'cause you know I try but I'm so cold inside (willer)

DRAGONS DU NORD

'Cause you know I try but I'm so cold inside
Année 41 – saison tempérée 2 (fin de journée 89)

Le mouvement de la lame contre la pierre à aiguiser est lent et régulier. T'apaises. Tu es au coin de ce feu depuis un moment. Enchaînant les entretiens dans un parfait automatisme. Les yeux uniquement conscients de ton travail et des braises qui repartent à chaque fois que quelqu'un pense à leur donner du bois à dévorer. C'est la première fois que tu passes autant de temps au campement. Que tu ne te fais pas oublier. Certains Membres en ont profités pour te laisser leurs couteaux et les récupèrent au fil de ta progression. Tu te soucies assez peu de leur attitude envers toi. De la présence ou non d'un respect qui correspond à ton rang. Tu es bien loin de tout ça. Les chances sont nombreuses que ça te rattrape plus tard. Si c'est le cas... Tu n'en es vraiment pas là. Demain semble être un si vaste concept. Tu te soucieras des problèmes lorsqu'ils seront à ta porte. L'attitude te ressemble peu. La passivité à des années lumières de celle que tu choisissais à ta façon la plupart du temps. « Willow. » Tu sens sa présence plus que tu ne la vois au début. Tu l'observes une seconde du coin de l'œil. Reviens à la lame désormais immobile. Tu te forces à reprendre le geste. Calques ta respiration sur le rythme du frottement. Les nuits passées tu avais planifié pour ce moment. Ce que tu allais dire. Comment te comporter. Après une présence sporadique tu lui dois bien des explications. Une piste à exploiter pour qu'elle n'ait pas à se faire des idées. Non tu ne la rejettes pas elle mais c'est compliqué. Non tu ne regrettes pas ce que tu as sous-entendu même si tout est parti en vrille juste après. Oui tu veux toujours d'elle à tes côtés. Parce que c'est ta putain de seule certitude. Willow est tout ce qu'il te reste. Ce n'est pas ça qui la rend si importante. Ce serait tordu. Tu l'es mais pas sur ce point. Sauf que les mots t'échappent. Le plan est désormais inexistant dans ton esprit. « J'ai été merdique. » Tu te sens coincée mais tu parles tout de même. Ce n'est pas par elle. Ou à cause d'elle. C'est toi. Tu as l'impression de ressentir trop et pas assez à la fois. Une part de toi est gelée et l'autre flambe. Et tu es paumée parce que tu crèves de trouille de perdre Willow maintenant. Que si ça arrive ce sera de ta faute comme à chaque fois. Comme tu as perdu Max. Comme tu as sans doute perdu Oz. Et tout ceux avant eux dont tu n'es même plus foutue de te souvenir des visages. Tu ne veux pas perdre Willow mais être avec elle c'est jouer avec le feu et tu le fais trop souvent. Laisses les flammes lécher tes doigts pour après te plaindre lorsqu'elles te brûlent. A côté de ça tu ne parviens pas à être là. Ce que tu devrais faire si tu ne veux pas la perdre. D'une quelconque façon que ce soit. Les conflits internes te narguent, laissent des traces partout. Sauf à l'extérieur où tu es trop maîtrisée. La voix manquant d'émotion alors que ce qui te déborde des lèvres est sincère. « J'suis désolée. » Tu souffles vers les flammes plutôt que vers elle. Et dans un questionnement vicieux tu ne peux pas t'empêcher de te demander pourquoi tu n'as pas réussi à le dire à Max. Huit jours plus tôt, trois petits mots auraient pu changer la face de ton monde. Si seulement tu avais commencé par ça au lieu de te borner à t'enfoncer dans ton silence. Si tu ne t'étais pas laissé bercer par la jolie musique que tes peurs te jouaient. Egoïste et stupide. A t'imaginer que la décision serait bonne pour qui que ce soit. Comme si l'amputation brutale valait mieux que de tenter d'assainir une plaie. Et que ce n'était pas ce choix précis qui avait déclenché une infection fatale. T'aurais pu être mieux même pour Willow. Sans ça. Avec Max toujours dans ta vie. Tu n'aurais pas eu que cette version défoncée de toi offrir.

