you're a fool and I'm a coward ft. Zorah

VIPERES DE L'OUEST

Vitani & Zorah

année 41, saison intermédiaire, soirée 83

You're a fool and I'm a coward

En temps normal, c'était simple à gérer parce qu'il me suffisait de suivre le même processus, qu'on appelle ça un mécanisme de défense ou un comportement complètement stupide. Pour moi, c'était une procédure bien rodée, qui avait fait ses preuves plus d'une fois, même si certains, perdus, insistaient un temps. Au bout d'un moment, tout le monde finissait par lâcher l'affaire et je pouvais reprendre le cours normal des événements. De cette même façon, j'évitais les éventuelles remarques de ma tante quand elle daignait se rappeler que j'existais. Elle s'en était souvenu quand les Aigles avaient débarqué chez les Jaguars et qu'elle mourrait d'envie de cracher sa haine sur quelqu'un. Dans le fond, elle s'inquiétait pour mes cousins, c'était louable mais il fallait qu'elle me rejette toute la faute qu'elle ne pouvait pas ouvertement attribuer à Noâ. Elle ne m'avait pas non plus oubliée quand l'alliance avait été mis sur le tapis, me mettant rapidement des barrières, sous prétexte que ce pacte entre les clans ne signifiait rien nous concernant, encore moins qu'elle avait enterré la hache de guerre. Lorsqu'elle me croisait en présence de quelqu'un, elle avait toujours un malin plaisir à venir me juger ouvertement, ne se gênant pas pour pourrir ma réputation. Toutes les occasions étaient bonnes, lors des rares moments où nous étions dans le même périmètre, pour me rappeler que je n'étais rien qu'un problème ambulant.

Alors oui, c'était beaucoup plus simple d'être seule et c'était même salvateur. De toute façon, une part de moi me répétait que je ne méritais pas d'attention, que je méritais tout juste de faire constamment de mon mieux pour réparer des erreurs qui ne le seraient jamais, dans tous les cas. Cette fois, pourtant, je n'étais pas venue sans une réelle intention dans le coin de la tête. Je ne savais pas comment m'y prendre mais je voulais faire savoir à Zorah que je m'étais habitué à sa présence et que je n'essayerais plus de la repousser. Pour elle, je pouvais bien faire un effort. C'était la seule, jusqu'à présent, qui avait tenu bon et qui s'était entêté à s'accrocher périlleusement à moi. Tout ça était particulièrement nouveau et déroutant. Je ne comprenais pas ce qu'elle voyait en moi, à part peut-être initialement nos âges respectifs - elle avait un an de moins que moi - et notre clan de naissance, bien qu'elle ait moins de problème à parler de cette affiliation que moi. Je ne détestais pas les Jaguars mais je les avais fuis par facilité et je n'en étais pas exactement fière. C'était le soir, j'avais beaucoup de chance de la croiser au bar à drogue, je connaissais relativement bien ses habitudes depuis le temps. Au pire, si je faisais le piquet pendant toute une soirée dans le vide, je n'allais pas m'en plaindre. Je l'aurais mérité. J'attendais silencieusement, mon verre posé sur la table, tandis que j'étais assise sur un tabouret, regardant distraitement la patronne s'affairer.

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zorah ∞ vitani

Année 41, saison intermédiaire (jour 83 - soirée) ✻✻✻ Mort de chez mort. Zorah, elle était pas certaine de trop aimer que les autres se soient tirés. Il y avait bien des gens à qui elle souhaitait de se perdre en route mais ils n'étaient pas assez nombreux pour compenser les absences. Esfir lui manquait, bordel. Des séparations comme ça, elles n'en avaient jamais vécues. La maison faisait trop calme sans elle. Une emmerdeuse comme ça, ça prenait de la place, personne pouvait nier le contraire. Elle occupait son temps comme elle le pouvait, Zorah. Pas prompte à jouer les éplorées en manque des siens. Fallait continuer à avancer et attendre le retour de la fille prodige. C'était même de cette façon que ça passerait plus vite. Si elle se tournait les pouces, elle verrait trop que le temps ne passait pas.

