back to basics ft. Oz

JAGUARS DU SUD

Willow (15 ans) & Oz (19 ans)

back to basics (année 39 st1)

Il était déjà tard alors que je traînais encore en centre neutre. Je n’étais pas pressée de rentrer chez les Jaguars, ce qui était officiellement mon clan depuis maintenant cinq bonnes années. Depuis tout ce temps, on aurait pu espérer que je m’étais réellement intégrée, que j’étais devenue une bonne Jaguar dans l’âme, ou au moins depuis quatre ans puisque Joshua avait été défait de son rôle en trouvant la mort. Depuis qu’il n’était plus, l’ambiance était meilleure à mesure que le temps faisait son office. Pourtant, je n’étais pas plus heureuse. L’ambiance était passée de morbide, voire glauque, à trop festive, trop fêtarde et trop famille à mon goût. Comment apprécier de faire partie d’une nouvelle famille quand tout ce qu’on désirait au plus profond de son petit être était de retrouver ses véritables parents, raflés comme du bétail par un clan dont on avait aucun souvenir ? J’étais bien certaine d’une chose, c’est qu’ils n’étaient pas chez les Jaguars. Rien ne pouvait me garantir qu’ils étaient encore en vie, seule cette mince lueur d’espoir me maintenait en vie et me permettait de tenir, jour après jour, sans nouvelles de leur part. En plus, je n’étais pas comme eux. Je n’étais pas comme la masse. Je ne parlais pas des masses. Je n’étais pas une bonne oreille non plus, plongée dans mes histoires, dans mon propre univers. Il m’avait bien fallu tout ça pour tenir ces quelques jours sans visite, cachée dans un trou à rats, pour ne pas me faire attraper ou pire encore, tuer. A certains moments, il m’arrivait d’y refoutre un pied, un peu par nostalgie et bêtement dans l’espoir de les retrouver mal. J’étais trop naïve. L’avantage, c’est que c’était calme comme coin. Peu de Libres s’y réfugiaient depuis la rafle. Je n’avais pas peur de ce qu’il pourrait m’arriver parce que j’avais vécu si longtemps sur la route que j’en connaissais tous les pièges – enfin, c’est ce que je prétendais –. Je ne me faisais pas pour Salem non plus, il savait que je reviendrais de toute manière. Je n’étais peut-être pas attachée à mon clan mais je connaissais les limites. Je ne tenais pas à recevoir un sermon ou, pire encore, une punition parce que je manquais à mon devoir, c’est-à-dire à ma tâche. Ce soir, j’avais surtout envie de prendre un peu de distance, ce qui était beaucoup plus difficile parmi les miens. Ils étaient trop tactiles, trop extravertis, trop bruyants et, plus que tout, pas toujours compréhensifs. Si je ne parlais pas, selon certains, c’est que je n’allais pas bien, alors, croyant bien faire, ils cherchaient à me changer les idées pour me remonter le moral, attendant de moi ce dont j’étais incapable. Je ne parlais pas pour parler. Plus encore, je me ressourçais en étant loin de la foule et de ses effets parfois trop anxiogènes. Je m’étais finalement installée non loin de la cavité rocheuse où ma nouvelle vie avait malheureusement commencé. Posée contre l’un des rochers extérieurs, je regardais le ciel s’assombrir. Il faisait déjà moins lourd qu’en journée, ce qui aidait pas mal. Apaisée par l’endroit, je n’étais plus trop sur mes gardes.

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Année 39, première saison tempérée ✻✻✻ Toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas rentrer à la maison. La maison. Quelle bonne blague. Oz se faisait marrer tout seul avec ses conneries. Le territoire de l'est n'avait rien d'une maison. Pas dans le sens le plus beau du terme, en tout cas. Il s'y reposait et préparait ce dont il avait besoin pour survivre, c'était à peu près tout. Il n'aurait pas dû s'en plaindre. Avoir un abri était toujours mieux que d'avoir à subir les éléments. Une vrai maison, il n'en avait jamais eu et il était certain qu'il n'en aurait jamais. S'offrir une vrai maison demandait bien trop de choses. A commencer par quelqu'un avec qui la partager. Et ça, c'était compliqué. Oz n'était pas près de se dégoter quelqu'un avec qui il voudrait partager ce genre de confort. Une telle intimité, c'était purement et simplement dangereux. Il aurait aussi à rendre des comptes à un autre humain et, ça, il n'aurait pas pu l'accepter. En rendre à un chien était déjà bien assez compliqué.