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willer

année 41 ; deuxième saison tempérée ; fin de journée 89

cause you know I try but I'm cold inside

Ce voyage avait plutôt bien commencé mais j'avais vite compris que j'avais pris en confiance et que ce n'était jamais bon. Quand j'avais enfin touché à un but que j'avais fui dans un premier temps, tout s'était gâté. Il y avait d'abord eu le discours de Roxanne qui prétendait ne vouloir que mon bien. C'était drôlement risible quand on savait qu'elle ne me connaissait pas et qu'elle n'avait probablement jamais cherché à me connaître. Mais c'était une Jaguar, donc elle était forcément bien. Sawyer était une Dragonne, donc elle avait forcément de mauvaises intentions. Cette façon de voir le monde m'écœurait. Quand j'avais été embarquée un peu de force chez les Jaguars, ils n'avaient rien de grands potes prêts à se soutenir dans les bons comme dans les moins bons moments. Pour qui se prenaient-ils soudainement ? S'ils n'avaient pas tous suivi le règne de Joshua aveuglément, pourquoi Roxanne ne pouvait pas s'imaginer que certains Dragons tentaient de survivre lors d'un règne qui ne leur ressemblait pas ? Cette hypocrisie ambiante était à vomir.

Et puis, il y avait eu cette distance soudaine que Sawyer avait imposée. Je n'étais pas idiote, je reconnaissais les signes. Pendant un moment, j'avais même cru que c'était une vengeance, pas de sa part, mais de là-haut pour m'être enfuie la première. Par la suite, j'avais pensé à un mauvais timing. Dans tous les cas, j'étais inquiète mais je ne voulais pas lui en vouloir. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je lui avais brisé le cœur la première. Même si ça avait été sa façon à elle de me détruire pour lui avoir fait de la peine quelques années avant, je l'aurais bêtement accepté parce qu'il n'y avait que Salem et elle pour me faire du mal. C'était les seuls qui connaissaient mes plus sombres travers. Les seuls qui me connaissaient réellement. Et je l'avais déçue. C'était pour ça que j'avais tenté quelques approches furtives, sans lui forcer la main, jamais, mais rien ne fonctionnait. Ou ne semblait fonctionner.

« Willow. » Elle ne me regardait pas mais m'appelait. Même si c'était pour me dire quelque chose de bateau, quelque chose qu'elle aurait pu dire à n'importe qui, je prenais. D'autant qu'elle cherchait à attirer mon attention cette fois, je n'allais pas cracher dessus. J'avais peur de ce qu'elle voulait me dire dans cet état mais je gardais en tête cette phrase. Elle a le droit de me piétiner, ce ne serait que le juste retour des choses. Tant pis si j'étais en train de serrer les poings parce que ce silence me faisait peur. Le silence ne m'avait jamais dérangé mais là, l'ambiance était dérangeante, anxiogène à souhait. C'était difficile de ne pas remarquer qu'elle n'était pas dans son assiette. Elle n'allait donc toujours pas mieux. C'était ce que je retenais.

« J'ai été merdique. » Je tombais des nues. Elle avait cette même posture d'enfant pris la main dans le sachet de rations, ce même air que j'avais affiché quand nous nous étions reparlé depuis tant de saisons. Ce n'était pas une surprise pour moi qu'elle puisse s'en vouloir, elle n'avait jamais été trop fière avec moi. Le souci c'était qu'elle se mettait dans des états incroyables pour ça, pour moi. Elle avait le droit de ne pas être en état, d'avoir des couacs, des moments où elle brillait moins, avec ou sans raison, sans avoir besoin de se justifier. Qu'elle soit désolée je pouvais pas le lui retirer mais j'avais l'impression qu'elle oubliait à qui elle parlait.

« J'suis désolée. » Je le savais, ça, qu'elle s'en voulait. Elle ne m'avait jamais blessée jusque-là. Elle n'avait jamais cherché à me brusquer depuis qu'on se connaissait. J'étais le problème, la jalousie incarnée, la fille incapable de s'exprimer, incapable de faire face à ce qu'elle ressentait. C'était le monde à l'envers. Elle était la seule à m'avoir laissé de l'espace et qui avait accepté que je revienne vers elle sans de réelles explications valables.

