I'm not brave enough ft. Sawyer

JAGUARS DU SUD

Willow (14 ans) & Sawyer (15 ans)

année 38 st1

I'm not brave enough

Pendant qu’on travaillait aux vergers, mon regard se tournait régulièrement vers elle. Si je n’étais déjà pas la plus motivée d’entre tous, le fait qu’elle ait la même tâche que moi n’arrangeait pas la donne. C’était plus fort que moi, il fallait que je garde un contact. Le destin – ou quelque chose dans ce genre – nous aidait ou me mettait de nouveaux bâtons dans les roues, ça dépendant du point de vue et du jour. Je ne changeais pas d’opinion tous les jours mais j’hésitais toujours. Comment savoir ce qui était le mieux ? Quand je ne la voyais pas, je devenais folle et je fuguais, suivant l’une de mes nombreuses pistes pour l’observer, créant des opportunités mais quand elle était dans la même zone, je ne savais pas quoi faire, c’était tout juste si je parvenais à trouver des mots. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. On se connaissait depuis longtemps, elle avait toujours réussi à me mettre à l’aise parce qu’elle n’était pas beaucoup plus volubile que moi et pourtant je ne parvenais plus à retrouver ce confort depuis que j’avais pris la fuite et que je l’avais évitée pendant plusieurs semaines. Ces semaines m’avaient semblé être une éternité mais je ne connaissais pas d’autres réactions. L’attachement était beaucoup trop dangereux, je l’avais compris trop rapidement. Je n’avais pas prévu que les choses prendraient cette ampleur. Si m’attacher m’effrayait, aimer l’était encore plus. Aimer, c’était prendre le risque de souffrir un jour. Je ne voulais pas donner une nouvelle chance à la vie de me faire un coup de pute. N’était-ce pas suffisant de se voir arracher ses parents ? Ne m’avait-on pas fait remarquer que je ne valais pas mieux qu’un chat errant quand j’étais arrivée chez les Jaguars ? Parce que la vie était beaucoup trop imprévisible, j’avais décidé de prendre les devants même si c’était douloureux et que j’en crevais. Elle comprendrait. Elle ne le remarquerait peut-être pas. Non, elle ne pouvait pas m’avoir déjà effacé de sa vie parce qu’elle avait rejoint les Dragons. Nous avions déjà beaucoup trop partagé, même si ce n’était que des détails dans une réalité beaucoup plus importante. Si elle m’en voulait ? Ces questions m’avaient freiné ce matin. Des semaines de silence, de regard évité était étrange, même pour moi. Je m’étais décidé à lui reparler mais dès que je la regardais, je sentais mon cœur s’emballer et ma volonté s’évaporait. Je crevais d’envie de lui parler, de retrouver cette complicité très particulière mais l’enjeu était trop risqué. On m’avait abandonnée une fois, ça m’avait suffi. J’avais compris la leçon. Ça ne m’empêchait pourtant pas de culpabiliser. Je savais que j’avais fait un choix judicieux mais les dégâts collatéraux étaient trop conséquents. Mon cœur s’était caché sous des remparts certainement plus imposants et plus dangereux que ceux qu’arborait le territoire des Dragons. J’étais paniquée. J’étais perdue. Pourquoi ce sentiment s’était insinué si sournoisement alors qu’on se connaissait depuis des années. J’avais bien remarqué notre rapprochement mais les premières années, ça se passait bien. Ce n’était qu’au début de la saison, lors de la fête de l’Orage que ça m’était tombé dessus et depuis ce moment que je la fuyais autant que possible. J’aurais voulu lui tendre une main, lui dire au moins bonjour mais non. Encore une journée gâchée. Je l’avais observée. Lors de la pause, j’avais cru à un relent de courage mais j’avais préféré m’enfuir dans un coin, loin du bruit, loin de la foule. Ma zone de confort.

