le monde des petits est légèrement différent ft. libre

VIPERES DE L'OUEST

Vitani & libre

année 41, saison intermédiaire, soirée 91

le monde des petits est légèrement différent

C'était une très mauvaise idée mais je ne m'en étais bizarrement rendu compte qu'une fois les frontières passées. Il y aurait certainement beaucoup trop de monde, des personnes bourrées qui avaient le contact trop facile et, pire encore, je risquais de tomber sur ma famille. Pas elle mais je ne savais pas comment Susan allait réagir, sans parler de nos cousins. J'aurais dû rester chez moi, cloîtrée entre ces quatre murs, par sécurité, il y aurait toujours d'autres Vipères pour accepter l'invitation, que ce soit dans le but premier de resserrer les liens ou simplement pour s'amuser. Les fêtes, ce n'était vraiment pas mon élément, sauf quand je parvenais à me fondre dans le décor. La petite taille aidait bien souvent mais je n'étais pas à l'abri d'un raté. Surtout pas après avoir joué les bons sentiments de Zorah qui s'accrochait à un boulet.

Je faisais tâche au beau milieu du reste, des autres, de ceux qui savaient plus ou moins s'amuser et qui ne guettaient pas chaque mouvement. Plus j'y réfléchissais, moins je comprenais ce qui m'avait poussée jusque-là. Je reconnaissais la silhouette de Susan partout où je regardais, complètement paranoïaque. On aurait pu croire que j'étais en territoire ennemi et à peu de choses près, c'était le cas. En plus de ma taille, le fait d'être probablement une sombre inconnue pour beaucoup de Jaguars étaient de beaux atouts, si on oubliait ceux qui m'avaient croisée pendant mon errance ou qui avaient vécu dans le même quartier que moi à l'époque. De mon point de vue, on pouvait vite m'effacer parce que je n'avais pas grand-chose pour moi. A moins que ce ne soit la voix de ma tante si bien ancrée dans mon esprit. Je rasais les murs environnants, jonglant entre les troncs que je croisais, parfois de personnes ivres, parfois d'autres qui rigolaient mais l'ambiance était joyeuse. Seule consolation. Jusqu'à ce qu'un gars justement loin ne me bouscule, s'arrête quelques instants, cherchant la cause de son déséquilibre et ne reprenne son chemin. Moi, j'étais pitoyablement tombée à force me concentrer sur ce qui se trouvait en haut. Aux pieds de quelqu'un. Qui n'allait sûrement pas me voir. « Désolée. Incident récurrent. » Et avec un peu de chance, l'inconnu ne me verrait toujours pas.

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Année 41 - saison tempérée 2 (soirée 91)
Moment mal choisi mais tu es là quand même. Avec ton bandage trop visible sur la tête et la cheville qui apprécie peu le poids que tu places dessus. Mais la réouverture du quartier des jeux n'est pas anodine et tu as déjà la sensation d'avoir loupé trop d'occasions d'être une Membre. Déjà que tu as fait partie des débiles qui ont passés le Test au pire moment. Juste avant cette fichue vague de froid. Et l'attaque. Tant de choses qui t'ont fait passer inaperçue. Qui ont retardées tes vraies débuts. Aujourd'hui t'es bien présente. Une tasse bien entamée à la main et l'alcool qui réchauffe là où il faut. Encore une ou deux et même ta cheville se fera oublier. Tu en profites tant que ton tortionnaire ne t'a pas encore retrouver pour t'asséner une remarque trop sérieuse. Sous prétexte que ce n'est pas bon de picoler dans ton état. T'es une Jaguar oui ou non ? Et pour une fois que tu te mélanges comme il le faut, il n'aurait pas dû venir t'emmerder. Même après tout ce temps tu ne le comprends pas bien Basch. Un mystère. Mais tu ne sais pas où tu serais sans lui quoi que t'en dises. Alors tu la boucles. Tu mords et tu griffes à l'occasion mais tu fais tout de même ce qu'il te dit de faire. Tu le laisses t'apprendre un peu la docilité comme on le ferait avec un animal sauvage qui dans le fond veut être apprivoiser. Tu l'aimes bien Basch. Comme t'aurais aimé ton grand-frère si il avait existé. « Désolée. Incident récurrent. » Tu captes la présence à tes pieds avec une seconde de retard. Et puis tu assembles les pièces. La fille au sol. Un mec qui s'évade dans la foule un peu trop vite. « Hé ! Tu pourrais faire gaffe, connard ! Et pardon c'est pas pour les pigeons. » Que tu beugles vers la silhouette qui se retourne et te lance une œillade meurtrière. Ce n'est pas le seul à poser le regard sur toi et c'est sans doute ce qui le pousse à ne pas venir te calmer d'une façon musclée. Souvent tu oublies que tu as tout d'une petite nouvelle parmi les Membres. Ou tu t'en fous. Ouais c'est plutôt ça. T'as pas peur d'eux et de leurs petites méthodes d'intimidation. « Tu veux dire quoi par incident récurrent ? » Tu interroges la fille au sol en lui tendant une main pour l'aider à se remettre debout. Peut-être pas l'idéal avec ta cheville. Tu choisis toujours les mauvais moments pour être sympa. Qu'importe. Tu peux bien la remettre sur ses pieds après ce qui s'est passé.

