Ifan & Silas

année 41 ; seconde saison tempérée ; matinée 96

il est temps de réveiller sa conscience

Se la jouer fine et discret n'était pas exactement mon fort, on sentait ma nervosité à des kilomètres à la ronde. Du moins, c'était ce qu'on ne cessait de me répéter et j'avais appris à me moquer de ces réflexions quand elles ne venaient pas de personnes que j'estimais. Les autres, j'en avais rien à foutre, encore moins de leurs idées et de leurs conseils, je menais ma vie comme ça me chantait. De mon côté, je n'hésitais pas à balancer une vérité crue à ceux qui valaient la peine qu'on les bouscule pour qu'ils réfléchissent à leurs conneries. Silas, par exemple, suivait toujours aveuglément les décisions de son père et ça frôlait le ridicule à certains moments mais là, c'était surtout particulièrement con et suicidaire. On pouvait bien me reprocher de fonctionner à l'émotionnel et de frapper pour un rien plutôt que de dialoguer, je ne me laissais pas bêtement influencé par un vieux qui était un peu trop fermé et un peu trop égoïste à mes yeux. Sa famille était encore différente de la mienne et j'avais parfois du mal à comprendre leur raisonnement.

C'était pour son propre bien que j'avais attendu que Silas tourne au coin d'une rue pour le choper par le col et le secouer un peu. On ne change pas les habitudes. J'étais énervé contre lui et contre tous ces cons qui suivaient aveuglément un système pourri. J'étais colérique mais pas complètement con. Je me gardais juste de discuter avec tout le monde parce que l'avis de la majorité des Dragons ne me touchait pas directement. « J'avais justement besoin de parler avec toi. L'autre est venue me parler. On est tombés d'accord tous les deux. T'es con. » J'avais le poing toujours soigneusement fermé autour de son col et je ne le lâchais pas du regard.