thankfully we don't share DNA  
Année 41 - saison tempérée 2 (matinée 97)

L'aube vient. Ta nuit est partagée entre de brèves périodes de sommeil pour lesquelles tu t'en veux et d'autres passées à implorer le soleil de ne pas se lever. Mais il se présente. Consistant dans sa routine, il se traîne lentement dans le ciel. Ta chambre s'éclaire progressivement. Avec chaque recoin qui se voit révélé par ses rayons il te semble perdre de ta capacité à respirer pleinement. Ton souffle est pénible à cause de la constriction dans ta poitrine. Le temps qui t'a été imparti se termine ici. Trop vite. Tu as la sensation d'avoir gâché toutes les minutes qui se sont écoulées depuis que le point final a été posé. Sidonie va partir et l'après est trop incertain pour que tu puisses t'y raccrocher. Presque inexistant. Une théorie qui ne sera peut-être jamais prouvée. Plus jamais que peut-être. Tu n'arrives pas à y croire. Pas cette fois. Tes bras se resserrent autour de sa taille. Ta tête n'a pas quitté sa place nichée dans son épaule. Tu veux t'accrocher à elle, ne plus jamais la lâcher, mais ce sont tes gestes qui la tirent du sommeil. Qui l'a font bouger tout du moins. Tu n'es pas sûre qu'elle ait dormi plus que toi. Mais là tu as signalé ton réveil. Grossière erreur. Tu enfonces le visage contre sa gorge. Complètement repliée dans son étreinte. T'as promis, tu te rappelles. Elle t'a fait la promesse de rester jusqu'à ce que tu puisses la voir partir mais tu as toi accepté de la laisser s'en aller. Tu n'as pas le choix. Pour son bien. Tu te forces à t'arracher au confort de sa proximité. Durant juste un instant tes lèvres se posent sur sa joue, ton front collé à sa tempe. Tu t'autorises trois battements de cœur trop rapides avant de reculer. De te redresser jusqu'à ce que ton dos touche le mur. Une mauvaise blague. Ton retour en arrière, tu devrais le faire en fonçant vers l'avant. En l'attrapant avant qu'elle ne puisse s'échapper. Tu ne le fais pas. Tu restes ancrée dans cette même position. Les bras accrochés autour de tes jambes pour t'assurer de ne pas faire une énième erreur. Tes yeux incapables de regarder autre chose que son départ. Il n'y a pas de mots échangés. Rien de plus à dire. Rien qui ne ferait pas plus de mal encore. Rien ne pourra exprimer l'immensité de ce que tu perds et cette douleur qui se loge sous tes côtes. Il y a la finalité, puis Giya qui vient piétiner l'après avec sa délicatesse légendaire. « Je sais pas c'est qui le mec que t'as ramené, mais soit il a trouvé les mots magiques avec Maya, soit elle l'a buté de la façon la plus silencieuse du monde. » C'est son naturel qui ramène vers toi la réalité. La bulle éclate autour de toi et tu es frappée par la violence de trop d'émotions à la fois. Pleure pas. Pleure pas. Pleure pas. Un mantra bien ridicule quand tu es déjà en train de t'essuyer les joues sans parvenir à arrêter les larmes qui y coulent. « Gi-Giya. » Tu hoquètes piteusement vers celle qui sera pourtant sans pitié avec toi.