« J'prends mon service. » Qu'elle balança au Soumis qui essuyait paresseusement des verres. Si la patronne gueulait pas à ce sujet, c'était que même ici devait faire tranquille. Elle lui récupéra son bout de chiffon et le balança sur son épaule avec l'allure de l'habituée. Il ne puait pas trop l'alcool, une bonne chose pour son pull. « Je te remet un doigt, ma belle ? » Awkward. Elle avait pas fait gaffe, Zorah. En repérant une fille silencieuse au bar, elle s'était dit qu'elle allait s'approcher. C'était sans compter sur le fait qu'elle était loin d'être une inconnue. Elle se sentait un peu conne maintenant, avec sa bouteille dans la main, à fixer une fille qui insistait sur le fait qu'elle ne voulait pas être sa pote. « Pas trop ta scène. » Elle reculerait pas, Zorah. Elle était chez elle et les excuses, elle avait jamais trop aimé ça.

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année 41, saison intermédiaire, soirée 83

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« Je te remet un doigt, ma belle ? » Zorah n'avait apparemment pas fait attention à la personne à qui elle proposait de servir un nouveau verre. Je me sentais encore plus idiote que je paraissais invisible. A moins qu'elle n'ait été distraite pour une raison ou une autre, comme une journée éprouvante, par exemple. Ma tête me criait que j'aurais mieux fait de la laisser tranquille, que j'allais la déranger, comme je dérangeais à peu près tout le monde dans mon entourage, aussi restreint soit-il.

« Pas trop ta scène. » Elle avait totalement raison. Je n'étais pas une habituée du bar à drogue et elle aurait tout aussi bien pu dire que je plombais l'ambiance. Je faisais tâche dans le décor. Elle faisait attention à moi et j'avais plus que jamais envie de me carapater comme je l'avais toujours fait mais je ne pouvais pas faire ça, pas après avoir fait un tel effort en prenant sur moi pour me traîner jusque là. En plus, je risquais de la vexer pour de bon, ce qui n'était pas le but de la mission.

« J'sais bien. » J'avais soufflé ces mots, un peu mal à l'aise. « J'veux bien, tu sais, le verre. » Pour prendre mon courage à deux mains. Je regardais péniblement le verre. Rempli ou vide, il fallait que je lui parle avant de me relâcher. « Je suis venue te dire que j'étais désolée. Je sais bien que j'ai déconné. J'ai pas d'excuse, j'ai des soucis avec les relations, défaut de fabrication. » Elle n'avait pas besoin d'être embêtée avec les vraies histoires de famille. Si elle décidait de m'excuser dans ces conditions, j'étais chanceuse. Dans le cas contraire, j'aurais réussi, une fois de plus, à foirer quelque chose qui devenait un peu trop sérieux.

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Année 41, saison intermédiaire (jour 83 - soirée) ✻✻✻ Elle ne savait pas trop comment se comporter, Zorah. D'habitude, elle n'avait pas tant de problèmes relationnels. Elle communiquait sans trop de mal, elle avait le charisme qui aidait, et elle pouvait lâcher quelqu'un s'il devenait trop pénible. Si y avait bien un truc qu'elle aimait pas, c'était l'idée de s'accrocher avec désespoir quant on ne voulait pas d'elle. Zorah, elle valait mieux que ça quand même. Elle aurait donc eu toutes les raisons du monde de l'envoyer chier, la petite Vitani. Snober sa présence et continuer sa vie, puisque que ça devait être le plus grand désir de la blondinette. Sauf qu'elle avait jamais trop réussi à s'en foutre totalement. Vitani lui avait touché un truc dans le cœur et depuis elle ne parvenait pas à la mettre totalement de côté. Elle s'agrippait pas comme une sangsue, elle avait ses limites, Zorah, mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne gardait pas une porte entrouverte. Au cas où si un jour l'autre Vipère décidait de faire l'effort d'y passer la tête.