« T'es lourd. » Les mots étaient adressés au clébard, encore tout jeune, qui occupait la place libre dans son sac à dos. Son corps par encore habitué à un tel effort l'avait lâché après le passage par la zone industrielle pour déposer les proies. Oz avait eu pitié et l'avait fourré là pour qu'il arrête de traîner la patte derrière lui. Pour cette raison, il aurait dû rentrer d'autant plus rapidement chez les Aigles. Il avait fini depuis un bon moment, rien ne le retenait plus dans le centre neutre. Pourtant, il traînait, vérifiait un piège à gauche, suivait une piste à droite. L'effort était inutile, mais c'était une journée comme ça. Une journée où Oz voulait juste ne pas avoir à être un Aigle.

Willow, il la connaissait depuis un moment. Pas pour de vrai. Personne ne semblait la connaître pour de vrai. Mais Oz l'avait remarqué pendant qu'il travaillait. Il avait posé des questions, avait appris son prénom, son clan, pas grand chose d'intéressant en somme. Son intérêt n'était pas anodin. Il l'avait vue avec quelqu'un et, depuis, Willow était apparue partout. Au final, il s'était mis à la trouver dans son champ de vision plus souvent qu'il ne voyait Sawyer. Un détail frustrant. Pourtant, il n'avait jamais cherché à lui parler. Le moment n'était jamais le bon et ce n'était pas comme s'il avait un truc à lui dire. Il n'était pas un homme de limites, mais il n'aurait rien gagné à aller se camper devant cette gamine pour une telle bêtise. Jusqu'à ce qu'il la croise. Encore. Le destin la jetait littéralement sur sa route à ce point et Oz avait appris à ne pas ignorer une telle insistance. C'était qu'on ne savait jamais : qu'est-ce que ce serait la prochaine fois ?

L'hésitation était quand même présente. Avec le jour qui tombait, il n'était pas question non plus qu'il se fasse étriper parce qu'elle le prendrait pour un sale type. Le pas lourd, il avança un peu. Juste quelques foulées pour se rapprocher et ne pas avoir à crier au milieu de nulle part. « Qu'est-ce que tu fiches ici ? » Il continua son approche comme on avance sur un animal. « Willow, c'est ça. » Mais qu'est-ce qu'il était en train de foutre ? Ok, c'était une occasion en or, mais une occasion de faire quoi ? Qu'avait-il de si important à communiquer ? Il y avait bien un truc, mais ça tenait du foutu détail et il se serait senti vachement con de le déclamer.

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Même quand je partais loin, même quand j’étais perdue dans un coin presque désert du centre neutre, quelqu’un venait. Son pas n’était pas franc. Non, il y allait doucement, même prudemment. Je lui faisais peur ? Je n’avais pas tout de suite reconnu la silhouette, pourtant je l’avais déjà croisé plus d’une fois. Je ne le connaissais pas plus que ça, juste de vue. Je ne connaissais pas son nom. Je ne connaissais pas son clan non plus. Il n’était pas assez maigre pour être un Libre. En plus, les Libres n’étaient pas les plus sociables, ils avaient trop peur pour leur vie, sauf peut-être les Intouchables. Je m’y connaissais suffisamment pour avoir vécu cette vie, pendant pas moins de dix ans. Et comme eux, la vie m’avait appris à me montrer prudente. Même si je l’avais déjà vu, même s’il ne m’évoquait rien de dangereux, je ne devais pas laisser les apparences dicter ma conduite. Pour quelqu’un qui ne m’avait jamais parlé, il posait une question bien indiscrète. « Pourquoi ? » Répondre à une question par une autre question était une ruse. Tel un bouclier, je mettais instinctivement de la distance entre lui et moi. Pourquoi aurais-je dû être plus bavarde ? Parler était potentiellement dangereux, surtout avec un inconnu, quand bien même les rares fois où nous nous étions croisés auparavant il n’avait jamais rien fait. Cet endroit n’avait déjà rien de réconfortant, le début de la fin, la séparation forcée et les jours passés à se ronger les ongles parce que je n’avais rien d’autre à manger. J’étais inévitablement attirée par ce bout du centre neutre malgré les circonstances. Là plus que nulle part ailleurs, j’étais faible. Ce n’était donc pas le lieu idéal pour taper la conversation. Mon corps se crispait déjà et ce n’était pas en entendant mon nom que j’allais réussir à me relâcher. « Comment tu connais mon nom ? » Je m’étais redressée d’un coup, les jambes fléchies, guettant une échappatoire. Ce n’était pas tous les jours qu’une personne dont j’ignorais l’identité se présentait en citant mon nom. Une drôle de manière de me convaincre que je ne craignais rien. J’aurais mieux fait de décamper dès qu’il s’était approché. A croire que mes réflexes avaient perdu de leur efficacité depuis que je squattais les rues chez les Jaguars. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Je donnais l’image d’un chaton sortant les griffes mais un chaton, ce n’était pas franchement menaçant, ni même intimidant. Je n’étais pas persuadée qu’il allait me laisser tranquille.