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J'avais bien entendu une personne engueuler une autre personne mais pendant un instant, j'avais pensé que c'était à moi qu'on s'exprimait et je me sentis drôlement conne. Il fallait vraiment que j'apprenne un jour à comprendre que tout ne tournait pas autour de moi, comprenez par-là que tout le monde ne m'en voulait pas de respirer et d'exister. Tout le monde ne me voyait pas comme le fléau de la famille ou, du coup, par extension, de Paris. Pour certains, je n'existais pas, j'étais juste une inconnue et pour d'autres encore, comme là, j'étais un obstacle, voire la victime de la situation un peu ridicule. L'essentiel à retenir c'était que, non, cette fille ne m'en voulait pas d'être tombée. Elle n'avait rien à me reprocher. C'était l'autre andouille qui n'avait pas su l'éviter elle non plus alors qu'elle avait l'air tout de suite beaucoup plus grande que moi. Rien de très difficile.

« Tu veux dire quoi par incident récurrent ? » Elle me tendait même la main que je pris avant de regretter l'instant d'après mon geste. C'était visible qu'elle avait un problème, une douleur importante. J'aurais tout aussi bien pu me relever toute seule, comme une grande. J'étais toujours un peu sonnée mais ça n'excusait pas tout. La mécanique était déjà en mode full. J'étais déjà en train de me trouver les pires insultes pour quelque chose d'anodin, pour un choix qui ne m'appartenait pas directement. Elle avait agi délibérément. Et oui, elle était trop grande. « Tu le verras peut-être mieux maintenant. La taille. Tout ça, tout ça. Ca n'aide pas. Les gens ne me voient pas toujours, surtout s'ils sont pressés. J'espère toujours grandir mais c'est mal parti. » Je ne savais pas exactement ce qui me poussait à me ridiculiser aussi ouvertement. Elle m'avait pourtant posé une simple question. J'en rajoutais des tonnes. Avec un peu de chance, mon cas ne l'intéresserait déjà plus et elle me saluerait sans plus de cérémonie et je pourrais aller me cacher quelque part.

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Année 41 - saison tempérée 2 (soirée 91)
Elle accepte la main tendue et tu t'en félicites. Là. Basch ne pourra plus dire que tu ne fais jamais rien pour les autres. Tu auras une anecdote à lui raconter. Tu es presque tentée d'aller le trouver pour lui montrer ta bonne action mais tu ne t'amuses ici que parce qu'il ne t'a pas mis la main dessus. Mauvais plan donc d'aller te jeter dans la gueule de maman chat. Tu remet la fille sur ses pieds. Rien de dur même si le mouvement te dérange un peu la cheville. Elle est légère. Menue et pas bien grande. Pas étonnant qu'elle ait décollé face au mec de tout à l'heure. « Tu le verras peut-être mieux maintenant. La taille. Tout ça, tout ça. Ca n'aide pas. Les gens ne me voient pas toujours, surtout s'ils sont pressés. J'espère toujours grandir mais c'est mal parti. » Elle appuie elle-même là-dessus et pendant une seconde tu te demandes si ça signifie que t'as le droit aussi de le faire. Tu la regardes des pieds à la tête par réflexe. Hausses finalement les épaules. Vaut mieux pas. Les petits sont des teigneux. Tu souris juste à ce que tu supposes être une blague. Avant de poser le tranchant de ta main au sommet de ta tête et d'essayer de calculer l'écart entre vous en la bougeant vers elle. « Dingue t'es plus petite encore que ma copine Rafie. » T'es maladroite comme un chiot qui fait ses premiers pas mais tu penses pas à mal. Même si une vingtaine de secondes plus tôt tu avais pris la décision de ne pas insister sur sa taille. « Ce que ça doit être chiant. J'espère pour toi que t'es pas patrouilleuse parce que même marcher de longues distances ça doit pas être de la tarte avec tes petites jambes. »

