please, tell me you just want to see me ft. Zeke

LOUTRES DE L'EST

Romane & Ezekiel

année 41 ; saison intermédiaire ; jour 77

please, tell me you just want to see me

Après une saison polaire qui ne semblait pourtant pas s'arrêter réellement, des jours de travail dans cette infirmerie, avec des Dragons toujours plus ingrats, je comptais bien profiter pleinement de cette journée à l'hôpital. Je risquais effectivement d'avoir froid sur le chemin qui promettait d'être long, mais ça en valait la peine. La promesse d'un jour meilleur - loin de ces goujats - me donnait toute la motivation nécessaire pour braver ce temps détestable. J'avais même glissé à Kaiden de prétexter tout et n'importe quoi pour m'y retrouver. Il était beaucoup trop bizarre depuis quatre jours. S'il ne trouvait pas le courage de le faire, c'était certain, le soir même, j'irais jusque chez lui, sans toquer. Hors de question de le laisser sciemment dans le vague plus longtemps. C'est pas comme si j'étais un simple membre de son équipe. Lui et moi, c'était beaucoup plus que ça. Beaucoup plus encore que de simples ex-copain et ex-copine.

La motivation n'avait pas eu l'effet escompté plus de quelques minutes. Je grognais déjà, pestais à tort et à travers, à cause de ce vent glacial. Certes, l'humidité n'était plus, mais c'était tout. Les températures ne grimpaient que très - trop - légèrement. Les couches étaient suffisantes mais je ne pouvais pas m'empêcher de craindre pour la survie et l'état général de mes mains. Elles sont pourtant si précieuses - bien plus encore que la patience. On pouvait se passer de la patience quelques fois, mais sans mains, impossible de travailler. Je serais incapable de faire même la plus petite des tâches qui nous incombent. « Ne m'abandonnez pas maintenant ! » Je soufflais à intervalle régulier sur mes extrémités supérieures, histoire de les réchauffer un tant soit peu. Quand ce n'était pas le cas, je les cachais soigneusement sous mes aisselles. Tout pour les garder. J'avais le sentiment que les conditions climatiques étaient pires de saison polaire en saison polaire. Ce n'était absolument pas du cinéma, ni de l'exagération. Elles pouvaient bien dire ce qu'elles voulaient, rigoler, je savais très bien ce que je disais. Je les aimais bien, Cassie et Milane, sauf quand elle me traitait de grincheuse professionnelle. Il y avait de quoi me surnommer de la sorte, d'après ce qu'elles disaient. Elles n'étaient pas aussi consciencieuses que moi, selon mon propre point de vue. Je leur répétais d'ailleurs sans cesse, comme une vieille mamie, qu'elles verront bien, un jour, qui avait raison.

Je m'étais pressée pour être la première à l'intérieur. Même si elles travaillaient sérieusement, je savais qu'elles n'étaient pas aussi passionnées - dingues - que je ne l'étais. Elles y allaient en douceur, là où je me préparais soigneusement mais dans l'excitation. Je m'étais débarrassée du surplus, ce ne serait pas utile dans le bâtiment. Je voulais voir d'autres têtes que celles de ceux qui pouvaient me mépriser pour mon rang de simple Soumise, bien que native. J'avais peu de chance de tomber sur l'un des emmerdeurs ici-même, heureusement. Dans les couloirs, j'avais reconnu une silhouette que je n'avais plus croisée depuis déjà un bon moment. Peut-être même une ou deux saisons. « Zeke ! » Je lui fis signe avant de m'approcher de lui. « Rassure-moi, c'est pour une simple petite visite de routine ? J'aime bien ta compagnie mais moins les mauvaises nouvelles qui pourraient aller avec ça. » Je savais bien qu'il en avait bavé et j'avais peur du pire. C'était typiquement le genre de personnes que j'aurais préféré croiser ailleurs qu'à l'hôpital ou, justement, pour une simple petite visite de courtoisie.

AVENGEDINCHAINS

_________________

proud to be stubborn

≈ i don't care about your crown, you're nothing but a child.