« J'sais bien. » Ca, ça voulait pas dire grand chose. Elle l'observa, Zorah, un sourcil élégamment relevé. Elle devait avoir une ou deux questions dans le regard. « J'veux bien, tu sais, le verre. » Au moins un truc qu'elle pouvait faire. Elle récupéra une bouteille, laissa une dose généreuse couler dans le verre. Elle ne savait vraiment pas quoi penser. Elle espérait juste que ça ne se finirait pas bizarrement parce que Vitani manquait d'entraînement lorsqu'il s'agissait de lever le coude. « Je suis venue te dire que j'étais désolée. Je sais bien que j'ai déconné. J'ai pas d'excuse, j'ai des soucis avec les relations, défaut de fabrication. » Elle s'était sentie bête, Zorah, à s'arrêter net lorsque les excuses étaient sorties. Elle s'était penchée pour remettre la bouteille en place et n'avait pas bougé pendant une seconde. C'était qu'elle n'en croyait pas ses oreilles. Elle était trop avare en excuses que pour ne pas leur donner de l'importance même quand elles venaient de quelqu'un d'autre. Puis Vitani ne lui avait pas vraiment laissé l'impression que ça arriverait un jour. Ou même qu'elle irait si loin. Elle avait gardé espoir comme une conne, sans rien sur quoi s'appuyer. Et là les Esprits lui lâchaient qu'elle avait eu raison.

Au bout d'un moment, elle s'était redressée, trop silencieuse tout d'un coup. Un truc qui ne lui arrivait pas souvent à la Zorah. Après une inspiration trop prononcée, elle se força à se donner l'air nonchalant. « Et ça sous-entends quoi ce babillage ? »

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Même quand je m'excusais, j'avais l'art de perturber ceux qui m'entouraient. Elle aurait eu toutes les raisons de m'envoyer chier ou de se moquer ouvertement de mes excuses, je n'avais pas vraiment fait quoi que ce soit pour qu'elle m'apprécie ou pour qu'elle daigne encore m'écouter, en tout cas, quand ça ne concernait pas son boulot au bar à drogue. Au lieu de ça, elle bloquait, ne bougeait plus et semblait réellement perdue, sûrement prise de court. Au fond de moi, je savais que je n'avais pas de souci quant au fait de me remettre en question mais, même pour moi, cette situation était nouvelle. Ça ne signifiait pas que j'étais prête à tout, que je n'allais pas nous jouer des tours si Zorah grattait un peu trop mais je ne produisais pas un tel effort avec la première personne venue, ou plutôt, je ne produisais pour ainsi dire jamais un tel effort pour qui que ce soit, je bousillais absolument tout et jusqu'au bout, en temps normal. Les autres lâchaient rapidement l'affaire aussi, ça devait faciliter la tâche. Avec elle, je ressentais presque du remord. Non, je le ressentais vraiment mais je n'arrivais surtout pas à mettre cette petite voix en sourdine.

« Et ça sous-entends quoi ce babillage ? » Elle avait enfin prononcé quelque chose. C'était difficile de ne pas remarquer qu'elle prenait sur elle pour ne pas avoir l'air aussi déstabilisée qu'elle l'était en réalité mais je n'allais pas souligner ce détail au risque de la fâcher pour de bon alors que j'agissais presque contre nature. J'eus un sourire un peu désolé, signe que ça ne m'amusait pas plus qu'elle tout ça mais je ne pouvais plus me débiner. J'en aurais trop dit pour la lâcher juste parce que ça me faisait peur. J'avais littéralement la trouille, elle pourrait effacer d'un revers ce pas, elle en aurait tous les droits mais, pour une fois, je devais laisser Zorah décider toute seule.

« Que je t'ai pas laissé la possibilité de faire ton choix à mon sujet. Je fais ça avec tout le monde, je bousille tout quand ça commence à être un peu plus sérieux, quand il n'est plus question d'être juste des connaissances. Sauf que t'es la première à t'accrocher. » Ces aveux me demandaient beaucoup d'énergie parce que ma tête me criait de partir très loin mais je tenais à garder la tête hors du trou pour une fois. « Je te mentirais en disant que je comprends pourquoi tu t'accroches à moi. Mais cette fois, je te laisse le choix. Si tu veux juste accepter ou pas mes excuses ou si tu veux me donner une autre chance, c'est toi qui décides. Mais je serai jamais aussi confiante que toi. Je suis une trouillarde. » J'avais l'impression d'avoir une lame sous la gorge et qu'on me serrait les viscères tellement j'étais angoissée mais je devais me montrer courageuse au moins une fois dans ma vie.