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DRAGONS DU NORD

I'm not brave enough
Année 38 – saison tempérée 1

Tu ne comprends pas trop. Tu as quinze ans et tu te perds souvent dans les relations. Les gens changent trop souvent d'avis, ils ne sont pas toujours logiques. L'attitude de Willow n'en reste pas moins soudaine et incompréhensible. Tu ne sais pas si tu as fait quelque chose pour ça mais elle ne semble plus vouloir te parler. Un jour, deux jours, des jours qui se succèdent. Une saute d'humeur aurait pu expliquer qu'elle soit si distante pendant un moment mais là ça commence à faire long. Et naturellement tu ne sais pas quoi faire. Tu as toujours respecté le silence de Willow. Alors même si ça te met mal à l'aise qu'elle soit soudain si lointaine, tu ne veux pas t'imposer. Tu aurais l'impression de la harceler et tu sais trop bien l'effet que cela fait. Au fond, tu penses aussi qu'elle t'évite parce qu'elle ne sait pas comment te dire qu'elle en a marre de toi. Cela n'aurait rien d'étonnant que tu ais fini par la gonfler. Les autres ne le comprennent pas toujours mais toi tu sais qu'il y a de la gentillesse en elle. Une gentillesse qui pourrait la pousser à chercher la bonne façon de faire. La théorie est peut-être un peu ridicule mais pas pour ta paranoïa. Tu as aussi envisagé le fait qu'elle n'aille pas bien. C'est ce qui te pose le plus de soucis. Et si elle n'allait pas bien et qu'elle ne voulait pas t'ennuyer avec ça ? Ou qu'elle ne voulait pas en parler par fierté. Tu es trop bien placée pour savoir à quel point c'est possible. Toi aussi tu lui caches bien des choses. Jamais tu ne te verrais lui dire ce qu'il se passe chez les Dragons. Les Jaguars sont plus pacifistes d'après les rumeurs mais on ne sait jamais. Des tordus, il y en avait partout. Tes gardes sont devenues plus pénibles depuis qu'elle ne te parle plus. Tu es trop dans ta tête, à chercher des réponses. Tu ne fais pas toujours attention et des gaffes s'en suivent. Ce ne sont que des problèmes en plus qui ne t'empêchent pas de la chercher des yeux. Chaque jour, tu espères la voir. Ce n'est pas toujours le cas mais à chaque fois que ton regard la croise, tu ressens un drôle de soulagement qui te réchauffe le ventre. A défaut du reste, elle ne semble pas mal physiquement. Mais tu aimerais qu'elle te regarde. Même ça, elle ne semble plus savoir le fait. Impossible de croiser son regard. Ses yeux disparaissaient presque aussi vite qu'elle dans ces cas là.

Aujourd'hui il fait particulièrement chaud. L'influence de la saison aride se fait bien sentir et tu te retrouves épuisée et en sueur. Et la gourde vide. Après avoir tenté de boire une gorgée, sans succès, tu la fixes avec désolation. Comment as-tu pu oublier de la remplir tout à l'heure ? Tu cherches même un trou, pensant que ce serait plus logique, mais non, tu as juste fait une erreur parce que tu as la tête ailleurs. Tu vas maintenant devoir continuer, puis faire le voyage de retour à sec. Tu pourrais bien demander à quelqu'un de t'en donner un peu mais à qui ? Il n'y a qu'une seule personne avec qui tu serais à l'aise d'agir de la sorte et elle ne te parle plus. C'est là que l'idée te vient. Willow, tu veux lui parler depuis des jours sans savoir comment l'aborder. Peut-être que c'est le destin qui te donne un coup de pouce. L'occasion est belle. Avant de pouvoir te dégonfler, tu te met à sa recherche. Au bout d'un moment, tu la découvres à l'écart des autres travailleurs. Un endroit qui lui ressemble bien. Tu progresses vers elle en te tortillant les doigts, un peu gênée. Tu détestes devoir quoi que ce soit à quelqu'un. Même avec elle c'est une sorte d'effort. Mais tu prends une grande inspiration et tu te lances. « Salut Will... Tu- » Tu avales difficilement ta salive, toujours aussi mal à l'aise. « T'aurais pas un peu d'eau à me dépanner ? » Dès que c'est dit, tu commences à triturer ta casquette, baissant le penne sur ton regard. C'est idiot mais maintenant c'est toi qui te sent trop peureuse pour croiser son regard.