JAGUARS DU SUD

please, tell me you just want to see me
Année 41, saison intermédiaire (jour 77)

L'étape n'est pas obligatoire. Ton état ne demande plus de passage à l'hôpital depuis un moment déjà mais tu as des moments de paranoïa qui ne peuvent être calmés que par ceux qui t'ont aidés à traverser la maladie. Tu ne te sens ni bien, ni mal. Plus fatigué, qu'affecté par de quelconques problèmes respiratoires. Tu ne pourrais de toute façon pas faire ce voyage dans le cas contraire. Une visite là-bas est aussi une façon de te changer les idées. Tu as besoin de voir d'autres têtes, de penser à autre chose. Au QG, tu ressens depuis quelques temps une tension désagréable que tu ne peux que trop bien expliquer mais contre laquelle tu ne peux rien. C'est tout le problème. Tu te sens profondément inutile ces derniers temps. Tu as vu des gens de ta fournée retrouver l'activité en reprenant du service mais ça n'a pas été ton cas. Tu n'as même pas essayé de repasser ton test. Parfois il fallait savoir se regarder en face et c'est ce que tu as fait.Ta forme n'est plus celle d'autrefois et tu ne veux vraiment pas être une gêne. Même si cela signifie que tu te prives d'une occasion en or de rattraper un temps que tu pensais perdu et qui l'était donc définitivement maintenant que le choix était fait. A l'hôpital, rien n'avait vraiment changé. De nouvelles têtes, il y en avait mais tu pouvais toujours reconnaître des soigneurs. Les plus âgés étaient toujours les plus constants. Tes pas t'avaient portés dans les couloirs par habitude pour aller voir le vieux docteur que tu avais fini par voir comme une sorte de figure paternelle dans tes pires moments. Il avait toujours été là avec un sourire confiant et ses demi-lunes aux verres fêlés. « Zeke ! » Machinalement tu t'étais retourné vers cette voix tout droit venu du passé. « Rassure-moi, c'est pour une simple petite visite de routine ? J'aime bien ta compagnie mais moins les mauvaises nouvelles qui pourraient aller avec ça. » Tu as un sourire qui se veut rassurant et heureux à la fois. C'est une bonne surprise. « Romane. Ça fait une éternité. » Dans votre monde, c'est vraiment le cas. Il peut se passer beaucoup de choses en une saison ou deux. « Pas de mauvaise nouvelle en vue. Je suis juste venu voir le vieux Marin. Par superstition je pense. » Une visite à l'homme est peu cher payée pour une saison de tranquillité. « J'allais commencer à croire que tu ne bossais plus ici. Je suis venu quelques fois avant le grand froid. Manque de chance je suppose. » Tu es bien conscient qu'elle est une Dragonne mais même sans la neutralité des lieux ça t'importe peu. Romane est avant tout un être humain fantastique qui a été présent lors de ta convalescence. Toutes les histoires politiques n'ont rien à voir avec vous et tu ne lui tiendras jamais rigueur d'actes sur lesquels elle n'a aucune prise.

LOUTRES DE L'EST

Romane & Ezekiel

année 41 ; saison intermédiaire ; jour 77

please, tell me you just want to see me

« Romane. Ça fait une éternité. » Fidèle à lui-même, Zeke m'avait répondu avec toute la gentillesse dont il pouvait faire preuve. C'était ce qui me plaisait chez lui, il était capable de faire la différence entre les conneries des clans et nous, tout simplement. Le fait de se trouver dans l'hôpital aidait mais ça ne faisait pas tout. Certains s'obstinaient à nous voir comme des Soumis de clans et s'ils ne nous reconnaissaient pas, ils pouvaient avoir un jugement trop rapide. Là où je fuyais mon propre clan comme la peste - j'exagérais à peine -, certains ne supportaient d'être soignés que par leurs clans, justement. Ah, les Dragons. Non, ne pas penser à eux, pas quand j'avais droit à la visite d'un de mes patients préférés. Il n'était plus uniquement ce patient. J'étais vraiment attaché à lui, je me souciais vraiment de lui. Noâ aussi. C'était simplement plus compliqué de la voir elle. Les occasions n'étaient déjà pas nombreuses quand il s'agissait de Zeke, mais alors elle...

« Pas de mauvaise nouvelle en vue. Je suis juste venu voir le vieux Marin. Par superstition je pense. » Sa remarque m'arracha un sourire. Lui, au moins, il était sérieux et ça faisait un bien fou. Je savais qu'il ne se laisserait pas mourir, même si ça voulait dire venir pour deux fois rien. Je préférais largement des personnes qui, comme lui, connaissaient leurs limites et leurs corps, accessoirement. Samuel avait appris tout doucement. Violette... Je ne savais pas quoi en penser. Je me rappelais de l'état dans lequel elle était revenue un peu avant toute cette misère et j'étais amère. « Si ça te fait peur, c'est toujours une bonne chose de faire vérifier ça. Mais je n'ai rien à t'apprendre. Tu vas devoir attendre un tout petit peu, par contre, il est occupé. » Tout était tellement plus facile avec quelqu'un d'aussi conciliant que lui. Ce n'était pas simplement conciliant, non, il était mature. On ne pouvait pas en dire autant de la part de tout le monde. En attendant, je lui avais proposé de s'asseoir sur une chaise, en profitant pour m'asseoir, moi aussi.