« Je sais que t'es désolée. Je sais que tu t'en veux. Mais t'as le droit de pas être bien. Je suis là mais j'ai pas le droit de te dire quoi faire. » Tu as même le droit de me blesser. Parce que c'est toi. C'était ce que j'aurais voulu dire mais je n'étais pas certaine qu'elle soit suffisamment bien que pour l'entendre là. Je n'avais pas osé dépasser cette limite tacite, de peur de la voir se renfermer un peu plus encore sur elle. J'aurais probablement réagi de cette façon si j'avais été aussi mal. Peut-être pas avec elle, peut-être pas après ce qu'on s'était dit mais je ne pouvais pas affirmer qu'elle voulait de ma présence. L'étouffer n'était pas le plan. Alors je la regardais sans bouger d'un poil, à une distance acceptable.

AVENGEDINCHAINS

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Année 41 – saison tempérée 2 (fin de journée 89)

« Je sais que t'es désolée. Je sais que tu t'en veux. Mais t'as le droit de pas être bien. Je suis là mais j'ai pas le droit de te dire quoi faire. » T'es pas sûre de ce qui te dérange dans ce qu'elle dit. Tu devrais être satisfaite qu'elle te laisse de l'espace. Qu'elle ne te tienne pas rigueur de ton comportement merdique. Mais ça ne te soulage pas du tout. C'est même pire. Comme un rappel. Une attitude que tu connais trop bien. Une acceptation qui ne conduit pas à du positif. Et tu vas finir par la rendre misérable elle aussi. Une brève secousse de la tête pour tenter de chasser cette idée. Mais rien n'y fait. Tu abandonnes ton travail devant toi. Tu n'as plus l'énergie pour ça. « C'est pas pour ça que ça me donne le droit de te faire du mal. Tu mérites mieux que ça, Willow. » Mieux que toi c'est clair. Ce qui est encore plus clair c'est que tu devrais pouvoir lui donner la meilleure version de toi-même au minimum. Même ça tu en es incapable. « Faut que tu me dises ce que tu penses vraiment. »

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année 41 ; deuxième saison tempérée ; fin de journée 89

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« C'est pas pour ça que ça me donne le droit de te faire du mal. Tu mérites mieux que ça, Willow. » C'était fou ce qu'elle avait le don de se flageller, même quand je n'avais aucune envie de lui reprocher quoi que ce soit. C'était à n'y rien comprendre. Encore que... J'en étais encore au stade de me reprocher d'avoir pris de la distance avec elle parce que ça l'avait blessée. C'était l'hôpital qui se moquait de la charité, à peu de choses près. A croire qu'on était toutes les deux détraquées par la vie. Je ne comprenais pas bien ce qui l'avait mise dans cet état mais j'avais du mal à me dire que c'était la déclaration, bien qu'un petit doute persistait d'une certaine façon. Une petite voix malsaine.

« Faut que tu me dises ce que tu penses vraiment. » Je ne savais pas si elle était réellement prête à entendre ce que je pensais vraiment, comme elle le disait. Elle n'était pas en état. A moins que son plan ne consiste à tendre la joue pour se faire battre à nouveau. Les animaux avaient au moins le réflexe de se terrer et de s'isoler. Elle, elle en redemandait, comme si elle voulait qu'on l'achève. C'était fou de penser que ça aurait pu être une conséquence de notre rapprochement, elle qui avait tout fait pour qu'on en arrive là.

« J'ai peur. Peur que tu te fasses volontairement du mal. Peur que tu cherches à ce qu'on te blesse. Si c'est parce qu'on s'est rapprochées, tu peux me le dire. Je t'ai fuie parce que j'avais du mal à accepter le fait que je m'attachais à toi alors je peux te laisser la possibilité de prendre tes distances. Mais si j'ai fait quelque chose de mal ou si tu m'en veux et que tu t'en veux de m'en vouloir, dis-le. Mais arrête de te faire du mal. » C'était clair dans ma tête, peut-être moins une fois dit mais j'espérais qu'elle comprendrait ce que j'essayais vainement de lui transmettre. Je ne voulais pas être la cause de son mal être. Tout le contraire.

