Ashelya & Connor & Blair & Fenrir
A41 ST2 J92 (après-midi)

contre-mesure

Le bras qu'elle avait enroulé autour de celui de Connor aidait sur plusieurs points. Il offrait une certaine illusion d'intimité entre eux, mais il lui permettait aussi de soulager un peu sa jambe blessée le temps du trajet. Pourtant, entre eux, le silence était lourd après tout ce qui s'était dit durant la dernière réunion du conseil. La situation s'empirait encore et tout le plan qu'elle avait pris tant de temps à échafauder était bon à jeter. Après la tempête, elle n'avait déjà eu que peu d'espoirs et la prise de pouvoir des Anciens avait terminé de piétiner son ambition. Elle ne pouvait pas les critiquer sur tous les points, elle avait voulu faire la même chose, juste différemment. Son approche était plus délicate et ne menaçait qu'une seule personne. Même si elle était naturellement biaisée, comme tout le monde, elle restait tout de même persuadée d'avoir de meilleures intentions que ces vieux opportunistes qui ne faisaient que rêver d'une gloire morte depuis longtemps. Ils ne voulaient pas retaper le clan, lui offrir une nouvelle vie, non, ils n'étaient bercés que par la nostalgie. Ce qu'ils prévoyaient prouvait encore une fois bien qu'ils ne se souciaient pas de la population, ils étaient prêts à tout détruire sur leur passage, quitte à régner sur un clan déserté.  

- On va devoir agir vite.

Après la tempête, elle était vite retombée sur ses pattes, mais elle avait bien été forcée de prendre un temps pour observer les mouvements des autres et se préparer. Elle passait la plupart du temps chez Connor, sous prétexte de cette relation qu'ils vendaient aux autres Anciens, le Golden Quarter étant devenu un peu trop mouvementé à son goût. Après la destruction de sa maison, Fenrir y vivait de toute façon et, plus secrètement, Blair aussi. Les lieux étaient devenus une sorte de nouveau QG de leurs opérations. Elle lâcha le bras du blond en arrivant à l'intérieur, se délesta de ses vêtements chauds et alla directement s'installer dans l'un des fauteuils, un long soupir quittant ses lèvres. Elle attendit que les deux squatteurs la rejoignent avant de se lancer.

- Il y aura un rassemblement demain. Nouvelles règles de travail, rationnement plus strict encore,... Ils veulent construire une autre muraille comme si c'était ce dont on avait besoin. Et n'oublions pas leur petite milice dans les rues.

Elle n'avait pas pris de pincettes parce qu'ils étaient entre gens de confiance. En plus, elles auraient besoin d'eux pour la suite. Ils devaient connaître la gravité de la situation pour y être préparé.

Blair & Ashelya & Connor & Fenrir

année 41 ; saison intermédiaire ; après-midi 92

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L'impression de changer de quartier général n'était pas dérangeante parce que le plan et la nature l'imposaient et je m'habituais sans trop de difficultés aux nouvelles règles de chaque maison. Le plus important était de ne pas avoir bêtement péri dans la maison en morceau de Fenrir, j'allais finir par croire que quelqu'un avait explicitement souhaité ma mort et avait prié les hommes des étoiles de réussir leur coup. Peut-être des Vipères. Ce ne serait pas tellement étonnant. Le plus compliqué était encore les restes de cette tempête, les belles séquelles qui n'étaient pas visibles sur mon corps mais plutôt dans ma démarche. Il n'y avait pas de réelle position adéquate, rien de confortable mais j'avais connu d'autres déboires sur le territoire Ouest donc je m'estimais drôlement chanceuse.

J'avais rejoint Connor et Ashelya, suivie de Fenrir, quand les deux premiers étaient revenus de leur vadrouille. Avec des informations à la clé. « Il y aura un rassemblement demain. Nouvelles règles de travail, rationnement plus strict encore,... Ils veulent construire une autre muraille comme si c'était ce dont on avait besoin. Et n'oublions pas leur petite milice dans les rues. » Tout ce cinéma devenait non seulement grotesque mais en plus, et surtout, dangereux et problématique pour l'avenir du clan. Les décisions du Conseil des Héros devenaient de moins en moins sensées. Je ne comprenais pas pourquoi ils affichaient soudainement leurs vrais visages mais avec un peu de chance, ça allait tourner à notre avantage. Ils ne pourraient plus nier qu'ils étaient derrière ces plans foireux. « Au moins, les Dragons ne pourront plus se tromper. Ils comprendront qui est vraiment à la tête du clan pour le moment. » Je ne niais pas les conneries de Samuel mais il avait disparu, lui aussi.

Ashelya & Connor & Blair & Fenrir
A41 ST2 J92 (après-midi)

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L'agitation de Connor était naturelle, mais elle ne lui plaisait pas, il n'y avait bien que la confiance qu'elle lui portait et beaucoup d'années d'amitié pour la pousser à ne pas le voir comme un problème futur. Malgré tout ce qu'il disait ici, elle savait bien qu'il prendrait les bonnes décisions sur le terrain, mais une pointe de doute demeurait tout de même. Malgré le contrôle qu'il exerçait sur lui-même, il restait émotif et terriblement humain. Ce n'était pas pour rien non plus qu'elle avait gardé si proche d'elle, il restait un bon rappel, un atout pour ne pas oublier pourquoi elle se battait, pour ne pas céder à une part d'elle qui aurait pu faire l'erreur de voir trop souvent certaines personnes comme des pions à déplacer soigneusement dans l'intérêt de ses plans. Elle ignora son regard lourd sur elle, gardant le sien posé sur le feu qui crépitait dans la cheminée.

