Early birds and stupid dog

tad ∞ noâ

Année 41, saison intermédiaire (jour 76) ✻✻✻ C'était bien sa veine. Petit merdeux qu'il était, Tad râlait sans réellement chercher à améliorer sa situation. Jouer les martyrs privés de chambre était la solution de la facilité pour un flemmard qui avait fini par s'assumer. La vérité, c'était que Noâ lui foutait les jetons et qu'il avait encore un goût de fer dans la bouche lorsqu'il pensait à Roxanne. Dans ces conditions, comment était-il sensé aller vers elles en toute détente. Même s'il n'avait rien à se reprocher, il serait toujours coupable d'un truc à leurs yeux. Il avait fini par s'en convaincre, le Tad. Pourtant, ce genre de connerie, d'attitude de chouineur, ça le gonflait d'habitude. Ici, c'était plus fort que lui. Il flippait avec le passé en toile de fond.

« Toi. Tu es Tad, non ? » Se faire interpeller de la sorte, ça avait de quoi le faire pisser dans son froc. Il s'était tendu dans une espèce de garde-à-vous maladroit, les yeux trop bas pour un mec comme lui qui n'aimait pas toujours faire profil bas lorsque l'on s'adressait directement à lui. Il n'était pas particulièrement fier, le Tad, mais il n'avait jamais trop aimé se faire rouler dans la boue. Devant le leader suprême, il n'allait pas faire ce genre de connerie. Elle pouvait bien lui cracher à la gueule en le traînant dans la fange, il n'aurait pas moufté. Y avait des gens comme ça avec qui on faisait des concessions, qui qu'on soit. « Tad. C'est moi. » Un ridicule bégaiement et un tremblement de lèvres venaient d'enterrer toute crédibilité. C'était l'instinct qui causait ici. Noâ, on la trouvait cool comme Chef. Ils étaient nombreux à ne pas manquer d'éloges pour elle. On l'aimait pour ce qu'elle avait fait du clan. On l'aimait tout court même. Il y avait bien des détracteurs, mais ils avaient été réduit au silence depuis la rébellion. Sauf que ces gens là, ces petits Membres bien dans leurs bottines et leurs positions, fiers d'être Jaguars, fiers d'être dans son armée, ils n'avaient pas déconnés comme lui. Il n'y avait pas eu droit à cette Chef au sourire au bord des lèvres et au regard pétillant. Lui, il s'était confronté comme un con à cette Noâ qu'on craignait. Celle dont on parlait moins parce qu'il était facile de se faire éblouir par le soleil d'une Chef glorifiée. Un autre truc qu'on oubliait vite : plus forte est la lumière, plus grande est l'ombre. Il était certain d'en avoir vu qu'une fraction de cette ombre. Putain que ça lui suffisait. Ce n'était pas par plaisir qu'il avait depuis une conduite exemplaire dès qu'il s'agissait de bosser ou de satisfaire son clan.

« Je peux savoir pourquoi ton nom revient souvent ces temps-ci et, surtout, pourquoi on m'a suggéré qu'il faudrait que j'ai une discussion avec toi ? Rassure-moi, t'as évité les embrouilles depuis la dernière fois. » Qui étaient les petits débiles qui avaient parlés de lui ? Oh merde, il retirait tout. Roxanne l'avait gaulé plus d'une fois à dormir dans un coin du QG, ça pouvait être elle. Un SDF dans le QG, ça faisait tache pour Miss-oeil-de-faucon-faciès-de-marbre. « J'ai été sage comme une image, Chef. » Le bagou n'était pas présent malgré la répartie. Répartie qu'il aurait voulu ravaler au moins vingt fois dès la seconde où il s'était entendu. « Vous avez été claires l'aut' fois. Je suis hors des ennuis. A vie. » Parce qu'il était foutrement trop heureux de l'être encore, en vie, le Tad.


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CODES LITTLE WOLF.

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Année 41, saison intermédiaire (jour 76) ✻✻✻ Il aurait bien voulu voir quelqu'un d'autre à sa place, le Tad. Il était certain qu'il n'aurait pas fait le fier. Fallait vraiment s'être foutu un bandeau devant les yeux pour abandonner toute garde devant le grand manitou. Elle n'était pas Chef pour rien, que diable. On atteignait pas le sommet de la chaîne alimentaire en étant du genre enfant de coeur. Pis, c'était bien simple, des gens comme ça, ça n'existait pas. On se faisait vite fait bouffer si on avait que du sucre et des putains d'arc-en-ciels dans les veines. Noâ, elle avait prouvé à plus d'une occasion qu'elle avait su garder son tranchant malgré les années. Il s'était fait une petite note pour ne pas l'oublier, même si il voyait mal comment il aurait pu tout d'un coup zapper les souvenirs de sa punition. Roxanne avait fait tout le boulot mais il n'empêchait que, les ordres, ils venaient de la blonde.

