponses, au moins elle n'aurait pas pris le risque de s'enfoncer encore plus, mais elle n'avait jamais été du genre à reculer lorsqu'elle mettait les pieds dans la boue. Parfois, le mieux était encore de continuer à avancer jusqu'à en sortir sans trop prêter attention aux risques de se salir. Au mieux, elle permettrait à Seylah de voir les choses autrement, au pire, elle la laisserait avec des pensées sombres qu'elle semblait déjà avoir de toute façon.

- On est pas si mal ici, tu sais. Je peux pas comparer parce que j'ai jamais été Libre, j'ai même jamais mis un pied hors des limites de la ville, mais j'ai vu pleins de trucs dans le coin, rencontré pleins de gens. Je crois que c'est ce qui fait tout, les expériences que tu as l'occasion de vivre.

Au fond, c'était ce qui devait pousser la majorité des habitants à continuer d'avancer malgré les périodes difficiles à traverser. Ils en bavaient pour ces petits moments spéciaux qui prenaient par surprise et changeaient la donne.

- C'est aussi pas mal de pas devoir batailler autant pour survivre. On travaille ensemble vers un but qui nous permet d'améliorer nos conditions. Le temps que tu passes pas à chercher ta prochaine goutte d'eau, tu peux faire des choses vraiment intéressantes. Bosser, apprendre, juste être avec les gens que t'aimes, t'amuser,... On est libres aussi. Peut-être plus que vous, en tout cas c'est l'impression que ça me donne quand je vous vois.

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Année 41 – saison tempérée 2 (zénith 93)
Tu n'es vraiment pas douée avec les autres. Cela se sent que tout ton monde a tourné autour d'une seule et même personne. Que même lorsque tu rencontrais d'autres gens tu t'en souciais peu. Tu es trop habituée à déchiffrer ton père et pas assez pour le faire avec les autres. Tu vois des signes que tu comprends mal. Il ne devrait pas être si difficile d'identifier son mal aise. Cela n'aide pas que tu sois aussi autocentrée par moment. « On est pas si mal ici, tu sais. Je peux pas comparer parce que j'ai jamais été Libre, j'ai même jamais mis un pied hors des limites de la ville, mais j'ai vu pleins de trucs dans le coin, rencontré pleins de gens. Je crois que c'est ce qui fait tout, les expériences que tu as l'occasion de vivre. » Malgré ta pétulance digne d'une enfant, tu écoutes. Tu n'offres aucune réponse, aucune réaction. Mais ton attention est piquée. « C'est aussi pas mal de pas devoir batailler autant pour survivre. On travaille ensemble vers un but qui nous permet d'améliorer nos conditions. Le temps que tu passes pas à chercher ta prochaine goutte d'eau, tu peux faire des choses vraiment intéressantes. Bosser, apprendre, juste être avec les gens que t'aimes, t'amuser,... On est libres aussi. Peut-être plus que vous, en tout cas c'est l'impression que ça me donne quand je vous vois. » Tout n'était pas parfait dans ton petit bout d'isolation. La solitude te dérangeait peu. L'ennui parfois un peu plus. Et c'est vrai qu'il n'est plus aussi facile de survivre depuis que vous êtes sur les routes. Que c'est quasi impossible au sein de la ville en elle-même. La faim est omniprésente. Le besoin de trouver toujours plus de choses au cœur de tes pensées. C'est une triste vie. Tu soupires. Cales ta tête contre l'étagère avec une indélicatesse qui t'arrache une grimace. « Tu viens de quel clan ? » Tu questionnes du bout des lèvres. Plus curieuse d'elle au fond que de toutes ces histoires.

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A41 ST2 J93 (zénith)

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Elle ne devait pas être très agréable à côtoyer avec ses remarques philosophiques à deux balles qui auraient sûrement été plus adaptées autour d'un verre au bar à drogue. Il y avait un lieu et des personnes pour tout et, clairement, parler liberté avec une Libre paumée qui avait encore les yeux rouges après avoir pleuré manquait de tact. On ne la changerait pourtant pas, ou peut-être que la maturité finirait par le faire avec les années, qui pouvait vraiment prétendre le savoir. Lorsqu'elle serait Ancienne, elle repenserait peut-être à ce moment avec l'envie de se mettre une baffe pour sa maladresse. Elle n'en aurait pas été si étonnée, elle le faisait déjà avec des évènements datant d'une saison à peine. La blonde ne la gratifia pas d'une réelle réponse, mais le fait qu'elle était toujours là devait bien dire un truc. Si elle paraissait un peu blasée, elle ne lui avait pas non plus dit de garder ses commentaires pour elle. Une grimace réflexe lui fut arrachée en réponse à celle esquissé par la Libre quand elle se cogna la tête, elle était bien placée pour savoir que le rebord de ces étagères étaient des ennemis de taille.

- Les Vipères. Tu sais, le clan où il n'y a que les meufs qui peuvent devenir Membre.

A vrai dire, elle ne savait pas si Seylah avait conscience de l'existence d'une telle règle. Elle se demandait même si elle était au clair avec ce qu'était réellement une Membre. Ce genre de vocabulaire ne devait avoir aucune importance au-delà des frontières de la ville.

- Enfin, c'est un peu réducteur de dire ça. On produit surtout beaucoup de médicaments qui alimentent cet hôpital. Je dis on, mais j'ai rien à voir avec ça. Tu me donnerais deux plantes, je pourrais pas faire la différence entre l'une et l'autre et je suis douée que pour trouver le désinfectant par la force des choses.

Et voilà qu'elle recommençait à se perdre...

AVENGEDINCHAINS

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- - nothing we say is going to save us from the fall out.

» scaredy cat — seylah
» you can't bury the past — seylah

don't have the tools for that — seylah

don't have the tools for that — seylah

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