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Année 39, première saison tempérée ✻✻✻ Cette conversation - mettons des guillemets autour - s'annonçait compliquée. La méfiance de la gamine se dégageait clairement dans une attitude parfaitement justifiée. Il l'aurait presque félicité de ne pas faire confiance au premier venu, mais ce n'était pas son genre, à Oz, et c'était commun dans leur monde. Si tu avais la fichue manie de ne pas voir le potentiel mauvais partout, tu pouvais déjà commencer à creuser ta tombe. Ou te trouver une bande de rats pour s'occuper de ton pauvre corps, au choix, en fonction de tes croyances. Oz savait tout ça. Willow aussi. Ils avaient au moins ça en commun, entre autres choses. « Pourquoi ? » Ouais, la question était justifiée et celle de Oz, pas tellement. Il faisait les curieux et ça aurait été un peu con de répondre à un type louche. Il se gratta la nuque, incertain. C'était que la réponse était un peu complexe à résumer. « Comment tu connais mon nom ? » Avec ça, Oz se voyait un peu retomber sur ses pattes. Ouais, il pouvait commencer par là. « Quelqu'un me l'a dit. » Il aurait mieux valu qu'il précise directement qui. Un peu de pot et ça lui aurait évité de la voir s'enfuir à toutes jambes. Lorsqu'il la voyait avec Sawyer, elle avait une tête un peu différente. Sûrement que ça signifiait une sorte de sécurité trouvée chez son amie. « Qu'est-ce que tu me veux ? » Oz dressa les mains devant lui, paumes bien tournées vers elle. « Tout doux, tigresse. Pas besoin d'envisager de taper un sprint. » Ça le faisait un peu chier d'avoir à faire tout ça pour parvenir à parler avec elle, mais c'était la situation qui voulait ça. Dans un lieu public, il aurait eu à faire moins d'efforts. Ou elle aurait hurlé en prétextant qu'il lui avait fait un truc louche comme cette garce l'autre jour. Le pauvre Oz n'était coupable que d'une chose : il l'avait sauté sans sentiments alors qu'elle pensait autre chose.

Poussant un soupir lourd, il s'assit au sol, les jambes croisées. Il s'était débarrassé des lanières de son sac à dos pour le poser sur ses cuisses et ouvrir un peu le rabat pour laisser Jax respirer mieux. Fallait pas croire qu'il tentait de l'amadouer avec le chien. Il avait juste le dos qui le tuait et il s'était dit qu'il aurait l'air moins problématique s'il se posait sur ses fesses. « Sawyer. Tu traînes souvent avec elle. C'est comme ça que je connais ton petit nom. » Était-ce une pointe de jalousie vers le milieu ? Peut-être. Oz était heureux de la voir ouverte à quelqu'un d'autre, mais ça lui faisait toujours un peu bizarre. Au fond, il avait la trouille qu'un jour elle serve à cette Willow ce sourire qu'il lui avait vu trop rarement, mais qui ne s'était jamais adressé qu'à lui.

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« Quelqu'un me l'a dit. » C'était vraiment comme ça qu'il comptait arranger les choses ? J'étais censée être rassurée ? J'avais de sérieux doute en ce qui concerne ses aptitudes sociales. S'il était Membre, j'espérais qu'on ne l'avait pas choisi pour ce détail. Il ferait certainement un piètre patrouilleur. A mon avis, il devait travailler en solitaire pour ne pas savoir s'y prendre. A moins que ce ne soit à cause de moi ? Je ne renvoyais pas forcément de bonnes ondes, j'en étais bien consciente. Question de survie. Plus j'y pensais, plus je comprenais qu'on m'ait déjà traité de chat errant. Lui, par contre, il me rappelait un chien plus pataud, incapable de se dépêtrer de sa propre misère. Dans ce genre de situations, en tout cas. Je ne le connaissais pas assez pour juger sa vie. Il devait avoir compris, à ma posture, que j'envisageais très sérieusement de me faire la malle. Il suffisait de l'entendre. « Tout doux, tigresse. Pas besoin d'envisager de taper un sprint. » Tigresse ? Sérieusement ? J'aurais pu être flattée d'être surnommée tigresse, ça changeait du chaton, mais je ne supportais pas l'idée qu'on cherche à me brosser dans le sens du poil. Je n'avais pas besoin de flagorneries, juste qu'il s'explique plus clairement ou qu'il se barre. La deuxième solution était plus tentante mais malheureusement, il avait décidé de s'asseoir.