AVENGEDINCHAINS

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Année 41 – saison tempérée 2 (fin de journée 89)

« J'ai peur. Peur que tu te fasses volontairement du mal. Peur que tu cherches à ce qu'on te blesse. Si c'est parce qu'on s'est rapprochées, tu peux me le dire. Je t'ai fuie parce que j'avais du mal à accepter le fait que je m'attachais à toi alors je peux te laisser la possibilité de prendre tes distances. Mais si j'ai fait quelque chose de mal ou si tu m'en veux et que tu t'en veux de m'en vouloir, dis-le. Mais arrête de te faire du mal. » Tu as poussé. Elle a parlé. Vous communiquez. C'est ce qu'il faut faire n'est-ce pas ? Ne pas ignorer les problèmes. Ne pas tout s'imaginer. C'est sain. Mais ça fait mal. Et tout le contraire de ce que tu voulais. Mais tu ne regrettes pas. Il vaut mieux que tu saches. Que tu l'empêches de se laisser emporter dans une spirale inutile. Ce n'est pas elle. C'est toi. C'est toujours toi. Tu as déconné et elle est laissée avec les décombres. A se dire qu'elle est la cause de ta chute. Alors que c'est tout le contraire. Que tu te raccroches à ce que vous avez. « C'est pas toi. Je te promet c'est pas toi. Je regrette pas. » Tu t'empresses un peu. Abandonnes un peu ton apathie pour attraper sa main et la serrer dans les tiennes. Un peu fort dans ton envie de la convaincre. Tu croises même un peu son regard. Une seconde avant qu'il n'aille se poser sur son épaule. L'effort reste difficile. Tu prends une longue inspiration. Tentes de faire sortir d'autres mots. Echoues. Tu ne peux pas vraiment dénier le reste. Tu n'es pas particulièrement saine. Une part de toi cherche une punition pour ce que tu as fait. Alors que la punition est déjà là. Pour toujours. La punition c'est que tu as perdu Max. Mais tu l'as perdue en lui faisant du mal. Cette petite voix dans ta tête est persuadée que ce n'est pas assez. Que tu ne mérites pas non plus une autre chance de blesser quelqu'un. Mais ce que Willow sous-entends est compliqué. Tu lui fais du mal en te faisant du mal. La boucle est infernale. Et malgré ça tu n'es pas sûre de pouvoir lui assurer que cela n'arrivera pas. Elle ne t'en demande pas beaucoup pourtant. Tu tentes encore de parler mais aucune promesse n'accepte de sortir. Tu n'y arrives pas. A la place c'est la vérité qui bondit hors de tes lèvres. « C'est Maxine. » Le sujet est naturellement compliqué. Aujourd'hui encore plus. C'est la première fois depuis des jours que tu prononces son prénom. Sept jours. Peut-être plus. Tu n'es plus sûre. Est-ce que tu l'as appelée par son prénom la dernière fois ? Tu n'as que le goût de ce stupide surnom dans la bouche. Que dire de plus ? Tu ne sais pas comment lui expliquer la situation. Trop compliqué. Trop personnel. « Elle est partie. » Tu résumes. Parce que c'est ça le problème. Maxine est partie. Elle t'a laissé derrière. Comme les autres. Par ta faute.

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année 41 ; deuxième saison tempérée ; fin de journée 89

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Le silence ne m'effrayait pas en temps normal mais là, j'étais morte de trouille, je sentais bien mon ventre se nouer. Si elle ne s'était pas approchée, si elle n'avait pas fait tous ces pas dans mon sens pendant ce voyage, au tout début de celui-ci, ça ne m'aurait pas dérangée de la même façon parce qu'elle n'avait jamais été très bavarde, ni très à l'aise et parce que je méritais cette punition pour avoir pris de la distance pendant plusieurs saisons. Oui, on tournait en rond. Oui, c'était pourri comme raisonnement mais c'était comme ça. « C'est pas toi. Je te promet c'est pas toi. Je regrette pas. » Quand elle s'était enfin décidée à parler, je n'avais même pas senti mon corps se détendre parce que je ne comprenais toujours pas son comportement. Elle aurait pu prétendre que ce n'était pas de ma faute parce que ça ne l'était pas directement. Je n'étais pas la fille la plus dégourdie ou la plus sécurisante, je le savais très bien.