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Année 41, saison intermédiaire (jour 83 - soirée) ✻✻✻ Elle était quand même étonnée, Zorah. D'habitude, il lui en fallait moins pour filer, à la blondinette. Elle pouvait au moins lui reconnaître ça, même si ça changeait pas grand chose à la donne. « Que je t'ai pas laissé la possibilité de faire ton choix à mon sujet. Je fais ça avec tout le monde, je bousille tout quand ça commence à être un peu plus sérieux, quand il n'est plus question d'être juste des connaissances. Sauf que t'es la première à t'accrocher. » Ouais, comme si ce qu'elle disait, c'était nouveau. Elle n'avait pas le QI d'un rocher, Zorah, elle l'avait bien deviné toute seule ça. Elle n'avait pas non plus été la première à se faire brosser au loin. Fallait aussi savoir apprendre des faux pas des autres. Ce qu'elle n'avait pas fait pour le coup. Obstinée, vous me direz ? Un peu, parfois.

« Je te mentirais en disant que je comprends pourquoi tu t'accroches à moi. Mais cette fois, je te laisse le choix. Si tu veux juste accepter ou pas mes excuses ou si tu veux me donner une autre chance, c'est toi qui décides. Mais je serai jamais aussi confiante que toi. Je suis une trouillarde. » Elle renifla un rire, Zorah. Un son qui ne voulait rien dire de sympathique. Qui n'était pas non plus très gracieux, ni digne de la lady qu'elle était. Il était pourtant sorti et elle ne le regretta pas parce qu'elle n'aurait su comment réagir autrement. Maintenant qu'elle l'avait, son explication de Vitani, elle ne savait pas trop quoi en penser. Elle se pencha sous le bar pour reprendre une bouteille, l'autre main attrapant déjà un verre, et se servit un fond. Elle l'avala aussi sec. Aucun signe au niveau du faciès pour indiquer si le liquide lui avait brûlé la gorge ou non. « T'es vraiment naze pour ça. Les excuses. » Elle ne l'avait pas mordue, Zorah. Elle énonçait un fait parce qu'il fallait pouvoir le reconnaître. Elle pensait pas à mal, la Vitani, elle sentait bien qu'elle était venue avec de bonnes intentions mais qu'elle avait encore à apprendre deux ou trois trucs. Venant d'une fille qui se sentait rarement en tort et n'était pas adepte des excuses, cela pesait lourd. « J'sais bien, c'est p't'être pas ce que tu voulais dire dans le fond ou faire. Mais je vais te dire ce que j'ai compris de tout ça. » Pour faire bonne mesure, elle se resservit un peu d'alcool et le vida plus calmement. La patronne allait finir par lui mettre une claque derrière la tête si elle la voyait picoler de la sorte pendant le service. « Tu me demandes d'avoir du courage pour deux parce que toi, tu as la trouille et supposément pas moi. Puis tu me mets toute la pression sur les épaules concernant notre relation sous prétexte que c'est à moi de choisir. Sous-entendu, tu prendras n'importe quelle réponse et tu vivras avec. Spoiler alert, ma grande, l'amitié c'est pas si facile. Pour tout le monde. Les relations en général. J'étais ni confiante, ni courageuse. Juste une gosse. Même quelqu'un comme moi, c'est plutôt con à cet âge là. » Qu'elle avait craché avec un peu de venin à destination de sa version miniature. « Ouais, je me suis attachée à l'époque. Même aujourd'hui, t'es pas une étrangère. Ou une meuf dont je me fous. Sauf que me suis déjà brûlé une fois, pas qu'un peu, et je vais pas le refaire bêtement une deuxième fois pour tes beaux yeux et quelques mots que tu pourrais remettre en cause d'ici dix minutes. Mais- » Elle exhala. L'émotion de tout ce bordel l'affectait, la Zorah. « -je peux admettre que c'est un premier pas et accepter ce que tu as essayé de dire. T'excuser ? J'en sais rien. Trop tôt pour le dire. » Un petit haussement des épaules. « Quant à la seconde chance, c'est à toi de voir. Tu ne l'auras pas comme ça, ça c'est sûr. Si l'effort en vaut la peine, va falloir que tu le prouves. Que tu restes et que tu fasses ta part parce que je ne suis plus la gosse débile qui va te courir après. Tu peux bâtir ni la confiance, ni l'amitié sur des mots. Faut du concret. »