- Il est temps d'accélérer notre recrutement. Les gens doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls dans cette situation, ils doivent conserver un espoir.

Son plan initial promettait d'être une grande prise de pouvoir par la force, elle devait impressionner pour sembler légitime, mais le changement avait du bon. En jouant bien ses cartes, elle deviendrait Chef sous une lumière plus humaine, elle pourrait être vue comme celle qui les avait unifié plutôt que comme une conquérante. C'était pour ça qu'il fallait toujours rester ouvert au changement, lui laisser une place soigneusement choisie et toujours s'adapter, il offrait souvent un point de vue qu'on n'aurait pas pu imaginer.

- Connor, tu vas prendre un peu de distance avec le Conseil. Je veux que tu sois plus souvent dans les rues pour approcher des personnes en qui tu as confiance et tenter de les rallier à notre cause. Il ne devrait pas être difficile de faire croire aux Anciens que c'est dans leur intérêt que tu travailles si tu agis intelligemment.

Avec une occupation, il serait moins prompt à craquer face aux horreurs et il ne faisait aucun doute qu'il ferait un excellent recruteur avec toutes les personnes qu'il connaissait et son charisme naturel. Elle se chargerait de se montrer convaincante face à leurs pairs. Restait donc l'ancienne Lieutenant vers qui elle tourna les yeux.

- Blair, je veux que tu envisages ton ancienne équipe. Trouve qui dans ses rangs serait susceptible d'accepter notre façon de voir les choses, mais aussi suffisamment de confiance pour ne pas ébruiter ta situation. Lorsque tu te sentiras assez en forme pour sortir, tente une approche discrète.

Blair & Ashelya & Connor & Fenrir

année 41 ; saison intermédiaire ; après-midi 92

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« Il y a des idiots que ça arrange. » Il n'avait pas tort, je le reconnaissais mais si on ne voyait que ça, si on s'arrêtait à ce détail, le combat était perdu d'avance parce qu'il y aurait toujours des suiveurs mais, parmi les suiveurs, il y avait toujours une part d'opportunistes. Ce n'était pas un réel avantage parce qu'ils n'étaient pas de ceux sur lesquels on pourrait compter mais ils seraient plus facilement corrompus et c'était tout ce dont nous avions besoin à ce stade, de personnes pour nous aider et nous prêter main forte au plus fort de la crise sur le territoire.

« Ils vont attendre des preuves de notre part. » Ashelya était beaucoup trop déterminée que pour ne pas y avoir pensé ou craquer. En tant qu'ancienne Espionne, elle n'aurait aucun mal à duper ceux qui ne voyaient que leur nombril, leur victoire et leur confort. Une fois la phase de paranoïa enclenchée, j'étais certaine qu'ils douteraient de tout et de tout le monde, même de leurs plus proches alliés. C'était courant à Paris, tous les clans avaient connu leurs chefs pourris jusqu'à la moëlle.

« Je pense pas que je pourrais jouer à ce petit jeu longtemps. » Je ne prétendais pas que tous les membres de l'équipe des espions étaient de parfaits menteurs, certains se débrouillaient dans certains contextes, mais c'était évident que Connor n'aurait pas fait un bon espion. Il laissait ses émotions prendre le dessus. On ne devait pas être insensible mais on devait au moins pouvoir mettre ses émotions de côté quand une mission était en cours. Mon cas était particulier parce que j'avais été élevée dans ce but mais c'était les bases de tout bon espion.

« Il est temps d'accélérer notre recrutement. Les gens doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls dans cette situation, ils doivent conserver un espoir. » Je n'étais pas étonnée qu'Ashelya n'ait pas relevé les remarques de Connor et préférai me concentrer sur ce qu'elle nous disait. Je n'avais pas de réel conseil dans la tête. Rien qui ne l'aiderait à comprendre que, dans tous les cas, il faudrait tenir parce que nous n'avions pas d'autre option.

« Connor, tu vas prendre un peu de distance avec le Conseil. Je veux que tu sois plus souvent dans les rues pour approcher des personnes en qui tu as confiance et tenter de les rallier à notre cause. Il ne devrait pas être difficile de faire croire aux Anciens que c'est dans leur intérêt que tu travailles si tu agis intelligemment. » Je l'écoutais toujours d'une oreille, mon attention passant de l'un à l'autre sans les interrompre. J'observais en silence comme je l'avais si souvent fait pendant mes années d'espionne. Et parce que j'avais été sagement éduquée dans ce sens, ne pas broncher et écouter les supérieurs. C'était ancré dans tout mon corps.

« Blair, je veux que tu envisages ton ancienne équipe. Trouve qui dans ses rangs serait susceptible d'accepter notre façon de voir les choses, mais aussi suffisamment de confiance pour ne pas ébruiter ta situation. Lorsque tu te sentiras assez en forme pour sortir, tente une approche discrète. » J'avais acquiescé d'un mouvement de tête d'avant en arrière. Je n'avais pas vraiment besoin d'en dire plus, nous étions sur la même longueur d'onde, je l'avais eu comme Lieutenant, nous avions appris à nous connaître respectivement et elle savait ce que ce silence signifiait, rien de plus que la prise en compte des ordres. Elle savait également que j'étais prête à me sacrifier pour la cause, étant donné qu'elle m'avait sauvé la vie.