Klaus & Charlotte
A41 ST2 J94

some days are diamonds, some days are rocks

A l'hôpital, il avait presque l'impression de pouvoir oublier le bordel d'où il venait. On laissait naturellement beaucoup de choses sur le pas de la porte pour le bien de la neutralité, mais, avec les années, il avait aussi eu l'occasion de se construire entre ces murs une vie un peu différente de celle qu'il pouvait mener sur le territoire. Il ne changeait lui-même pas vraiment, certains échanges étaient simplement plus faciles lorsque certains mots, certaines idées, n'avaient pas tant de poids. Si d'autres devaient se canaliser pour éviter les bourdes, il pouvait au contraire se permettre une autre forme de sincérité. Cela aidait de ne pas être contrôlé par le fameux ego Dragon et de pouvoir admettre toutes les erreurs commises par le clan face à ceux qu'il aurait dû considérer comme des ennemis si il avait suivi les enseignements de certains Anciens. Il ne pouvait pas non plus totalement s'extraire la situation de la tête, mais cela restait reposant de ne pas avoir à se méfier de toutes les personnes qui se présentaient devant lui. Il avait bien foutu dehors un petit con de sous-infirmier qui n'avait pas daigné retirer son brassard, un geste qui aurait des conséquences, il n'en doutait pas, mais ce serait un problème pour plus tard. Il aurait sans doute été sage de ne pas en accumuler plus, mais il avait des principes et il ne supportait pas qu'on amène de la politique ici.  

- Deux jours de suite, si ça ne faisait pas des années, on pourrait s'imaginer que l'un de nous stalke l'autre.  

Il était tombé naturellement dans les pas de la Vipère lorsqu'il l'avait remarqué sortir d'une salle de soin.

Charlotte & Klaus

année 41 ; deuxième saison tempérée ; journée 94

 some days are diamonds, some days are rocks

Aller travailler à l'hôpital avait tout l'allure d'une bénédiction en ces temps compliqués. C'était une vraie parenthèse durant laquelle je pouvais sortir ma tête de l'eau et ce n'était pas de trop. Nos actions contre les nôtres était difficile à avaler mais devoir passer devant la maison de ma tante et ma cousine était une épreuve de survie. C'était le mot. Même si je ne savais jamais qui j'allais croiser parce qu'on ne connaissait pas encore l'emploi du temps de l'équipe médicale des autres clans, c'était réjouissant de voir d'autres visages, de retrouver un endroit qui était un peu comme une seconde maison. Je savais que j'allais avoir droit à des interrogatoires parce que mon état était sans pareille, j'avais perdu de ma superbe légendaire, c'était encore la situation la plus supportable. J'étais également prête à accueillir ces piqûres de rappel, histoire de ne jamais oublier quel choix horrible avait été pris. C'était nécessaire. Ne serait-ce que par respect pour nos mortes.

Soigner des personnes venant de tous les horizons était un vrai soulagement, je m'occupais l'esprit pendant ce temps. Ca me forçait à reprend le contrôle de ma vie d'une certaine manière. C'était les entre-deux qui étaient plus compliqués à gérer. Dans ces cas, j'avais l'habitude de me plonger dans ma tête et ce n'était pas une bonne idée. « Deux jours de suite, si ça ne faisait pas des années, on pourrait s'imaginer que l'un de nous stalke l'autre. » Klaus. Je m'étais tournée vers lui. Un sourire discret mais là quand même. Il avait le don avec les autres.

« Tu sais bien, c'est la grande habitude des Vipères. On guette le bon moment pour tomber sur les autres. » Je me frottais les mains, preuve encore de ma nervosité que je tentais de dominer le plus possible. Encore une fois, si c'était lui, je pouvais laisser ce genre de tics apparaître parce qu'il était au-dessus de tout ça et parce qu'il savait ce qui me travaillait. Ce n'était pas réellement étonnant mais c'était souvent beaucoup plus simple avec un étranger qu'avec sa famille, si on oubliait celles que je côtoyais quotidiennement.

Klaus & Charlotte
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some days are diamonds, some days are rocks

Il avait toujours été soucieux d'elle, ils se connaissaient depuis des années et avaient traversé ensemble des galères qu'on ne voyait qu'ici, mais ce qu'il avait appris la veille rendait son inquiétude plus naturelle encore. Certains auraient pu douter que sa présence soit une bonne idée, aurait peut-être même suggéré qu'elle prenne du temps pour elle, mais il comprenait sans mal qu'elle puisse choisir de se plier à sa routine. Il était plus facile de ne pas trop penser lorsque l'on s'occupait et l'hôpital ne laissait que peu de place à la vie privée. Aujourd'hui, elle n'avait pas l'air au mieux de sa forme, mais qu'elle ait la force de plaisanter était bon signe. En plus, franchement, depuis la tempête et toutes ses conséquences, qui pouvait se vanter d'être vu au meilleur de sa forme ? Si les traces n'étaient pas physiques, elles étaient psychologiques.

- Au nom de notre longue amitié, je te demande d'attendre la fin de mon service. Je me rendrais sans effusion. A vrai dire, tu me rendrais même un service.  

Il l'avait dit avec une pointe d'amertume, son envie de rentrer sur le territoire s'approchant de zéro. Il savait où était son devoir, il ne regrettait même pas d'avoir à le faire, mais il fallait reconnaître que l'idée de croiser les Anciens aurait pu lui faire grincer des dents.

Charlotte & Klaus

année 41 ; deuxième saison tempérée ; journée 94

 some days are diamonds, some days are rocks

« Au nom de notre longue amitié, je te demande d'attendre la fin de mon service. Je me rendrais sans effusion. A vrai dire, tu me rendrais même un service. » Même si Klaus utilisait l'humour, le sous-entendu était clair et ce n'était pas surprenant, vu ce qu'on entendait à propos des Dragons. J'aurais aimé lui avouer que j'étais pour partie responsable de leurs galères, pas juste à cause de la décision de restriction mais aussi et surtout à cause d'une énorme décision que nous avions prise avec le reste des gradés mais non seulement, je devais garder ma langue dans ma poche, mais en plus ça ne ferait rien avancer. Il comprendrait probablement en partie puisqu'il devait suivre des ordres atroces, lui aussi, mais ça ne ramènerait personne et j'avais surtout peur que ce que nous avions pour nous ne se brise.

J'étais restée coincée dans ma tête un instant avant d'en sortir finalement. J'avais ri avec un peu de retard mais ce n'était qu'un détail entre nous. « Si ça peut t'éloigner un moment de tes murailles, je suis prête à risquer ce kidnapping. » Avec le temps, les plus anciens ne se posaient plus de question à notre sujet et les plus jeunes n'osaient pas franchement dire ou faire quoi que ce soit à cause de nos réputations respectives. C'était l'avantage de l'hôpital et de la place que nous nous étions faite. Mon intuition me soufflait que même les Dragons un peu trop fiers n'oseraient pas en présence de leur Infirmier.