Sentir ses mains autour de la mienne ne me fit pas sourire non plus parce que je sentais bien toute la tension en elle. Elle y mettait trop de force. Elle était mal. Elle avait l'air plus perdu que jamais. C'était forcément quelqu'un dont elle était proche qui la mettait dans cet état. Elle se moquait des autres crétins qui cherchaient à la piquer d'un bout de bâton depuis des années. Elle était au-dessus de tout ça. Je voyais qu'elle essayait de communiquer, qu'elle voulait s'exprimer mais rien ne sortait. Je n'aurais pas pu rater l'état désastreux dans lequel elle était. Ça crevait les yeux. « C'est Maxine. » Tout prenait du sens. Même si je n'avais jamais trop aimé cette fille, elle était importante dans la vie de Sawyer. En plus, elle avait constamment fait des efforts pour deux, contrairement à moi. J'espérais que ce n'était pas trop dramatique. Qu'elle n'y était pas passée. Elle n'était pas venue voir Sawyer quand elle avait été au plus mal mais il m'avait semblé l'avoir vue après la catastrophe. Ou j'avais rêvé.

« Elle est partie. » Je l'imaginais mal parler de sa mort de cette façon. Même si elle n'était que l'ombre d'elle-même, je l'aurais imaginée autre si son amie était réellement morte. Il n'y aurait pas qu'elle. Je ne devais donc pas imaginer le pire. Même si l'autre option n'était pas beaucoup plus enviable. Parce que je ne les imaginais pas l'une sans l'autre et j'aurais probablement appris à faire des efforts par respect pour leur amitié et, surtout, pour ne pas la perdre. Je n'étais même pas certaine de pouvoir l'aider à se relever. Je n'avais rien de gentil à dire. Je n'avais jamais vécu quelque chose de ce genre. Je ne perdrais probablement jamais Salem. Je l'espérais en tout cas. Au fond, je ne les aurais jamais imaginées s'éloigner non plus.

« Tu veux en parler ? » C'était les seuls mots qui me venaient. Je me sentais mal. Pour elle. Mal de ne pas pouvoir l'aider correctement. Maxine, justement, aurait trouvé les mots et les gestes. J'en étais convaincue. J'étais désolée et elle pouvait le voir dans mon regard. Ma deuxième main était venue entourer les siennes dans une tentative maladroite de garder le contact et de la soutenir. A ma façon. Très spéciale. Rien de chaleureux. Je n'étais pas douée pour ça.

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Année 41 – saison tempérée 2 (fin de journée 89)

« Tu veux en parler ? » Tu n'es pas sûre de ce que tu veux. De ce que tu attends d'elle. Si tu attends quoi que ce soit. Ca n'est pas comme ça entre vous. Vous n'avez pas vraiment eu l'occasion de tisser ce genre de relation. Ce n'est même pas dans vos caractères. Tu ne penses pas. Willow est toujours là et c'est le principal non ? Elle te laisse tenir sa main. Tient la tienne. C'est quelque chose. A quoi bon parler de toute façon ? La situation ne changera pas. Max est partie. Physiquement aussi. Elle atteindra la ville bien avant vous. Tu n'auras pas l'occasion de respirer le même air qu'elle avant des jours et des jours. Ce qui est sans doute mieux. Non vraiment parler est inutile. D'ailleurs tu secoues la tête. Un peu faiblement. Mais c'est une réponse évidente. Non tu ne veux pas en parler. Qu'est-ce que tu pourrais dire ? Est-ce que tu veux vraiment que Willow sache ? La laisser voir tout ça ? T'es une amie pourrie. Sans doute pas une personne de confiance non plus. Elle s'embarque mal avec toi. Mais tu ne la lâches pas pour autant. Tu ne peux pas. T'es égoïste comme ça. « Je fais du mal aux gens ou ils meurent. C'est toujours comme ça. » Et pourtant tu parles. Le corps parcouru d'un frisson et les mâchoires serrées. « C'est sans doute mieux comme ça. » Parce qu'au moins elle est vivante. Elle n'est plus là, avec toi, mais elle l'est quelque part. Malheureuse sans doute mais avec la respiration intacte. « Je veux la garder pour moi depuis qu'on a huit ans. Je sais qu'elle pense que c'était pas comme ça. Que c'était le contraire. Que je valais mieux que ça. Elle a toujours cru que je valais mieux. Elle s'est trompée sur toute la ligne. Parce que je l'ai laissé y croire. Parce que ça m'arrangeait bien. Je savais qu'elle souffrait mais j'ai continué. » Le rire dédaigneux qui s'échappe t'est tout adressé. « Au moins avec Oz c'était accidentel. » Et pourtant c'est un autre nom sur la liste. Une autre personne qui doit grimacer lorsqu'il pense à toi désormais. « Mais avec Max... Elle demandait pas grand chose pourtant. C'était la première fois qu'elle demandait vraiment quelque chose. En dix ans. Et j'ai juste- » Tu hausses les épaules. « Rien. »

