I wanna love you but I don't know how (reyna)

DRAGONS DU NORD

I wanna love you but I don't know how
act one

Presque une heure du matin. L'heure du crime presque passée. Ton méfait déjà accompli. Tu as les mains encore froides d'être restée si longtemps à la fenêtre de ce building. L'œil collé au viseur, doigt prêt à presser la détente. L'arme est stockée au creux d'un sac de voyage anonyme dans un casier à la gare. T'attends sagement pendant que tu attends toi-même qu'on vienne tirer à nouveau sur ta laisse pour te faire renifler l'odeur de ta prochaine cible. Et comme toujours la mauvaise habitude revient avec l'impression de liberté. Le besoin de la voir. Toujours elle, qu'importe les années qui passent. Tes erreurs. Le corps n'est pas encore refroidi que te voilà déjà sur le pas de sa porte. A prétendre que tu n'as pas sur les mains un sang que tu es la seule à voir. Favoriser la distance ne fait pas tout. Il n'aide à se leurrer qu'un temps. Pas que tu ais beaucoup de pitié pour l'ordure dont la fin a été si douce. Une balle dans la tête. Mort sur le coup. Il ne l'a pas vu venir, n'a pas ressenti la peur. Tu as suivi les ordres malgré l'envie de te faire chat avec cette nuisance. Mais c'est une vie de plus que tu prends. Un nom de plus sur une liste déjà trop longue. Hypocrite que tu es, tu vas l'oublier dans la chaleur d'une flic. Un peu masochiste aussi avec cette touche de sadisme contre laquelle tu ne peux rien. Comme son cœur se brisera lorsqu'elle t'arrêtera. Votre rencontre ne peut être hasardeuse. C'est la seule explication. Ce sera elle, personne d'autre si tu tombes. Lorsque tu tomberas. L'ego parle, songe que tout se passera bien. Que tu n'as jamais laissé de trace derrière toi. Le mobile n'est jamais le tien. Ce n'est pas personnel. Mais si tu écoutes les battements plaintifs de ton cœur, tu peux presque l'entendre te décrire la fin. Un jour, tu feras une erreur. Puis une autre. Toutes fatales. Le coupable sera la lassitude. Le besoin d'échapper à cette vie. C'est la seule solution. Alors ce sera elle. Parce qu'elle est intelligente, n'a jamais lâché le morceau pour les bonnes raisons. Raison pour laquelle tu n'aurais jamais dû revenir après la première fois. Tu ne devrais pas être là. Tu ne lui as pas rendu service. Arrêter le Trumbull Sniper ne sera pas si satisfaisant après tout ce que vous avez partagé. Son cœur est trop bon pour ça. Le tien apparemment pas assez. Tu lui réserves le pire rôle pendant qu'elle te tire chaque erreur sans le savoir. Parce qu'elle est ta raison. Celle qui a fait naître la lassitude, l'envie d'aspirer à autre chose. Une vie que tu ne veux qu'avec elle mais à laquelle tu ne peux que rêver. Parce que si tu sais bien une chose c'est qu'il y a toujours une justice. Qu'importe sa forme. Et avoir Nana serait comme échapper à tous tes pêchés. Personne ne te laissera cette chance. Tu frappes à la porte sans réfléchir, cales ton épaule au chambranle. Il n'est pas si tard pour une flic. Elle t'arrache un sourire dès qu'elle apparaît. Toute auréolée de lumière tandis que la nuit te tient dans l'obscurité. Un sourire qui n'est sincère qu'avec elle. Qui réchauffe un bout de toi. « J'étais dans le quartier. » Vous savez toutes les deux que c'est un mensonge. Que ta présence n'a rien d'accidentelle. Il est une heure du matin désormais et tu te tiens devant elle pendant que derrière toi les premières gouttes de pluie s'écrasent au sol. Lavent le sang d'un homme coupable dont la perte va blesser des innocents. Ses erreurs à lui oubliées et tes épaules portant leur haine.

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reyna

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Les choses s'était bousculées dans ma tête et si je gardais intacte l'illusion ce matin au sein de mon bureau, je tournais en rond depuis qu'on m'avait gentiment invitée à m'en aller parce que je n'y gagnerais pas à rester plantée sur cette chaise et devant ce dossier dont tout le monde parlait. Une telle avancée, ça faisait forcément beaucoup de bruit et rapidement beaucoup d'envieux, de celles et ceux qui souhaiteraient lui tirer une balle pour la postérité. Certains avaient de bonnes raisons mais il y en avait tellement qui suivaient des ordres de personnes probablement aussi coupables qu'elle. Tout me ramenait à elle. Le privé et le travail. J'avais encore un tout petit et mince doute mais je n'avais aucun pouvoir de décision parce que c'était toujours elle qui venait, toujours elle qui avait le contrôle. J'avais peu de chance, peu d'occasions de la confronter et de lui faire cracher le morceau alors je devais me préparer. C'était la seule solution. Même si je devais garder ça encore quelques semaines, je n'avais pas le droit de craquer et de partir à sa recherche, c'était comme les règles de ce jeu tacite qu'elle avait mis en place.

J'étais rentrée chez moi et je marchais, je tournais littéralement en rond dans la maison. Une part de moi mourait d'envie de connaître la vérité et de comprendre pourquoi elle s'était lancée dans ce merdier de justice personnelle mais une autre avait peur parce que nous commencions à nous rapprocher, j'entrevoyais plus que ce beau sourire qui m'avait charmé, plus que ces instants où elle s'ouvrait à peine, parlait de banalités. Ethiquement, c'était inconcevable de prétendre que je n'avais pas le moindre indice et que rien ne la reliait à l'affaire. Plus encore que de la voir partir, j'avais peur de mes propres réactions parce que le personnage me fascinait et elle, elle m'avait rendu accro depuis de nombreuses semaines. Sauf que je prendrais un nombre inconsidérable de risques si j'écoutais mon coeur. C'était le plus gros danger.

Le danger ne venait pas que d'elle. Il venait de ma hiérarchie aussi. S'ils apprenaient que je flirtais avec une suspecte idéale, ils ne tarderaient pas à me ranger de son côté sans discussion au préalable. Ces réflexions me rendaient dingue et j'avais presque envie de m'arracher les cheveux quand on frappa à la porte. J'avais reconnu sa façon de procéder. Je lui ouvris la porte avec, à l'esprit, de lui poser les questions au cours de la nuit. Je n'avais pas d'autre solution. « J'étais dans le quartier. » Je lui souris, fatiguée par le casse-tête mais dans le fond rassurée de la revoir. Heureuse aussi. Je ressentais l'envie irrésistible de l'embrasser mais je m'efforçais à garder une certaine distance. C'était plus sûr.

« Ca me fait plaisir de te voir. » J'avais une petite voix et ma main gauche bougeait au niveau de mon coude droit. Elle me connaissait à force et mon attitude ne concordait pas avec mes mots mais ce serait mis sur le compte de la fatigue pour qu'elle ne soupçonne rien. Même moi, j'étais capable de profiter d'un rapprochement et mettre mes émotions en sourdine pour le bien de la justice. Ou d'un semblant. C'était la flic qui était curieuse pas la personne. Il n'y avait qu'un pas entre s'avouer une attirance pour une criminelle, même avec de très bonnes raisons et en devenir la complice ou l'alliée, selon le point de vue.

