belle, bulle et rebelle ft. Giya & Nadya

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Maya & Giya & Nadya

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 88

belle, bulle et rebelle

Malgré les soins, c'était l'enfer. Ça faisait désormais trois jours que la tempête nous était tombée sur la tête et qu'elle m'avait mise dans un sale état et Giya avait récolté exactement les mêmes blessures que les miennes, à croire que le destin n'avait rien trouvé de mieux pour me faire regretter notre dispute de ce matin-là. Je m'en étais mordu les doigts pendant de trop longues heures, pendant deux jours plus précisément, deux jours sans nouvelles d'elle, c'était l'horreur. J'avais espéré y passer égoïstement parce que je m'en voulais plus que jamais d'avoir râlé parce qu'elle avait souligné quelque chose, comportement légitime que j'avais pris pour un reproche alors qu'il n'en était rien. Cet égoïsme m'était revenu en pleine figure, d'autant que je n'avais pas pu m'empêcher d'imaginer le pire et ce n'était pas si loin du pire. Comme souvent, j'étais dans l'excès depuis que je l'avais retrouvée ; mes problèmes ne comptaient pas, il fallait que je me rachète et qu'elle se repose, quitte à ce que je fasse absolument tout dans la maison, ce qui ne marchait pas exactement. Giya n'était pas débile, si elle avait mal, j'avais forcément mal, moi aussi.

J’avais presque oublié que nous n’étions pas seules. Nadya risquait de me tomber dessus si j’en faisais trop mais si je voulais me rattraper, c’était une bonne raison pour bouger parce que si j’étais capable de râler dans mon coin pendant des heures, c’était plus difficile de rester allongée parce que je devais me reposer, le tout en sachant qu’elle avait toutes les raisons de me faire la tête, comme je pouvais le faire à d’autres moments, à cause de mon comportement juste avant une séparation beaucoup trop longue. Deux jours, c’était trop, vis-à-vis de Nadya mais d’une autre façon, ça l’était d’autant plus vis-à-vis de Giya qui était beaucoup trop gentille. « Je… Je devais juste-. » Tel un électrochoc dans mon corps, je m’étais retenue de justesse au niveau du mur, me retenant de tomber et d’avoir encore plus mal. J’avais étouffé des injures qui m’étaient venue à l’esprit pour ne pas en ajouter une couche. « Je devais juste aller aux toilettes. Et-. » Parler était une vraie torture, tant ça me tirait au niveau du ventre et du dos. « Et j’allais l’aider par la même occasion. » J’étais essoufflée rien qu’en essayant de me justifier.

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Giya & Maya & Nadya
A41 SI J88

belle, bulle et rebelle

Pour la première fois, elle avait eu l'occasion de l'apprendre : le pire n'était pas la douleur, mais le fait d'être coincée à l'intérieur sans avoir de quoi occuper son temps. Elle ne parvenait même pas à se perdre dans le sommeil, ses siestes s'avérant courtes car il suffisait d'un mauvais mouvement pour qu'elle se réveille sous la douleur. Rien n'allait et, avec chaque jour qui passait, elle se sentait de plus en plus glisser vers un état d'esprit trop sombre. Sa patience devenait courte et elle peinait à ouvrir la bouche lorsque ce n'était pas pour mordre. Que Maya décide justement de la couver depuis leurs retrouvailles n'aidait vraiment pas. Ce n'était pas que l'intention était désagréable, mais elle était, comme trop souvent, exagérée. Avachie sur son lit, le regard collé au plafond, elle ne pu s'empêcher de soupirer et de rouler des yeux lorsqu'elle perçu des voix dans la pièce principale. L'une d'elles étant particulièrement frustrante.

- Pour la dixième fois au moins, j'ai pas besoin d'aide !

Elle avait grogné sans bouger, se souciant peu des répercussions. Était-ce si difficile à comprendre qu'elle pouvait se débrouiller tout seule ? Qui plus est, elle était capable de demander de l'aide si elle en ressentait le besoin, contrairement à d'autres.

