Saskya & Max

année 41 ; saison intermédiaire ; journée 81

enthusiasm can be the worst danger

Parfois, je me demandais pourquoi je m'inquiétais encore pour Sorcha. Dans ce cas-ci, non seulement elle était tranquillement au quartier général où rien ne pourrait lui arriver mais en plus, elle avait toujours eu une vie moins pénible que la mienne. Elle connaissait quelques bribes de mon passé, celui où je n'étais rien de plus qu'une baroudeuse suivant ses parents, parents que j'appréciais encore à cette époque. Si elle ne pouvait pas avoir d'avis au sujet d'un passé que je gardais presque naturellement pour moi, c'était tellement facile pour elle de jouer les victimes et de se cantonner dans son rôle de fille trahie quand elle n'était pas capable ou quand elle n'avait tout simplement pas envie d'ouvrir les yeux sur une réalité beaucoup plus déchirante encore que la sienne. Baba par-ci, Baba par-là. Elle n'avait même pas réussi à évoluer et à se faire sa propre opinion. Certes les Jaguars actuels s'amusaient et oubliaient l'important, prouver que le clan valait autant, voire plus encore que les autres mais ce n'était pas eux qui m'avaient affamée. Quelques fois, je me demandais s'il ne valait pas mieux des Membres soudés mais moins mordants qu'à l'époque de Joshua. Je ne leur ferai sans doute jamais confiance parce que j'avais été trahie par mes parents et par ceux qui nous promettaient une vie meilleure ou par cette foutue garce et l'autre abruti, mais j'avais envie de leur donner une chance quelque part, même si ça risquait d'être difficile parce qu'il me faudrait aller à l'encontre de tant d'a priori.

Je n'aurais pas dû lui donner tout ce crédit. Je n'aurais pas dû penser une seule seconde à elle mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Sloan, qui avait senti ma crispation à des kilomètres à la ronde, m'avait agrippé l'épaule pour me ramener à la réalité. Heureusement que je pouvais encore compter sur lui. Avec Maybel en moins, je n'avais plus que lui. Mes cousins aussi mais il n'était pas évident de leur faire voir les nuances de cette histoire bordélique et je n'avais pas à cœur de les culpabiliser d'une façon ou d'une autre. Je devais me concentrer sur la route, sur ses sentiers en dehors de Paris qui me rappelaient ceux que j'avais parcourus pendant mon enfance. C'était libérateur. Mon regard se perdait un peu partout, à l'affût du moindre petit danger, du moindre petit indice. « Si tu ne regardes pas, tu vas te manger le piège et ton pied droit va morfler. » Le premier danger, c'était les autres, ceux qui n'avaient pas l'habitude de sortir et qui semblaient s'extasier à chaque pas, comme cette fille qui devait avoir mon âge. Malgré mes airs renfermés, je n'étais pas de ceux qui se moquaient des autres. J'avais appris à me préoccuper de moi avant tout mais lorsque je ne risquais rien, je tendais la main même à une inconnue, si elle ne m'avait pas l'air foncièrement mauvaise. Ça ne signifiait pas que je m'ouvrais au premier venu, mais il y avait un pas entre ces deux attitudes.

Maxine & Saskya
A41 SI J81 (fin de journée)

