I'M NOT STRONG ENOUGH
année 41 – saison intermédiaire (jour 85)

Le vent est beaucoup trop fort. C'est lui l'ennemi plus que la douleur. Chaque bourrasque te donne l'impression que tu vas t'envoler. Une théorie qui ne doit pas être si délirante que ça. Tu as vu des choses voler que tu n'aurais jamais pu imaginer s'élever si haut. L'une d'elle ne t'a pas loupé. Tes réflexes t'avaient lâchés au pire moment et tu n'avais pu qu'encaisser le choc. Dans ton malheur tu avais eu de la chance. Tu t'étais attendu à te découvrir découper en deux mais même tes vêtements ne s'en étaient pas si mal sorti si on omettait tout ce sang. Avec la douleur qui irradiait c'était les seuls signes de ce qui s'était produit. Malgré tout ça tu continuais d'avancer. Luttant avec tout ce que tu avais pour progresser réellement contre le vent. T'accrochant à chaque aide se trouvant sur ton chemin. Au milieu du chaos, tu n'étais même pas certain de l'endroit où tu te trouvais réellement. Tu n'avais pas pu revenir à temps au QG c'était ta seule certitude. A l'exception du vent qui hurlait, tout était calme entre les fracas des débris. Et puis une voix. Lointaine. Sûrement pas si lointaine que ça non plus pour que tu ais réussi à l'entendre. Tu l'avais cherché à l'aveugle. Comptant sur la chance. Il n'y avait que ça a faire. Si quelqu'un d'autre était dans cette galère, vous auriez plus de chance à deux. Tu ne pouvais pas non plus laisser un compagnon Jaguar à la déroute. Tu avais béni cette pensée lorsque tu avais commencé à la reconnaître. Les longues mèches blondes furieuses dans le vent. Ton pas s'était accéléré autant qu'il le pouvait à cause de l'inquiétude. Voir Mackenzie dans cette position n'avait rien d'habituel. « T'es bien amoché, mon pauvre vieux. » Même si elle est au sol, si elle a l'énergie de te vanner c'est sans doute qu'elle n'est pas en train de crever. « Parle pour toi. » Que tu grognes en comblant les derniers mètres. L'arrière de sa veste est humide. Rien de bon. « On t'a refusé l'entrée ? » Tu tentes d'effacer la peur que tu ressens pour elle de tes yeux. Clairement ce n'est pas ce dont elle a besoin. Accroupi à ses côtés, tu la scrutes à la recherche de dégâts supplémentaires. Il ne peut pas y avoir que son dos. En plus il y a du sang au sol. Son ventre ? « Je crois qu'on essaye de se débarrasser de nous. Tu crois qu'on les a trop fait chié ? » Vous ne pouvez pas rester là. Au milieu de nulle part la situation ne peut que s'empirer. Il vous faut un abri. Tu choisis la première maison qui se profile un peu plus loin. Qu'il y ait quelqu'un ou non à l'intérieur ne change rien. « Faut qu'on bouge d'ici. » Tu as déjà passé le bras sous ses épaules pour t'accrocher à son côté en te tenant le plus loin possible de cette tache humide que tu sens. Logiquement cela t'évitera de presser une blessure. « A trois je te soulève. Un. Deux. Trois. » Tu grimaces légèrement lorsque le mouvement tire sur ton abdomen mais tu sais que tu n'es pas le plus à plaindre. « On va pas loin. Tiens le coup. »