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Année 41 - saison tempérée 2 (jour 88)

Tu n'es pas exactement bonne pour le service mais au moins tu peux te rendre utile. Les égratignures sur ton corps sont des détails vite oubliés. Il n'y a que ton poignet qui représente une gêne. Il se rappelle trop souvent à toi lorsque tu oublies et que tu favorises cette main. Tu n'as pas à te plaindre ta main droite est tout aussi efficace que la gauche mais c'est celle-ci que tu utilises par réflexe. Alors tu jures souvent. Tu grognes. Tu insultes les poignées de porte. Mais vraiment ce n'est rien. Déjà car demain tu vas pouvoir faire quelques heures de garde aux frontières et en plus car tu en connais qui on été moins chanceuses. Une fois le choc et la peur passés ce qui était resté était un rire un peu nerveux. Vraiment il n'y avait que tes sœurs pour se blesser exactement aux mêmes endroits. Tu n'avais pas ris longtemps. La douleur faisait ressortir les mauvais caractères. Ce dont elles n'étaient pas dépourvues. « Je suis ren- » Tu avais entonné en passant la porte avant d'être aussitôt coupée. « Je… Je devais juste-. » Qu'est-ce qu'elle fiche encore debout ?! D'autant plus alors qu'elle a l'air si mal. « Je devais juste aller aux toilettes. Et-. » Tu te précipites à ses côtés, la soutenant de ton bras valide. « Et j’allais l’aider par la même occasion. » Tu es déjà prête à hausser le ton. A jouer la grande soeur que tu n'es pourtant pas. Mais évidemment quelqu'un d'autre s'en mêle. « Pour la dixième fois au moins, j'ai pas besoin d'aide ! » Toujours à ronchonner. « Ta gueule, Gi. On t'a pas demandé ton avis. » Elle n'a pas tort dans le fond. Maya n'est pas en état de lui venir en aide. Elle devrait s'occuper d'elle en priorité. Mais tu la connais trop bien. Cette culpabilité stupide lui faisait faire n'importe quoi. « Entre vous et Donie. » Tu roules des yeux avant de marmonner. « Vous allez me faire vieillir prématurément. » Et maintenant l'efficacité. Tu commences déjà à la reconduire vers le repos que tu vas la forcer à prendre. « Ton corps a besoin de récupérer. A ce rythme je vais devoir rappeler une sous-infirmière. C'est vraiment ça que tu veux ? »

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année 41 ; saison intermédiaire ; journée 88

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« Pour la dixième fois au moins, j'ai pas besoin d'aide ! » Je l'entendais bien et je savais dans le fond qu'elle avait raison, disons que même si elle avait besoin d'aide, j'en avais autant besoin puisque nous souffrions d'exactement la même blessure. Mon cinéma n'avait aucun sens a priori. Sauf que j'avais besoin de ça parce que je continuais de culpabiliser et j'avais besoin de me racheter, comme trop souvent. C'était légitime qu'elle crie ça mais ça n'allait pas être suffisant pour me faire changer d'avis. J'avais mauvais caractère, tout le monde le savait, mais elle n'avait rien à m'envier quand elle s'y mettait. Le fait d'être coincée n'arrangeait pas son caractère, elle avait besoin de souffler à cause de moi.

« Ta gueule, Gi. On t'a pas demandé ton avis. » Telle une gamine, j'avais tiré la langue dans le vide, à l'attention de Giya, en espérant que Nadya ne me prendrait pas sur les faits. Oui, je pouvais être une véritable gamine quand je sentais que ça allait mal tourner. Il fallait bien un peu rigoler avant que ça ne tourne au vinaigre, Nadya n'y allait jamais en douceur. Elle ne cherchait pas à tuer les autres mais elle avait l'art et la manière de sermonner les autres. On ne pourrait pas se douter que, de nous trois, elle était la plus jeune.

« Entre vous et Donie. Vous allez me faire vieillir prématurément. » Le sermon commençait à peine que je me sentais en très mauvaise posture. En temps normal, si mon corps avait suivi, je me serais éclipsée, volatilisée avant de subir son courroux mais là, les options étaient plus que limitées. Je ne pouvais que tenter de survivre à la tempête.

« Ton corps a besoin de récupérer. A ce rythme je vais devoir rappeler une sous-infirmière. C'est vraiment ça que tu veux ? » Je la suivais sagement, sans un mot mais non sans lui offrir quelques grimaces. J'espérais encore une fois que ça passerait inaperçu sinon les dégâts seraient encore plus importants. Je l'imitais, je levais les yeux au ciel et encore une fois, je tirais la langue. Je savais qu'elle avait raison, elle aussi, mais j'étais une adulte. En tout cas, une Membre. « C'est bon, t'as fini ? » Je détestais être prise en faute mais j'avais agi comme une bleue. C'était évident que je ne voulais pas avoir la visite d'une sous-infirmière si rapidement mais cette situation me tuait.