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There’s always been a disconnect running from my heart to my head and no it’s never made much sense. I’ve been feeling so distant, can you be the one to connect? Pick up all the pieces again? As long as they don’t separate you from me I’ll be fine.

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Willow (14 ans) & Sawyer (15 ans)

année 38 st1

I'm not brave enough

J'étais lâche, drôlement lâche. Même moi, je ne me reconnaissais pas. Je n'étais pas suicidaire de nature ; non, je n'allais pas sauver la mise au premier venu, sous prétexte qu'il était en mauvaise posture. J'avais eu le courage nécessaire pour survivre jusqu'au jour où ils m'avaient sauvée pour me plonger dans d'autres tourments. J'étais suffisamment courage quand il s'agissait de tenir tête à ceux qui me cherchaient pour des broutilles. Là, je fuyais deux merveilleux yeux, des yeux que j'avais adoré croisés si souvent. D'habitude, une bonne introspection arrangeait les choses. Je n'avais pas besoin de parler à quelqu'un de mes soucis, en temps normal. Ça passait tôt ou tard parce que c'était dans ma nature. Cette fois, ça prenait beaucoup plus de temps. Beaucoup trop, à mon goût. Je ne lui en voulais pas. Je m'en voulais. J'avais envie de reprendre contact parce qu'elle ne méritait pas que je l'évite sans lui donner d'explications mais bon dieu que c'était difficile. C'était encore plus difficile de trouver la force de laisser ça de côté que de me répéter que je lui déchirais peut-être le cœur. Elle ne ressentait certainement pas la même chose que moi et je ne voulais pas souffrir. Je savais que j'allais le regretter parce que c'était déjà le cas, mais c'était moins dangereux que ce soit elle qui ne comprenne pas. Malheureusement, je prenais le risque qu'elle soit blessée et je m'en voulais. J'étais un monstre d'égoïsme mais c'était instinctif. Mes parents étaient partis. Personne ne m'avait tendu de main à mon arrivée chez les Jaguars, personne à part Salem et ceux qui m'avaient ramenés. Je ne pouvais pas prendre le risque de m'écrouler quand je trouvais petit à petit la force de me construire sur des bases branlantes. Heureusement, Sawyer avait de la force pour deux. En tout cas, c'est comme ça que je traduisais sa réaction. Venir vers moi avec une excuse pareille, chipoter sa casquette comme elle le faisait, ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose. Quant à moi ? Je me serais bien enfuie mais même dans l'inconfort, la peur des reproches, elles me lâchaient. Je n'avais aucune volonté. Evidemment que je voulais la voir, discuter avec elle mais ne serait-ce pas égoïste en sachant que j'allais recommencer mon cinéma juste après ? Rien n'était encore réglé, alors je pouvais encore souffrir. J'avais mis du temps avant de répondre, perdue entre tous ces scénarios. Un peu d'eau. Il fallait que je me concentre sur ce détail et rien d'autre. Prendre du recul était difficile malgré les efforts. « Saw... » Tu parles de salutations. J'étais encore plus mal qu'elle parce que je connaissais les raisons de ces distances et que je n'assumais pas du tout de forcer les choses. Il me fallut du temps pour réagir et lui tendre ma gourde. « Oui, tiens. » J'avais l'art de faire avancer la discussion. Qu'est-ce que je pouvais ajouter, de toute manière ? Salut, je pense que je commence à m'attacher à toi. C'est plus que de l'attachement platonique. C'est pour ça que je te fuis depuis tout ce temps. Et toi ? Tu vas bien ? Je n'étais pas cruelle, pas à ce point.