enthusiasm can be the worst danger

L'excitation courait dans ses veines comme une drogue. Chaque son, chaque odeur, chaque scène se déroulant sous ses yeux, lui semblait sorti d'un rêve. Toute sa vie, elle avait rêvé d'un tel moment. Lorsqu'elle avait enfin eu le droit de sortir, qu'elle avait quitté sa tour dorée pour la ville, elle avait cru avoir atteint ce but. Que la liberté se trouvait dans les patrouilles et dans ces gens qu'elle rencontrait. Comme elle s'était trompée. Le monde était plus vaste encore qu'elle n'aurait pu jamais l'imaginer. Elle n'aurait même pas su par où commencer, alors elle avait papillonné d'une chose à l'autre sans jamais se poser réellement pour l'apprécier. En ayant tout ça à portée de main, elle ne pouvait que craindre la chute, le moment où tout disparaîtrait, alors elle voulait tout voir, même brièvement. Saturée par ce qui l'entourait, elle avait fini par perdre conscience de la dangerosité derrière toutes ces merveilles. Elle en avait même oublié le danger que représentait toutes ces personnes autour d'elle. Cela valait aussi pour les accès de bonté naturels. Une voix la ramena soudainement à la réalité, les mots l'impactant fort heureusement. Sa jambe était restée dans les airs, à quelques petits centimètres d'un piège qui lui aurait fortement compliqué le voyage. Un frisson lui parcouru la colonne devant l'imminence du drame. La respiration bloquée dans sa poitrine, elle pivota avant de sautiller un peu à l'écart, finissant par s'aider de l'épaule de l'étrangère avant de finalement poser le pied au sol. Elle exhala lourdement, soulagée comme jamais.

- Merci.

La respiration un peu courte, elle avait adressé un sourire sincère à sa voisine. Sa réaction devait probablement être ridicule, mais elle n'avait jamais fait dans la dentelle. Autour d'elle, la luminosité avait changée. Le soleil avait commencé à décliner sans qu'elle ne s'en rende compte, preuve qu'elle s'était peut-être un peu perdue trop longtemps dans ses explorations.

- Tu m'as sauvé la vie, j'oublierais pas.

Saskya & Max

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Je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle s'agrippe à mon épaule et pourtant, c'était logique. Je n'étais pas habituée à cette proximité, vendue trop jeune à des gens qui avaient des objectifs bien particuliers, pour ne pas dire sombre. Ce que j'aurais dû connaître avec mes parents fut forcément oublié avec ces personnes. Ce qui faisait de moi une fille pas forcément tactile. Je m'étais raidi sans le calculer mais ne l'avais pas rejetée. Je n'allais pas prendre le risque de la foutre dans le danger de ce piège dentelé après l'avoir avertie. Je n'étais pas égoïste à ce point. « Merci. » De son côté, elle avait l'air d'une fille spontanée, enthousiaste et pas méchante pour un sou. Dans ma bouche, c'était un véritable compliment. J'avais penché la tête vers l'avant avant de la relever, signe que ce n'était pas bien grave. En faire des couches ne me ressemblait pas. Je l'avais fait parce que je n'avais pas de mauvaises intentions et indirectement pour le bien du convoi.

« Tu m'as sauvé la vie, j'oublierais pas. » Cette fois, c'était un haussement d'épaule, en espérant ne pas la gêner. Je ne comprenais pas bien pourquoi elle insistait autant. Après tout, je n'avais rien fait d'extraordinaire. Certes, j'aurais aimé qu'on en fasse autant pour moi à l'époque mais je devais laisser au passé ce qui appartenait au passé. Ressasser ne me ferait pas avancer. « T'as pas besoin d'en faire autant, tu sais. J'allais pas passer à côté de toi et te laisser te faire mal juste parce que je ne te connais pas. C'est ridicule comme raisonnement. » J'étais drôlement maladroite mais je n'avais pas eu une vie très classique. On ne m'avait pas appris les bonnes bases. « J'dis pas, si t'avais essayé de pousser quelqu'un d'autre volontairement, ça aurait été autre chose mais t'avais juste l'air heureuse de découvrir tout ça. » Je ne parlais pas beaucoup habituellement mais cette fille avait le don d'éveiller quelque chose en moi. Je n'aurais pas su dire quoi, par contre. C'était déroutant.

Maxine & Saskya
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Sa sauveuse ne semblait pas très causante. Elle avait cet air digne et ce côté formel, pas dénuée d'une certaine douceur mais marqué de quelque chose, qui avait tendance à lui rappeler Sawyer. La pensée en elle-même se voulait étrange, elle n'avait jamais eu pour habitude de faire de telles comparaisons. La réflexion fut pourtant vite oubliée, le questionnement restant sans réponse.

- Ah. On me dit toujours que j'en fais trop, mais c'est pas fait exprès.