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Année 41 - saison tempérée 2 (jour 88)

A croire que ces gamines n'apprendront jamais. Pendant qu'une fait la gueule, l'autre ne fait que te prouver qu'elle n'est pas en état pour tout ça. Si tu avais la possibilité de le faire sans lui faire plus de mal, tu la chargerais sur ton dos pour la ramener dans son lit. Ce n'est pas la première fois que tu subis cette tentation. Mais c'est toujours le même constat. « C'est bon, t'as fini ? » Tu grognes un peu. « Pardon de m'inquiéter pour toi. J'peux aussi me tirer et vous laisser gérer en solo. » Tu sais bien qu'elles ne sont pas ingrates. Que Maya sature d'être dans cette situation. Qu'elles ont leur caractère. Mais ça tombe mal. Tout tombe mal. Tu as un peu trop de pression sur les épaules. En partie sûrement parce que tu t'en met toi-même aussi. Mais pas que. C'est normal d'être là quand elles sont dans cet état. Normal que ta priorité soit ici. Sauf qu'il y a Sidonie. Que tu ne sais pas quoi faire de toute cette histoire. Et ton poignet qui t'emmerde. Depuis la tempête tu ne t'es pas donné l'espace de souffler. Tu ne fais qu'encaisser avec cette impression que rien n'est jamais assez et que tu n'as pas une seule bonne réponse à donner. « Plus tu te reposes maintenant, au plus vite tu pourras reprendre ta vie. Ou m'avoir hors de ton dos. Prends ce qui te motive le plus. Pareil pour toi, Giya. »

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Giya & Maya & Nadya
A41 SI J88

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Les leçons n'en finissaient pas, quelque chose qui était devenu naturel, Nadya était comme ça, un peu chiante parfois, mais c'était comme ça qu'elle témoignait son affection et, vu dans quel état elle était, elle ne pouvait pas vraiment la juger d'être inquiète. Si leurs situations avaient été inversées, elle n'aurait même pas eu cette patience et aurait trouvé un truc pour l'attacher au lit et avoir la paix. Certes, chacun était libre de faire ce qu'il voulait de son corps, et ça voulait dire n'importe quoi aussi, mais on avait rarement le même discours pour un proche sans qui on imaginait pas sa vie. Depuis son lit, là où elle se tenait tranquille, contrairement à quelqu'un, elle ne pu pourtant pas s'empêcher de trouver que quelque chose n'était pas vraiment comme d'habitude. Sa sœur n'était plus totalement elle-même depuis un moment, quelque chose qu'elle avait associé à cette embrouille avec sa binôme et qui commençait à faire long. Plutôt que de s'améliorer, son moral n'allait qu'en s'empirant.

- Au lieu de se répéter sur ce qu'on sait déjà, aka que cette fille est chiante, on pourrait peut-être parler du putain d'éléphant dans la pièce.

Elle s'était redressée dans son lit, juste de quoi être appuyée un peu mieux sur les oreillers dans une position semi-assise. Elle aurait préféré avoir cette conversation en face à face, sans doute pouvoir coincer Nadya dans un coin, mais elle ne voulait pas attirer ses foudres. Egoïstement, elle avait aussi des plans vis à vis de sa guérison et elle ne comptait pas traîner trop longtemps sans pouvoir repartir en fouilles. Même aller se planter aux abords des frontières aurait été un divertissement bienvenu.

- Tu vas pas bien, Nadya, et je vais pas prétendre le contraire juste pour te laisser jouer les sœurs modèles.

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année 41 ; saison intermédiaire ; journée 88

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« Pardon de m'inquiéter pour toi. J'peux aussi me tirer et vous laisser gérer en solo. » Cette fois, j'avais râlé mais pas contre elle, elle connaissait bien la différence depuis toutes ces saisons. Je n'étais pas conne, je savais bien que je me montrais souvent égoïste et je m'en rendais compte quand les autres me grognaient dessus, comme elle venait de le faire. Si ça avait été une parfaite inconnue, un ou une autre Vipère, j'aurais spontanément mis de la distance parce que je ne pouvais pas tout prendre à cœur mais là, c'était Nadya. Giya, c'était la même histoire. Avec des sentiments en plus. Donc encore plus de difficultés.