Je m'étais approchée avec prudence. Qu'il prenne son sac à dos soudainement m'alertait instantanément. J'étais censée faire quoi s'il sortait une arme, là ? Je n'étais qu'une soumise, ce qui signifiait que je n'avais rien pour répliquer. Oh, je pouvais me montrer dangereuse mais dans un autre style et j'avais peur qu'à cause de la différence de gabarits, je ne puisse pas tenir longtemps. Mes yeux s'ouvrirent en grand, mes sourcils relevés. Un chien ? Il avait un chien dans son sac à dos ? Le temps que mon cœur se calme, je m'approchais déjà du petit chiot. Les animaux, ça ne me faisait pas peur. En plus, il avait une bonne bouille. Avec les bêtes, j'étais à l'aise : ils ne mentaient pas et faisaient preuve de spontanéité, contrairement aux humains. J'allais le caresser, toujours sur mes gardes, observant son maître du coin de l’œil, quand j'entendis son prénom. « Sawyer. Tu traînes souvent avec elle. C'est comme ça que je connais ton petit nom. » Un bond en arrière, les genoux pliés à nouveau et le regard inquisiteur. « Tu connais Sawyer ? Comment ? » J'avais soudainement la sensation qu'on avait épié ma vie avant de me rencontrer. Ça avait quelque chose de désagréable, de l'apprendre comme ça. Pourtant, pour que ce chien soit à l'aise, il ne devait pas être un mauvais bougre.

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Année 39, première saison tempérée ✻✻✻ Oz, c'était qu'un putain de génie lorsqu'il n'y pensait pas trop. Qui aurait cru que Jax puisse être d'une quelconque utilité dans un moment pareil ? Sûrement pas lui. Il lui reconnaissait une bouille mignonne et il avait ces poils un peu fous qui lui sortaient des oreilles et le rendait fun, mais ils n'étaient pas nombreux à voir en lui un quelconque potentiel. Autre qu'un futur steak juteux. Fallait dire qu'il le nourrissait pas mal, le Oz. La gamine, par contre, semblait sous le charme. Il se félicita pour cette réussite hasardeuse. Peut-être qu'il allait enfin pouvoir en placer une sans avoir à stresser. Elle avait typiquement cette énergie qui vous disait qu'elle allait se barrer d'un moment à l'autre. A se demander comment la crevette qui ne pipait pas mot avait fait pour l'amadouer. Sa réponse, Oz l'eut sans trop réfléchir. C'était Sawyer, elle avait ça dans le sang. Sans même y penser, cette fille vous faisait tourner autour de son petit doigt. Elle en serait devenue insupportable si elle s'en rendait vraiment compte, mais cette andouille se persuadait encore qu'il n'y avait personne pour se soucier réellement d'elle. Parfois, il avait des envies de lui mettre des calottes derrière la tête pour ses conneries.

« Tu connais Sawyer ? Comment ? » Super. C'était la dernière fois qu'il ferait les louanges du cabot. Il n'avait pas été fichu de la garder un peu calme pour deux minutes. La petite était déjà prête à se tirer. Évoquer Sawyer avait fait plus de mal que de bien et ça lui fit froncer les sourcils, à Oz. Bizarre. Il avait cru pouvoir la rassurer avec ça, mais tout le contraire s'était produit. Sans trop savoir par où commencer, il se gratta la tête. C'était si étonnant que ça qu'il connaisse Sawyer ? Il était un peu plus vieux, mais ça comptait moyen dans leur monde. « On a voyagé deux ou trois fois ensemble avant de se faire gauler par les clans. » Bon début, Oz. Il suffisait de continuer comme ça et elle envisagerait peut-être de se rasseoir. « Je l'aime bien, donc j'ai toujours veillé sur elle. » Bel euphémisme. Il se sentait déjà bien con pour cette déclaration pourtant parfaitement platonique. S'il avait été du genre à rougir, il aurait eu comme deux spots rouges sur les joues, mais le destin n'était pas si cruel. Il avait juste les mains moites à force de triturer les lanières du sac. Avouer son attachement pour quelqu'un n'était pas son genre. Oz, il était connu pour n'aimer que lui-même.