Elle avait tendance à s'exprimer beaucoup et fort, à dire les choses comme elles venaient. Il en valait de même avec ses émotions. Dans ce cas-ci, il lui avait simplement paru normal d'exprimer toute sa reconnaissance de ne pas avoir terminé avec le pied en charpie. Mais elle comprenait que cela puisse faire un peu too much, peut-être forcé même.

- Ridicule, sûrement, mais ils auraient été nombreux à ne pas se donner cette peine. Crois-moi, je connais bien le sujet.

Chez les Dragons, l'entraide n'était pas exactement un comportement que l'on encourageait. Même au sein de la ville, au cours de ses patrouilles, elle avait eu plus d'une occasion de constater que beaucoup préféraient ne pas s'impliquer dans la vie des autres, au risque de les laisser se blesser. Clairement, il valait mieux qu'ils ne soient pas tous comme elle - trop gentille, dirait la majorité de ses amis -, mais quand même. Un petit effort de temps en temps n'avait jamais tué personne. Ou peut-être que si. Elle n'allait pas s'étaler là-dessus, inutile de tuer toutes ses belles théories.

- C'est difficile de ne pas être excitée par tout ça. Toute ma vie, j'ai rêvé de voir autre chose. Et, maintenant, c'est réel. J'ai beau avoir de l'espoir, je n'aurais jamais cru ça possible.

Saskya & Max

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« Ah. On me dit toujours que j'en fais trop, mais c'est pas fait exprès. » Sans l'ombre d'un doute, j'avais en ma présence une bonne vivante et ça me changeait de l'attitude de Sorcha trop mordante et trop sombre, bloquée dans un passé qui n'avait plus à nous déterminer à présent. J'aurais aimé avoir rencontré cette inconnue plus tôt, ça m'aurait appris à me détendre et à accepter les remerciements comme ils venaient. Je ne l'aurais pas fui pour autant mais je me sentais comme une usurpatrice dans cette histoire, trop peu habituée à être reconnue comme quelqu'un qui en valait la peine, autrement que pour ses allures de poupées à modeler à souhait. Alors, je l'écoutais sans broncher, partageant un moment de ce long chemin sans être ennuyée ou dérangée par sa présence et par son débit de parole. Ça me changeait de mon petit groupe habituel et ce n'était pas du tout malvenu.

« Ridicule, sûrement, mais ils auraient été nombreux à ne pas se donner cette peine. Crois-moi, je connais bien le sujet. » A croire que c'était partout pareil. Je me demandais bien qui n'aurait pas eu l'esprit à la prévenir du danger qui la guettait si ce n'était des sombres abrutis. Elle n'avait rien de méchant, tout le contraire et pourtant je l'entendais se plaindre de ce que je reprochais depuis longtemps à Baba et les abrutis dans son genre. « Alors, ils sont cons. » Je le pensais et ce n'était pas un hasard si j'étais si violente dans mes propos. Sans dire qu'elle me rappelait ce que j'avais vécu, c'était difficile de ne pas me sentir un peu concernée.

« C'est difficile de ne pas être excitée par tout ça. Toute ma vie, j'ai rêvé de voir autre chose. Et, maintenant, c'est réel. J'ai beau avoir de l'espoir, je n'aurais jamais cru ça possible. » Elle n'était donc jamais sortie de Paris, c'était une vraie fille de la ville et qui plus est, des clans. Je comprenais d'autant mieux son enthousiasme exacerbé. Même si le changement n'était pas si énorme dans un premier temps, c'était nouveau pour elle et peut-être que le simple fait de sortir des zones autorisées lui faisait un petit quelque chose. « J'dis pas que ce n'est pas excitant mais tout n'est pas aussi joli ou merveilleux qu'on ne peut l'imaginer. » J'avais à peine dit cela que je m'en voulais, ayant le sentiment de jouer les moralisatrices. « Excuse-moi, c'est juste que t'as l'air de quelqu'un de bien et que, contrairement à d'autres, ça ne me dérange pas de t'entendre parler. Raison de plus de ne pas vouloir te voir être déçue ou pire, blessée par un accident qui aurait pu être évité. » Cette fille avait un étrange pouvoir sur moi. Je ne m'étais jamais exprimée aussi facilement depuis toujours.