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Tes lèvres s'entrouvrent à peine. L'air t'échappe à cause de cette impression qui vient s'enrouler comme un serpent dans le creux de ton ventre. L'instinct qui parle. Un truc cloche. Tu ne sais juste pas quoi. Tu te sens un peu faible que la première pensée qui te vient concerne ce qu'il y a entre vous. Qu'elle s'approche d'une décision qu'il serait plus saine de prendre. Que le moment approche où entrer ne sera plus une option parce que tu as trop pris. Pourtant elle sourit. L'étirement de lèvres réel juste pas aussi solaire que celui que tu espérais. « Ca me fait plaisir de te voir. » Tu veux croire qu'une part d'elle est sincère malgré ce qu'il se passe. Tu entres enfin. Les mains fourrées dans les poches de ton pantalon plutôt que d'aller cueillir son visage pour l'embrasser comme tu avais prévu de le faire. Tu fais juste quelques pas à l'intérieur avant de pivoter pour la regarder. La distance entre vous est physique aussi désormais. Sensation bizarre. Elle efface toutes les motivations qui t'ont attirées ici. Pourtant tu es restée malgré l'envie de faire volte-face pour disparaître dans la nuit. Une preuve supplémentaire si il en fallait une que couper court à tout ça ne se fera pas de ta main. Des mots tentent bien de se frayer un chemin hors de tes lèvres. Tu veux savoir si tout ça est devenu trop. Si elle a rencontré quelqu'un. D'autre. Tu n'as pas le droit de penser ça, de ressentir cette pointe de jalousie quand tu ne lui laisses jamais vraiment sa chance. « Tu sembles stressée. » C'est mieux. Peut-être. Ton sourcil se relève légèrement, tes yeux tombant sur son tic. Une façon moins directe aurait peut-être été plus appropriée. Tu peines néanmoins avec les pincettes. Plus encore maintenant. Quand ce quelque chose existe comme un ennemi invisible dans ce lieu où tu as toujours trouvé une sécurité presque doucereuse.

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« Tu sembles stressée. » Elle ne pouvait pas savoir ce que j'avais à l'esprit, elle n'avait pas encore ce pouvoir, ça ne m'empêcha pas d'avoir peur quand elle mit le doigt dessus. Je voulais croire qu'elle ne jouait pas avec mes sentiments, qu'elle ne s'était pas tournée vers moi parce qu'elle souhaitait se moquer d'une flic et que si j'étais attirée par elle, c'était parce qu'elle n'était pas qu'un monstre qui tire sur tout ce qui bouge. J'avais encore un petit doute dans le fond parce que c'était encore plus simple de prétendre que ça ne lui ressemblait pas, même si les intentions de la criminelle insaisissable n'étaient pas mauvaise de mon point de vue et ce dernier me valait des prises de bec au boulot quand j'osais ouvrir ma bouche et donner mon opinion ouvertement. Toutes ces années de fascination aurait dû être suffisant pour déceler des éléments dans son comportement depuis le début. Même si elle me dissimulait un bon nombre de choses concernant les différentes sphères de sa vie, je n'étais pas devenue celle que j'étais sans un bon flair. A force de me concentrer sur toutes ces questions tout en l'observant, j'avais perdu pied avec la réalité et la conversation. Je devais avoir l'air encore plus suspecte.

« Quelques divergences d'opinion au boulot. On trouve que je suis à la fois trop idéaliste et sévère envers certaines personnalités. » Je jouais avec le feu, j'en avais conscience. Si c'était elle et si elle se moquait de moi depuis tout ce temps, elle pourrait y trouver l'allusion sans trop de difficultés. Il lui suffirait de prétexter une nouvelle urgence pour s'en aller sans dédommagements. Je la perdrais pour de bon. Elle. La fille qui jouait avec mon coeur et mes sentiments. J'aurais préféré dire que la flic perdait l'auteur présumé des meurtres mais ce n'était pas ce qui me ferait le plus mal. Ils avaient peut-être raison, j'étais un agent douteux et beaucoup trop naïf. Pendant que je lui parlais, je regardais à côté d'elle pour pouvoir observer un changement mais sans avoir beaucoup de courage.

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Elle semble ailleurs. Un peu trop coincée dans sa tête. Tu ne dis pas que tu as toujours eu son attention, que tu ne l'as pas vu préoccupée. Mais c'est différent. Un cumul plutôt qu'un détail qui te pousse à te poser des questions. Pourtant c'est bien normal. Elle a sa vie. Ses problèmes. Que tu sois ici ou non le monde continue de tourner. Il n'y a que le tien pour ralentir un peu lorsque tu pars en chasse. A moins que ce ne soit le contraire. Qu'elle soit le normal de ton existence aussi effrayante soit l'idée lorsque l'on oppose dans une balance le temps passé avec et sans elle. « Quelques divergences d'opinion au boulot. On trouve que je suis à la fois trop idéaliste et sévère envers certaines personnalités. » Ce n'est pas si étonnant. Tu as fait tes recherches. La première fois avait été hasardeuse, un simple coup de cœur. Après il y avait eu un choix. La tête avait dû entrer un peu plus en jeu. Des vérifications avaient été nécessaires pour t'assurer que tu ne te jetais pas tout droit dans la gueule d'un loup bien déguisé. Mais la réponse reste étrange. A la fois trop vague et trop précise. Tu pourrais mettre ça sur le compte de son boulot. Tu n'es pas censée ignorer la vérité. Tout ne se dit pas. Il n'empêche que le mais reste. Plus encore quand elle donne l'impression de ne pas réussir à te regarder vraiment. Le doute stagne dans ton esprit. Trop de si. Et si toutes ces choses n'étaient qu'un hasard ? Des détails sans rapport les un avec les autres ? Et si elle n'osait simplement pas te dire qu'elle voulait être seule ? Tout serait plus simple si tu pouvais déconnecter cette partie de ton cerveau qui prêtait toujours attention à tout. Tu te perds peut-être dans un labyrinthe que tu as toi-même construit. « Ca doit être pénible. » Tu n'es pas habituée à travailler en équipe. Avoir des collègues. Tu n'as que des supérieurs avec lesquels tu échanges peu. Tu expires doucement. Poses un instant le regard au sol avant de te redresser en basculant ton poids sur ton autre jambe. « Est-ce que tu veux que je parte ? Parce que j'ai l'impression d'être tombée au mauvais moment. » Peut-être que tu t'es dégonflée au dernier moment. Tu avais voulu être plus claire. Lui dire que ça n'expliquait pas pourquoi elle ne te regardait pas, pourquoi il y avait cette distance.

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« Ca doit être pénible. » C'était cette situation qui était pénible. C'était toi qui rendais les choses terriblement pénibles. J'avais ces idées quelque part dans un coin de la tête mais je n'arrivais jamais à lui reprocher son attitude parce que je n'étais personne pour la juger aussi gratuitement quand je la connaissais depuis seulement trois mois. Le problème c'était que je vivais dans un monde idéal où tout se racontait et où, au bout d'un bon nombre de semaines, on avait une image plus claire de la personne avec qui on flirtait. Les cachotteries venaient d'elle. Et de moi. Je ne pouvais pas exactement lui raconter mes journées de travail, il y avait trop d'éléments confidentiels.

« Est-ce que tu veux que je parte ? Parce que j'ai l'impression d'être tombée au mauvais moment. » La fuite. Encore et toujours la même routine. J'avais conscience d'être amère et par la force des choses, injuste mais je mélangeais les facettes de ce bordel et malgré mon intuition, je ne pouvais pas affirmer à ce stade que c'était elle. Qu'elle me hantait quand j'étais dans mon lit, seule mais également quand j'étais dans mon bureau. Spontanément, j'avais secoué la tête de gauche à droite deux ou trois fois pour lui signaler que ce n'était pas nécessaire.