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« Dingue t'es plus petite encore que ma copine Rafie. » C'était pour cette raison essentiellement que j'avais opté pour l'autodérision, histoire de ne pas laisser l'autre s'imaginer qu'il pouvait se moquer de moi, ça ne lui laissait qu'une place de second rang dans l'équation. Parce que j'avais beau ne pas connaître cette Rafie dont elle me parlait, il était difficile de ne pas comprendre le sous-entendu derrière sa remarque. En plus, elle m'avait aidée, je ne pouvais pas me braquer sur le détail de ma taille avec quelqu'un qui faisait un effort pour me prendre en considération. Je préférais ranger ça dans un coin de ma tête pour le moment. Ca ne m'empêchait pas de reculer d'un tout petit pas quand elle approcha sa main de moi. Je n'étais pas la plus à l'aise dans un contexte de rapprochement.

« Ce que ça doit être chiant. J'espère pour toi que t'es pas patrouilleuse parce que même marcher de longues distances ça doit pas être de la tarte avec tes petites jambes. » Le problème, c'était qu'elle enfonçait le clou. Je supposais, peut-être à tort, qu'elle ne le faisait pas exprès. Elle avait l'air jeune. Pas beaucoup plus jeune que moi et les adolescents étaient parfois trop spontanés. Ca ne signifiait pas que je voulais encore en parler pendant des heures et des heures mais je pouvais faire un petit effort dans son sens après ce qu'elle avait fait pour moi. « J'ai une tâche sur le territoire, une petite spécialité de l'Ouest. Mais pour en revenir à ma taille, quand on est intelligent, on profite de tous les aspects de son corps et on en fait une force. » J'y gagnais rien à être mystérieuse mais je n'étais pas forcément la fille la plus causante et ma vie privée était plutôt importante. Même si, à mon avis, ça ne l'aurait pas forcément intéressée.

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Année 41 - saison tempérée 2 (soirée 91)
Espace vital. C'est la voix de Basch qui résonne dans ta tête. Tu as du mal avec ça. Les limites des autres. Prendre en compte leurs sentiments et leur confort. Tu observes ta main un peu bêtement une seconde avant d'aller la fourrer dans la poche de ta veste. « J'ai une tâche sur le territoire, une petite spécialité de l'Ouest. Mais pour en revenir à ma taille, quand on est intelligent, on profite de tous les aspects de son corps et on en fait une force. » Tu ne connais pas grand chose aux Vipères. Ce sont vos voisines mais jusqu'à récemment vos contacts n'étaient pas nombreux. Tu te débrouillais déjà assez mal avec les Jaguars que pour ne pas aller traîner ailleurs en plus. Le Sud ne t'a jamais paru petit non plus. Tu as toujours eu de quoi faire. C'est moins le cas depuis que la rébellion a effacé de ta vie tant de connaissances. Tu n'en es pas réellement triste. Ce sont des habitudes qui se sont perdues. « Ouais on m'a appris ça. » Tu ne sais pas si elle est intelligente ou non. Si c'est ce qu'elle sous-entend. Dur à dire venant de quelqu'un qui s'est fait éjecter par un grand comme si elle n'était qu'un fétu de paille. Tu supposes que si une de ses forces est la discrétion c'est logique. Dans ce cas là elle aurait dû apprendre à esquiver plus vite pour que ça ne devienne pas une faiblesse de plus. C'est un miracle que tout ça reste à l'intérieur plutôt que d'être confié par une langue trop acérée par ta vérité pour ton propre bien. « Tu veux un verre ? » Tu demandes à la place.

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« Ouais on m'a appris ça. » Cette fille n'était vraiment pas mauvaise dans le fond, particulièrement maladroite, pas très à l'aise avec les autres mais pas du tout mauvaise. Elle me fit sourire parce qu'elle me donnait l'impression d'être juste une enfant pas très douée au milieu des autres mais avec plein de bonnes intentions. Je pouvais me tromper mais elle dégageait rien de dangereux.

« Tu veux un verre ? » Vraiment pas contrariante. Particulière mais pas chiante. Des éléments dans son genre, on en rencontrait aussi chez les Vipères, elle n'était pas un élément rare au sein de Paris. Je ne valais pas toujours mieux. J'étais même pire quand on cherchait à gratter pour en découvrir un peu plus à mon sujet. « Si t'as pas peur d'avoir une telle compagnie. J'dis jamais non. » Puisqu'elle faisait des efforts, je n'allais pas la refouler.