« Plus tu te reposes maintenant, au plus vite tu pourras reprendre ta vie. Ou m'avoir hors de ton dos. Prends ce qui te motive le plus. Pareil pour toi, Giya. » J'avais soupiré sans la moindre retenue. Je connaissais bien ce principe. J'étais consciente aussi que la pousser de la sorte ne nous aiderait pas mais je saturais. Je devenais folle. Je n'étais pas du genre à rester entre les murs d'une maison, j'avais besoin de m'aérer et de me rendre utile aux serres. Elles comprenaient, Giya plus encore. J'étais certaine que Nadya ne se serait pas gênée pour faire un tel commentaire dans d'autres circonstances mais sur un autre ton, avec une autre intensité. Un peu moins sévère. Mais elle était fatiguée.

« Au lieu de se répéter sur ce qu'on sait déjà, aka que cette fille est chiante, on pourrait peut-être parler du putain d'éléphant dans la pièce. » Giya était toujours la plus rapide de nous deux. J'étais un peu jalouse à certains moments de son répondant. A force, je passais pour quelqu'un d'insensible. Bon, ce n'était pas exactement ça, elles ne le pensaient pas, j'étais la seule à me monter la tête à ce sujet mais c'était vexant de ne pas réagir plus rapidement. Encore une fois, j'étais centrée sur moi. Stupide enfant.

« Tu vas pas bien, Nadya, et je vais pas prétendre le contraire juste pour te laisser jouer les sœurs modèles. » Au moins, elle y allait franco, comme je l'aurais fait. On pouvait reprocher ce qu'on voulait à Nadya, elle était la moins brutale des trois, sans aucun doute. J'avais lancé un regard qui en disait long à cette dernière, regard qu'elle comprendrait sans aucun mal. Elle n'était pas stupide. Il valait mieux que je reste silencieuse parce que je risquais d'être mordante à mon tour mais mon langage non-verbal en disait long. Je m'étais posée contre le mur à côté de l'entrée de la chambre dans laquelle Giya se trouvait, en espérant que la plus jeune me suive et qu'on puisse parler sans crier, plus proches les unes des autres.

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Année 41 - saison tempérée 2 (jour 88)

« Au lieu de se répéter sur ce qu'on sait déjà, aka que cette fille est chiante, on pourrait peut-être parler du putain d'éléphant dans la pièce. » Tu sais déjà que tu ne veux pas entendre la suite. Giya n'est pas délicate. C'est un fait. Quand elle commence comme ça on sait que la fin ne sera pas plaisante. Tu n'es pas d'humeur pour cette discussion. Tu ne le seras sans doute jamais si tu cesses de te mentir durant un instant. C'est encore moins le cas lorsque les esprits sont déjà échaudés et qu'elles sont deux pour te coincer dans un coin. Qu'il soit métaphorique ne change rien. Tu ne peux pas passer le restant de tes jours à fuir la maison. « Tu vas pas bien, Nadya, et je vais pas prétendre le contraire juste pour te laisser jouer les sœurs modèles. » Tes lèvres sont pincées. Les sourcils froncés. Si tu cherches à creuser un trou du regard dans le mur c'est un détail. Si c'est le mur de la chambre de Giya justement ce n'est qu'un hasard. Maya te fait bien comprendre qu'elle est de son côté. Elle ne bougera sans doute pas de l'appui qu'elle a trouvé. Tu détestes cette aptitude déroutante qu'elles ont. Celle d'être un couple avec des problèmes qui ne te regardent pas et tes sœurs en même temps. Tu cèdes face au poids des années qu'elles ont eu pour t'apprivoiser. Elles te connaissent. Inutile d'aller contre. Un commentaire sur l'état de ton poignet ne suffira pas. Tu te rapproches. Prends la place de vigile de l'autre côté de la porte. A l'image de Maya. « Vous pouvez pas comprendre. » Tu prononces vers tes chaussures. « C'est comme si l'une de vous n'avait pas aimé l'autre. » Comparaison maladroite. D'autant plus alors que tu as été témoin du début de leur histoire. Les cas n'ont rien à voir. « Je savais que ce serait plus jamais comme avant. Mais là ? » Là... Trop de significations se glissent dans un seul mot. Tu es perdue. « Elle dit qu'elle reviendra. Mais j'ai jamais eu l'impression de perdre quelqu'un comme ça. »

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Giya & Maya & Nadya
A41 SI J88

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Dans le fond, elles étaient toutes des cas, dans des registres différents, avec des caractères plus ou moins difficiles, et des blessures qui divergeaient. C'était un vrai miracle si elles s'accordaient aussi souvent et il fallait pour ça une bonne dose d'amour, à défaut d'avoir suffisamment de patience en stock. Nadya était équilibrée sur la plupart des plans, mais elle avait de quoi être critiquée dès qu'on passait sur le plan relationnel. Tout ce qu'il ne fallait pas l'entendre dire. Qui allait faire des comparassions pareilles alors qu'on adressait le cas de sa meilleure amie ?