J'avais ensuite ouvert la bouche pour la refermer aussitôt. Je ne savais pas comment m'y prendre. On ne demandait pas tous les jours à quelqu'un s'il ou elle était le ou la criminelle dont on parlait depuis de nombreuses années. Au lieu de ça, je l'avais prise par le bras pour la faire monter jusque dans ma chambre. Arrivée dans celle-ci, je retirai mes chaussons pour me laisser tomber dans le lit. Je ne savais pas exactement ce que je recherchais, ni si c'était vraiment la solution idéale pour trouver du courage mais j'étais certaine d'une chose, j'avais besoin de sa chaleur humaine. Juste une fois de plus. Après ça, je trouverais le courage d'une façon ou d'une autre. Par la force des choses. Je n'avais pas d'autre solution.

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Tu n'es pas convaincue. Ce qu'elle ne dit pas est si lourd. Pourtant partir semble moins facile aujourd'hui. C'est peut-être le cas depuis un moment. Graduellement la quitter se complique. La différence si minuscule que tu auras mis du temps à le remarquer. On pourrait croire que tu n'en serais que plus à l'aise avec elle mais cela vient avec une hésitation nouvelle. Le besoin de ne pas foirer plus fort que celui de te tenir en sécurité. Alors tu ne réagis pas lorsqu'elle t'attrape. T'entraîne à sa suite. Te mène là où tout ceci devait se conclure si l'habitude était suivie. Ce pour quoi tu étais venue n'est pas ? Mais l'excitation familière est en sourdine. Il y a à la place une nervosité qui te va mal. Tu n'es pas devenue qui tu es en laissant trembler tes mains à chaque fois qu'une situation se compliquait. Tu t'arrêtes lorsqu'elle te lâche. Plantée au pied du lit sans pouvoir la quitter des yeux. Ca ne devrait pas être si difficile. Le plan idéal même si elle est préoccupée. Un peu d'oubli. Sans doute tout ce que tu peux vraiment lui offrir. Tu te délestes de ta veste, ôtes tes chaussures, tires sur l'élastique qui maintient tes cheveux avec une certaine forme de routine. Ta main déplace quelques mèches pour chasser la sensation d'étirement qui reste et un soupir discret s'échappe. Le temps s'écoule normalement mais tu as la sensation qu'il s'étire. Une ou deux minutes ont tout d'heures lorsque tu ne te sens pas t'empresser de saisir l'occasion. De tomber dans ses bras et d'oublier aussi. Parce qu'il y a toujours ce qui flotte autour de vos têtes. L'impression désagréable du changement. Tu fais ton chemin jusqu'à elle avec une lame contre la nuque qui veut comme graver une finalité dans ta peau. Son contact glacé difficile à oublier même lorsque tu trouves enfin la chaleur de Nana. Elle irradie pendant que tu planes au-dessus d'elle sans vraiment toucher. Une toute petite part de toi consciente que quelque chose se cassera si tu cèdes. L'envie de le faire, de lâcher prise, est là mais il y a le reste. Un peu de peur si difficile à assumer. Tu prends une inspiration tremblante qui n'aide en rien. Elle est omniprésente jusque dans l'air que tu respires. Et puis il y a son regard. Il faut que vos yeux se croisent pour que tu comprennes que tu les as laissé se perdre partout ailleurs depuis ton approche. Tu te fais prendre au piège. Ni prête à avancer, ni à reculer. A la merci de quelqu'un comme tu l'as rarement été.

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Elle était ailleurs, préoccupée elle aussi. Encore une fois, ça renforçait mes propres doutes et je passais d'autant plus à côté de ce qui me rendait heureuse depuis quelques mois maintenant. L'impression était désagréable. J'étais toujours tiraillée entre le sentiment de trahir mon intégrité et celui de la trahir elle, alors qu'elle avait probablement du sang sur les mains. Les criminels de sa trempe se trouvaient des alibis de mon genre, celle chez qui on créchait pour prétendre qu'on avait une vie normale. Je me détestais de penser comme ça mais c'était une réalité que j'avais rencontrée plus d'une fois, ça n'avait rien d'un scénario tiré par les cheveux. Pourtant, j'avais besoin de ce contact, besoin d'elle, j'étais parfaitement accro alors que je me rendais compte qu'elle pouvait être en train de se moquer de moi. Etait-ce si facile de mentir quand on passait la nuit avec quelqu'un ?

Elle n'avait jamais été si distante. Elle n'avait jamais été ailleurs quand elle se trouvait à quelques centimètres de moi. Il se passait quelque chose entre nous que je n'étais pas certaine de saisir dans les moindres détails. Ce n'était que quand nos regards s'étaient croisés que je m'étais raccrochée à la réalité et que j'avais décidé de prendre mon courage à deux mains. Il fallait que ça avance d'une façon ou d'une autre. « Je peux te retourner la question. Qu'est-ce qui se passe ? T'étais venue pour ça, non ? Comme toutes les autres fois. Quelque chose a changé ? » Je ne devais pas être la première à craquer. C'était horrible comme vision des événements, je n'aimais pas la tournure que ça prenait mais cet entre-deux ne me plaisait pas. Il me laissait un goût amer dans la bouche. Je ne lâchais pas son regard. Je devais être forte pour une fois.

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« Je peux te retourner la question. Qu'est-ce qui se passe ? T'étais venue pour ça, non ? Comme toutes les autres fois. Quelque chose a changé ? » Tu n'es pas soulagée. Pas vraiment. Mais ça y ressemble. Pourtant tu n'as pas vraiment de réponse. Elle ne vous arrache pas à cette situation bizarre. Vous vous y enfoncez plus profondément encore. Une part de toi préfère ça. Parce qu'il y a ce bout de toi persuadé que tenter d'oublier dans ses draps serait pire. L'approche reste soudaine. Légitime mais soudaine. Vu ton attitude tu ne devrais pourtant pas t'en étonner tant. Ca ne t'empêche pas de laisser passer ta surprise et d'observer un temps de silence. Toujours immobile. Avant de te redresser pour t'asseoir. Tu restes sur le lit, à proximité. Une position plus propice à la conversation. Mais veux-tu vraiment l'avoir ? As-tu seulement quelque chose à dire ? Ou même un choix qui n'inclut pas un départ précipité ? Si tu l'embrasses maintenant cela n'aura pas l'effet escompté. Tu as loupé le coche. Et c'est mieux comme ça, tu tâches de te rappeler. Un nouveau soupir s'échappe. Tu détournes les yeux, chasses une mèche qui vient te tomber devant le visage à cause du mouvement. Ta nervosité est trop visible. Cela ne te ressemble vraiment pas. « Quelque chose a changé non ? Ce que tu ne me dis pas. » Tu ne te laisses pas trop y penser. C'est parce que tu as trop réfléchi que tu en es arrivée là. Tu le fais moins avec elle habituellement. Cela te réussissait mieux. En apparence en tout cas. Tu n'es plus sûre de rien. Mais les mots sortent. « Depuis que tu as ouvert la porte c'est différent. Et malgré toutes les raisons logiques que je peux trouver j'arrive pas à me convaincre que ça ne me concerne pas. »

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Je savais dans le fond que c'était la seule solution ou en tout cas, la plus saine dans tout ce bordel mais quand je la vis s'asseoir, une part de moi était déçue, persuadée que j'avais fait se planter un équilibre déjà instable sans ce détail. J'avais tacitement accepté cette situation quand elle était s'était échappée plus d'une fois sans élément de réponse et que je n'avais rien fait pour la retenir, n'avais jamais joué la carte de la communication. J'avais cherché à la prendre comme elle était mais dans le fond, j'étais la plus hypocrite des deux parce que quand j'en apprenais un peu plus, j'avais un comportement qui me dérangeait. « Quelque chose a changé non ? Ce que tu ne me dis pas. » Elle était trop intelligente. C'était en partie pour ça que je l'admirais, que je la trouvais envoûtante. Elle était mystérieuse et intelligente. Tout comme le sniper. Parce que j'étais lâche, j'avais préféré m'asseoir à quelques centimètres d'elle à mon tour et regardé mes pieds plutôt que de lui répondre. Qu'est-ce que j'étais censée lui répondre ?

