douceur et subtilité (Lena)

JAGUARS DU SUD

douceur et subtilité
Année 41, saison tempérée 2 (matinée 92)

Subtilité et douceur. Oksana a bien insisté. Elle ne sait pas ce que tu t'apprêtes à faire. Le discours qui avait tout d'une leçon était hypothétique. Dans le cas où tu aurais à interagir avec la petite nouvelle. Sana avait cru bon de te prendre à part et de jouer l'aînée pleine de sagesse. Sale môme. Mais t'avais écouté parce que la délicatesse n'était pas ton fort et qu'il était vrai que Lena ressemblait à un oisillon que tu aurais pu briser en serrant trop fort les mains autour. Une image idiote. Elle reste plus jeune mais ce n'est plus un bébé fragile. Et tu as tenu assez de bébés pour savoir comment ne pas les réduire en miettes. Mais ici on parle d'une fragilité plus émotionnelle. Un truc qui n'est pas ton fort. Tu as l'art de mettre les pieds dans le plat. C'est aussi pour ça que tu écoutes Sana. Elle est la plus habile avec les émotions. Un miracle vu sa mère. « Hé. » Douceur. T'as pas parlé trop fort et tu t'es approché comme on le faisait avec une proie. Sans un son. Sans doute pas le meilleur plan maintenant que tu y penses. Les gens n'aiment pas être pris par surprise. Tu détestes quand Roxanne se glisse derrière toi sans prévenir. Ce qu'elle fait plus rarement depuis la patate que tu lui as mis en pleine poire quelques années auparavant. C'est pas la question. « Tu peux jeter un œil à ça ? » Subtilité maintenant. Tu l'approches à cause d'une blessure. Rien de réellement méchant. En temps normal tu n'aurais pas dérangé un sous-infirmier. Tu aurais craché un coup dessus pour effacer le sang et fin de l'histoire. Tu profites de la situation pour ne pas paraître suspecte. Tu lui présentes ton bras. La coupure superficielle qui longe ton avant-bras. Une broutille récoltée en fouillant à cause des débris.

_________________
DISCIPLINE EQUALS FREEDOM

JAGUARS DU SUD

Lena & Anya

année 41 ; deuxième saison tempérée ; matinée 92

douceur et subtilité

J'avais un mauvais pressentiment depuis le début du voyage, peu motivée à passer du temps loin de ma zone de confort, loin de mes habitudes et surtout avec cette famille dans les pattes, plus spécifiquement elle. Je n'aurais certainement jamais pensé à cette crasse, à cette mort si proche que j'avais tout juste évité contrairement à d'autres. Cette maladie contre laquelle je n'aurais rien pu faire, cette maladie qui m'avait forcée à me concentrer sur moi plutôt que sur les autres, sur mes problèmes plutôt que sur les problèmes des autres. Peut-être un peu trop même. J'étais persuadée que si je n'avais pas été touchée par cette horreur, Oksana ne se serait pas occupée de moi, ne m'aurait pas ramenée là, parmi les siens, facilitant la rencontre avec celle qui avait été très longtemps mon ennemie. Ce qu'elle était désormais n'était pas exactement clair, peut-être plus une ennemie mais pas encore une réelle alliée. C'était trouble. Je me disais que dans tous les cas, j'aurais le temps de me faire une raison, de savoir sur quel pied danser avec elle au fur et à mesure, sans la forcer. Sans me forcer. C'était sans compter sur les autres.

« Hé. » Je ne dormais plus depuis un moment, j'avais même fait un tour pour me dégourdir les jambes quand elle était arrivée mais ça ne m'avait pas empêché de me saisir et de me raidir complètement. Elle était sortie de nulle part. Anya. Même si je ne connaissais pas son nom avant le voyage, il était difficile de ne pas le connaître depuis ce moment gênant lors de la première soirée. « Tu peux jeter un œil à ça ? » En voyant la coupure superficielle, je m'étais naturellement demandé si elle se foutait pas de ma gueule. Je supposais que c'était sa façon à elle de m'approcher, à croire que j'avais l'air d'un animal sauvage qui ne parlait que de soins. Une part de moi me poussait à aller voir ailleurs et la refiler à un autre sous-infirmier mais d'une certaine façon, j'étais curieuse de savoir jusqu'où elle comptait aller dans son mensonge. Je devais être la bête curieuse à ce stade, pour elle. « Rien de grave. Faut juste éviter de te salir là. On peut te mettre un simple bandage si tu veux. J'voudrais pas te forcer pour une simple blessure. T'as l'air plus forte que ça. » Façon de dire je suis pas conne. J'ai compris ton cirque. Quoi que ça puisse être, ce cirque.

AVENGEDINCHAINS

JAGUARS DU SUD

douceur et subtilité
Année 41, saison tempérée 2 (matinée 92)