« J'allais commencer à croire que tu ne bossais plus ici. Je suis venu quelques fois avant le grand froid. Manque de chance je suppose. » Quand je le voyais, je me demandais s'il y avait une justice. Evidemment qu'il n'y en avait pas dans ce monde. Il était si prévenant, si gentil et il avait dû subir tout ça, quand d'autres crevards se portaient trop bien. « Oh, tu sais bien, les jours de repos et les obligations avec les Dragons, les êtres les plus patients au monde. Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? » J'avais beau critiquer les Dragons, j'aimais mon clan, d'un amour vache. En plus, je savais qu'avec lui, je pouvais être sincère. Il n'en dirait rien.

AVENGEDINCHAINS

_________________

proud to be stubborn

≈ i don't care about your crown, you're nothing but a child.

JAGUARS DU SUD

please, tell me you just want to see me
Année 41, saison intermédiaire (jour 77)

« Si ça te fait peur, c'est toujours une bonne chose de faire vérifier ça. Mais je n'ai rien à t'apprendre. Tu vas devoir attendre un tout petit peu, par contre, il est occupé. » Tout le monde n'est pas de cet avis. C'est d'ailleurs pour ça que tu tais généralement les raisons de tes visites ici. Ça ne regarde personne en soi. Si tu veux voir le vieux Marin peut-être est-ce aussi dans l'espoir de pouvoir parler avec quelqu'un qui est bien loin de ton clan et de ses embrouilles. Tout bon confident que tu sois, tu as aussi besoin de relâcher la pression parfois. Il t'aide aussi à prendre du recul sur certaines situations. « Pas de problème. Je ne suis pas pressé. » Ce temps est à double-tranchant. Du travail il y en a mais il occupe certaines périodes seulement. Il demande d'être abattu rapidement et après c'est le vide. Heureusement que tu ne ressens pas ce besoin d'être constamment occupé. Tu en connais qui galèrent bien plus à ce niveau. Tu as cette chance de savoir prendre le moment comme il vient. D'accepter de t'asseoir en attendant sans considérer que tu perds ton temps. C'est une occasion comme une autre de laisser la vie te surprendre. Au moins tu as la chance de converser avec une vieille connaissance retrouvée. « Oh, tu sais bien, les jours de repos et les obligations avec les Dragons, les êtres les plus patients au monde. Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? » Comme le changement a dû être complexe. Même si tu lui reconnais quelques traits très dragons, il t'est toujours difficile de l'imaginer vraiment parmi eux. De ce que tu sais d'eux, tu songes que sa vie sur son territoire doit être plutôt usante. « On essaye de passer la saison, comme tout le monde. Je ne vais pas me plaindre je suis plutôt bien loti au vu de mes relations. » Noâ évidemment. Inutile de faire des cachotteries avec une personne qui a été le témoin de tant de choses durant ta période noire. « On m'a donné l'occasion de repasser mon test. » Ton sourire reste présent mais il se ternit un tout petit peu. Au fond ça reste une désillusion même si tu ne regrettes pas ton choix. « J'ai préféré la prudence. Aussi alléchante soit la possibilité, je ne veux pas devenir un poids pour mon clan. » Tu l'as déjà trop été même si tu évites généralement de t'apensentir là-dessus. Le passé est le passé et ce choix n'a pas été que le tien. « Tu dois être soulagée d'être de retour ici. C'est plus de liberté je suppose. Et ça n'a pas dû facile là-bas avec ce qu'il s'est passé. Il y a dû avoir des blessés, je suppose. » Les informations à ce sujet sont peu nombreuses. Tu t'attaques aussi là à un sujet sensible mais tu ne veux pas qu'il y ait de tabou entre vous.

LOUTRES DE L'EST

Romane & Ezekiel

année 41 ; saison intermédiaire ; jour 77

please, tell me you just want to see me

« Pas de problème. Je ne suis pas pressé. » Ça ne m'étonnait vraiment pas de la part de quelqu'un comme Ezekiel. Il était d'un naturel patient et compréhensif, là où la majorité des cas sur lesquels je tombais chez les Dragons voulaient tout dans l'immédiat. Si je n'avais pas eu la possibilité de travailler au sein de l'hôpital, j'aurais oublié depuis longtemps qu'il existait encore des personnes qui ne pensaient pas être le centre de l'attention ou me parlaient comme à un sbire de bas étage. L'hôpital était une source d'air frais incroyable. Tout le monde ne pouvait pas comprendre ce point de vue mais malgré le bordel parfois incroyable, je m'y sentais bien. Me fatiguer en ces lieux n'était pas un problème, c'était naturel. « Je veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais tu as déjà songé à avoir des enfants ? Je veux dire que ce serait pas un mal pour Paris d'avoir plus de mini-Zeke. » En effet, je me mêlais indirectement de ce qui ne me regardait pas et j'espérais que je ne mettais pas les pieds dans le plat mais l'idée principale était claire : je ne parlais pas de son désir ou non d'avoir des enfants mais je sous-entendais que lui, plus que d'autres, permettrait de faire perdurer le respect et la bienveillance.