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Il aurait fallu être vachement insensible ou stupide pour ne pas sentir la mauvaise ambiance tout autour de nous. Zorah s'était accrochée pendant un bon bout de temps mais ça ne signifiait pas qu'elle était encore si attachée que ça. Elle avait peut-être appris de ses erreurs et compris que j'étais un cas désespéré. Je n'aurais pas pu lui en vouloir, je l'avais cherché et pas une seule fois. Elle avait peut-être bien mis plus de temps que les autres à comprendre que je ne valais pas grand-chose, en tout cas pas qu'elle s'épuise inutilement. « T'es vraiment naze pour ça. Les excuses. » Si ce n'était qu'à ça. Ce fut ma première réflexion. Si on écoutait ma tante, je n'étais bonne à rien, pas même à foutre la paix à une famille épuisée par ce deuil inattendu. Je n'étais rien d'autre que de la gangrène. Une foutue malade qui rongeait les autres de manière cruelle. Ce fut à mon tour d'avoir un rire un peu fataliste.

« J'sais bien, c'est p't'être pas ce que tu voulais dire dans le fond ou faire. Mais je vais te dire ce que j'ai compris de tout ça. » Ça puait. D'une certaine façon, l'annonce m'effrayait moins qu'un comportement sain, voire positif à mon égard. C'était déroutant mais c'était ma réalité. M'en prendre plein la gueule, c'était encore ce que je faisais de mieux dans la vie. J'encaissais trop naturellement et j'acceptais ça trop facilement.

« Tu me demandes d'avoir du courage pour deux parce que toi, tu as la trouille et supposément pas moi. Puis tu me mets toute la pression sur les épaules concernant notre relation sous prétexte que c'est à moi de choisir. Sous-entendu, tu prendras n'importe quelle réponse et tu vivras avec. Spoiler alert, ma grande, l'amitié c'est pas si facile. Pour tout le monde. Les relations en général. J'étais ni confiante, ni courageuse. Juste une gosse. Même quelqu'un comme moi, c'est plutôt con à cet âge là. Ouais, je me suis attachée à l'époque. Même aujourd'hui, t'es pas une étrangère. Ou une meuf dont je me fous. Sauf que me suis déjà brûlé une fois, pas qu'un peu, et je vais pas le refaire bêtement une deuxième fois pour tes beaux yeux et quelques mots que tu pourrais remettre en cause d'ici dix minutes. Mais- » C'était bien la seule pause qu'elle fit au beau milieu de ce discours. « -je peux admettre que c'est un premier pas et accepter ce que tu as essayé de dire. T'excuser ? J'en sais rien. Trop tôt pour le dire. Quant à la seconde chance, c'est à toi de voir. Tu ne l'auras pas comme ça, ça c'est sûr. Si l'effort en vaut la peine, va falloir que tu le prouves. Que tu restes et que tu fasses ta part parce que je ne suis plus la gosse débile qui va te courir après. Tu peux bâtir ni la confiance, ni l'amitié sur des mots. Faut du concret. »

Tout ce qu'elle avait dit faisait sens mais me foutait la trouille. On n'allait pas me changer du jour au lendemain. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle m'accueille les bras ouverts mais je n'avais pas imaginé qu'on puisse être si amère parce que j'évitais à tout prix ceux qui s'attachaient un tout petit peu. Lui expliquer pourquoi j'étais déréglée à ce point n'aurait rien arrangé et de toute manière, je n'étais pas prête à m'ouvrir à qui que ce soit. Oui, je pouvais éventuellement voir si j'étais capable de véritables efforts pour elle mais il ne fallait pas me demander l'impossible. Ce qu'elle ne faisait pas. J'avais tout fait pour rester droite, un peu plus et elle ne me voyait plus, mais je me rendais bien compte que ça risquait d'être difficile et qu'elle n'allait pas rendre les choses faciles. J'avais alors simplement hoché de la tête, signe que j'avais compris ce qu'elle disait avant de regarder bêtement le comptoir sous mes bras. Courageuse.

