the smell of the cold
année 41 - saison intermédiaire (soirée 84)

La maison paraissait trop étroite ce soir. Appuyé à la cheminée, ignorant la chaleur qui émanait des braises, tu ne pouvais pas combattre cette impression d'être inutile. Sur le territoire la journée avait été importante mais peu de gens le savait. Toi par contre. Tu connaissais cette vérité et il n'empêchait que tu n'avais rien à faire. Ashelya t'avait laissé sur la touche. Elle avait vu les marques sur ton visage et t'avais dit de rentrer. Un prétexte stupide. Peut-être les bleus avaient-ils agit sur elle comme un rappel. Comme si elle aurait pu oublier une telle chose à ton sujet. La colère n'avait tout simplement pas sa place dans ses plans du jour. En temps normal tu te souciais peu d'être ainsi éjecté. Mais le moment fatidique approchait et tu t'étais laissé consumer un peu trop par cette sorte d'excitation qui tournait. Une excitation que tu partageais pourtant peu. Tu te fichais bien que le clan vive ses dernières heures troubles sous la coupe de Samuel. La politique ne t'avait jamais intéressé et avant que Ashelya n'entre dans la danse, tu ne t'étais même pas soucié de ces histoires de Chef. Elle, pourtant, tu comptais bien la suivre jusqu'au bout. Lassé de sentir ta jambe rebondir trop vivement, tu t'étais relevé pour aller récupérer quelques affaires dans une malle. Avant de les balancer à ta colocataire un peu forcée. Une veste, une écharpe, des gants. Tous trop grands mais cela la cacherait d'autant mieux. « Viens. On va faire un tour. » Un grognement plus qu'une invitation. Malgré tout tu n'avais pas dans l'idée de la forcer. Dans ta nervosité tu avais juste songé qu'elle avait toutes les raisons d'en avoir assez de tourner en rond à l'intérieur. « Y aura personne à c't'heure. Trop froid. » Tu t'étais équipé en vitesse, fourrant tes mains dans des gants sans te soucier de la douleur lorsque la laine s'était accrochée aux tissus cicatriciels sur tes phalanges. Restes des combats de la veille. Pour ça aussi le froid ferait son oeuvre.

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année 41 - saison intermédiaire (soirée 84)

« Je-. Enfin, oui, je suppose que tu as raison. Merci. » Tu hausses simplement les épaules. C'est la réponse que tu lui offres le plus souvent. Pour ne pas dire celle que tu réserves à la moitié des gens qui t'adressent la parole. C'est mieux que de nier leur existence. Quand les mots étaient inutiles autant les économiser. Une philosophie qui te suivait depuis l'enfance. Tu te glisses dans les ombres extérieures dès que votre petite équipée est prête. Il faisait froid, comme toujours ces dernières semaines. Il y avait bien eu quelques améliorations mais on flairait encore l'hiver dans l'air. Une odeur propre et claire qui ne semblait exister que durant la saison polaire. Le froid avait ses avantages. Il empêchait le sang de pourrir et dieu qu'il y en avait dans cette ville. Malgré le feu, aucun doute qu'une odeur putride s'élèverait de l'est dès que le soleil aurait l'occasion de percer les nuages. La tête courbée pour cacher la nuque dans tes épaisseurs, tu bouges vers la forêt. Les chasses illégales étaient rares à cette heure et par ces températures mais tu avais toujours été un gardien prudent. C'était le meilleur moyen de ne pas attirer des regards qui auraient pu se faire curieux. C'est important pour ta tranquillité mais aussi pour la sécurité de la colocataire que l'on t'avait imposée. Et donc pour les plans d'Ashelya même si ceux-ci t'échappaient toujours un peu. Tu te suffisais des informations nécessaires. Tu n'avais jamais eu besoin de plus qu'un ordre pour fonctionner. Habitude de bourreau. Malgré leurs têtes nues, les arbres avaient au moins le mérite de casser un peu le vent. Même la lune perçait sans mal. Elle vous offrait une bonne vision des environs et d'un sol qui aurait pu se révéler piégeur au vu de toutes ces racines. « Tu comptes faire quoi après ? » Tu avais beau préférer le silence lorsqu'une question se présentait dans ton esprit tu la posais sans mal. La proximité du coup d'état te rendait plus curieux d'un futur auquel tu n'avais pas réellement pensé. Un jour à la fois. Mais demain était diablement important. Tout changerait. Même ton quotidien qu'importe que tu n'ais jamais imaginé un jour avoir à partager ta maison avec une ancienne Lieutenant.