« On essaye de passer la saison, comme tout le monde. Je ne vais pas me plaindre je suis plutôt bien loti au vu de mes relations. » Encore une fois, il faisait preuve d'humilité. Je ne connaissais pas suffisamment les Jaguars - ou plutôt la vie interne de ce clan - mais si ça se passait de la même manière que chez nous, je ne niais pas sa chance d'avoir Noâ comme amie. Noâ ne ressemblait pas aux Chefs Dragons qui gardaient sans mal cette hiérarchie presque humiliante, alors, dans ma tête, je n'envisageais pas une vie aussi cruelle pour ceux qui n'étaient pas bien placés mais cela ne restait que des hypothèses sans fondement. Autant ne pas réagir là-dessus pour ne pas le froisser. « On m'a donné l'occasion de repasser mon test. » Ah, ce fameux test que les Jaguars pouvaient repasser. J'avais entendu ça à l'hôpital, avant cette saison meurtrière. « J'ai préféré la prudence. Aussi alléchante soit la possibilité, je ne veux pas devenir un poids pour mon clan. » J'avais bien vu son visage décliner. Même quand il avait le choix de briller à nouveau, il pensait au bien de son clan. J'en étais sidérée. Je lâchai un soupir, un peu désolée, mais surtout admirative de tout ce qu'il était. « Rien que pour ça, ton clan devrait te respecter encore plus que ceux qui se sont relancés dans cette vie palpitante. » Vie palpitante que j'avais refusée un nombre incalculable de fois et ce, même si Klaus avait insisté pendant un temps.

« Tu dois être soulagée d'être de retour ici. C'est plus de liberté je suppose. Et ça n'a pas dû facile là-bas avec ce qu'il s'est passé. Il y a dû avoir des blessés, je suppose. » C'était inévitable. Ce sujet allait forcément être mis sur le tapis, même si on me considérait pour ce que j'étais, Romane et non juste Romane, la Dragonne. Il prenait des pincettes, c'était tout à son honneur. J'étais également consciente qu'il ne me jugeait pas pour les décisions prises tout en haut, pas uniquement parce que j'étais une Soumise, mais parce qu'il connaissait la réalité d'un clan et de ses gradés. Je pouvais prétendre ce que je voulais, évoquer ça avec quelqu'un qui n'avait pas dû subir tout ça, même si ce n'était pas un Aigle, c'était difficile. Mon regard s'était assombri, j'étais tout de suite plus sérieuse, plus grave. « S'il n'y avait eu que des blessés. Certains étaient dépêchés à l'Infirmerie mais nous ne pouvions tout simplement plus rien faire. Même si les apparences laissaient croire qu'ils allaient mieux, certains y passaient peu de temps après. C'est le métier. Je suis rodée, mais malgré tout, ça reste une horreur sans nom. Je n'ose pas imaginer à quoi ressemblait le champ de bataille. » Je pris une bonne respiration, le temps d'une pause. « Je n'étais pas prête pour ça. J'en veux à mon clan. Je ne comprends pas la décision qui a été prise au-dessus. Mais je ne l'ai pas caché. » J'avais chuchoté ces mots, après m'être assurée qu'il n'y avait pas d'oreilles baladeuses. Je risquais gros, si ça arrivait aux oreilles de Samuel.

AVENGEDINCHAINS

_________________

proud to be stubborn

≈ i don't care about your crown, you're nothing but a child.