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willer

année 41 ; deuxième saison tempérée ; fin de journée 89

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Toute cette situation, cette ambiance était compliquée à comprendre et donc à gérer et à maîtriser. Ce n'était pas la première fois que Sawyer était un peu distante d'une certaine façon, elle l'avait été physiquement à cause des Dragons, tandis que j'étais chez les Jaguars. La différence, c'était que la première fois, c'était ma faute, c'était à cause de mon état de détraquée, de fille apeurée par un rien, par ce qu'elle n'arrivait pas à garder sous son contrôle et les sentiments, c'était trop difficile à garder pour soi. C'était vicieux. En plus d'être pernicieux. Les silences ne me dérangeaient en temps normal. Je n'y voyais aucun problème, aucun souci, ça réussissait généralement à me mettre drôlement à l'aise mais là, c'était trop particulier. Trop tendu. Trop lourd.

« Je fais du mal aux gens ou ils meurent. C'est toujours comme ça. » Parce qu'elle avait secoué la tête, je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle se mette à parler. C'était soudain, même pour elle. Ce qu'elle disait n'avait rien de réconfortant, que du contraire. Une vie de Libre n'était jamais une vie de rêve mais j'étais persuadée qu'elle était surtout complètement remuée par cette histoire avec Max. Elles étaient proches, après tout. Si elles ne l'avaient pas été, je n'aurais pas été si jalouse. On pouvait traîner avec Sawyer, il ne fallait pas trop s'accrocher, pas comme cette Max l'avait fait.

« C'est sans doute mieux comme ça. » J'avais tenté d'en placer une, péniblement avant qu'elle ne me coupe avec cette nouvelle phrase meurtrière. Si elle pensait ça de leur relation, est-ce qu'elle pourrait penser la même chose à notre sujet, un jour ? C'était effrayant. Paralysant même. Rien de rassurant. Je devais pourtant faire bonne figure pour ne pas l'inquiéter. Pas maintenant. Il serait encore temps de se poser la question plus tard, si elle changeait petit à petit.

« Je veux la garder pour moi depuis qu'on a huit ans. Je sais qu'elle pense que c'était pas comme ça. Que c'était le contraire. Que je valais mieux que ça. Elle a toujours cru que je valais mieux. Elle s'est trompée sur toute la ligne. Parce que je l'ai laissé y croire. Parce que ça m'arrangeait bien. Je savais qu'elle souffrait mais j'ai continué. » Je la trouvais trop dure. Peut-être que mon avis était biaisé, lui aussi. Peut-être. Cependant, elle ne pourrait pas mentir sur une chose, elle m'avait acceptée alors que j'étais partie. Celle qui s'accrochait, c'était moi et elle avait fait avec ce détail alors que j'avais été une couarde, une belle lâche. Elle ne pouvait pas prétendre avoir profité de moi.

J'essayais encore et encore mais elle ne me laissait pas en placer une. Elle était trop rapide. Comme si elle parlait pour elle-même, qu'importe que j'écoute ou non ce qu'elle disait. « Au moins avec Oz c'était accidentel. » Oz. C'était encore une autre histoire. Je m'étais attachée à Oz, vaguement, de loin, il avait réussi à m'apprivoiser alors j'étais un peu plus curieuse encore mais je n'étais pas certaine qu'elle veuille me répondre. Elle était lancée dans ce monologue à rendre fou. J'avais toujours peur. Peur de ne pas la mériter si elle disait tout ça au sujet de Max et elle. Je ne valais pas cette super amie. J'étais plus sombre.

« Mais avec Max... Elle demandait pas grand chose pourtant. C'était la première fois qu'elle demandait vraiment quelque chose. En dix ans. Et j'ai juste- » Une pause. Ses épaules qui se haussent. « Rien. » D'une certaine façon, j'étais soulagée d'avoir été là pour qu'elle puisse sortir tout ça. Il ne fallait pas que ça grouille inutilement en elle. Je n'étais pas sûre que ça arrangerait tout le bordel mais au moins ça sortait. Malheureusement, je me sentais drôlement démunie. Je n'étais pas la fille la plus à l'aise, encore moins la plus douée avec les autres et leur détresse. J'étais gauche. Incapable de faire ce qu'on n'avait jamais fait pour moi.

