une visite, deux messages (libre)

JAGUARS DU SUD

Alice & ?

année 41 ; seconde saison tempérée ; après-midi 93

une visite, deux messages

Cette fois, j'avais un message formel et un autre moins formel à apporter aux Vipères. Je ne connaissais pas suffisamment les Vipères pour savoir si elles allaient écouter une simple Messagère des Jaguars et coopérer vis-à-vis de cette requête, qu'on l'utilise plus ou moins souvent ou pas. Dans le fond, je me disais qu'elles ne devaient pas être bien différentes de nous, certaines plus promptes à écouter et à transmettre l'information, d'autres moins ouvertes. Etant donné que j'étais connue au moins pour mon rôle, les sentinelles pourraient plutôt avoir tendance à pencher vers la première hypothèse mais je comptais, de mon côté, faire des efforts également pour présenter correctement la chose. Je m'étonnais à plus me faire de mouron au sujet de ce qui ne concernait pas directement mon travail, peut-être parce que je commençais à avoir l'habitude de parler à Théa.

Arrivée aux frontières, j'avais montrer patte blanche comme à chaque visite sur leur territoire. Les sentinelles devaient me connaître depuis le temps. Quant à moi, je n'avais aucun mauvais souvenir les concernant. Alors, j'attendais sagement qu'on me donne le signal. « Je viens porter un message et j'aurais exceptionnellement une requête moins formelle. » Avancer les choses directement était un bon plan selon moi. Je n'avais rien à cacher.

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 93)

Une après-midi à piétiner dans le froid ne peut que te faire du bien. C'est normal comme activité. Familier. Le calme peut faire monter des pensées sombres mais tu as une bonne raison de les chasser parce que tu es là pour faire ton job et que tu as pour habitude de le faire bien. Même si tu ne risques pas de voir beaucoup d'action à la frontière sud. Vous êtes moins nombreuses sur ce pan depuis l'alliance. Juste quelques sentinelles gérant les tronçons entre les vigies mieux équipées. Tu arpentes ta zone, carabine accrochée à l'épaule, lorsqu'on siffle en haut. Messager. Tu adresses un signe vers la vigie avant de te diriger vers le grillage pour jeter un œil vers la silhouette qui approche. Tu n'as pas encore eu l'occasion de rencontrer la nouvelle Messagère des Jaguars mais on dit qu'elle est plus sympa que l'ancienne. Nettement plus respectueuse aussi. Tu ne vas pas t'en plaindre. « Je viens porter un message et j'aurais exceptionnellement une requête moins formelle. » Tu ne jettes qu'un œil distrait à son emblème puisqu'elle a déjà été reconnue par celles d'en-haut avant de tirer la barrière de ta main valide pour la laisser entrer. « Tu vas avoir l'occasion de m'en parler sur le chemin. » Tu glisses avec un demi-sourire en refermant derrière elle avant de signer ton départ à la vigie. Il n'est pas inhabituel que les Messagers servent justement de messagers pour le commun des mortels. Il n'est pas rare non plus qu'on utilise les sentinelles postées aux frontières dans ce même but. « Donc. » Tu commences alors que vous commencez votre périple jusqu'au Labo. « Une requête moins formelle ? »

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année 41 ; seconde saison tempérée ; après-midi 93

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J'étais tombée sur une Vipère qui en plus d'être professionnelle semblait plutôt sympathique, c'était mon jour de veine. Je n'avais jamais eu à me plaindre jusque-là mais ça ne m'empêchait pas d'être à chaque fois heureuse en constatant qu'elles ne me regardaient pas de haut. Alliance ou pas, elles n'étaient pas obligées à répondre à une requête informelle, elles y étaient invitées mais ça n'empêchait pas que Théa pourrait ne pas croire une Jaguar qui se plaignait. J'étais à peu de choses près une inconnue et tout au moins une étrangère, ce n'était pas surprenant de défendre les siens et je n'allais pas révolutionner le monde.

« Tu vas avoir l'occasion de m'en parler sur le chemin. » J'avais hoché de la tête, un peu nerveuse mais moins qu'à mes débuts. Sans parler des conseils de Kahlan qui aidaient mine de rien. Je devais arrêter d'envisager le pire dans ma tête et d'imaginer que les autres me voyaient forcément comme un élément faible. Surtout quand elles ne connaissaient pas la réalité de Joshua.

« Donc. Une requête moins formelle ? » Je m'étais tournée vers elle, prenant le temps de deviner son état avant de l'épuiser inutilement. J'étais bel et bien tombée sur une fille drôlement coopérative. L'ambiance aurait sûrement été d'un autre genre chez les Dragons.

