Samuel & Andrea & Magnus
A41 SI J89 (soirée)

too much gold

Traîner dans cette partie du territoire n'était pas l'idée du siècle, mais, après quelques temps à chercher une opportunité, il avait dû se rendre à l'évidence qu'aucune ne se présenterait. Il n'avait jamais été vraiment taillé pour les intrigues et les ombres, il était trop direct pour ça. Il avait pourtant fait de son mieux, se déplaçant de nuit et avec un capuchon sur la tête pour éviter qu'on le reconnaisse. Il valait sans doute mieux paraître suspect que de révéler directement son identité en pleine zone de contrôle des Anciens. Même si il avait passé une partie de son enfance ici, le Conseil des Héros avait littéralement forgé l'endroit et la moitié des habitants devaient être des suiveurs plus ou moins assumés. Il n'avait été que plus reconnaissant que sa mère n'ait pas souhaité reprendre ses droits dorés lorsqu'il était devenu Chef et qu'elle habitait toujours une maison plus modeste, mais aussi plus tranquille, parmi d'autres Dragons dans la moyenne. Là-bas, elle était au moins plus en sécurité, entouré d'une certaine forme d'anonymat. Il ne se leurrait pas, il savait très bien qu'on aurait aucun mal à la trouver si on la cherchait, mais en étant pas sous les yeux de ceux qui lui en voulaient à lui, elle passerait peut-être sous le radar.

- Tu ramasses aussi les mômes maintenant ?

Il s'était invité pour une question d'efficacité et avait découvert que sa cousine n'était pas seule alors qu'il se débarrassait de sa veste. En soi, qu'elle soit accompagnée n'avait rien d'étonnant, mais il avait été surpris de découvrir quelqu'un de si jeune et, surtout, de si connu. Le fils de Lila était installé dans la pièce à vivre comme si il se trouvait chez lui, un détail pour le moins perturbant. Il n'était pas si tard, mais il était évident qu'il n'était pas en visite.

- Magnus, c'est ça ?

Il ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu suspicieux, mais s'efforça de ne pas trop le montrer. Andy avait toujours eu un bon instinct et il devait avoir une bonne raison d'être ici. Il était aussi bien placé pour savoir que, parfois, la pomme tombait loin de l'arbre et qu'un enfant n'aurait jamais dû avoir à assumer les erreurs de ses parents.

- Désolé pour le silence radio. J'essaye de faire profil bas.

Andrea & Magnus

année 41, seconde saison tempérée, soirée 89

too much gold

Ca devenait de plus en plus compliqué parce qu'il y avait la peur qu'Ashelya sorte de nulle part malgré tous les problèmes et qu'elle provoque le duel et toute l'inconnue autour de Samuel qui pouvait tout aussi bien être mort lors de la tempête. Je ne pouvais pas exactement en vouloir à mon cousin, ni même au chef parce que la situation imposée par les Anciens n'était pas une mince affaire et parce que, d'une façon ou d'une autre, j'étais convaincue qu'il serait l'élément de trop dans leurs affaires. Que ce soit l'un ou l'autre, le chef ou la personne. Leur Conseil des Héros semblait toujours plus pourri au fur et à mesure des décisions qu'ils prenaient et c'était dangereux pour tout le monde. Ils trouveraient le moyen de buter Sam s'il trouvait le moyen de le faire discrètement, ne serait-ce que via des petits suiveurs, ceux-là même qu'on reconnaissait facilement parce qu'ils portaient ces stupides brassards. Tant que personne ne parlait de lui, je pouvais, avec un peu de chance, me dire qu'il était probablement encore en vie, en train de se cacher parce qu'il ne pouvait rien faire en l'occurrence. J'aurais évidemment préféré qu'en tant que chef il leur tienne tête mais c'était utopique que de croire qu'il pouvait tous les calmer en devenant soudainement plus charismatique.

Ce qui me permettait de tenir le coup, c'était de savoir Klaus et Magnus en un seul morceau. Levi aussi mais il n'y avait pas la même attache. Ca ne signifiait pas que je me moquais de son sort. La confiance en tant que Lieutenant devait encore être gagnée parce que nous n'avions pas encore vécu de situation critique depuis qu'il avait été promu alors je gardais une certaine distance. Magnus ne pétait pas la forme, il se rongeait même un peu trop à mon goût mais je l'avais sous les yeux et il avait la distance suffisante pour se forger sa propre opinion au sujet de sa mère et du reste du conseil. C'était de loin le plus important. Je ne comptais pas lui dicter sa façon de se comporter, il savait qu'il était libre de ses mouvements et que je serais toujours là s'il avait besoin d'échanger d'égal à égal - parce que c'était le cas quand nous étions sous ce toit - et il connaissait les limites. Je m'étonnais moi-même de réussir à gérer un adolescent. D'autant que je n'étais pas beaucoup plus vieille que lui.

« Tu ramasses aussi les mômes maintenant ? » Cette voix sortait de nulle part. Je ne l'avais même pas entendu arriver, beaucoup trop perdue dans mes idées et dans mes plans que je recommençais cent mille fois. Je me tâtais entre l'envie de lui en coller une pour arriver comme si c'était parfaitement normal de laisser sa famille dans le doute pendant autant de jours et l'envie de le serrer dans mes bras. Même si, face à Magnus, c'était tout un concept. Il devait savoir qu'on était de la même famille mais c'était une autre affaire que de voir son chef dans les bras de sa lieutenant. Je m'étais arrêtée à mi-chemin. Dans le doute, il valait mieux ne pas aggraver ses blessures.

J'avais voulu en placer une mais il avait décidé de prendre Magnus en compte. Et par chance, il connaissait son nom. Oui, Magnus était un Golden et le fils de Lila plus précisément mais le contraire ne m'aurait pas étonné de la part de Sam. « Magnus, c'est ça ? » Je me retenais toujours de le sermonner pendant ce temps, ne désirant pas casser une quelconque bonne lancée entre les deux, même si ce n'était qu'anecdotique.

« Désolé pour le silence radio. J'essaye de faire profil bas. » C'était un peu mieux déjà. Il avait prouvé qu'il pouvait s'excuser et qu'il avait compris qu'il avait merdé. C'était moins surprenant. Il n'était pas une mauvaise personne. Bon chef, c'était encore une autre histoire. Je l'avais invité à s'installer dans la pièce à vivre, Magnus était une fois de plus libre de s'en aller s'il ne pouvait pas assister aux retrouvailles familiales.

« T'es con, ma parole. J'aurais dû être la première personne à savoir que t'étais en vie. » Je n'étais même pas certaine que qui que ce soit l'ait vu avant moi. Si c'était le cas, j'avais une petite idée de la personne mais ce n'était pas le sujet pour le moment. « Pardon. Je comprends. Avec la situation actuelle, tu dois être la personne à abattre. » J'avais soupiré, avant d'être parcourue par un frisson. L'idée qu'il ait pu être suivi jusqu'ici était dérangeante mais vraisemblable. Et je ne voulais pas qu'il meure. Ce n'était pas son heure. « Par contre, je te signale que je ramasse pas d'enfant. J'aide simplement un de mes Aspirants. Il a besoin de prendre des distances vis-à-vis de son quotidien. Me fais pas passer pour je ne sais quoi devant lui. »