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« Si t'as pas peur d'avoir une telle compagnie. J'dis jamais non. » Encore une réponse fumeuse. Tu ne sais pas quoi faire d'elle. De son manque de clarté. Du fait qu'elle n'ait pas beaucoup de bienveillance pour elle-même. C'est nouveau pour toi. Cette attitude. Ou plutôt tu ne fréquentes pas vraiment les gens comme ça. Tu as toujours traîné avec des types à la confiance dégoulinante ou plus paisible comme Basch. Tu n'es pas non plus parcourue de beaucoup de doutes. Les miracles de ton éducation pas tout à fait classique. « J'en ai pour pas long. » Tu t'éclipses aussitôt vers le bar. La foule fendue avec quelques coups de coude et une attitude qui va encore t'attirer des emmerdes. Rien de nouveau. Être bizutée est marrant de toute façon. Ca rappelle des souvenirs. Tu reviens vers elle avec deux verres miraculeusement restés rempli. « Cadeau. » Le gobelet lui est posé dans la main avant que tu ne prennes une longue gorgée du tien. Satisfaite par la fraîcheur de l'alcool et cette sensation chaleureuse qu'il réveille dans ta gorge. « Donc t'as une tâche spéciale. C'est un secret ou tu dois te la jouer espionne avec le commun des mortels ? » Si c'est un secret tu supposes qu'elle s'est déjà grillée. Tu vas éviter de le pointer. C'est sans doute mieux pour garder une conversation sans accroc. On ne pourra pas dire que tu ne fais pas d'efforts. Tu met une Vipère à l'aise. Si ce n'est pas un jour à marquer d'une pierre blanche.

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« J'en ai pour pas long. » Une chose était claire, elle ne semblait pas tenir en place. Je ne savais pas si c'était de la nervosité ou juste un besoin de bouger, si c'était à cause de moi ou une attitude générale mais elle se volatilisait très rapidement et ça me fit bêtement sourire, là, toute seule, plantée dans un quartier que je n'avais pas connu plus jeune mais qui me rappelait de trop mauvais souvenirs malgré ce détail. Je ne savais pas non plus qui je devais remercier pour cette rencontre hasardeuse ; le destin, une bonne étoile ou quoi que ce soit. Si elle ne s'était pas intéressée un minimum à moi, j'aurais probablement plus rapidement rebroussé chemin pour retrouver mon confort, ma maison sur le territoire des Vipères. Alors, qu'elle soit agitée ou pas, c'était bien le cadet de mes soucis. Je la trouvais même adorable à sa façon. Un peu sauvage mais clairement mignonne.

« Cadeau. » Quand elle me tendit le gobelet, j'avais eu l'image de quelqu'un qui avait bataillé sévère, comme lors d'un combat. Elle dégageait une énergie incroyable, un peu bordélique mais qui me fit sourire à nouveau. Le moins qu'on puisse dire, c'était qu'elle se mettait en quatre pour une inconnue, une étrangère et c'était chouette. Comme quoi, ils n'étaient pas tous aussi pourris qu'elle. Je n'en avais jamais vraiment douté. Je n'avais pas fui les Jaguars. Je l'avais fuie, elle. J'avais lancé un merci qu'elle entendrait, je l'espérais, malgré tout le vacarme des lieux.

« Donc t'as une tâche spéciale. C'est un secret ou tu dois te la jouer espionne avec le commun des mortels ? » Je n'aurais pas pu dire ce qui m'avait précisément fait rire mais ça m'avait fait du bien. Je supposais que c'était la façon dont elle avait amené les choses et c'était un peu de ma faute aussi. Pour la reprendre, je me le jouais un peu trop espionne quand tout le monde connaissait la spécialité des Vipères. Rien d'extraordinaire.

« Je prépare des mixtures, des poisons. Et les poisons servent dans beaucoup de circonstances. Plus qu'on ne peut l'imaginer. Mais bon, je t'apprends rien, je suppose. Si on gère les médicaments de Paris, cet usage est logique aussi. » J'avais avalé une première gorgée, moins habituée à l'alcool qu'elle à première vue. J'avais même toussée comme une bleue.