« Oz ? Tu veux aussi en parler ? » C'était maladroit, aucune assurance dans mes mots et mon comportement en général mais je tentais par petites mains tendues. Métaphoriques. Je n'étais pas certaine de vouloir en apprendre davantage. S'il avait été jeté, lui aussi, les chances que ça se passe vraiment bien entre elle et moi diminuaient.

AVENGEDINCHAINS

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Année 41 – saison tempérée 2 (fin de journée 89)

Tu ne sais pas si le silence est pire que les mots. Comment tu les enregistrerais. Comment son jugement serait vécu. Si c'est pour ça qu'elle ne dit rien ou si c'est parce qu'elle n'a rien à dire. Communiquer n'est pas ton fort. Pas vraiment le sien non plus. Ce n'est pas dérangeant d'habitude. Cette fois cela peut vouloir dire trop de choses. Si elle est restée c'est que tout n'est pas perdu. C'est tout ce que tu parviens à te dire pour te rassurer. Tu ne la perds pas encore. « Oz ? Tu veux aussi en parler ? » C'est quelque chose aussi bien qu'elle ne paraisse pas très sûre. Difficile de savoir à quel point elle se force pour cette conversation qui en est à peine une. C'est juste toi au bord du gouffre et elle qui te fait garder un pied ancré au sol. Le sujet d'Oz est différent. Tu ne l'as pas vu venir. Oz est là depuis longtemps. Tu avais été si certaine. Tu n'avais pas vu les signes. Idiote que tu étais. Tu aurais peut-être pu l'aimer comme ça si les choses avaient été différentes. Si tu avais été différente. Si vous étiez restés deux Libres errant au gré de leur survie. Deux gosses qui se la jouaient seuls contre le monde. « Il voulait qu'on parte. » Tu le dis tout en exhalant. Pour la première fois. C'est bizarre. Parce que ça rend réel le fait que plus rien ne sera jamais comme avant. « Juste lui, Jax et moi. Après les Aigles. Il l'a fait passer pour une blague mais il était sérieux jusqu'à ce que j'ai refusé. Il l'a pas dit de façon directe mais... Tu lâches pas tout comme ça. Suggérer que t'as besoin de personne à part... J'ai pas pu. Je l'aime. Je pourrais y passer pour qu'il soit en sécurité. Mais pas assez pour tout lâcher. » Malgré tout ce qu'il s'est produit tu ne regrettes pas de ne pas avoir pu faire ce choix. Même si ça voudrait dire ne pas avoir vécu ce moment avec Maxine. Être dans cet état.

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willer

année 41 ; deuxième saison tempérée ; fin de journée 89

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« Il voulait qu'on parte. » C'était soudain. C'était perturbant. J'étais restée plantée, là, la bouche entre-ouverte, un peu paniquée. Je sentais bien que mon corps s'emballait alors que je n'aurais pas dû me laisser aller comme ça. Elle était là, sous mes yeux, devant moi, elle n'était pas partie avec lui. Mais je n'aurais jamais imaginé Oz lui demander quelque chose d'aussi lourd. Pourtant, je le comprenais dans le fond.

« Juste lui, Jax et moi. Après les Aigles. Il l'a fait passer pour une blague mais il était sérieux jusqu'à ce que j'ai refusé. Il l'a pas dit de façon directe mais... Tu lâches pas tout comme ça. Suggérer que t'as besoin de personne à part... J'ai pas pu. Je l'aime. Je pourrais y passer pour qu'il soit en sécurité. Mais pas assez pour tout lâcher. » C'était égoïste, je ne le niais pas, mais j'étais soulagée qu'elle ait refusé sa demande, qu'elle n'ait pas pu tout quitter, comme elle le disait. J'aurais sans aucun doute été dévastée si elle était partie du jour au lendemain. Ça ne signifiait pas que je me moquais de ce que le jeune homme devait ressentir mais je tenais trop à Sawyer. Et je pensais avant tout à moi. La vie m'avait appris à ne penser qu'à moi.

Le problème, c'était que je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne pouvais pas lui dire que j'étais heureuse, pas dans ces circonstances. Je n'étais pas mauvaise à ce point. Tout comme je ne me voyais pas enfoncer le clou en retrouvant Oz. J'étais paumée. La seule chose que je pouvais offrir à Sawyer, c'était ma présence, plus calme à nouveau. Alors je lui serrai la main, à nouveau, sans un mot, mais soutenant son regard.