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I'm not brave enough
Année 38 – saison tempérée 1

Le silence est lourd et particulièrement tendu alors que tu attends une réaction de sa part. Après le pas que tu as fait vers elle tu ne peux pas faire plus. Au vu du temps qu'elle prends, tu te félicites d'avoir baissé les yeux. C'est plus angoissant car ton esprit peut bien plus facilement partir en vrille mais tu n'es pas sûre que tu aurais pu supporter son regard. Tu te demandes toujours ce qu'il peut bien se passer dans sa tête, la raison de cet éloignement qu'elle t'a imposé. Peut-être que tu as vraiment fait quelque chose de mal et que venir ici était une mauvaise idée. Oui. Tu aurais dû la laisser tranquille. C'est stupide. Ce n'est pas parce que tu avais aimé - tout au fond - que Maxine vienne vers toi lorsque tu la repoussais que c'était aussi le cas de Willow. La pensée était particulièrement égoïste et tu t'étais tournée en ridicule à cause de ça. « Saw... » Sa voix t'arrête alors même que ta tête te poussait à faire demi-tour et à trouver un trou où aller t'enterrer. Encore un silence puis la gourde demandée apparaît dans ton champ de vision. Tu en avais oublié ce détail. « Oui, tiens. » C'est un progrès en soi non ? Elle aurait pu juste t'ignorer mais tu dois lui importer suffisamment pour qu'elle ne veuille pas que tu meurs de soif. C'est presque encourageant. Tu attrapes la gourde et te forces à avaler quelques gorgées avec lenteur. N'importe quoi pour faire traîner le moment où tu auras à nouveau à communiquer. Que lui dire ? Elle ne t'aide absolument pas. Est-ce que tu as rêvé le fait que votre relation était plus simple avant ? C'en deviendrait presque logique. Parce que tu ne peux pas boire trop longtemps sans lui vider ses réserves, tu refermes le goulot et lui tend la bouteille. « Merci. » Tu ne l'as toujours pas regardé et cette gêne t'agace profondément. Tu ne te pensais pas si lâche. « Je te le revaudrais. » En temps normal tu aurais pu laisser tomber. Te dire que ce n'est pas vraiment une dette au vu de votre relation mais tu n'es plus si sûre de rien maintenant. Trop de confusion met le désordre dans tes règles de vie. Encore une fois, tu te prépares à partir sans pourtant réussir à bouger les pieds. Tu as cette sensation que tourner le dos n'est pas une bonne chose. « Je sais que ça changera rien mais- » Mais quoi ? Tu ne sais même pas ce qu'il se passe. Est-ce ta faute ou est-ce que c'est narcissique de penser ça ? « Pardon. Si j'ai fait un truc, je m'en excuse. Quoi que ce soit c'était pas voulu. » Tu ne te sens pas particulièrement soulagée après ça. C'est même pire. Et si elle avait vraiment quelque chose à te reprocher et qu'elle relâchait à cause de ça tout ce qu'elle avait pensé tout bas ?

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Willow (14 ans) & Sawyer (15 ans)

année 38 st1

I'm not brave enough

Elle buvait encore et encore et encore. Ça semblait interminable, vu d'ici. Je n'aurais certainement pas réagi différemment en pareille circonstance. La différence, c'est que celle qui installait le malaise, c'était moi. Moi et ma connerie. Moi et mes soucis d'un point de vue de l'attachement et surtout quand il s'agissait de sentiments. J'aurais pu me trouver toutes les excuses au monde - parce que je savais qu'il y en avait réellement -, je m'en voulais de lui imposer ça, au fond de moi. C'était plus compliqué qu'il n'y paraissait. Quand elle finit par lâcher un « Merci. », je fus soulagée. Elle parlait. Plus que moi, évidemment. J'étais culottée, je ne le savais que trop bien. C'était encore à elle de faire le premier pas parce que je n'étais pas foutue d'être mature, ni brave. Je n'avais pas l'habitude de m'épancher sur mes problèmes. Je parlais, ce n'était pas un souci, mais exposer mes affaires de cœur, c'était une autre épreuve, beaucoup plus dangereuse. « De rien. » Je pris rapidement la bouteille, comme si j'avais peur qu'on ne se frôle. Voilà que je jouais les timides. Je ne me gênais pas pour dire ce que je pensais, que ça plaise ou non, habituellement. Là, j'aurais été bien incapable d'engager une conversation : si c'était une conversation trop banale, je l'aurais regretté et si ça avait la discussion, j'aurais été tout simplement incapable d'aligner des mots, surtout pour les faire coïncider avec une vérité que je maîtrisais mal.