« Depuis que tu as ouvert la porte c'est différent. Et malgré toutes les raisons logiques que je peux trouver j'arrive pas à me convaincre que ça ne me concerne pas. » Beaucoup trop rusée. On ne pouvait rien lui cacher. C'était horrible. En temps normal, ça ne me dérangeait pas d'être un livre ouvert, elle pouvait bien tout deviner à partir de mon comportement, c'était excitant mais là, c'était trop lourd de sens. J'avais toujours été trop sage, une flic qui suivait soigneusement les règles et les procédures parce que c'était comme ça que ça fonctionnait, parce que je voulais sincèrement que la justice serve à quelque chose. Sauf que la justice était biaisée. Je ne pouvais pas fermer les yeux là-dessus. C'était grâce à elle que j'avais pu m'en rendre réellement compte. Tout revenait toujours à elle.

« Dis, tu écouterais quoi, toi ? Ton cœur ou ta tête ? Surtout quand ta tête commence elle-même à pencher vers ce que dit ton cœur ? » Je tentais de jouer les mystérieuses mais au fond de moi, je le savais, elle comprendrait forcément le sous-entendu. Elle était beaucoup trop maligne. Même pour moi. Et elle avait réussi à m'ouvrir les yeux. Même si elle m'avait menti pendant tout ce temps. C'était ça le plus fou. Je continuais de regarder mes pieds, comme pour mettre de la distance avec la situation bordélique.

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Tu es toujours aussi incertaine. Peu préparée à ce qui vient. L'enchaînement de ses décisions manquant de sens sans disposer de toutes les informations. Ou d'informations tout court. Tu n'as que des suppositions. Ton regard se pose à nouveau sur elle. C'est réconfortant d'une certaine façon qu'elle ne paraisse pas plus à l'aise que toi. Egoïstement tu préfères ne pas être seule dans tout ce bordel. « Dis, tu écouterais quoi, toi ? Ton cœur ou ta tête ? Surtout quand ta tête commence elle-même à pencher vers ce que dit ton cœur ? » Que tu es mal placée pour répondre à ça. Mais tu n'y penses pas vraiment sur le coup. Tu es trop surprise pour ça. Dans le contexte ça ne peut pas être anodin. Pas après tout ça. Ton souffle se coupe un instant jusqu'à ce que tu te rappelles de respirer. Ce n'est pas si clair non plus. Ca laisse place à de nouvelles suppositions. Tu ne te laisses pas trop y penser. Vous naviguez toujours dans le flou mais c'est comme si le vent avait pris dans les voiles. La sincérité vient avec une facilité déconcertante. L'aspect théorique aide. « Avant j'aurais pu te dire de choisir ta tête. Toujours. Sans hésiter. Parce qu'elle est là pour te protéger. Mais je n'en suis plus si certaine. Je commence à croire que la question n'est pas de savoir qui a raison mais de prendre la décision avec laquelle tu pourras vivre. » Elle te l'a appris sans s'en rendre compte. Parce que tu l'as choisie à ta façon encore et encore. Ce faisant tu as commencé à tourner de plus en plus le dos à certaines certitudes qui n'avaient pas été touchées par tes émotions jusque là.

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Il me fallut quelques secondes pour relever le regard et observer son langage corporel. Encore une fois, elle était paumée et ce n'était pas exactement étonnant. Après réflexion, ce que je venais de lui poser comme question pouvait être interprété de différentes façons. Cela ne m'empêcha pas de penser qu'elle devait y avoir pensé même deux secondes. On n'allait pas me faire croire qu'elle allait penser à tout sauf à ça. Celle qui avait instauré un règne de mystères la première, c'était elle donc elle était forcément apte à lire entre les lignes.

« Avant j'aurais pu te dire de choisir ta tête. Toujours. Sans hésiter. Parce qu'elle est là pour te protéger. Mais je n'en suis plus si certaine. Je commence à croire que la question n'est pas de savoir qui a raison mais de prendre la décision avec laquelle tu pourras vivre. » Ce n'était pas con comme réponse. C'était même drôlement mature et sensé. Ca ne rendait pas la décision moins difficile pour autant. J'étais toujours un peu perdue à l'intersection entre les deux voies. Qu'elle soit à mon côté n'arrangeait pas la rationalisation.

J'avais enfoui ma tête dans mes mains avant de soupirer et de passer finalement mes mains dans mes cheveux. Une flic qui tombait amoureuse d'une criminelle qui, pour sa défense, éliminait des personnes qui étaient loin d'être des saintes. « Est-ce que nous, c'est une passe pour toi ou est-ce que tu t'es vraiment attachée autant que moi ? C'est important. » J'avais peur qu'elle ne s'enfuie comme elle le faisait tous les lendemains matins mais je devais être au clair, surtout à ce propos. J'avais peur. Peur d'être déçue. Peur de faire le mauvais choix. Cette fois, je la regardais, tentant tant bien que de tenir fièrement mais mon regard me trahissait. Un regard misérable, empli de doutes et d'appréhension.

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Bonne ou mauvaise réponse, tu n'en sais rien. Mais au moins tu as été sincère. Aussi sincère que tu peux te permettre de l'être. Cela n'aide pas que tu ne sois toujours pas au fait de ce qu'il se passe ici. Entre vous. Elle semble prise dans un dilemme qui n'a rien de rassurant. Tu apprécierais qu'elle éclaircisse un peu les choses. Tu ne peux pas te permettre de le réclamer néanmoins. La plus secrète ici c'est toi. Tu ne peux pas prendre encore quelque chose que tu ne peux pas rendre. « Est-ce que nous, c'est une passe pour toi ou est-ce que tu t'es vraiment attachée autant que moi ? C'est important. » C'est direct. Pas si soudain après tout ça. Mais la surprise reste présente. Elle te prends de court à vouloir parler de sentiments. Il y a un ultimatum qui accompagne tacitement la question. Si lourd. Tu es à deux doigts de la questionner. De réclamer une réponse. Tu veux savoir ce qui la travaille. Pourquoi le savoir est si important tout d'un coup. Mais est-ce que tu ne lui offrirais pas une réponse sans le vouloir au passage ? Elle veut de la sincérité. Semble avoir besoin d'être sûre. En demander plus te permettrais d'adapter tes mots. De créer la réponse parfaite. Pas forcément la plus sincère. Tu soupires. Glisses les jambes hors du lit avant de te lever. Tu ne supportes plus l'immobilité. Tu peines aussi à la regarder en face. Tu n'aimes pas ce qu'elle te renvoie. Tu aimes encore moins ne pas savoir comment arranger les choses pour lui rendre le sourire. Un développement très récent. « Je me suis leurrée un moment. C'était plus facile avant que j'apprenne à te connaître. C'était juste...amusant. Différent. » Tu bouges un peu dans la pièce mais toujours tu gravites vers elle. Tu ne peux pas t'en empêcher. Tu reviens t'asseoir à ses côtés au bord du lit. Glisses la main dans la sienne, ta poigne un peu tremblante. « J'ai pas l'habitude de tout ça. De ressentir ça. Mais j'ai pas envie que ça s'arrête. Ce serait tellement plus facile. Mais je ne veux pas revenir en arrière. »