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Elle rigole. Bon point. Au moins tu n'as pas gaffé. Encore un truc à raconter à Basch. Tu vois que je suis comique. C'est lui qui n'a pas de sens de l'humour tu en es sûre. « Je prépare des mixtures, des poisons. Et les poisons servent dans beaucoup de circonstances. Plus qu'on ne peut l'imaginer. Mais bon, je t'apprends rien, je suppose. Si on gère les médicaments de Paris, cet usage est logique aussi. » C'est à ton tour de rire quand l'alcool se la joue traître. Tu aimes toujours voir les nouveaux faire. Leurs têtes. Le juron qui sort parfois. Sans te rendre vraiment compte que c'est toi qui devrait agir de la sorte. T'es tout juste Membre et tu as déjà la descente de certains vieux. « Quoi autrement que pour buter des gens ? Mon copain Zayne m'a raconté des trucs sur votre ancienne Chef. Comme quoi elle tuait ses Membres d'un baiser. Il l'a vu faire et vraiment c'est pas son genre d'inventer. » Tu grimaces. Un peu dégoûtée. T'aimes bien Noâ mais t'es pas sûre que tu voudrais qu'elle t'embrasse. Même pour te tuer.

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« Quoi autrement que pour buter des gens ? Mon copain Zayne m'a raconté des trucs sur votre ancienne Chef. Comme quoi elle tuait ses Membres d'un baiser. Il l'a vu faire et vraiment c'est pas son genre d'inventer. » C'était dingue ce que la réputation d'Annabella pouvait pourrir notre vie en-dehors des frontières même après sa mort. C'était rageant. Dans la bouche de cette Jaguar, ça ne semblait pas être quelque chose de dérangeant mais j'aurais aimé qu'on parle autrement des Vipères, qu'on voie avant tout notre apport à Paris, notre savoir-faire, pas les caprices d'une chef qui n'avait d'estime pour personne. En même temps, si on parlait du même Zayne, ce n'était pas surprenant qu'il ait raconté ça à quelqu'un, même à une jeune Membre.

« Quand tu parles de ton copain Zayne, tu parles de l'ancienne Fine Lame du clan ? » C'était tout de suite plus surprenant d'entendre quelqu'un d'aussi jeune parler d'un ancien gradé de cette façon. J'aurais pu comprendre si elle avait parlé d'autres anciens gradés, des personnes qui devaient probablement faire leur boulot mais que je n'aurais pas eu peur de croiser dans la rue du temps de Joshua. Elle avait au moins réussi à attirer mon attention.

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« Quand tu parles de ton copain Zayne, tu parles de l'ancienne Fine Lame du clan ? » T'as le sourire bien installé. C'est pas tous les jours qu'une étrangère parle de Zayne. Sûrement parce que les gens qu'il croisait dehors avaient tendance à mourir. Et un mort ça parlait pas. Même au sein du clan beaucoup n'osent pas parler de lui. Des petites natures. C'est comme ça que tu les vois. Tu le trouves cool, Zayne. Il ne t'a jamais parlé comme à une gosse même lorsque tu en étais encore une. « Ouais. Il vérifiait qu'on était toujours vivants de temps en temps quand j'étais petite. » Tu hausses les épaules. La déclaration toute naturelle. Pour toi il sera toujours le bougon qui gardait un œil sur les petits soldats de Joshua et avec qui tu as bien appris lorsqu'il te foutait une raclée parce que tu lui traînais trop dans les pattes. « Comment ça se fait que tu le connaisses ? » Vu qu'elle ne s'était pas tiré en courant il ne devait pas avoir tué quelqu'un de sa famille. T'aurais pas voulu que ta nouvelle pote refuse de te parler à cause d'un mauvais concours de circonstance.

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« Ouais. Il vérifiait qu'on était toujours vivants de temps en temps quand j'étais petite. » L'époque de Joshua ne me manquait absolument pas mais elle ne semblait pas plus marquée que ça par la période. Ce n'était pas qu'une question d'âge parce que les enfants étaient capables de sentir plein de choses sans qu'on ne dise quoi que ce soit. Je ne comptais pas fouiller dans son passé, j'étais la première à fuir trop de trucs de mon passé mais je ne pouvais pas m'empêcher de me demander comment elle pouvait être si sereine en parlant de tout ça, Zayne compris.

« Comment ça se fait que tu le connaisses ? » Elle, elle avait l'air plus curieuse. Heureusement, je ne cachais pas exactement le fait que j'étais née sur le territoire des Jaguars et partir de l'époque de l'ancien chef n'avait rien d'anodin, beaucoup trop d'enfants étaient partis par peur essentiellement ou parce qu'ils avaient perdu leurs parents. Les raisons ne manquaient pas.

« Je suis une Jaguar de naissance. » C'était sans trop de remous. Le noeud était ailleurs, je le savais bien et tant que je ne voyais personne de mon quartier, je tiendrais. Discuter avec elle était facile. Elle avait son caractère, n'avait pas sa langue dans sa poche, mais elle était touchante à sa manière.

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