Le plus difficile dans tout ça, c'était qu'elle ne me regardait pas un seul instant. Je n'avais jamais voulu la mettre aussi mal à l'aise. Non, j'aurais voulu lui rendre le sourire, au contraire, mais je n'y arrivais pas. Je m'en voulais sincèrement de rendre tout ça plus compliqué. C'était totalement injuste. Sawyer était beaucoup trop gentille avec moi. Elle me respectait depuis tout ce temps. Elle n'avait jamais envisagé de me changer. Et moi, je faisais quoi ? Je la rendais malheureuse. « Je te le revaudrais. » Un autre coup de poignard. Elle disait ça à cause de mon comportement. J'étais la seule coupable dans ce bordel. « Pas bes... » Elle m'avait coupé dans ma réponse, par son attitude mais aussi en enchaînant, à peu de choses près. C'est moi qui étais lente, dans l'affaire. Trop d'interférences dans ma tête.

« Je sais que ça changera rien mais- » Mais quoi ? J'étais pendue à ses lèvres. J'avais peur de ce qu'elle voulait me dire parce qu'elle avait hésité elle-même mais je devais l'entendre. « Pardon. Si j'ai fait un truc, je m'en excuse. Quoi que ce soit c'était pas voulu. » Lâche. Stupide. Égoïste. Cruelle. J'étais tout ça à la fois. Je lui faisais mal et ça me fendait le cœur. Au fond, c'était une certitude, je ne la méritais pas. Après tout ça, nous ne serions jamais plus les mêmes et c'était de ma faute. « Ce n'est pas toi, la coupable. C'est moi. » Ça n'allait pas arranger les choses de s'arrêter là. Ce serait certainement encore pire, d'ailleurs. « C'est moi qui te demande pardon. Tu m'as toujours acceptée telle que j'étais. Jamais tu ne pourrais me blesser. » J'essayais de tenir bon, de la regarder dans les yeux, un sourire discret mais sincère égayant à peine mon visage. « A cause de ce que j'ai vécu, avec mes parents qui ont été raflés, j'ai parfois un comportement inapproprié et je me rends bien compte que je t'ai fait du mal. » La culpabilité et la peur me bouffaient à petit feu mais je lui devais bien ça. « C'est égoïste de ma part mais... Est-ce que tu crois que tu pourras me pardonner de t'avoir fait ça ? Je me rends bien compte que j'ai besoin de toi dans ma vie, comme avant. » Et même plus qu'avant... Mais ça, c'était trop tôt et trop risqué.

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Année 38 – saison tempérée 1