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« On a voyagé deux ou trois fois ensemble avant de se faire gauler par les clans. » A son attitude, je voyais bien qu'il n'était pas particulièrement à l'aise. Il ne devait pas avoir l'habitude de parler avec les autres. Il avait l'air beaucoup plus confiant dans sa relation avec son chien qu'avec une humaine. C'était peut-être juste une coïncidence mais c'était l'impression qu'il me laissait. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'aimait pas plus les clans que moi, sinon il n'aurait pas utilisé cette expression très typique. On avait ça en commun. Ça et Sawyer. « Je l'aime bien, donc j'ai toujours veillé sur elle. » C'est bien ce que je disais. Sawyer comptait beaucoup pour lui. La différence était qu'il veillait sur elle, là où je la fuyais parce que j'avais peur des sentiments qui naissaient en moi. Il était peut-être, non sûrement, mieux que moi pour elle. C'était difficile à l'admettre et ça me rendait drôlement amère rien que d'y penser, mais c'était la vérité. Il veillait sur elle et moi, je la blessais. Il n'y avait pas photo.

Là-dessus, je m'étais assise, à une distance raisonnable, facilement deux fesses. Il n'était pas une menace, à moins qu'il ne me voie comme une ennemie. Ce ne serait pas impossible. Je regardais mes chaussures, comme une idiote, un peu perdue dans ce schéma. Les gens ne venaient jamais me parler, seul Salem l'avait fait jusqu'à présent. Je n'allais jamais vers personne non plus. Ce qui résumait ma vie à quelques connaissances dont Salem et Sawyer et les patrouilleurs qui m'avaient ramené jusqu'au territoire sud. « Elle a de la chance de t'avoir. » Ces mots m'arrachaient la gorge, non pas par fierté mais parce que je partageais difficilement les rares personnes qui formaient mon monde. « Désolée. » Pour tout ce cinéma. Je pouvais bien m'excuser d'avoir été aussi agressive. « Je suis pas très commode comme fille. » Mais je ne suis pas méchante. Tout était toujours dit à mi-mot.

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Année 39, première saison tempérée ✻✻✻ Elle avait l'air drôlement mélancolique, cette gosse. Oz, il savait pas trop ce qui lui était arrivé, il n'était pas particulièrement curieux non plus. Chacun avait sa part sombre dont il ne kiffait pas de parler. Lui le premier. Il n'allait donc pas gaver sa voisine pour qu'elle lui brosse la triste histoire de sa vie. Il valait mieux qu'ils s'épargnent ça. Pour tous les deux, ça aurait été gênant. Oz, il aurait pas su quoi dire de toute façon. Pas pour rien qu'il aimait pas qu'on cause passé tragique autour de lui.

La garde devait se baisser un peu parce qu'elle décida enfin de s'asseoir. On allait pas causer de confiance, mais au moins elle devait avoir abandonné l'idée de se carapater. Il la zieuta du coin de l'oeil, pas certain de ce qu'il aurait pu dire. Oz conversait pas pour rien. Heureusement qu'elle n'était pas totalement muette et qu'ils avaient un point commun sacrément mignon. « Elle a de la chance de t'avoir. » Il était pas bien sûr de ça. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui apporter ? S'inquiéter pour elle, il savait. Sauf que ça s'arrêtait là. Même pas elle décidait de se confier vraiment à lui, Sawyer. Sur ça, il savait pas trop quoi penser. Il semblait que Sawyer, elle s'exposait pour personne. Il finit par hausser les épaules. Il avait rien de concret à lui répondre. « Désolée. » Il s'était pas trop attendu à ça. Les excuses faisaient parties de ces compétences difficiles à maîtriser. Il s'était juste pas imaginé qu'une nana si farouche ait pris la peine de développer l'aptitude. « Je suis pas très commode comme fille. » Il ricana un coup. Elle avait pas tort. Oz, il savait pourtant qu'elle était pas la seule à être couverte d'épines. « J'ai la tronche d'un rayon de soleil ? » Les excuses, il les acceptait, mais il n'allait pas non plus en faire tout un foin. « Mais t'es une brave gamine. La vie, elle t'a juste appris qu'on allait t'en foutre plein la gueule et qu'il fallait que tu te protèges. »

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Quand il se mit à rire, tout mon corps se braqua instantanément. Un vieux réflexe. Les gens rigolaient toujours quand ils vous faisaient une crasse, sauf quand ils le faisaient par pur instinct de survie. J'avais trop souvent entendu les abrutis de Joshua, ses suiveurs comme on les appelait, rigoler à gorge déployée quand ils terrorisaient les plus jeunes pour les faire entrer dans le rang. Il n'y avait pas qu'eux. Ceux qui avaient raflé mes parents n'avaient pas été beaucoup plus discrets. Ils étaient fiers et trouvaient ça tout à fait normal. J'avais bien compris, dans le fond, qu'il n'avait rien à voir avec eux, il était quelqu'un de bien. Il suffisait de l'entendre parler de Sawyer avec toute la maladresse du monde. Les vieux démons, ça avait l'art de vous poursuivre. Heureusement, il avait repris la parole et je reprenais pied avec la réalité, me détendant à nouveau. « J'ai la tronche d'un rayon de soleil ? » Et là, l'exploit. Sa réaction m'arracha un rire que j'essayai d'étouffer tout aussi rapidement, cachant ma bouche avec ma main. Je n'étais pas exactement habituée à rigoler avec le premier venu mais il avait le don de vous détendre.