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reyna

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Elle n'était pas beaucoup plus à l'aise que moi et d'une certaine façon, j'avais le sentiment que mon jeu ne valait pas mieux que le sien. Si c'était vrai. Qu'elle ait besoin de bouger n'était pas dérangeant mais je n'arrivais pas à détacher mon regard de ses pieds, de peur qu'elle ne s'éclipse, qu'elle me laisse en plan parce que c'était sûrement la meilleure solution pour elle. Si c'était vrai. Je n'arrêtais pas de me répéter ces mots dans ma tête parce que, malgré toute la certitude, malgré tous les éléments qui allaient dans ce sens, je doutais encore un peu. A moins que ce ne soit un peu d'espoir, l'espoir qu'elle ne s'était pas jouée de moi. « Je me suis leurrée un moment. C'était plus facile avant que j'apprenne à te connaître. C'était juste...amusant. Différent. » Jusque-là, ce n'était pas problématique parce que les relations commençaient toutes comme ça, un peu de flirt, on joue, on s'amuse pendant qu'on apprend encore à connaître l'autre. Une part de moi adorait les histoires de coup de foudre mais je n'étais plus une enfant, je savais que ça n'existait que dans les histoires à l'eau de rose.

« J'ai pas l'habitude de tout ça. De ressentir ça. Mais j'ai pas envie que ça s'arrête. Ce serait tellement plus facile. Mais je ne veux pas revenir en arrière. » Je sentais sa main trembler dans la mienne et je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité dans mon coeur. Je ressentais vraiment quelque chose de fort pour elle et je lui offrais un spectacle pitoyable. Même si elle ne racontait pas tout, j'étais certaine qu'elle ne mentait pas au sujet de ses sentiments. C'était la première fois qu'elle se montrait aussi vulnérable depuis trois longs mois.

« J'avais besoin de l'entendre. Je suis désolée. Je suis égoïste, je le sais bien. » J'avais souri, toujours peu rayonnante. D'un coup, je n'osais plus amener la question sur la table, j'avais peur de briser ce moment touchant de sincérité, même si ça signifiait que je reniais mon devoir. Elle était plus importante que ça. C'était probablement culotté de dire ça à cet instant, après un interrogatoire digne de la flic qui était en moi. Ca l'était d'autant plus que je ne lui racontais pas tout mais c'était un rappel de mes propres faiblesses, un rappel aussi de mon humanité. On me l'avait toujours dit que tout le monde avait une part sombre. Tout le monde. Même moi.

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« J'avais besoin de l'entendre. Je suis désolée. Je suis égoïste, je le sais bien. » Tu n'en es pas si sûre. C'est assez normal de vouloir quelques certitudes lorsqu'une relation se développe dans le temps. D'autant plus lorsqu'elle est aussi irrégulière. Tu as encore du mal à l'imaginer comme telle. Tu n'as jamais eu de relation sérieuse jusqu'ici mais c'est plus ou moins ce que tu as fait avec elle. Depuis votre rencontre il n'y a eu qu'elle et des sentiments de plus en plus dévorants. Tu es passée par plusieurs phases montrées dans ces films romantiques si clichés qu'il t'était arrivé de regarder. La différence est qu'il n'y a jusqu'ici pas eu de choix ou de discussion. Tu t'es laissée porter par les occasions et elle a suivi le rythme. Par tu ne sais quel miracle. « D'où ça vient tout ça ? » Tu n'envisages pas l'évidence. Ton ego joue contre toi. Tu as beau pouvoir l'envisager comme celle qui comprendra, vous n'en êtes pas encore là. Tu n'as pas encore semé des erreurs comme des preuves derrière toi. Le penser n'a pas de sens. Elle te pousse aussi à envisager des raisons plus normales. Elles ne manquent pas si tu prends la peine d'y penser. Mais cela reste plus simple de lui demander directement. Tu évites aussi de trop t'enfermer dans ta tête. De lui donner l'impression que tu te détaches trop après avoir été si sincère.

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« D'où ça vient tout ça ? » Cette question était légitime et à vrai dire, je m'y étais préparée mais ça ne rendait pas la situation moins compliquée à vivre. J'avais toujours été honnête jusque-là avec elle, je lui avais ouvert mon cœur et elle était restée alors qu''elle était une grande criminelle. Mon intuition n'était pas infaillible mais d'un côté, il y avait trop de détails qui allaient dans ce sens et de l'autre, elle ne me trompait pas souvent. Je ne pouvais pas nier ce qu'elle m'avait dit verbalement et par son corps, par son comportement et par sa façon de se tenir, de rester accrochée à moi. En même temps, ça n'aurait pas été surprenant qu'elle réussisse à me duper à ce niveau si c'était celle à qui je pensais. On devait mentir pour se faufiler partout sans avoir l'air suspect.

J'avais pris une grande inspiration avant d'expulser nerveusement et bruyamment tout l'air qui s'échappait de mes poumons. Je lui devais bien ça ou bien elle avait réussi à me persuader que l'honnêteté de ma part était nécessaire. Je n'en savais trop rien. Concrètement, j'étais littéralement incapable de me retenir ou en tout cas, pas complètement parce que c'était elle. « J'avais juste besoin de savoir si j'étais un élément pour construire une couverture parfaite ou si tu avais vu autre chose, au départ, avant de savoir que j'étais une flic. » C'était violent. Je m'en étais rendu compte après coup, serrant mon poing libre. « Je t'en veux pas vraiment. Au fond, j'ai toujours trouvé fascinant le choix des cibles du sniper. En plus, je crois que je ne pourrais tout simplement pas t'en vouloir. Sniper ou pas. » C'était un vrai coup de bluff mais au point où nous en étions, c'était la suite la plus logique. Au pire, elle nierait la chose. Je pouvais me tromper aussi. A ce moment-là, elle aurait encore le choix de trouver ma fascination d'un mauvais goût. Je ne la lâchais pas du regard, cherchant des indices dans son regard.