Dans tes mots, il y a une bouteille lancée à l'aveuglette vers la mer. Impossible de savoir si elle lui arrivera ou si elle se perdra. Peut-être même qu'elle te sera aussitôt ramenée par les vagues. Si Willow est trop fermée, si Willow ne veut pas parler. Rien ne dit que le problème est là. Ou qu'il y a un problème. La vie se déroule parfois sans explication. On se réveille avec des étrangers autour de soi. La pensée n'en est pas moins révoltante car tu n'es pas prête à la perdre. Pas comme ça. « Ce n'est pas toi, la coupable. C'est moi. » Ça sonne définitif. Tu n'y comprends rien. « C'est moi qui te demande pardon. Tu m'as toujours acceptée telle que j'étais. Jamais tu ne pourrais me blesser. » Tu n'en es pas si sûre. Comme tout le monde tu as ce couteau dans la main qui peut blesser ceux que tu aimes sans que tu ne le veuilles. Un faux mouvement et le drame se produit. « A cause de ce que j'ai vécu, avec mes parents qui ont été raflés, j'ai parfois un comportement inapproprié et je me rends bien compte que je t'ai fait du mal. » Pour ça vous avez toujours été très différentes. Ton comportement n'est pas toujours adapté non plus mais la perte de ta famille n'a pas laissée une telle trace sur ton âme. Tu le voudrais mais tu n'as pas la force de lui dire le contraire. Tu devrais la rassurer, clamer qu'elle n'a pas tant blessée, que ce n'est pas bien grave mais le mal a été fait et tu ne peux pas simplement le nier. Son attitude t'a troublée, t'a fait peur et le rejet n'est jamais aisé à digérer. La soudaineté aussi n'a rien arrangé. « C'est égoïste de ma part mais... Est-ce que tu crois que tu pourras me pardonner de t'avoir fait ça ? Je me rends bien compte que j'ai besoin de toi dans ma vie, comme avant. » Tu t'es imaginé infiniment pire. Ça avait été facile de fantasmer une discussion à la suite de laquelle elle n'aurait plus voulu te parler. Les yeux baissés, tu racles le sol de ta bottine sans trop savoir quoi dire. Bien sûr que tu veux accepter. Tu sens le coin de tes lèvres qui se relèvent en un sourire discret mais qui s'impose. Tu te sens idiote pour ce sourire. Moins pour le soulagement qui te détend progressivement. « Bien sûr. » Tu relèves les yeux pour croiser les siens. « Je comprends que tu puisses avoir besoin d'espace tu sais. Et je t'en demanderais jamais plus que ce que tu ne peux donner mais-. » Tu hésites un instant, consciente que c'est peut-être trop demandé. Et les mais ne sont jamais bons dans les conversations, tu le sais aussi. Tu grimaces alors. « Non, c'est rien. Je comprendrais. On a chacun nos mécanismes. » Et tu ne veux pas qu'elle se sente forcée à faire quoi que ce soit si cela devait se reproduire. « Je suis juste contente que tu me parles à nouveau. »

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année 38 st1

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Elle ne me regardait pas, non, elle préférait fuir mon regard, sa bottine frottant le sol. Je me sentais bête et cruelle à la fois. J'avais eu peur que ces sentiments ne me fassent du mal et j'avais fini par détruire quelque chose qui avait toujours existé entre nous. Il aurait été difficile de ne pas remarquer la retenue et le malaise qui s'était installé, tout à cause de mon idiotie et de mon égoïsme. « Bien sûr. » J'avais espéré ces mots mais la réalité m'avait frappée par la même occasion. Quelque part, là-dedans, je devais savoir qu'elle allait me répondre ça. Sans cette certitude, je n'aurais pas osé lui avouer tout ça. Encore une fois, j'étais celle qui abusait dans cette relation. J'abusais de sa gentillesse et du lien en lui-même.

« Je comprends que tu puisses avoir besoin d'espace tu sais. Et je t'en demanderais jamais plus que ce que tu ne peux donner mais-. » Elle releva la tête et pour ne pas la décevoir, j'avais gardé la tête haute alors que son mais m'avait déjà assailli de doutes. Je mourrais d'envie de lui demander ce que cachait cette réaction mais elle avait déjà repris. « Non, c'est rien. Je comprendrais. On a chacun nos mécanismes. » A quoi je m'attendais de sa part ? Evidemment qu'elle rebroussait chemin quand elle prenait le risque de me blesser, préférant m'accepter sans en demander de plus. Pourtant, cette fois, j'avais bien cerné le malaise émanant d'elle. Une fois le mot lancé, il n'était pas facile de laisser son esprit concentré. La paranoïa prenait le dessus et puisque je n'étais pas innocente dans l'histoire, j'aurais dû laisser cette peur me bouffer.