« Mais t'es une brave gamine. La vie, elle t'a juste appris qu'on allait t'en foutre plein la gueule et qu'il fallait que tu te protèges. » C'était bien la réflexion d'un ancien baroudeur. Ceux qui avaient vécu toute leur vie au sein d'un clan ne pensait pas comme ça, à quelques exceptions près bien évidemment. Leurs vies étaient réglées et encadrées, même s'il existait des incartades à certains moments. Ils avaient un toit et une maison et on ne pouvait les voler sauf raisons exceptionnelles. C'était en tout cas la réalité des Jaguars. Je ne connaissais pas bien celle des autres clans. « Je peux te demander ton nom ? » J'avais osé, faisant un pas dans son sens, parfaitement consciente que s'il connaissait mon nom, ça signifiait pas qu'il était obligé de me donner le sien. Cette réciprocité n'était pas une règle tacite chez les Libres. Je n'allais pas lui en vouloir non plus.

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Année 39, première saison tempérée ✻✻✻ Il aimait, Oz, que faire la papote ne soit pas une obligation. Le voilà, le plus grand point positif avec les Libres : ils connaissaient le prix du silence. Lorsqu'on baroudait, on pouvait passer des heures sans entendre le son de sa propre voix. Question d'économie d'énergie. Parfois, il s'agissait juste d'une mesure de prudence. Il y avait bien les grands échanges au coin du feu, mais le traitement était réservé aux nouveaux. Dans la réalité, trop souvent, il n'y avait rien à dire parce que chaque jour n'était que survie. Et autant dire que ce n'était pas la période la plus propice pour se faire des souvenirs. Sa grande gueule, il avait fini par la gagner chez les Aigles, les pigeons lui ayant frottés leurs habitudes de citadins dessus. La petite Willow s'adaptait sûrement encore parmi les siens. Il lui souhaitait juste que ça se passe mieux que pour lui. Salaud, il l'était, mais pas au point de vouloir jeter sa malédiction sur les autres. Ne pas trouver sa place était une plaie purulente.

Dans ces moments là, Oz, il se sentait pourtant pas si mal à Paris. Avec des gens qu'il appréciait ou qui n'étaient pas trop chiants, la vie roulait mieux. Il était bien avec cette gosse qui rigolait maintenant comme si elle avait été prise de court. « Je peux te demander ton nom ? » Ah, ils y étaient. Les présentations. Oz, il n'avait pas vraiment envisagé qu'ils finiraient par se parler naturellement et qu'elle veuille en savoir plus sur lui. Un petit miracle que voilà. « Oz. Et la tête de nœud là, c'est Jax. » Qu'il avait dit en tapotant son sac à dos. « Te fie pas aux racontars sur ma personne, les pigeons m'aiment pas. » Et il n'aimait pas les pigeons. Le désamour se voulait partagé. « J'suppose que toute personne venant d'ailleurs doit dire la vérité par contre. » Il en ricanait, bien conscient que dans son cas il n'y avait vraiment pas de fumée sans feu.

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« Oz. Et la tête de nœud là, c'est Jax. » Il avait une façon bien particulière de présenter ce qui semblait être son plus fidèle compagnon mais c'était cette particularité qui me faisait aimer ce qu'il était. Ce n'était pas quelqu'un de fade, pas quelqu'un qui se fondrait dans la masse et à Paris, ça faisait du bien de rencontrer quelqu'un comme lui. Ça changeait de ces Membres tantôt trop bagarreurs, persuadés qu'ils détenaient la vérité et qu'ils pouvaient taper sur tout ce qui bougeait, tantôt trop coincés, trop polis, trop bien. On ne pouvait pas lui reprocher d'être trop correct. Il vivait la vie à fond et ne semblait pas avoir peur de ce qu'on pouvait dire à son sujet. Je n'étais pas étonnée que Sawyer l'appréciais et ait décidé de faire un bout de chemin avec lui. Il était franc mais plus humain que certains. Tout le monde ne pouvait pas se vanter de penser à un petit être qui pourrait servir de repas.