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Ne pas être en contrôle t'est difficile. La nervosité monte plus facilement. Te pousse à chercher des réponses avant même qu'elle ne réponde. Sans réel succès. Ca n'a pas trop de sens. Ces hypothèses qui s'imposent sont contredites par ce qu'elle dégage. Confession ou non, la donne n'a pas tant changée il semblerait. Tu resserres les doigts autour de sa main par réflexe à cette inspiration qui semble là pour lui donner le courage de se lancer. « J'avais juste besoin de savoir si j'étais un élément pour construire une couverture parfaite ou si tu avais vu autre chose, au départ, avant de savoir que j'étais une flic. » Un torrent d'eau glacée semble t'être tombé dessus. Ton souffle se coupe et il y a un instant où ton esprit veut nier l'évidence. Parce qu'elle n'a pas pu dire ça. Elle ne peut pas suggérer qu'elle sait. Pas maintenant. C'est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Ta réaction est à des années lumières de celle que tu devrais avoir. Tu ne bouges pas d'un pouce. Les muscles au repos malgré ce qui monte encouragé par la folle cavalcade qu'a commencé ton cœur. Une minuscule part de toi, celle qu'on a drillé là, envisage bien la suite. Un plan de sortie se développe à ton insu. Tu sais ce que tu devrais faire. Comment réagir. Tu penses à la lame cachée dans la semelle de ta chaussure. Le nombre de pas qu'il te faudra pour l'atteindre. Les gestes à faire. Tu n'es pas sûre d'où se trouve son arme de service. Si elle y arrivera à temps, si elle deviendra un danger. Une part de toi veut espérer qu'elle ne l'envisagera pas. Mais tu es là à imaginer le pire, tu ne peux donc pas la juger. C'est d'autant plus ridicule que tu sais que cela ne servira à rien. Qu'est-ce que tu pourrais bien faire d'un couteau sans la volonté de l'utiliser ? « Je t'en veux pas vraiment. Au fond, j'ai toujours trouvé fascinant le choix des cibles du sniper. En plus, je crois que je ne pourrais tout simplement pas t'en vouloir. Sniper ou pas. » C'est la certitude dont tu as besoin. Celle qui devrait tout déclencher. Mais gérer l'après paraît si peu important quand une question devient obsédante. « Comment ? » Elle glisse hors de tes lèvres sans ton accord. T'arrache toute chance de nier être le Sniper. C'est logique. Tu n'as pas envisagé le fait d'être honnête mais il en est de même pour le mensonge. Tu n'as pas pris la peine de lui raconter des cracks. Tu as juste évité les informations problématiques. Avec elle tu n'as jamais eu de couverture. Tu aurais déjà dû comprendre à l'époque où tu n'avais pas pris cette peine. Ou tu t'étais suffi d'un peu de mystère.

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Je ne pouvais pas rater sa nervosité soudainement et ça me confortait dans l'idée que mon intuition était la bonne. Elle n'était pas à l'aise, ça crevait les yeux et elle donnait l'impression que le temps s'était arrêté pour elle, ce qui avait tout d'une brèche dont j'aurais pu profiter pour prendre le dessus et foncer sur mon arme de service pour la coincer. Même si je n'avais pas de preuves, j'aurais pu mettre en lien les informations que j'avais reçues au sujet du sniper sans trop de difficultés, je pouvais être convaincante et j'étais certaine qu'on m'aurait écoutée très sérieusement cette fois, même ceux qui se moquaient généralement bien de mon avis. Contre toute attente, je ne bougeais pas. Je l'observais en silence, partageant un peu de sa nervosité.

« Comment ? » Elle ne niait pas et j'étais soulagée d'une certaine manière parce que ça signifiait qu'elle ne me prenait pas pour une idiote et peut-être même qu'elle me faisait confiance au point de se mettre à découvert. A moins que ce ne soit de la naïveté, conséquence de ses sentiments vis-à-vis de moi. Dans tous les cas, elle ne luttait pas et de mon côté, je ne prenais pas plaisir à avoir un tel pouvoir sur elle. Je n'étais pas mauvaise à ce point. Je n'étais pas complètement innocente dans cette histoire mais ça ne m'éclatait pas.

« On a reçu de nouvelles informations au sujet du sniper. Depuis, c'était une évidence. » A ce stade, je ne me voyais pas lui cacher ce genre de données, ce serait parfaitement hypocrite. Je soupirai avant de reprendre. « Ce n'est pas bien pour une flic de dire ça mais je n'arrive pas à m'arrêter à l'acte en lui-même. Je n'aurais pas agi comme ça mais je ne suis pas en désaccord avec le choix de victimes. Si on peut encore les appeler des victimes. » A mon tour, je lui donnais le bâton pour me faire battre. Si elle le voulait, elle pourrait monter un plan pour me vendre aux flics trop regardants mais elle avait un certain pouvoir sur moi. Elle devait bien s'en rendre compte. Alors, je souriais. Simplement.

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« On a reçu de nouvelles informations au sujet du sniper. Depuis, c'était une évidence. » A nouveau ce battement qui manque. Ton cœur qui se casse la gueule avant de reprendre avec régularité, son rythme tout de même trop rapide. « Ce n'est pas bien pour une flic de dire ça mais je n'arrive pas à m'arrêter à l'acte en lui-même. Je n'aurais pas agi comme ça mais je ne suis pas en désaccord avec le choix de victimes. Si on peut encore les appeler des victimes. » Tu ne l'écoutes qu'à moitié. Une main soutenant ta tête, les doigts s'accrochant un peu trop aux mèches sombres. La situation ne pourrait pas être pire. Tu te fiches pas mal que les flics disposent d'informations sur toi. Si ce n'était que ça. Mais non. Des preuves sur le Sniper ne peuvent pas être tombées par hasard dans ce commissariat. Personne n'a commis d'erreur. Pas toi. Pas eux. Mais ce n'est pas si simple n'est-ce pas ? Tu as bien commis une erreur. Grossière. Stupide. « Putain. » Tu n'as pas prévu ça. C'est complètement idiot mais tu ne pensais pas que tu leur donnerais un jour une raison de voir en toi une menace. Idiote ! Tu traînes avec une flic. Bien sûr qu'ils ont remarqués. Des précautions tu en avais prises. Clairement pas assez vu la situation. Tu es à nouveau sur tes pieds à faire les cent pas. Une main massant ton front, mâchoires crispées. Est-ce vraiment la fin ? Est-ce qu'on se débarrasse de toi ? Ou est-ce un test ? Si ta loyauté est mise en cause il n'y a qu'une bonne réponse. « Tu as fait la connexion à cause de notre relation ou est-ce que l'un de tes collègues aurait pu comprendre tout aussi facilement ? » Il te faut plus d'informations. Tu as besoin d'une vision plus claire. Prendre de la hauteur en quelque sorte. Mais ce n'est plus si facile quand tout est si personnel.

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C'était visible que j'avais mis le doigt sur un sujet sensible, que j'avais appuyé sur la corde sensible mais je ne savais pas trop comment réagir, il était encore trop tôt que pour savoir si je devais lui laisser de l'espace ou tenter une approche. Mon instinct me poussait à prendre sa main pour capter son attention mais non seulement je ne savais pas si c'était ce qu'elle voulait, mais en plus, je n'étais pas certaine qu'elle n'avait pas envie, au fond d'elle par peur d'être mise à mal, de me tuer. Oui, elle m'avait dit qu'elle s'était attachée à moi mais ça ne signifiait pas qu'elle laisserait son cœur prendre le dessus quoi qu'elle m'ait dit juste avant. « Putain. » Je la suivais du regard tandis qu'elle marchait nerveusement dans la pièce qui, heureusement pour elle, était assez spacieuse sinon elle se serait probablement déjà pris le bureau plus d'une fois dans le genou.

C'était frustrant de ne pas pouvoir lire ses pensées à cet instant précis. C'était beaucoup trop tentant de vouloir calmer les idées qui allaient sûrement dans tous les sens mais je devais accepter que je n'avais pas de pouvoir sur les autres. Encore moins sur elle. « Tu as fait la connexion à cause de notre relation ou est-ce que l'un de tes collègues aurait pu comprendre tout aussi facilement ? » Je ne comprenais pas où elle voulait en venir. Je ne voyais pas où ça nous menait d'avoir ce genre d'informations mais je ne comptais pas me taire. Sa détresse m'atteignait.