JAGUARS DU SUD

please, tell me you just want to see me
Année 41, saison intermédiaire (jour 77)

« Je veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais tu as déjà songé à avoir des enfants ? Je veux dire que ce serait pas un mal pour Paris d'avoir plus de mini-Zeke. » C'est si soudain que tu hoquettes sous la surprise. C'est à se demander d'où cette idée lui vient. Avoir des enfants n'est pas anodin. Même si tu n'as aucun contrôle - ou presque - là-dessus, tu tiens à être sérieux. Tu accueilleras bien sûr chaque enfant qui viendra mais tu n'as pas la sensation d'être totalement prêt. Sans parler du fait qu'un bébé se fait à deux. « J'y ai déjà pensé oui. Et ce ne serait pas désagréable je le reconnais. » Un peu gêné, tu te grattes la tête en baissant le regard. Tu sais bien qu'il n'y a aucune raison de réagir comme ça mais c'est plutôt étrange que quelqu'un te pousse à y repenser. « Tu devrais peut-être y songer aussi. » Car les Dragons mériteraient selon toi d'avoir plus de gens comme Romane. Tu ne les connais pas beaucoup mais tu ne doutes pas que la situation serait différente si c'était le cas. Son soupir ne t'échappe pas mais tu ne le comprends qu'un peu plus tard. « Rien que pour ça, ton clan devrait te respecter encore plus que ceux qui se sont relancés dans cette vie palpitante. » Tu n'es pas totalement de son avis car c'est courageux de reprendre sa carrière après une pause. Après un service bien remplis, les Anciens avaient tous les droits de désirer profiter de leur vie plutôt que de se remettre en danger. « Je n'ai pas à me plaindre, tu sais. Ils me rendent bien le mouron que je me fais pour eux. » Pour la plupart. Tu as une bonne relation avec les Membres. Avec certains plus que d'autres naturellement. Tu es respecté aussi mais pas que pour ton passé. Tu as cette chance d'avoir pu gagner leur respect grâce à tes actions, juste en te souciant d'eux et en cherchant à les aider. Tu n'as pas voulu la mettre dans une mauvaise position en parlant de l'attaque mais une pointe de curiosité te pousse à ne pas reculer. Tu as besoin de savoir ce qu'il en est vraiment. De prendre la température avec quelqu'un qui a ton confiance. « S'il n'y avait eu que des blessés. Certains étaient dépêchés à l'Infirmerie mais nous ne pouvions tout simplement plus rien faire. Même si les apparences laissaient croire qu'ils allaient mieux, certains y passaient peu de temps après. C'est le métier. Je suis rodée, mais malgré tout, ça reste une horreur sans nom. Je n'ose pas imaginer à quoi ressemblait le champ de bataille. » On a rarement parlé des morts chez les Dragons. Difficile de se soucier de ce détail devant l'ampleur du massacre et le traumatisme laissé aux rescapés. Tu l'écoutes silencieusement, posant une main sur son épaule pour la soutenir alors qu'elle semble peiner un peu à s'exprimer. « Je n'étais pas prête pour ça. J'en veux à mon clan. Je ne comprends pas la décision qui a été prise au-dessus. Mais je ne l'ai pas caché. » Son chuchotement te pousse à te pencher un peu, ajoutant une touche plus intime à cette conversation qui se doit de rester secrète. Tu comprends qu'elle préfère éviter les ennuis. « Je suis désolé que tu ais dû subir ça. » Tu chuchotes à ton tour. « Ce n'est pas pareil mais je peux comprendre. Je sais ce que c'est d'avoir un Chef qui prends des décisions que tu ne comprends pas, auxquelles tu n'adhères pas. C'est terrible de ne pas se reconnaître dans le chemin que prends ton clan car c'est une position impossible. »

LOUTRES DE L'EST

Romane & Ezekiel

année 41 ; saison intermédiaire ; jour 77

please, tell me you just want to see me

J'aurais certainement mieux fait de me retenir, après tout, évoquer le fait d'avoir un enfant renvoyait à un tas d'autres objectifs ou envies liées à cette nouvelle venue. Au-delà de ça, je ne connaissais pas sa vie privée, même si on avait appris et on apprenait toujours à se connaître. Le hoquet que j'avais entendu était un signal, celui me rappelant que j'avais peut-être - sûrement - franchi une limite. Seulement, je n'étais pas du genre à me limiter aux banalités ou à la politesse presque hypocrite. Je ne cachais pas ce que je pensais, même si je prenais plus ou moins de pincettes en fonction de la situation et de la personne. Que ce soit à tendance positive ou à tendance stimulante, du style du coup de pied au cul, je n'hésitais jamais. C'était ce qui m'avait permis de tenir tête à quelqu'un de la trempe de Samuel, quoi qu'on puisse en dire. « J'y ai déjà pensé oui. Et ce ne serait pas désagréable je le reconnais. » Il était gêné, c'était indéniable. Je ne l'avais jamais vu aussi embarrassé. J'avais très certainement touché un point sensible, même si, heureusement, ça ne tournait pas au désastre. « Tu devrais peut-être y songer aussi. » Et contre toute attente, j'avais rougi. La première image qui me vint à l'esprit, ce fut évidemment Samuel. On n'était pas forcément loin dans une potentielle histoire amoureuse mais que cette image me vienne aussi spontanément en disait long. Sans parler de mon comportement de petite bleue lors de ma dernière visite en saison polaire. « Je ne suis pas certaine qu'il me supporte... » Qu'il ? Sérieusement ? Il fallait tout doucement que j'apprenne à reprendre du poil de la bête. J'étais ridicule.