« Te fie pas aux racontars sur ma personne, les pigeons m'aiment pas. » Encore cette façon bien à lui de présenter les choses. Je ne perdais pas le sourire, c'était même tout le contraire, à l'écouter. Je n'aurais pas cru accepter de me laisser approcher par quelqu'un qui avait pris la peine de rechercher des informations à mon sujet pour m'aborder parce que je me méfiais de tout le monde comme de la peste mais il avait eu raison d'insister. J'aurais raté quelque chose d'énorme s'il avait rebroussé chemin. Jax y avait joué pour beaucoup mais je mentirais en disant qu'il n'avait pas réussi à m'intriguer. « J'suppose que toute personne venant d'ailleurs doit dire la vérité par contre. » Cette franchise était tout à son honneur. Il ne se voilait pas la face en ce qui le concernait mais tout le monde n'était pas capable d'une telle honnêteté quand c'était trop personnel. « Dans ce cas-là, les rares Jaguars qui connaissent mon nom risquent de te dire que je suis une fille fermée ou coincée. Salem, il me connaît vraiment, un peu comme Sawyer. Les autres ne comprennent pas que je ne sois pas comme eux. » Il y avait trop de différence entre les vrais Jaguars et moi mais ça ne me minait pas le moral pour autant. J'étais contente d'avoir Salem dans mon quotidien et de connaître Sawyer. Et maintenant Oz et Jax.

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Année 39, première saison tempérée ✻✻✻ C'était pas pour être chelou, mais il avait un petit talent avec les mômes, Oz. Il arrivait à se les mettre dans la poche. Il suffisait de voir le sourire qu'elle affichait, la Willow. Il allait encore s'enfoncer, mais ce n'était pas tous les jours qu'il la voyait vu avec cette tête, lorsqu'il l'observait. Il comprenait mieux qu'elle ait plu à Sawyer. Elle avait le sourire vrai. D'autant plus mignonne après qu'on l'ait vu tirer la gueule façon chien coincé dans un coin par un emmerdeur.

« Dans ce cas-là, les rares Jaguars qui connaissent mon nom risquent de te dire que je suis une fille fermée ou coincée. Salem, il me connaît vraiment, un peu comme Sawyer. Les autres ne comprennent pas que je ne sois pas comme eux. » Étrangement, il n'en doutait pas. Elle avait tout d'un coffre-fort compliqué à ouvrir. Comme le disait l'image, ça valait pourtant la peine de continuer à percer pour récupérer le trésor à la fin. « A croire qu'ils sont tous pareils dans les clans. C'est pourtant pas difficile à comprendre. Comment ça pourrait être possible ? Ils avaient leur petit confort, on se les pelait dehors. Et c'est que la première comparaison. Ton mode de vie, ça te construit. » L'histoire était d'autant plus vraie qu'il avait grandi dans la nature jusqu'à ses quinze ans. Quinze années de baroude ne s'effaçaient pas à coup d'enrôlement de force et de test d'admission. Encore moins au milieu de têtes à claque à la politique débile. « T'avais quel âge lorsqu'ils t'ont ramassé ? » Il ne savait pas trop si la question se posait, Oz. Il était juste curieux. C'était con mais il voulait savoir dans quelle branche elle se trouvait. Si elle peinait vraiment à s'adapter ou si c'était juste une question de temps. Borné comme il était, il n'était pas non plus capable d'imaginer que l'on puisse choisir de se soumettre sans l'arme braquée sur la tempe.

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« A croire qu'ils sont tous pareils dans les clans. C'est pourtant pas difficile à comprendre. Comment ça pourrait être possible ? Ils avaient leur petit confort, on se les pelait dehors. Et c'est que la première comparaison. Ton mode de vie, ça te construit. » Ce n'était pas tous les jours qu'on tombait sur quelqu'un qui comprenait si bien vos galères. Ils étaient deux jusque-là à me connaître, me comprendre et m'accepter telle que j'étais. Les autres ne se posaient pas trop de questions ou pensaient mieux me connaître. Tous des hypocrites, des abrutis, comme le disait si bien Oz. Je regrettais presque de m'être méfiée naturellement de lui. J'avais pincé et tiré mes lèvres sur la droite, le tout souligné par un haussement d'épaules. Je ne pouvais pas mieux dire que lui.