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Les apparences étaient trompeuses, elle n'aurait jamais pu l'imaginer traiter avec une telle virulence un sujet tout ce qu'il y avait de plus commun. Dans leur société, c'était presque plus logique de ne pas se soucier des autres que le contraire, d'autant plus lorsque l'on était dragon. Il y avait des gens bien, même au Nord, mais on tombait plus facilement sur une enflure se marrant parce que quelqu'un d'autre s'était planté. Tout ça ne l'empêcha pas de réagir avec son enthousiasme habituel, un sourire immense lui mangeant la moitié du visage.

- Bien dit !

Elle continua d'aller de surprise en surprise lorsque son excitation ne provoqua pas un rejet immédiat, ni un espèce de jugement qu'elle trouvait détestable. Ils étaient nombreux à la prendre de haut simplement parce qu'elle n'était pas aussi morne et sérieuse qu'eux. Elle le savait qu'elle ne se comportait pas comme la dragonne lambda, à un moment, il fallait juste passer à autre chose.

- C'est rien, j'ai l'habitude. Mes amis réagissent parfois comme ça. Saw dit que je réveille les instincts maternels des gens.

Elle n'en souriait que plus de continuer à attirer la sollicitude de cette fille. C'était toujours plaisant d'intéresser les autres et de s'entendre dire que son bavardage n'était pas mal accueilli.

- Mais t'inquiète pas pour moi, je suis plus débrouillarde qu'il n'y paraît. Lorsque je ne suis pas distraite. Bref, je ferais attention.

Le but n'était pas non plus de lui causer des ennuis, ni de l'inquiéter inutilement. Dans l'ensemble, Max s'appliquait à ne pas être une charge pour les autres, elle ne comptait donc pas se blesser de si tôt. Même si, techniquement, ce n'était pas une chose qu'elle pouvait décider.

- Avec tout ça j'ai oublié. Moi, c'est Maxine, mais tu peux m’appeler Max.

Saskya & Max

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« Bien dit ! » C'était une première, je m'étonnais d'étouffer un rire quand elle me répondit ça aussi spontanément que j'avais sorti ma propre remarque aux sujets de tous ces éléments toxiques dans nos vies respectives. Je ne pouvais pas nier que son enthousiasme était contagieux et ça faisait une éternité que je n'avais plus ri, même aussi discrètement que cela. J'étais persuadée que c'était aussi visible que le nez au milieu de la figure. Je devais donner l'impression d'une fille fermée et coincée, je ne le niais pas. Ce n'était pas réellement étonnant mais les autres ne se fatiguaient pas à comprendre les raisons de tel ou tel comportement. On n'avait pas le temps pour ce genre de choses, la vie était bien trop difficile et cruelle pour tout le monde. Il fallait rebondir. Ce que je n'avais pas réussi à faire avec brio, au contraire.

« C'est rien, j'ai l'habitude. Mes amis réagissent parfois comme ça. Saw dit que je réveille les instincts maternels des gens. » Je devinais que Saw était une personne importante dans sa vie pour qu'elle y fasse référence. Ce nom était particulier mais je ne pouvais pas le juger, vu le mien. « Ton ami, ou ton amie, a certainement raison. Il faut dire qu'on ne croise pas quelqu'un d'aussi gentil et spontané que toi à tous les coins de rue de Paris. » La voir sourire à pleines dents, c'était un rappel, celui qu'on pouvait encore s'émerveiller et se satisfaire de pas grand-chose. J'avais envie de retrouver cette joie et d'envoyer balader toute cette mauvaise période de ma vie. Avec Sorcha, ce serait encore mieux mais j'étais limitée moi aussi. A moins qu'elle n'admette qu'une nouvelle vie était possible sous le règne de Noâ, elle ne m'écouterait pas.