« Je suis juste contente que tu me parles à nouveau. » Ça aurait dû se terminer là-dessus. Elle ne me devait rien. Malheureusement, même quand je faisais foirer les choses, je voulais soulager ma conscience. « Mais ? Je t'ai fait du mal, je peux bien entendre ce que tu as sur le cœur. C'est la moindre des choses que je peux faire après avoir agi comme une égoïste. En tout cas, si ça peut te soulager. » Je n'étais pas triste mais sérieusement inquiète. Le visage d'une enfant inquiète et désolée, en plus de la supplier de ce regard, plongé dans le sien pour qu'elle ne puisse pas fuir.

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Année 38 – saison tempérée 1

« Mais ? Je t'ai fait du mal, je peux bien entendre ce que tu as sur le cœur. C'est la moindre des choses que je peux faire après avoir agi comme une égoïste. En tout cas, si ça peut te soulager. » Tu aurais préféré qu'elle lâche l'affaire. Qu'elle choisisse la porte de sortie facile que tu lui offrais, comme d'habitude. Mais Willow en a décidé autrement. Et elle semble trop affectée par tout pour que tu lui refuses ta sincérité. Même si tu n'es pas certaine que c'est réellement ce qu'elle veut. Tu ne sais pas ce qui est le pire. En plus tu te sens comme faire un caprice ici. Tu détestes réclamer. Tu ne te sens pas assez méritante pour ça. Prendre ce qu'on te donne est une chose, réclamer te fait trop peur. Tu baisses à nouveau les yeux, incapable de soutenir son regard. Ta main se porte à ta nuque que tu frottes avec malaise, tes doigts tirant un peu sur les cheveux fins qui se sont échappés de ta queue de cheval. « C'est trop demander Willow. » Tu fais une pause, cherchant les mots. Ta bouche s'ouvre à une ou deux occasions avant que tu ne parviennes enfin à t'exprimer. « Je voulais juste que-. Tu sais. Que tu me préviennes. Si tu dois t'éclipser parce que c'est trop je comprends. Mais c'est dur d'être celle qui reste. » Tu es toujours celle qui reste. Chaque départ te laisse le goût de la peur dans la bouche. Encore plus lorsqu'ils sont aussi brutaux. Tu te dis que si elle te prévient, peut-être que le sentiment d'abandon ne creusera pas autant son trou en toi. Parce que l'espoir de la voir revenir sera moins futile.

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Willow (14 ans) & Sawyer (15 ans)

année 38 st1

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Je voyais bien qu'elle fuyait à son tour mais de manière moins catégorique. Il n'était pas compliqué de comprendre que quelque chose la gênait dans mon attitude ou dans ma prise de position. A croire que je n'étais capable de rien de bon, que ce soit dans la fuite ou dans les retrouvailles. Oh, si, il y avait bien un domaine dans lequel je brillais ; celui de faire souffrir les autres. Je devais certainement tenir ça de mes parents. Je m'en voulais de devenir un monstre, surtout si ça signifiait faire souffrir l'une des personnes les plus importantes à mes yeux. Avant même qu'elle n'ait le temps de parler, les reproches internes m'assénaient. « C'est trop demander Willow. » C'était bien ça. Je lui en demandais trop alors que j'étais la fautive dans l'histoire. Culottée devait être mon deuxième prénom. Je ne la mériterais jamais, puisque même quand je la blessais elle n'arrivait même pas à me rendre un quart des dégâts occasionnés.