« Erin, la sœur de Yara aurait aimé l'inviter à la prochaine ouverture du quartier des jeux. » J'avais peur de mal transmettre le message alors je m'étais contentée des faits. Je ne voulais pas que ce soit mal interprété et ça risquerait d'être encore modifié à moins d'être factuel. « Elle n'est pas en état d'aller jusqu'au bar à drogue. Elle doit faire attention à elle depuis la tempête. »

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 93)

« Erin, la sœur de Yara aurait aimé l'inviter à la prochaine ouverture du quartier des jeux. » Tu as un froncement de sourcils léger pendant que tu réfléchis. Le premier nom ne t'évoque pas grand chose. Tu as beau avoir des connaissances parmi les Jaguars tu es loin de tous les connaître. Et puis tu restes jeune. Ils sont nombreux les transfuges que tu n'as jamais eu l'occasion de croiser chez les Vipères. Même ici difficile de connaître tout le monde même si être sentinelle aide. A force on fait des rencontres, on apprends à retenir des noms dans tous les cercles parce que cela arrive à tout le monde de rôder du côté des frontières. Plus encore depuis que tous les Membres assument des gardes avec tous les événements qui se sont enchaînés. Le second nom est un peu plus familier. Parce qu'il a tourné récemment. Une nouvelle Membre que tu dois sans doute avoir croisé. Le prénom t'est aussi resté plus en mémoire parce qu'elle bosse dans le même milieu que Maya. « Elle n'est pas en état d'aller jusqu'au bar à drogue. Elle doit faire attention à elle depuis la tempête. » Rien d'étonnant jusque là. La demande est toute aussi habituelle. Ce ne sera pas la première fois que tu auras à aller vers une autre Vipère avec un tel message. « Je devrais pouvoir lui mettre la main dessus sans trop de difficultés. » Tu ne vas pas non plus cracher sur cette occasion de t'occuper un peu en dehors du boulot. « Rien d'autre ? »

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« Je devrais pouvoir lui mettre la main dessus sans trop de difficultés. » J'avais acquiescé d'un mouvement de la tête et d'un merci discret qu'elle entendrait sans problème. J'étais soulagée pour Erin parce que ça semblait lui tenir à cœur et la chance lui souriait, ce qui n'était pas si évident que ça, même entre clans qui devaient nouer de bons liens pour le bien de l'alliance.

« Rien d'autre ? » J'avais cette fois tourné ma tête de gauche à droite, signe que je n'avais rien à ajouter. J'avais bien une question sur le bout de la langue mais ça ne me regardait pas, même si ça partait d'une bonne intention. Revenir sur le sujet sensible des malades lors du voyage ne ferait que remuer le couteau dans la plaie et je ne la connaissais pas, je pouvais faire plus de mal que de bien. Alors j'avais gardé tout ça pour moi, avançant en silence.

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Année 41 - saison tempérée 2 (après-midi 93)

Ce n'est qu'une intuition. Un petit quelque chose qui te titille. Comme trois points de suspension qui flotte dans l'air. Tu l'observes du coin de l'œil pendant que vous marchez. Peu sûre parce que tu ne la connais pas. Que tu te fais sans doute des idées. Mais tu as cette impression qu'elle veut communiquer autre chose. Tu as dû apprendre à percevoir les subtilités chez les autres. D'abord avec ton père pour évaluer ses humeurs. Puis avec tes sœurs parce qu'elles n'avaient pas le caractère facile et pouvaient ne pas se montrer très bavardes. Savoir quand pousser ou non était important. Cela évitait les prises de bec inutiles. C'est différent avec les étrangers. Dans ce cas-ci elle n'est pas vraiment fermée. Ca aide sans doute. « Oui ? » Tu as la tête tournée dans sa direction cette fois. Directe mais en rien dure ou hostile. « Je me trompe ou il y a bien un truc que tu veux dire ? » Tu souris un peu. « Je vais pas mordre. Je ne fais ça qu'avec les intrus. »

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« Oui ? » Une fois de plus, j'avais été grillée, ce qui ne me dérangeait pas, j'avais conscience que je n'étais pas née espionne. Je ne lui en voulais même pas de chercher à comprendre ce que j'avais sur le bout de la langue, c'était même légitime, c'était moi le problème, je n'aurais pas dû avoir une telle posture évocatrice. Si je n'avais pas eu peur de blesser les Vipères et elle en particulier, j'aurais tout dit spontanément mais cette peur était encore trop grande. Jusqu'à ce que me vienne la remarque de Kahlan, son conseil essentiel : arrêter d'être dans ma tête.

« Je me trompe ou il y a bien un truc que tu veux dire ? » Je m'étais gratté nerveusement le front. Je ne cherchais pas à fuir l'échange, je voulais me montrer courageuse pour une fois et prouver qu'elle dégageait suffisamment de sécurité tant dans son comportement que dans sa voix et dans les choix des mots. « Je vais pas mordre. Je ne fais ça qu'avec les intrus. » Elle réussit même à m'arracher un petit rire, ce qui était rare depuis de trop nombreuses saisons.