« Je n'ai pas à me plaindre, tu sais. Ils me rendent bien le mouron que je me fais pour eux. » A force d'entendre des anecdotes, ça donnait envie de vivre chez les Jaguars. On avait beau cracher sur ce clan, le traiter de clan faible, leur philosophie me plaisait beaucoup. Si je n'avais pas eu mes parents et une véritable attache à mon clan, mine de rien, j'aurais aimé vivre sur le territoire sud. J'avais encore une impression de pouvoir faire évoluer les choses chez les Dragons, quelque part au fond de moi. « Ça va, je n'aurai pas à leur taper la tête pour que ça rentre dans leurs crânes s'il m'arrivait d'en croiser sur le chemin ou dans l'hôpital même. » Je savais que je pouvais me permettre ce genre de blagues un peu particulières parce qu'il avait appris que je n'usais pas de violence gratuitement. Seulement avec les patients réticents et pour leur bien.

Qu'il pose sa main sur mon épaule me fit beaucoup de bien. Ce n'était pas surprenant, il était doux et avait la fibre paternelle mais ce n'était pas anodin non plus. Jusque-là, nous n'avions pas eu beaucoup d'occasions de partager des événements aussi lourds de sens. Plus encore, je me sentais coincée dans le camp des orgueilleux et monstres. Ce n'était pas évident tous les jours, encore moins face à tout le monde. Il n'était pas indiqué sur mon front que j'étais une Dragonne mais certains le savaient. J'étais une Soumise et les regards étaient différents mais n'étaient plus totalement les mêmes qu'avant cette horreur. Alors, j'avais pris sa main dans la mienne, pour me raccrocher à quelque chose. Je jouais les dures mais un soutien réel, de temps en temps, ça n'allait pas me rendre plus faible, au contraire. J'en avais besoin mais je ne le demandais pas forcément. Question d'habitude. « Je suis désolé que tu ais dû subir ça. » En guise de réponse, je lui avais offert un sourire qui en disait long, de ces sourires lourds et crispés mais doux, la reconnaissance soulignée par le regard. « Ce n'est pas pareil mais je peux comprendre. Je sais ce que c'est d'avoir un Chef qui prends des décisions que tu ne comprends pas, auxquelles tu n'adhères pas. C'est terrible de ne pas se reconnaître dans le chemin que prends ton clan car c'est une position impossible. » J'avais entendu parler de ce règne, même si j'étais encore jeune à cette époque. Le rappel à ce règne dévastateur avait été la rébellion menée par des dissidents, convaincus par le règne de leur ancien Chef. Ce même clan qu'on supposait être un clan poubelle avait survécu sans aide extérieure. Ils étaient bien plus forts qu'on ne le disait. Les Dragons avaient beaucoup plus de moyens et pourtant ils attaquaient encore comme des fourbes. Sans parler de la muraille. Des lâches. « Je vais jouer l'avocat du diable mais je pense qu'il y a du bon en Samuel. J'en suis même convaincue. Ça ne veut pas dire que ses décisions sont bonnes. » Ce que je disais était d'autant plus révoltant après ce que nous avions fait. « Parfois, je me dis que les Jaguars m'auraient mieux convenu mais je peux pas totalement détester les Dragons. Même pas celui qui se trouve à leur tête. C'est ridicule, tu ne crois pas ? » Cette dualité en moi me bouffait quand j'y repensais sérieusement.

AVENGEDINCHAINS

_________________

proud to be stubborn

≈ i don't care about your crown, you're nothing but a child.

JAGUARS DU SUD

please, tell me you just want to see me
Année 41, saison intermédiaire (jour 77)