« Je pense qu'il n'y a que moi qui peux faire un tel lien. Une intuition. Un sixième sens. Peu importe le nom que tu lui donnes, tu vois un peu l'idée. » Parce qu'il y avait des signes que je voyais mais qui n'étaient pas forcément évidents pour quelqu'un qui ne la connaissait pas. Ce qui était un bien grand mot, je n'étais toujours pas convaincue de la connaître réellement, pas même après avoir mis le doigt sur un tel secret. « Si tu crois que des flics t'attendent devant chez moi, tu peux souffler. Je n'en ai parlé à personne. » Je tentais encore vainement de capter son regard, tentative inutile de calmer sa nervosité.

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« Je pense qu'il n'y a que moi qui peux faire un tel lien. Une intuition. Un sixième sens. Peu importe le nom que tu lui donnes, tu vois un peu l'idée. » C'en est assez pour offrir une réponse à la question que tu n'as pas posé. Celle à laquelle elle ne peut pas penser car il y a trop de choses qu'elle ne sait pas. Heureusement quelque part. Vivre dans l'ignorance est souvent plus confortable. Avec trop d'informations on en vient aussi plus vite à rencontrer une fin prématurée. Dans son cas il semble que ça ne change pas grand chose sur ce plan. « Si tu crois que des flics t'attendent devant chez moi, tu peux souffler. Je n'en ai parlé à personne. » Les flics sont le cadet de tes soucis. Vraiment. Si ils étaient les seuls impliqués dans ce mauvais plan tu n'aurais pas tant de mal à t'en extirper. Mais l'ennemi est tellement plus dangereux. Plus vicieux dans sa démarche. Tu sais ce qu'on attends de toi. Ce qui se produira si tu obtempères ou non. Une chose est sûre il n'existe pas de fin facile. Mais cette possibilité a-t-elle existée un jour ? Tu ne te leurres pas sur le sujet. Les fins possibles étaient déjà écrites alors même que tu commençais à t'attacher. L'avenir tout tracé. Tu vas t'appuyer contre le bureau. Creusant une distance. Il le faut. Tu as besoin d'avoir les idées claires, de laisser moins de place à tes émotions. Tes bras se croisent sur ta poitrine, les doigts solidement ancrés dans ta peau. « On veut que je te tue pour protéger mon identité. C'est un test autant qu'une punition. » Le détachement dans ta voix vient progressivement. Pas à cause des raisons les plus évidentes. Ce n'est pas si difficile d'en parler de la sorte car la possibilité a déjà été écartée. Le dilemme ne se trouve pas là.

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Je l'observais, cherchant un signe qui me dirait ce qui passait dans sa tête. Elle aurait eu raison dans le fond de se méfier de ce que je lui disais, elle n'avait aucune certitude que je ne lui tendais pas un piège et c'était la position la plus logique dans pareille situation. J'avais le sentiment d'où je me tenais que quoi que je puisse dire, ça pouvait être mal pris, mal interprété et qu'il n'y avait aucune solution idéale, juste des choix qui pourraient me sembler moins problématiques que d'autres. Elle mettait de la distance entre nous mais je ne la grignotais pas. J'étais un peu nerveuse naturellement mais je m'efforçais de ne rien faire de plus que de poser mon regard sur elle. Je n'étais personne pour lui imposer une conduite et elle avait réussi à mettre les choses au clair, elle avait toujours soigneusement gardé tellement de détails de sa vie pour elle.

« On veut que je te tue pour protéger mon identité. C'est un test autant qu'une punition. » J'avais simplement hoché de la tête en entendant son aveu et j'en étais la première étonnée. Elle venait de m'annoncer qu'elle avait pour ordre de me tuer et je restais là, plantée, complètement à sa merci. Oh, je n'étais pas incapable de me défendre mais je ne m'éloignais pas exactement. J'étais pourtant consciente que je ne devais pas peser lourd dans la balance et c'était légitime, elle n'allait pas tout lâcher pour une aventure, pour une flic. Elle t'a dit d'écouter ton cœur. Une voix me le rappelait mais ça semblait gros.

« T'as l'air calme pour quelqu'un qui est testé. Je me trompe si je dis que ton choix est déjà clair dans ta tête ? » Nous n'étions pas connes, ni l'une, ni l'autre et j'aurais sûrement été plus réactive si ça n'avait pas été elle. J'étais tombée dans un drôle de piège, toute seule, comme une grande. Ca ne signifiait pas que je ne restais pas sur la défensive et que je comptais me laisser faire comme une bleue mais je ne comptais pas argumenter avec elle quand elle était déjà passée par cette étape toute seule.

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Elle ne réagit pas beaucoup pour quelqu'un apprenant la présence d'une menace de mort au-dessus de sa tête. Est-ce qu'elle tient si peu à sa vie ou est-ce une affaire de confiance ? Une raison n'est pas plus rassurante que l'autre. Elle sait pourtant de quoi tu es capable. Et vu d'où elle vient, à cause de cette arme qu'elle porte au boulot, elle doit savoir que tirer n'est pas si facile que ça. Elle ne tire pas pour tuer en théorie alors elle ne sait pas complètement mais elle est mieux placée que certains pour comprendre les nuances. Tu ne peux t'empêcher de repenser à ce qu'elle a dit plutôt. A propos de sa vision du Sniper. Ton alias attire l'intérêt de toutes sortes de gens. Souvent tu le comprends mal mais ils ont aussi une vue biaisée de la chose. Tes interventions sont soigneusement calculées pour ça. « T'as l'air calme pour quelqu'un qui est testé. Je me trompe si je dis que ton choix est déjà clair dans ta tête ? » C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Tu hausses les épaules. « Je pourrais te dire la même chose. » Tu n'es pas étonnée par sa lecture de la situation. Elle est douée pour ça. Sa dualité est aussi ce qui t'a poussée à revenir. « Je ne suis pas comme ces gens dans les films, tu sais. Je n'ai pas de grands idéaux, pas de réelle raison de le faire. J'en suis juste capable. Presser la détente et continuer après. Recommencer encore et encore. Est-ce que c'est plus facile lorsqu'ils le méritent ? Un peu. Mais ça n'efface pas le reste. Il y a toujours des gens innocents impliqués. Une femme, un enfant, un parent. J'ai d'autres casquettes, des méthodes différentes. » Nouveau haussement des épaules. « Les gens qui donnent les ordres ne sont pas meilleurs que les victimes. Simplement plus intelligents. Ceux que le Sniper tue sont simplement devenus des nuisances pour le système mis en place. » Autant qu'elle sache, qu'elle n'idéalise rien. Tu espères aussi lui fournir suffisamment de motivations. Tes bras retombent le long de tes côtés et tu te décales du bureau pour rejoindre tes chaussures. Le mécanisme glisse sans mal et tu peux saisir la lame qu'il renferme. « Je ne pensais pas que ça arriverait si vite ou même comme ça mais je sais depuis un moment que c'était la fin logique. Un peu trop romanesque à mon goût mais il y a pire je suppose. » Tu te redresses, observes un instant le couteau dans ta main. Avant de le faire sauter pour en saisir la lame du bout des doigts et enfin le lâcher sur le matelas. « Je n'ai pas d'autre arme sur moi. Tu peux vérifier si tu veux je résisterais pas. Si tu envois une équipe à la gare centrale, tu trouveras mon fusil dans le casier B44. Il n'y a pas d'empreinte mais la balle dans la tête du gars que je viens de tuer correspondra à ce modèle. Le cas ne sera pas difficile. Je ne doute pas que toutes les informations dont tu auras besoin apparaitront soudainement dans la base de données ou à nouveau directement sur ton bureau. Après ça tu n'auras qu'à accepter la promotion. Ils n'auront aucune raison de t'éliminer si tu restes à ta place.»