Oh-oh. Il aimait pas trop comment elle le matait tout d'un coup. Il savait bien, Tad, qu'il n'avait rien à se reprocher et qu'il fallait qu'il reste naturel. Comme un type normal quoi. Mais il y parvenait pas. Il pouvait pas se retirer de la tête qu'on aurait toujours un a-priori vis à vis de sa gueule. « J'espère. » Deux pauvres mots et il se sentait suer. Il lisait entre les lignes, le petit père, il avait appris à la dure. Ça, ça voulait dire qu'elle allait le garder à l’œil. Un truc que personne ne souhaitait. « Mais ce n'est pas la question. On m'a parlé d'une histoire de chambre. Quel est le problème avec la tienne ? » Une histoire de chambre. Ils allaient vraiment parler piaule ? Là, comme ça ? Et même pas parce qu'il squattait à des endroits inappropriés. Deux minutes. Ce quelqu'un, il l'avait pas laissé crécher dans sa chambre par hasard ? Le genre de meuf taiseuse et proche de la Chef par exemple ? D'un coup, il savait plus trop quoi penser de Alessandra. Il était partagé entre l'envie d'aller lui foutre la tête dans le lac parce qu'elle avait parlé de lui et celle de lui faire un putain de câlin. Il était sensible, le con. Un effort pareil, de la part de ce machin là, c'était touchant. « Hum. » Il était quand même pas sorti des emmerdes. Fallait pas qu'il s'emballe, le Tad. L'attention se voulait peut-être empoisonnée. « J'veux pas critiquer. T'sais, c'est déjà cool qu'on ait des piaules individuelles et tout. Mais j'sais pas ce qu'il y a eu dans celle qu'on m'a filé, ça pue la mort. Mais vraiment. Pas la petite odeur à laquelle tu t'habitues. On dirait que y a toute une famille qui est venue crever dedans et qu'on l'a laissé là trois, quatre saisons. » Il pouvait pas faire mieux pour vendre son problème. En guise d'étape suivante, il pouvait bien l'emmener renifler un coup mais il était pas serein. Elle avait autre chose à foutre que visiter les piaules, quand même.



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Année 41, saison intermédiaire (jour 76) ✻✻✻ Oh merde, un sourire. Il était censé le prendre comme un bon signe ? Parce que ça pouvait être l'image qui avait fait mouche même si il s'était pas voulu versé dans la plaisanterie. Il avait été glauque. Mais la Noâ souriait et il la fixa comme un couillon avant de se rappeler sa place en baissant les yeux. Tad, il allait pas se mettre à critiquer le sens de l'humour de la Chef non plus. Même si c'était pas voulu, valait mieux qu'il s'en satisfasse. « Si ce n'est que ça, ça devrait pouvoir se régler facilement. » Simple. C'était putain de trop simple et ça l'empêchait d'atteindre la sérénité. Il aimait jamais ça, Tad. Trop souvent ça cachait un truc. Il avait développé la parano avec la punition et l'attitude des autres ensuite. Il allait mieux maintenant mais ça lui arrivait encore d'avoir des petits sursauts. Ces moments chiants où il n'arrivait pas à se calquer sur ce qui était normal. Il était plus qu'un Membre parmi les autres, un truc bien fallait pas croire, et on les traitait correctement ces gars là. Noâ aimait les mettre à l'aise. Elle avait le règne positif et sa propre façon de motiver les troupes.

« Ça ne m'explique pas pourquoi c'est Alessandra qui a relayé cette information. Je sais qu'elle a été Seconde, mais il y a des personnes plus adaptées pour ça. » Il avait un merci sur le bout de la lange, mais il le ravala à sec dès que la grande manitou avait ouvert la bouche. Tad, il avait été à deux doigts de s'enfermer dans sa tête avec des idées qui tournaient et le fait que ouais c'était trop beau pour être vrai, mais il avait vite percuté. La curiosité était normale. Noâ, elle conversait et posait des questions parce qu'elle était une Chef proche comme ça. Il pu pas s'empêcher de se gratter la barbe, la botte creusant un sillon dans le sol qu'il tapotait. Il en oubliait pas les bases. Alessandra avait tout de la petite protégée de la boss, même si ça se voyait moins maintenant. « J'lui ai pas demandé. » Il se défendait presque et ça faisait pitié. « Elle me laisse squatter le sol de sa chambre depuis qu'elle m'a chopé à pioncer dans la salle commune. P't'être qu'elle en a marre et qu'elle sait pas comment me le dire. » Là, il plaisantait, Tad. Il aurait pas été balancer que l'ancienne Seconde était lâche et n'aurait pas réussi à foutre le pouilleux qu'il était à la porte. Encore moins qu'elle aurait été pleurnicher dans les jupes de Noâ. « Elle est sympa. » Y avait mieux comme conclusion mais ça l'empêcha pas de hausser les épaules.



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