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Année 41, saison intermédiaire (jour 83 - soirée) ✻✻✻ Elle ne savait pas à quoi elle s'était attendue, la Zorah. Peut-être à moins. Peut-être à plus. Un hochement de tête et ça s'arrêtait là. Vitani ne lui offrait pas grand chose. Elle avait tout de la gueule de la condamnée. Elle laissa son cerveau mouliner en silence, un peu, puis déboucha pour la quatrième fois la bouteille. La hauteur de l'alcool dans son verre ne dépassait même pas son ongle mais ça ferait l'affaire. « Je me protège mais ça veut pas dire que je vais te faire la misère. C'est pas de la vengeance. Je prends soin de moi parce que j'ai toutes les raisons de le faire et que je me le pardonnerais pas si je te laissais la chance de me blesser à nouveau trop facilement. Je te le pardonnerais pas à toi non plus dans ce cas-là. » Et là, ce serait définitif. Elle sous-entendait ça, Zorah. Façon de dire aussi qu'elle ne voulait pas qu'elles en arrivent à ce stade là.

Calmement, elle lui présenta son verre pour trinquer. Histoire de briser la tension et le drama de tout ce qui se jouait ici. « C'est pas un nouveau départ mais- » Elle y pensa une seconde. « -au peut-être changement. »

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« Je me protège mais ça veut pas dire que je vais te faire la misère. C'est pas de la vengeance. Je prends soin de moi parce que j'ai toutes les raisons de le faire et que je me le pardonnerais pas si je te laissais la chance de me blesser à nouveau trop facilement. Je te le pardonnerais pas à toi non plus dans ce cas-là. » Au moins, le message était clair. Elle n'aurait pas eu besoin d'en dire plus pour que je comprenne ce que ça sous-entendait, c'en serait fini. C'était plutôt légitime, rien de méchant là-dedans. Quant au fait qu'elle se protégeait, c'était encore plus compréhensible. Je n'étais pas conne, elle ne pouvait pas penser à moi, tout comme je ne pouvais pas ne penser qu'à elle.

Quand elle me tendit le verre, je pris tout le courage que j'avais réussi à stocker en moi, c'est-à-dire pas grand-chose, pour passer à autre chose, ce qu'elle semblait vouloir faire, elle aussi. « C'est pas un nouveau départ mais- » J'avais levé mon verre le temps qu'elle retrouve la fin de sa phrase et donc son idée. « -au peut-être changement. » Une fois que nos verres s'étaient touchés dans un bruit qu'on entendait souvent au bar à drogue, je pris une gorgée sec et reposai mon verre. « Merci. De me donner une chance. » J'avais voulu ajouter que je ne le méritais pas mais ce n'était pas vraiment dans l'esprit.

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Année 41, saison intermédiaire (jour 83 - soirée) ✻✻✻ Trinquer n'était pas anodin. Elles étaient au bar à drogue. Puis, Zorah, c'était la fille de la patronne. Le symbole n'en était que plus fort. Vitani se joignit à elle et le clic résonna plus fort qu'il l'aurait dû aux oreilles de la capricieuse. Symbolique, vraiment. Elle irait pas trop le montrer mais ça lui faisait plaisir. Ce peut-être, elle avait bien envie qu'il se produise à défaut de dire qu'elle avait l'espoir. Le mot était trop grand. Elle laisserait plus sa vie être changée sans être sûre que ça en vaille la peine. « Merci. De me donner une chance. » Aussi léger qu'avait été son sourire, il s'effaça. Elle était rarement sérieuse, Zorah. Pas comme ça. Il fallait une raison pour qu'elle lâche tout ce qui la mettait en valeur. Elle aimait trop se faire charmeuse. « La gâches pas. » Des deux, Vitani serait celle qui aurait le plus à le regretter, elle en était certaine, Zorah. Elle siphonna le fond de son verre et le fit glisser jusqu'à l'amas de trucs sales qu'elle ne comptait pas toucher.

Le sourire commercial remonta sur ses lèvres. « Maintenant je vais retourner faire cracher leurs rations à d'autres clients. Mon fessier est trop joli pour se faire botter. »

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» not in bad company ft. Zorah
» let's walk around ft. Zorah
» wrong person ft. Zorah
» zorah • beautiful, what a lazy way to describe me

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