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'Cause you know I try but I'm so cold inside
Année 41 – saison tempérée 2 (fin de journée 89)

Tu as d'autres mots qui veulent te déborder des lèvres. Injustes. Trop lourds pour cette relation tenace que vous avez mais dont les bases ne sont pas si solides. Vos appuis sont encore trop souvent bancals. Résultats de vos expériences personnelles, des cicatrices qui ne disparaîtront pas. Tu le sais. Pourtant ils poussent. Réclament d'être crachés parce que tu as besoin d'être rassurée. Willow est devant toi mais ce n'est pas suffisant. La peur est toujours là. Son départ potentiel comme une épée de Damoclès à cause de la solitude qu'elle engendrera. Tes pensées sont trop sombres et le bruit n'en finit pas. Un brouhaha constant que tu aimerais pouvoir extraire. Ta tête lui tombe sur l'épaule et tu soupires. Difficilement au vu de la constriction au niveau de ta gorge. « Si je te perd- » Tu te forces à prendre une inspiration, serres un peu plus sa main dans la tienne. Tes yeux se ferment si forts que les étoiles dansent sous tes paupières. Tu ne veux pas lui mettre ce poids sur les épaules. Mais stupidement tu le fais tout de même. Parce qu'ils ont été trop nombreux avant elle. Que les deux derniers te font encore saigner et qu'il y a cette douleur pire que toutes les autres avec laquelle tu ne pourras que tenter de vivre. Il n'est plus question de le vouloir ou non. Willow est cette présence qui ne doit pas être effacée. Par personne et encore moins par toi-même. « Je peux juste pas. »

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There’s always been a disconnect running from my heart to my head and no it’s never made much sense. I’ve been feeling so distant, can you be the one to connect? Pick up all the pieces again? As long as they don’t separate you from me I’ll be fine.

JAGUARS DU SUD

willer

année 41 ; deuxième saison tempérée ; fin de journée 89

cause you know I try but I'm cold inside

Ce silence était pesant parce que la situation n'était pas exactement légère, elle était trop lourde de sens, surtout de son côté et je n'avais jamais été du genre douée avec les autres. C'était un miracle qu'on se parle toujours après mon comportement égoïste. Qu'est-ce que j'étais censée lui dire ? C'était probablement en partie à cause de mes conneries qu'elle était comme elle l'était à ce moment, même si j'avais bien compris que je n'étais pas la seule fautive. Je détestais plus que tout parler pour parler, lancer des promesses dans le vide, même si ça pouvait l'aider à relativiser momentanément. C'était un comportement infantilisant à mourir et je ne la voyais pas comme une enfant, juste comme une fille paumée et blessée par la vie, un peu comme moi. Comme Salem aussi. A croire que je n'étais capable de m'attacher qu'à ce genre de personnes parce que j'enviais naturellement les autres.

« Si je te perd- » Je n'avais pas bronché quand elle avait posé sa tête sur mon épaule, ni quand elle avait serré ma main. Au contraire, j'avais accueilli ses besoins avec une bienveillance que je ne me reconnaissais pas. Avec elle, j'arrivais à me montrer un peu plus humaine, un peu meilleure. Ce serait magnifique si je n'étais que ça, avec elle ou avec Salem. Je les aimais, je leur faisais confiance mais je me loupais quand même. Je ne mentais à personne, je ne me leurrais pas non plus, je n'étais pas quelqu'un de foncièrement bon, j'étais un mauvais élément de Paris mais je voulais, je devais et j'arrivais quelquefois à montrer un semblant de bon côté.

« Je peux juste pas. » Encore une fois, je n'avais rien dit. J'avais préféré ne rien dire. Il n'y avait pas de bonne réponse, rien qui puisse nous satisfaire pleinement. J'avais seulement serré sa main à mon tour, en essayant de lui offrir ce contact dont elle avait besoin du mieux que je le pouvais.

AVENGEDINCHAINS

» don't sink inside yourself again — sawyer
» I have your back // I want to (willer)
» I hate cold [Libre]
» the smell of the cold (blair)
» the cold always bothered me ft. Samuel

'cause you know I try but I'm so cold inside (willer)

'cause you know I try but I'm so cold inside (willer)

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