« Je voulais juste que-. Tu sais. Que tu me préviennes. Si tu dois t'éclipser parce que c'est trop je comprends. Mais c'est dur d'être celle qui reste. » J'avais besoin d'entendre ça même si ça me crevait le cœur. Je devais prendre conscience de sa réalité et arrêter de jouer les enfants égoïstes qui disparaissaient et réapparaissaient quand ça les chantait. Dans cette relation, aussi bordélique et douloureuse fusse-t-elle à ce moment, nous étions deux. C'était la première fois que j'en prenais vraiment conscience. On ne m'imposait pas des évidences, je m'y frottais. J'espérais simplement que j'évoluerais d'idiote peureuse et égoïste en une fille qui ne lui fera plus tant de mal. « Désolée. Je ferai plus attention à toi si une prochaine fois devait se présenter. J'espère même ne plus jamais te lâcher comme ça. Mon but n'était pas de te blesser mais je ne savais pas comment m'y prendre. » Je n'avais jamais eu de réel modèle ou peut-être que si, finalement mais c'était flou, ce passé. Je préférais regarder le sol plutôt que de l'affronter, c'était trop difficile, pour l'instant.

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Année 38 – saison tempérée 1

« Désolée. Je ferai plus attention à toi si une prochaine fois devait se présenter. J'espère même ne plus jamais te lâcher comme ça. Mon but n'était pas de te blesser mais je ne savais pas comment m'y prendre. » Tes doigts s'agitent un peu autour des cheveux qui s'étaient échappés de ta queue de cheval. Tu ne sais pas exactement comment tu devrais te sentir. Une part de toi pense toujours que tu lui en demandes trop. Une autre est heureuse de l'entendre parler de la sorte. Peut-être qu'au fond de toi il existe aussi un tout petit bout qui se demande si ce sont des paroles en l'air. C'est compliqué d'appliquer quoi que ce soit lorsque la crise vous nargue. « Je sais. » C'est ta seule certitude. Tu veux croire en la sincérité de Willow. Peut-être qu'elle t'a blessée mais elle n'est pas fausse. Autour de vous cela commence à s'agiter, les surveillants sonnant la reprise du travail. La pause a filé. « Il vaut mieux s'y remettre. » Tu glisses, un brin de sourire aux lèvres. Tu es soulagée que cette discussion ait eu enfin lieu. Soulagée de pouvoir te dire que tu pourras à nouveau lui parler.

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Willow (14 ans) & Sawyer (15 ans)

année 38 st1

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« Je sais. » Encore une fois, elle se montrait trop gentille avec moi et je me prenais en pleine figure le revers de cette vérité. Elle sait que je n'ai pas voulu la blesser mais je l'avais blessée et tout ça parce que j'étais un monstre d'égoïsme et, effrayée par ces sentiments nouveaux pour moi, j'avais imposé une distance entre nous. Elle ne me le disait pas, elle se retenait, comme s'il lui était impossible d'être directe avec moi et moi, je n'étais pas capable d'être au moins moitié moins aussi prévenante. J'affichais un sourire discret, ne voulant pas gâcher davantage ce moment, pas une nouvelle fois, mais consciente de tout le mal que je lui infligeais.

« Il vaut mieux s'y remettre. » J'en avais presque oublié la réalité, le contexte dans lequel nous étions jusqu'à ce qu'elle me rappelle à l'ordre. Je n'avais même pas fait attention à l'agitation tout autour de nous. C'était logique, en sa présence, plus rien ne comptait. Je ne voyais plus qu'elle. La réalité promettait d'être ennuyeuse à mourir à nouveau. La seule chose qui me permettrait de tenir le coup, c'était de savoir que Salem serait là quand je rentrerai. Sans ces deux-là, je n'aurais pas tenu le coup au sein de Paris et encore moins au sein d'un clan qui en faisait toujours des tonnes, beaucoup trop démonstratif et dégoulinant de bonnes intentions, sans se poser les bonnes questions. A croire qu'ils avaient oublié la réalité de certaines enfants lors du règne de Joshua. On devait être gentils et sociables après tant d'années de calvaire. Avant de me bousiller totalement l'esprit avec ça, j'acquiesçai d'un mouvement de tête timide avant de lui faire signe de la main et m'y remettre.

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» let's work together ft. Sawyer
» I'm not hostile ft. Sawyer
» don't sink inside yourself again — sawyer
» you're a great person, more than you think ft. Sawyer
» prank & toad slime — sawyer

I'm not brave enough ft. Sawyer

I'm not brave enough ft. Sawyer

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