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année 41 - saison intermédiaire (soirée 84)

Le silence ne te dérange pas. Qu'elle reste dans sa tête non plus. Tu ne te vexerais pas plus si elle décidait de ne pas te répondre. C'est sa vie après tout. Tu n'es personne pour elle. Juste un colocataire qu'elle doit peu apprécier. Vous cohabitez simplement à cause de votre connaissance commune et votre attachement pour elle. « Ça dépend de trop de choses. Mes envies en font partie mais le comportement des autres aussi. Je suppose que je verrai une étape à la fois, sans me mettre de pression inutile. » Ça te surprends presque qu'elle décide de satisfaire ta curiosité. T'évoques pas toujours la confiance. T'as même jamais été dans les petits papiers de qui que ce soit et elle a été Lieutenant. Avec Ashelya c'est différent. Tu sais des trucs. Ce que tu as besoin de savoir. Tu sais aussi qu'elle te fait confiance à sa façon mais qu'elle trouve qu'il vaut mieux que tu restes dans l'ombre souvent. Pas que ça te dérange. T'as toujours été de ceux qui exécutent sans réfléchir. Tu serais même pas assez malin pour tout comprendre. La preuve. Tout ce qu'elle raconte tu n'y as pas vraiment pensé. C'est logique pourtant. Elle fait sage et réfléchie. Pense aux détails autour d'elle et pas qu'à son but. « Ça ne veut pas dire que je vais les laisser prendre du pouvoir sur ma vie, le moins possible mais c'est particulier, chez nous, en tout cas. » Une façon compliquée de dire un truc simple. Tu le comprends comme ça tout du moins. Elle ne laissera pas les autres l'écraser. « Vaut mieux. Ils te boufferont en moins de deux sinon. » Tu lâches ça en haussant les épaules. Pas si concerné que ça. Ce n'est pas ta vie. Elle est la seule qui peut se battre pour survivre. Dire le contraire ce serait une connerie. Aider les autres à se bercer d'illusions en les protégeant c'était un coup à ce qu'ils tombent d'encore plus haut et qu'ils ne survivent même pas à la chute. Le truc c'est que Ashelya tient à elle. Tu le vois bien, tu l'as toujours un peu su. Elle est spéciale. Tu sais pertinemment que si c'est nécessaire ça ne l'empêchera pas de la sacrifier mais qu'elle fera tout pour ne pas en arriver là. Comme avec toi tu espères. Elle est loyale mais pas stupide. C'est mieux. Tu aurais détesté qu'elle mette son plan en péril pour des histoires d'attachement. « Mais t'es pas en état pour ça. » La vérité crue. Elle a ses supers techniques d'ancienne gradée et la mémoire musculaire mais elle revient de loin. Elle fait fragile à tes yeux. Ce sera pareil pour les autres. Pire parce qu'ils verront l'échec. Toi tu t'en fous. T'es déjà tombé de plusieurs étages et tu sais que ça ne veut rien dire. « Elle me l'a pas exactement demandé... » Mais c'est tout pareil. Vous devez le savoir tous les deux. Parfois Ashelya dit des trucs. Comme une pensée qu'elle induit et les idées suivent. Facile après de se dire qu'elle n'a rien à voir avec tout ça. Mais c'est pas le cas et tu le sais bien. Parce que dans le fond tu le fais pour elle. « ...mais si y a un truc que je sais faire c'est me battre. Salement. Comme il le faut quand t'es tout en bas de la chaîne alimentaire. Je peux t'aider à t'entraîner. » Elle peut mal le prendre. Croire que tu t'attaques à son honneur en suggérant que toi tu pourrais avoir un truc à lui apprendre. Tu penses que c'est le cas mais elle a été gradée et tout le monde ne sait pas se remettre en question. Admettre qu'il pourrait aller plus vite avec de l'aide.

Dernière édition par Fenrir le Ven 11 Sep - 1:08, édité 1 fois