« T'avais quel âge lorsqu'ils t'ont ramassé ? » Ces questions, personne ne les posait, personne du moins natif d'un clan, habitué au confort et à la vie facile. C'était un élément pourtant important pour d'anciens Libres, comme on nous appelait à cette époque. « Dix, peut-être onze ans. » Je regardais bêtement mes mains, c'était plus facile à gérer, parce que ça remuait des choses que j'avais cherché à enfouir au fin fond de mon être, dans un coin bien à l'abri. « Un clan a raflé mes parents et peu de temps après, j'ai croisé des Jaguars. Ils ont voulu m'aider mais j'aurais peut-être été mieux lotie en centre neutre. Je suis arrivée au pire moment. Du coup, vivre dans les rues au sein d'un territoire ou directement en centre neutre... » Je ne leur en voulais pas vraiment mais quitte à m'aider, ils auraient pu y réfléchir par deux fois.

AVENGEDINCHAINS

JAGUARS DU SUD

Back to basics
oz ∞ willow

Année 39, première saison tempérée ✻✻✻ « Dix, peut-être onze ans. » Sale âge. On était encore un gosse à ce moment là, mais plus totalement non plus. On se faisait rafler et puis c'était direction le boulot. Peu de temps d'adaptation. Oz, ça lui était arrivé plus tard et ses options avaient été pourries mais au moins il était quasi un adulte. Il ne s'était pas bien adapté mais il restait solide. Il avait eu le temps de se faire les appuis dans les rues. « Un clan a raflé mes parents et peu de temps après, j'ai croisé des Jaguars. Ils ont voulu m'aider mais j'aurais peut-être été mieux lotie en centre neutre. Je suis arrivée au pire moment. Du coup, vivre dans les rues au sein d'un territoire ou directement en centre neutre... » Un truc en plus. Il ne comprenait pas bien les parents, Oz. Il n'avait aucun souvenir d'eux. Juste deux inconnus qui lui avaient filé la vie et un nom. Il ne savait rien d'eux, se souvenait vaguement de leurs morts. Toute son existence s'était construite autour d'autres gamins, parfois à peine plus vieux que lui. « Ils s'imaginent toujours des trucs. J'suppose que ça doit leur faire du bien de se dire qu'ils aident des mômes paumés. L'après, ils s'en foutent un peu. » Encore une fois, il ne pouvait que supposer, mais il en avait vu assez pour se faire son idée. « Ils m'ont pris quand j'avais quatorze ans. A cause d'un de ces connards qui zone en ville pour repérer des gens. Faut bien trouver des Membres ailleurs quand on veut pas filer une arme à une nana. » Partager lui semblait juste. Elle lui avait raconté son histoire, il pouvait bien faire pareil.

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CODES LITTLE WOLF.

JAGUARS DU SUD

Willow (15 ans) & Oz (19 ans)

back to basics (année 39 st1)

« Ils s'imaginent toujours des trucs. J'suppose que ça doit leur faire du bien de se dire qu'ils aident des mômes paumés. L'après, ils s'en foutent un peu. » Son point de vue était particulièrement juste, ces Jaguars avaient cru me sauver d'une vie misérable, me menant à une autre vie tout aussi misérable mais d'un autre genre. Dormir dans les rues d'un clan ou dans les rues du centre neutre et des environs, il n'y avait pas énormément de différence. La seule notable était que je devais obéir à des ordres d'un clan précisément et que les personnes d'autres clans ne pouvaient pas me faire de mal gratuitement. Les harceleurs potentiels diminuaient mais n'étaient pas nuls, jamais, mais surtout pas du temps de Joshua. J'avais haussé les épaules, aussi fataliste que lui.

« Ils m'ont pris quand j'avais quatorze ans. A cause d'un de ces connards qui zone en ville pour repérer des gens. Faut bien trouver des Membres ailleurs quand on veut pas filer une arme à une nana. » Je ne comprenais pas bien le principe des Aigles, les filles et les garçons Jaguars se valaient. Ne pas offrir la possibilité aux filles de se battre signifiait ne pas leur permettre de se débrouiller par elle-même. En tout cas, c'était mon opinion puisque si, un jour, je passais mon test, c'était par envie de liberté. Rien d'autre.

« J'ai du mal avec les Jaguars, très souvent, mais tu dois pas avoir facile. Ils ont pas forcément une bonne réputation avec leurs décisions sexistes. Au fond, ça m'aurait pas dérangé d't'avoir dans les environs. » Ça ne me ressemblait pas de dire ça. Vraiment pas. C'était stupide. Qu'il connaisse Sawyer ne signifiait pas qu'il avait d'office un avis positif à mon sujet. Et il devait bien se moquer d'une telle déclaration.

AVENGEDINCHAINS

» GUESS WHO'S BACK, BACK AGAIN ?
» Just come back (Cam)
» can't go back — voyageurs
» I'm back (Thalia)
» we go way back (maëlle)

back to basics ft. Oz

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