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reyna

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« Je pourrais te dire la même chose. » Je ne pouvais pas lui donner tort, je devais avoir l'air drôlement suicidaire et je l'étais probablement en partie. Je connaissais d'avance les réactions de mes proches, essentiellement celles de ma mère, de Nicky et celle de Noâ aussi mais ce n'était pas aussi simple qu'elles pourraient le penser, je m'aventurais sur une pente qui m'apportait un point de vue différent de celui que j'avais jusqu'à ce qu'elle n'arrive dans ma vie. A moins que ce ne soit le Sniper. Ou les deux dans le fond. Je lui avais bêtement répondu d'un haussement des épaules, ne trouvant rien de satisfaisant à ce stade. Elle n'avait pas besoin que je lui dise qu'elle avait raison pour en être convaincue.

« Je ne suis pas comme ces gens dans les films, tu sais. Je n'ai pas de grands idéaux, pas de réelle raison de le faire. J'en suis juste capable. Presser la détente et continuer après. Recommencer encore et encore. Est-ce que c'est plus facile lorsqu'ils le méritent ? Un peu. Mais ça n'efface pas le reste. Il y a toujours des gens innocents impliqués. Une femme, un enfant, un parent. J'ai d'autres casquettes, des méthodes différentes. » Je ne bronchais pas, l'écoutant et me répétant dans ma tête que je connaissais cette part du boulot parce que je les avais vus, ces enfants et ces femmes, ces familles et proches qui se leurraient ou non au sujet de la personne qu'on arrêtait et qu'on tuait parfois parce qu'il n'y avait tout simplement pas d'autre issue. Dans tous les cas, qu'ils aient conscience ou non de la réalité, ils aimaient la personne que nous avions dans le viseur. J'avais soupiré, les bras croisés sous la poitrine, ne voyant pas où tout ce discours nous menait ou peut-être que je voyais les choses venir et ça ne me plaisait pas.

« Les gens qui donnent les ordres ne sont pas meilleurs que les victimes. Simplement plus intelligents. Ceux que le Sniper tue sont simplement devenus des nuisances pour le système mis en place. » Encore et toujours des évidences. Je surveillais soigneusement ses faits et gestes sauf qu'elle parlait. Elle ne faisait que ça. Comme si elle préparait un discours qui ne plaidait pas sa cause. Elle devait ressentir le besoin de mettre les choses au clair, de tirer un portrait plus juste mais nos réalités se chevauchaient qu'elle le veuille ou non. Ce n'était pas pour rien que j'avais cherché à grimper les échelons pour devenir mon propre chef sauf que je comprenais qu'il faudrait grimper beaucoup trop haut pour être partiellement tranquille.

« Je ne pensais pas que ça arriverait si vite ou même comme ça mais je sais depuis un moment que c'était la fin logique. Un peu trop romanesque à mon goût mais il y a pire je suppose. » Elle bougeait enfin, chipotait à une lame. Mon corps était prêt à réplique, prêt à bouger mais ma tête n'avait pas encore donné de véritables ordres. Quelque chose dans sa voix et le choix de ses mots laissait planer le doute et j'allais sûrement le regretter mais je préférais suivre cette intuition, cette fois encore.

« Je n'ai pas d'autre arme sur moi. Tu peux vérifier si tu veux je résisterais pas. Si tu envois une équipe à la gare centrale, tu trouveras mon fusil dans le casier B44. Il n'y a pas d'empreinte mais la balle dans la tête du gars que je viens de tuer correspondra à ce modèle. Le cas ne sera pas difficile. Je ne doute pas que toutes les informations dont tu auras besoin apparaitront soudainement dans la base de données ou à nouveau directement sur ton bureau. Après ça tu n'auras qu'à accepter la promotion. Ils n'auront aucune raison de t'éliminer si tu restes à ta place. » Elle ne m'avait pas trompée. Ecouter ses sens avait été un travail de longue haleine et ce n'était pas infaillible mais c'était bien la preuve que le travail avait porté ses fruits.

Pour première réaction, je pris le couteau, fis quelque pas dans la direction du bureau pour le déposer là. J'eus ensuite un rire nerveux et mauvais. Il n'y avait rien d'amusant dans ce bordel mais elle m'en sortait de belles. Des conneries d'un niveau inouï. La tension dans mon corps avait encore grandi. « C'est drôle mais je trouve ton idée complètement conne. Je dois rester à ma place et je dois te croire sur parole quant au fait que les résultats de leur test à la con vont les satisfaire ? Quant à ton discours, c'est le même merdier chez les flics et prétends pas que tu ne le sais pas. Je veux pas mourir pour leur faire plaisir mais je veux pas que tu prennes de tels risques pour moi non plus. Surtout si c'est pour m'inviter à me ranger sagement. Et me sors pas que je le mérite si c'est pour te défiler encore une fois. » Il était hors de question de lâcher son regard, encore moins de la laisser s'éclipser après tout ça. C'était trop pour que je l'accepte. J'en avais marre d'être celle à qui on disait de faire attention, celle qu'on protégeait.

AVENGEDINCHAINS

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you would've been the one

I guess you never know, never know and if you never bleed, you're never gonna grow and it's alright now. But we were something, don't you think so? And it would've been sweet if it could've been me.

DRAGONS DU NORD

I wanna love you but I don't know how
act one

Ton calme n'est qu'apparent lorsque tu l'observes. Elle bouge enfin, saisit la lame. Tu attends, toujours aussi certaine de ta décision, mais peu au clair vis à vis de la sienne. Ce n'est pas parce que tu désires une résolution simple que ton souhait sera exaucé. De toute évidence tu peux toujours rêver. C'est étrange de lui tirer une telle réaction. Vous ne vous connaissez pas assez. C'est un nouveau rappel. L'un de ceux qui devraient te faire remettre en question ce choix pour ton futur mais qui n'agit pas comme tel. « C'est drôle mais je trouve ton idée complètement conne. Je dois rester à ma place et je dois te croire sur parole quant au fait que les résultats de leur test à la con vont les satisfaire ? Quant à ton discours, c'est le même merdier chez les flics et prétends pas que tu ne le sais pas. Je veux pas mourir pour leur faire plaisir mais je veux pas que tu prennes de tels risques pour moi non plus. Surtout si c'est pour m'inviter à me ranger sagement. Et me sors pas que je le mérite si c'est pour te défiler encore une fois. » C'est un problème auquel tu n'as pas l'habitude d'être confrontée. Devoir te soucier de quelqu'un d'autre. Prendre en compte non seulement son existence mais aussi son point de vue. Rien n'aurait pu te préparer à Nana. Ton hypocrisie est dégoulinante lorsque tu la juges trop sentimentale. « Et qu'est-ce que tu proposes ? Ce n'est pas comme si les solutions étaient nombreuses. Tu n'as pas choisi de te retrouver dans cette merde, je t'y ai traîné parce que j'ai été assez idiote pour croire qu'il n'y aurait pas de conséquence. » A nouveau ton agitation déborde. Tu recommences à faire les cents pas. La tâche complexifiée par sa présence. Mais il y a cette tension qui roule sous ta peau que tu dois évacuer.

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you would've been the one
I guess you never know, never know and if you never bleed, you're never gonna grow and it's alright now. But we were something, don't you think so? And if my wishes came true it would've been you.

» basile • i wanna be me again
» basile • i wanna be me again
» FDAS DE NOÊL • Second chance, first love
» I don't wanna go, think I'll make it worse (Sidonya)
» Tell me that love is enough (mazel)

I wanna love you but I don't know how (reyna)

I wanna love you but I don't know how (reyna)

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