Romane est jeune mais apparemment l'image lui évoque quelque chose. Le rougissement sur ses joues est adorable. Tu ne nies pas une légère envie de la taquiner mais tu n'en as pas l'occasion. « Je ne suis pas certaine qu'il me supporte... » Donc il y a quelqu'un. Tu ne devrais pas être étonné que son coeur soit pris mais elle semble tellement occupée et passionnée par sa tâche que tu avais fini par te dire qu'elle ne devait pas offrir de temps à l'amour. « Peut-être que tu devrais lui demander. Pas pour le bébé, ça risque de bloquer l'apport de réponse. » Tu glisses en plaisantant. Même si tu penses qu'elle devrait tenter sa chance. Tu ne la vois pas s'amouracher d'une personne inaccessible. Le sujet des Jaguars était plus léger, plus confortable à la discussion. Un répit en quelque sorte. « Ça va, je n'aurai pas à leur taper la tête pour que ça rentre dans leurs crânes s'il m'arrivait d'en croiser sur le chemin ou dans l'hôpital même. » Tu en éclates de rire. Si elle savait. « Je sais que tu as de l'expérience en la matière mais je te le déconseillerais. Ils ont le crâne dur. » Que ce soit par caractère ou à cause de leur habitude de balancer les coups comme les mots.
Tu es content de pouvoir être là pour elle. C'est une faible façon de la remercier pour l'attention qu'elle t'a portée lorsque tu étais au plus bas. Il n'y a pas que ça bien sûr. Tu te sens proche d'elle car c'est une belle personne dont tu as eu l'occasion de te rapprocher. « Je vais jouer l'avocat du diable mais je pense qu'il y a du bon en Samuel. J'en suis même convaincue. Ça ne veut pas dire que ses décisions sont bonnes. » Tu te crispes légèrement car le cas de Samuel n'est pas aisé. La souffrance qu'il impose à ta famille t'est difficilement tolérable et tu ne peux oublier son intention de s'en prendre à Jude durant la rébellion. Cette volonté d'avoir voulu l'arracher à tout ce qu'elle connaissait et chérissait. « Parfois, je me dis que les Jaguars m'auraient mieux convenu mais je peux pas totalement détester les Dragons. Même pas celui qui se trouve à leur tête. C'est ridicule, tu ne crois pas ? » Tu n'es pas totalement du même avis. « C'est l'endroit où tu as grandi. C'est difficile à oublier. Et puis tu seras toujours dans une position différente car tu es au cœur de ce que sont vraiment les Dragons. Dans l'intimité. Je ne le connais pas vraiment tu sais. Samuel. Je l'ai rencontré une fois lorsque j'étais encore Second. C'était avant que ça ne dérape. Mais c'est si difficile d'oublier ce qu'il a fait. De pardonner. Il a blessé sa famille. Ma famille. » Et ça te frappe soudain. Tes mots. Tu viens d'avouer quelque chose de trop important. Quelque chose sur lequel tu ne peux pas vraiment t'exprimer. Ce n'est pas un réel secret, certaines personnes sont au courant mais elles sont bien placées, en contrôle de l'information. Tu viens de le dire à une Soumise Dragonne. Et même si elle a ta confiance, tu t'en veux. « Je n'aurais pas dû. Ça m'a échappé. Merde. » Tu appuies ton front contre ta main et prends une inspiration tremblotante. « Ne le dis à personne. S'il te plaît. »

LOUTRES DE L'EST

Romane & Ezekiel

année 41 ; saison intermédiaire ; jour 77

please, tell me you just want to see me

« Peut-être que tu devrais lui demander. Pas pour le bébé, ça risque de bloquer l'apport de réponse. » La précision n'était pas nécessaire mais au moins j'étais certaine qu'il comprenait les relations amoureuses. Je n'en doutais pas mais je ne le connaissais pas à ce point pour me permettre de le juger ni dans un sens, ni dans l'autre. Un instant, je m'étais fait un dessin de la scène et j'avais rougi à nouveau. Si j'étais incapable de mettre de l'ordre dans ma tête et d'accepter que j'étais bien en présence de Samuel parce qu'il était le Chef et que nous avions naturellement un rapport de force n'allant pas dans mon sens, je n'osais pas imaginer lui parler d'un bébé. Nous nous étions rapprochés mais pas à ce point. Je le connaissais certainement mieux que certains Spécialistes mais ce qui ressemblait à de l'intimité avait failli nous déchirer parce que j'avais mis une distance incroyable et l'avais, de cette façon, blessé. Il ne savait certainement pas que je parlais de lui, même sans le citer, à certaines personnes et je ne savais même pas ce qu'il ressentait. Pour lui, j'étais peut-être juste une Soigneuse qu'il avait appris à apprécier et apprivoiser avec le temps. Une personne de son clan qui acceptait volontiers de le découvrir et rien d'autre. Avec Kaiden, ça avait été beaucoup plus simple et spontané mais nous vivions dans la même sphère, à quelques détails près. Cette simple phrase m'avait perdue dans enchaînement de réflexions et j'en avais perdu la réalité. « Le problème est là. C'est la première fois que je suis incapable de parler à un garçon qui me plaît. Pourtant, c'est pas la première fois que je m'attache à quelqu'un. » S'il connaissait son identité, il comprendrait le souci mais ne continuerait peut-être pas de me pousser dans ce sens. A croire que j'étais la cruche qui s'éprend de la cible numéro un dans tout Paris. On ne l'appréciait guère au sein du clan et depuis l'attaque, on aimait encore moins les Dragons qu'avant.