- Marrant que ce soit le premier truc qui te vienne en tête.

Qu'elle se moque un peu était peut-être de trop, d'autant plus qu'elle ne pouvait pas exactement comprendre ce que sa sœur ressentait, mais la réciproque était à prendre en compte aussi. Elle n'avait jamais vraiment été amie avec Maya, il y avait toujours eu ce petit truc en plus. Si les sentiments n'avaient pas été partagés, elles n'auraient sans doute pas eu de relation, aussi difficile que ce soit de l'imaginer aujourd'hui.

- T'as pas fini de te comporter comme une meuf qui s'est faite larguer ? Et puis de faire ta victime, à agir comme si seul son avis comptait dans l'histoire. Vous êtes deux dans cette relation, quel quelle soit, t'as le droit de te battre pour la garder.

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Maya & Giya & Nadya

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 88

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« Vous pouvez pas comprendre. » J'avais levé les yeux au ciel. Apparemment, on était au choix, soit connes, soit incapables de faire preuve d'un minimum d'empathie. « C'est comme si l'une de vous n'avait pas aimé l'autre. » J'aurais voulu ne pas entendre ça. Ca ne nous était pas arrivé mais je n'étais pas le genre de personne à pouvoir imaginer quoi que ce soit sans le vivre un tout petit peu. Un peu de trop.

« Je savais que ce serait plus jamais comme avant. Mais là ? » J'attendais la suite sans la brusquer mais avec beaucoup d'impatience. « Elle dit qu'elle reviendra. Mais j'ai jamais eu l'impression de perdre quelqu'un comme ça. » La trouille de perdre quelqu'un, je l'avais connue. C'était pas forcément flagrant mais j'avais eu peur plus d'une fois d'avoir franchi les limites avec Giya, peur qu'elle me laisse parce que j'étais insupportable. Alors oui, je comprenais un peu l'idée, sans prétendre savoir vraiment ce qu'elle vivait.

« Marrant que ce soit le premier truc qui te vienne en tête. » Je n'allais pas mentir, c'était plaisant de voir et d'entendre Giya réagir de la sorte. J'avais préféré ne pas ajouter quoi que ce soit à ce sujet parce que ce serait contre-productif et que ce n'était pas le point de cette discussion. En l'occurrence, il s'agissait de l'état émotionnel de Nadya.

« T'as pas fini de te comporter comme une meuf qui s'est faite larguer ? Et puis de faire ta victime, à agir comme si seul son avis comptait dans l'histoire. Vous êtes deux dans cette relation, quel quelle soit, t'as le droit de te battre pour la garder. » Encore une fois, Giya m'avait arraché les mots de la bouche. A une nuance près, j'étais globalement d'accord avec elle. Sidonie n'était pas seule dans ce bordel et même si elle souffrait, il fallait qu'elle laisse de la place à Nadya, en fonction du courage qu'elle avait en stock.

« T'as toujours été la plus douée quand il s'agissait de communiquer. T'as perdu cette capacité à quel moment exactement ? Ou alors, t'as mis ton cerveau en mode off. Je sais pas. Il est où le blabla habituel autour de l'expression des sentiments et des émotions ? Je pensais qu'il fallait se respecter en toutes circonstances. » J'avais conscience d'être directe, vachement maladroite et qu'en apparence, Nadya n'en avait pas besoin sauf qu'elle devait être bousculée là. C'était vital.

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Année 41 - saison tempérée 2 (jour 88)