« Mais t'inquiète pas pour moi, je suis plus débrouillarde qu'il n'y paraît. Lorsque je ne suis pas distraite. Bref, je ferais attention. » J'avais acquiescé d'un mouvement de tête, le sourire aux lèvres, bien que plus discret que le sien. Ce n'était pas difficile, elle rayonnait à des kilomètres à la ronde. « Avec tout ça j'ai oublié. Moi, c'est Maxine, mais tu peux m’appeler Max. » Ce sentiment, associé à cette proximité qu'elle mettait en place naturellement, était nouveau pour moi. J'étais d'ordinaire tellement discrète qu'on ne me voyait pas forcément. Là, elle me proposait carrément d'utiliser un surnom. Qu'on se montre aussi familier avec moi me faisait tout drôle. Comme si je ne le méritais pas. « Moi, c'est Saskya. C'est pas grave si tu l'oublies. » Un détail que j'aurais pu taire pour notre bien à toutes les deux mais les vieux démons avaient la vie dure.

Maxine & Saskya
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Elle connaissait pas mal de Dragons qui n'auraient pas appréciés d'être considérés de la sorte. Être gentil n'était pas vraiment un compliment dans ses contrées et spontané pouvait aller de pair avec stupide pour certains éléments. Aux oreilles de Max, il n'en était pourtant rien. Elle le prit avec son habituel sourire, satisfaite de l'image qu'elle renvoyait à cette nouvelle connaissance. Avec un peu de chance, celle-ci ne changerait pas d'avis dès qu'elle apprendrait d'où elle provenait et se raccrocherait simplement à sa première impression.

- Ben, pourquoi je l'oublierais ?

Elle l'avait sorti comme une évidence car c'était le cas pour elle. Un prénom ne s'oubliait pas si facilement que ça, surtout lorsqu'on l'associait à un visage et à une émotion positive. Elle passait un bon moment, ici, avec Saskya, alors il lui semblait inconcevable que cela lui sorte de la tête pour une quelconque raison que ce soit. En plus, c'était un joli prénom, pas courant du tout dans son clan, un détail qui ne manquerait pas de la marquer lui aussi. Encore une fois, elle ne pu pas s'empêcher de se faire la réflexion que cette fille lui rappelait Sawyer. Il y avait quelque chose dans son attitude qui la faisait revenir des années en arrière, lorsqu'elle était moins affirmée en sa présence. Peut-être qu'elle aussi avait besoin qu'on lui témoigne de l'attention, de l'intérêt, une chose pour laquelle Max était terriblement douée.

- J'oublie pas les gens que j'aime bien, moi.

Saskya & Max

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« Ben, pourquoi je l'oublierais ? » J'étais toujours un peu étonnée quand j'entendais quelque chose comme ça de la bouche d'une inconnue, le fait qu'elle soit aussi extravertie et sympa jouait certainement mais ça semblait surtout venir d'elle dans son ensemble. Quelque chose de fort et de solaire se dégageait d'elle et si je n'avais pas été si réservée à cause de mon passé, je me serais naturellement tournée vers elle et j'aurais peut-être même partagé son enthousiasme, tant il était communicatif. La réponse était évidente pour moi mais, apparemment, ce n'était pas la même chose pour elle. Une fille beaucoup trop naïve et beaucoup trop gentille pour son propre bien.

« J'oublie pas les gens que j'aime bien, moi. » J'avais manqué de tomber, prise de court par sa vision des choses, c'était complètement inattendu et totalement déstabilisant, parce que je ne trouvais aucune raison qui justifiait le fait qu'elle puisse m'apprécier. C'était le même tableau avec Sloan, alors qu'on se connaissait depuis un bout de temps, là, la nouveauté accentuait la surprise. Je m'étais reprise de juste mais j'étais toujours complètement perdue. Elle ne semblait pas se moquer de moi, c'était déconcertant. « Je suis désolée, c'est juste, enfin, ça fait beaucoup d'un coup. » J'essayais de ne pas l'inquiéter, elle ne devait pas savoir que je n'étais pas habituée à vivre des relations relativement saines parce que ça ne nous avancerait pas.