« Je sais que tu as de l'expérience en la matière mais je te le déconseillerais. Ils ont le crâne dur. » Ce n'était pas tant une histoire d'ego qu'un plaisir naturel d'être reconnue dans ce qu'on faisait. Ma tâche était ma vie et pour ça, je ne regrettais pas d'être une Soumise. La vie de Membre m'aurait peut-être permis plus de repos et de facilités mais j'avais besoin d'être active pour ne pas dépérir. Ce contact avec les autres, avec des personnes de tout horizon et pouvoir en apprendre grâce aux courageux baroudeurs, ça n'avait pas de prix. Je râlais sur les patients récalcitrants mais la joie était toujours de loin supérieure à la colère et à la peine. Je n'étais pas insensible et je respectais tous ceux qui passaient l'arme à gauche, que ce soit un Libre, un Dragon, un Soumis ou un Jaguar. Qu'on me reconnaisse passionnée et qualifiée, c'était un cadeau incroyable, bien plus que n'importe quelle flatterie sur mon physique ou sur n'importe quel autre caractère superficiel. « Comme quoi, les Jaguars n'ont rien à envier aux Dragons. Boarf, après tout, on descend tous des Dragons, quelque part. » C'était très caricatural mais c'était l'idée. Le but n'était pas de mettre mon clan en avant mais de rappeler que nous étions tous humains, au départ et tous un peu débiles à notre façon.

Je savais bien qu'en amenant le sujet de Samuel, je m'aventurais trop loin. Il représentait les Dragons et donc ce qu'il y avait de plus noir à Paris. Même au sein des Dragons, il ne faisait pas l'unanimité. J'étais la première à cracher sur lui avant d'en découvrir un peu plus mais tout le monde ne pouvait pas lui pardonner, tout simplement parce que pour la majorité il n'était que ça, celui qui prenait de mauvaises décisions. Il n'avait certainement pas eu cette discussion à chaud avec n'importe qui. J'étais une chanceuse, quoi qu'on en dise. « C'est l'endroit où tu as grandi. C'est difficile à oublier. Et puis tu seras toujours dans une position différente car tu es au cœur de ce que sont vraiment les Dragons. Dans l'intimité. Je ne le connais pas vraiment tu sais. Samuel. Je l'ai rencontré une fois lorsque j'étais encore Second. C'était avant que ça ne dérape. Mais c'est si difficile d'oublier ce qu'il a fait. De pardonner. Il a blessé sa famille. Ma famille. » J'avais eu le sentiment qu'il s'était perdu dans ses explications ou qu'il avait eu un lapsus qui en aurait dit long sur la réaction qu'il avait eue en entendant parler de Samuel. « Je n'aurais pas dû. Ça m'a échappé. Merde. » C'était donc le lapsus révélateur. « Ne le dis à personne. S'il te plaît. » Le voir dans un tel état me minait mais la curiosité était trop grande. J'avais conscience de ce côté malsain mais je voulais comprendre ce qui le mettait dans un tel état, pour peu qu'il l'accepte. « Je tiens à te dire que je m'en veux et que tu peux m'en vouloir et ne pas me répondre parce que je vais franchir une limite mais j'ai besoin de savoir. Je ne peux pas faire semblant que ça ne m'intrigue pas quand je me suis rapprochée de vous et de lui. Cela dit, je te promets que cela restera entre nous. » Je pris une inspiration, consciente que je risquais de lui faire plus de mal que de bien mais je devais en avoir le cœur net. « Tu n'as pas dit sa famille puis ta famille par hasard. Est-ce que vos familles ont un lien ? Que ce soit de sang ou non, je ne joue pas sur les mots. » Je ne lui connaissais pas de famille mais, en même temps, nous n'avions pas eu l'occasion d'en arriver à cette intimité précisément.

AVENGEDINCHAINS

_________________

proud to be stubborn

≈ i don't care about your crown, you're nothing but a child.

» au détour d'une rue ft. Zeke
» when all those shadows almost killed your light ft. Zeke
» quelque chose de troublant ft. Zeke
» drunk shovel talk — zeke
» zeke • stand by those who stand by you

please, tell me you just want to see me ft. Zeke

please, tell me you just want to see me ft. Zeke

Sujets similaires

Sujets similaires