« Tu n'en as pas conscience mais ce que tu viens de faire, c'est un vrai miracle. » J'espérais ne pas l'effrayer avec une telle réflexion mais, pour une fois, je m'étais autorisée à être un peu plus moi-même. « Je ne sais pas trop comment l'amener mais je m'inquiétais un peu du retour de vos Membres qui sont parties en voyage. Je sais bien que je ne suis qu'une Jaguar mais je me fais moi-même un sang d'encre au sujet de quelqu'un touché par cette maladie. »

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Elle n'est pas si à l'aise. Peut-être timide ? Ou intimidée par le boulot ? Elle n'a pas l'âge d'une jeune Membre mais elle n'est pas Messagère depuis si longtemps. Elle se déride un peu à ta blague pourrie et tu songes que ce n'est pas une mauvaise chose. Tu préfères laisser une bonne image aux Messagers. Qu'ils n'aillent pas raconter des trucs sur les Vipères à cause d'une mauvaise rencontre. « Tu n'en as pas conscience mais ce que tu viens de faire, c'est un vrai miracle. » Tu te contentes de l'observer. Un peu confuse. « Je ne sais pas trop comment l'amener mais je m'inquiétais un peu du retour de vos Membres qui sont parties en voyage. Je sais bien que je ne suis qu'une Jaguar mais je me fais moi-même un sang d'encre au sujet de quelqu'un touché par cette maladie. » Sujet différent. Tu peux t'adapter. « Je suis chanceuse les filles qui comptent le plus pour moi sont restées sur le territoire. » Il y en a d'autres pour qui tu t'inquiètes bien sûr. Mais la donne aurait été différente si Maya, Giya ou Sidonie avaient été du voyage. Le départ de Tobias devrait être une vraie source d'inquiétude mais tu dois encore une fois te rendre à l'évidence : il compte peu dans ton quotidien. Tu lui souhaites d'être en vie mais tu ne te ronges pas les sangs pour lui. « Chacun gère comme il le peut. Même chose chez vous je suppose. Et désolée. C'est jamais facile quand quelqu'un qu'on aime souffre. »

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Il aurait été difficile de ne pas remarquer que je l'avais perdue avec mon message codé. Je n'aurais pas dû l'ennuyer avec ça, la pauvre, elle ne pouvait pas comprendre le personnage que j'étais et elle n'avait pas à être embarrassée de ça en plus. Je n'avais pas perdu ma maladresse légendaire quand il s'agissait de communiquer correctement avec les autres. J'entendais Kahlan me répéter que c'était dans ma tête mais cette fois-ci, je lui aurais donné tort sans hésitation.

« Je suis chanceuse les filles qui comptent le plus pour moi sont restées sur le territoire. » J'avais souri en l'observant. Elle avait vraiment l'air soulagé quand elle disait ça et une part de moi était sincèrement heureuse d'apprendre qu'elle ne comptait pas de perte parmi son entourage, ni de malades. Je lui avais juste glissé un tant mieux discret dans la discussion pour ne pas l'ennuyer davantage. Ca ne devait pas courir les rues les étrangères qui vous avouaient franchement être heureuses pour vous aussi gratuitement et je ne voulais pas laisser de mauvaise impression.

« Chacun gère comme il le peut. Même chose chez vous je suppose. Et désolée. C'est jamais facile quand quelqu'un qu'on aime souffre. » Je m'étais pincé les lèvres, un sourire un peu plus discret. Cette fille était vraiment adorable, ce n'était pas étonnant qu'elle soit une sentinelle, elle savait y faire avec celles et ceux qui débarquaient sur le territoire des Vipères.

« C'est gentil. J'avoue que j'aurais aimé être là pour elle, même si elle est forte mais je crois que c'est la même chose pour tout le monde. On veut être là pour les siens. » C'était encore bateau et elle devait se demander sur qui elle était tombée mais, après tout, je devais m'exprimer davantage ailleurs que dans ma tête. Alors, je respectais le marché.

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« C'est gentil. J'avoue que j'aurais aimé être là pour elle, même si elle est forte mais je crois que c'est la même chose pour tout le monde. On veut être là pour les siens. » Que tu comprends ce sentiment. Ce besoin viscéral que pourtant tu dois dompter quand tu fais partie des chanceuses. Malgré la proximité de Sidonie, ton inquiétude ne pourrait être plus vive. Mais puisque tu es la raison de sa souffrance, ton aide est clairement superflue. Aussi destructrice que cette pensée soit. Si impossible à accepter. Ton humeur s'assombrit à chaque pas avec ce rappel qui remonte de tes tripes. Heureusement le Labo est proche. Tu comptes bien terminer ton boulot sans paraitre rude. Après tout elle n'a rien à voir avec tout ça. Tes émotions s'emboitent juste dans un puzzle mal pensé ces derniers temps. Et comme tu ne la connais pas, difficile de partir vers un topic plus léger, quelque chose qui te changera les idées. « J'oublierais pas le message à Yara. » Tu glisses avant d'accélérer pour échanger deux mots avec une des sentinelles proches de l'entrée. L'explication est courte et tu n'es pas mécontente de trouver une Membre facile à vivre pour mener la Messagère à Théa. « Bonne chance pour le trajet retour. » Il y a un sourire qui étire un peu tes lèvres. « Ah et je m'appelle Nadya. Vu qu'on risque de se recroiser. »

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