« Marrant que ce soit le premier truc qui te vienne en tête. » Giya peut être une vraie hyène parfois. Elle s'attache à un truc, là où ça fait mal, et ne lâche plus. Tu sens que la suite ne va pas te plaire. C'est dans son ton. « T'as pas fini de te comporter comme une meuf qui s'est faite larguer ? Et puis de faire ta victime, à agir comme si seul son avis comptait dans l'histoire. Vous êtes deux dans cette relation, quel quelle soit, t'as le droit de te battre pour la garder. » Tes lèvres se pincent, bloquant un soupir agacé. Tu ne sais jamais quoi faire des sous-entendus. Ce n'est pas la première fois que tu entends ça. Loin de là. Des commentaires il y en avait eu sur une potentielle relation entre Sidonie et toi. Plus tard tu avais compris, tu t'étais dit que ses sentiments à elle avaient envoyé le mauvais message. Mais putain tu le saurais si c'était le cas pour toi ! Pourquoi ça pourrait pas te briser autant de la perdre juste parce qu'elle est l'amie la plus précieuse que tu as ? Pourquoi seul un amour romantique aurait pu tout rendre pire. Ca te saoule. T'as la furieuse envie d'aller passer tes nerfs sur un truc. « T'as toujours été la plus douée quand il s'agissait de communiquer. T'as perdu cette capacité à quel moment exactement ? Ou alors, t'as mis ton cerveau en mode off. Je sais pas. Il est où le blabla habituel autour de l'expression des sentiments et des émotions ? Je pensais qu'il fallait se respecter en toutes circonstances. » C'est dur. Être prise en tenaille comme ça. Deux sur le dos à te faire une leçon sans que tu ne la veuilles. A te balancer des trucs que tu avais sans doute dû prononcer un jour. Il serait tentant de mordre. Attaquer parce qu'elles t'ont dans un coin et que tu n'aimes pas ça. Tes poings se serrent. La douleur plus forte dans ton poignet à cause de la tension mais tu ne t'en soucies pas. T'as le regard baissé, collé au sol. Des picotements que tu détestes aux coins des yeux. Tu passes préventivement ta manche sur ton visage pour chasser toutes tentatives faites par les larmes. « Vous agissez comme si je lui avais pas parlé. Comme si je lui avais pas dit ce que je ressentais. Mais je l'ai fait et on en est là. Lorsque je pense à elle la seule truc que je veux lui dire c'est de pas m'abandonner. C'est tout ce qu'il y a. Juste : reste. »

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année 41 ; saison intermédiaire ; journée 88

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« Vous agissez comme si je lui avais pas parlé. Comme si je lui avais pas dit ce que je ressentais. Mais je l'ai fait et on en est là. Lorsque je pense à elle la seule truc que je veux lui dire c'est de pas m'abandonner. C'est tout ce qu'il y a. Juste : reste. » Elle n'avait décidément pas compris ce que j'avais derrière la tête. J'étais certaine que Giya pensait la même chose que moi, même si je pouvais me tromper mais j'en doutais réellement au fond de moi. Nous savions toutes les deux que Nadya avait eu raison de lui avouer ses sentiments parce que c'était la chose à faire à ce moment-là, pour elle, mais le problème n'était plus là. Il y avait autre chose : cette attitude, cette distance entre elles et le silence au sujet de ce qui la touchait parce que ça ne lui plaisait pas, cette situation bordélique. Ce qui l'empêchait à ce stade d'exprimer tout ça, c'était sûrement cette stupide culpabilité ou un truc dans le genre. J'avais soupiré, pas contre ma sœur mais parce que c'était particulièrement frustrant de la voir chipoter encore et j'étais tentée de les confronter mais j'avais appris qu'on n'arrangeait pas tout de cette manière.

« Ok. Et donc ? Pourquoi tu te tais ? » J'avais hésité un moment avant de l'approcher pour lui tenir la manche du bras droit. Je n'étais pas franchement la plus douée du trio, j'avais quelques lacunes au niveau relationnel mais c'était ma façon à moi de lui dire que j'étais là. Je n'avais pas loupé les larmes aux coins de ses yeux alors je lui témoignais au mieux que je ne voulais pas lui infliger plus de peine, même si elle aurait pu comprendre le contraire.

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Année 41 - saison tempérée 2 (jour 88)

Maya soupire et il y a toujours ce jugement presque affectueux qui irradie de Giya. Tu détestes ça. T'es pas loin de te barrer mais pour aller où ? Le seul endroit où tu voudrais te rendre, tu n'y as plus ta place. Et ça te tue à petit feu. « Ok. Et donc ? Pourquoi tu te tais ? » L'approche de ta sœur est presque de trop. Le contact est à peine existant. Juste ta manche qui s'éloigne de ta peau mais ça en dit trop. Tu n'es qu'un château de cartes qui s'écroule. Miraculeusement un étage tient mais il devient clair que cela ne durera pas. « Parce que j'ai peur qu'elle le fasse quand même. Qu'elle ne reste pas. » Le nœud du problème. Si tu supplies Sidonie de ne pas te laisser tomber et qu'elle te tourne le dos, comment tu te relèves après ?

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