La douceur ne fonctionne pas. Tu le vois à sa façon de se tendre. En débarquant bruyamment et sans une once de délicatesse comme tu le faisais toujours avec ta famille le problème ne se serait pas posé. Peut-être. C'est plus facile de te dire ça que d'accepter le fait qu'elle ne veuille pas de toi dans son périmètre. Que tu puisses lui faire peur. « Rien de grave. Faut juste éviter de te salir là. On peut te mettre un simple bandage si tu veux. J'voudrais pas te forcer pour une simple blessure. T'as l'air plus forte que ça. » Surprenant. Elle a plus de mordant que tu ne le pensais. Tu t'en étonnes un peu parce qu'elle n'est après tout pas de ton côté de la famille. Elle n'a pas non plus eu droit à l'éducation familiale qui avait permise à Iago d'être un peu moins naze qu'il aurait pu l'être. Tu aimes beaucoup ses parents mais vous vivez dans un autre monde. Le père de Yulia est encore différent. Tu n'as jamais trop apprécié ce gars. Prendre l'habitude de le formuler autrement n'est pas simple. Penser le père de Yulia et de Lena puisque c'est ce qu'il est. Cela reste bizarre. Parce qu'avant il était le père de Yulia et de Anton. Le retirer du titre a déjà tout eu d'un réflexe de survie. Tu ne peux pas te permettre de trop souvent penser aux disparus. De la même manière tu évites de penser à ton adorable cousine pour ne pas te mettre à chialer. « C'est bon. » Tu grommelles parce que la subtilité ne fonctionne pas non plus. « Plus jamais j'écoute Sana. » Un autre grognement que tu accompagnes d'une lèche rapide le long de la blessure avant de frotter ton avant-bras avec ta manche que tu replaces pour te couvrir. « Toi aussi t'es plus forte que je le pensais. »

_________________
DISCIPLINE EQUALS FREEDOM

JAGUARS DU SUD

Lena & Anya

année 41 ; deuxième saison tempérée ; matinée 92

douceur et subtilité

« C'est bon. » C'était impossible de ne pas remarquer qu'elle râlait à cause de la situation, probablement parce que ça n'avait pas marché comme elle l'avait souhaité. En même temps, c'était complètement idiot de se pointer chez une sous-infirmière avec une blessure de ce genre, à moins d'être un bleu ou quelqu'un de très douillet et ce n'était pas l'image que donnait Anya depuis le début du voyage. Si j'avais pu apprendre à observer Oksana via Thiago, c'était autre chose à son sujet, ce qui me rendait encore plus méfiante. Quand on m'approchait soudainement, pour des raisons qui me dépassaient, j'étais naturellement sur la défensive. Ce genre de mécanisme est trop bien ancré.

« Plus jamais j'écoute Sana. » Même si je ne connaissais pas bien Oksana, j'imaginais spontanément qu'elle avait suggéré d'y aller doucement, de ne surtout pas me prendre de manière frontale. Elle ne donnait pas l'image d'une fille brusque et peu attentive aux besoins des autres. Alors oui, pour moi, elle était trop bienveillante et observatrice que pour donner un autre conseil que de la subtilité. Ce qui, apparemment, n'était pas le fort d'Anya. Je n'allais pas la prendre en pitié. Elle avait tenté, s'était plantée, preuve qu'elle manquait de ce recul dont sa sœur semblait dotée.

« Toi aussi t'es plus forte que je le pensais. » J'avais eu un rire nerveux, un rire rempli de colère. Plus forte qu'elle le pensait. Parce qu'elle croyait pouvoir me juger sur ce que sa famille avait raconté à mon sujet ? Elle se disait peut-être qu'elle pouvait se faire une idée rien qu'en m'observant, sans même chercher à me connaître avant de me foutre une étiquette. J'avais ensuite soupiré. Chercher la merde ne nous aiderait pas. A la rigueur, elle, je m'en moquais. Moi, j'avais pas envie d'emmerdes.

« Laisse-moi deviner. Tu m'as comparée à Yulia et à côté d'elle, je fais petite fille fragile ? A moins que ce soit à cause de ma tâche ? Je suis en retrait, donc je peux pas me défendre comme une grande ? J'ai vécu jusqu'à maintenant sans vous, je pense que ça en dit long sur ma capacité à m'occuper de moi-même. » C'était plus fort que moi. Instinctif. Je détestais qu'on me considère plus fragile que ce que je n'étais réellement. Elle avait touché une corde sensible. Parce qu'elle débarquait et ne laissait pas la place à la découverte, contrairement à Oksana.

AVENGEDINCHAINS

JAGUARS DU SUD

douceur et subtilité
Année 41, saison tempérée 2 (matinée 92)

Tu as l'habitude de ne pas récolter les réactions attendues. Les gens sont compliqués. Tu sais comment te comporter avec la plupart d'entre eux. Comment te mettre en avant face aux gradés. Comment prendre les commandes et comment les laisser à un autre. Cette situation est inédite. Tu es pleine de contradictions face à cette fille. Pas très au clair sur comment la cerner. C'est après tout la première fois que tu dois apprivoiser un membre de ta famille sans avoir leur enfance pour faciliter la chose. Si tu es sûre d'une chose c'est que la situation vire vite. Il y a ce rire dérangeant. Et puis ça. « Laisse-moi deviner. Tu m'as comparée à Yulia et à côté d'elle, je fais petite fille fragile ? A moins que ce soit à cause de ma tâche ? Je suis en retrait, donc je peux pas me défendre comme une grande ? J'ai vécu jusqu'à maintenant sans vous, je pense que ça en dit long sur ma capacité à m'occuper de moi-même. » Tu lâches un rire à ton tour. Secoues légèrement la tête. La bonne blague. « Mignon de penser que Yulia est forte. » Elle ne peut pas savoir après tout. Elle ne peut pas savoir non plus que tu ne les as pas comparée. La ressemblance est troublante tu ne dis pas le contraire. Mais elles ne dégagent pas la même chose. Elle ne sait rien du tout maintenant tu y penses. C'est tout le principe de cette situation merdique. « T'as du répondant. C'est tout ce que je sous-entendais. » Tu soupires. Grattes ta nuque sous ton écharpe. « J'aurais pas dû t'approcher comme ça. C'est pas mon genre. Prendre des pincettes. Je suis pas comme Sana. La preuve t'es toute sur tes gardes. »

_________________
DISCIPLINE EQUALS FREEDOM

JAGUARS DU SUD

Lena & Anya

année 41 ; deuxième saison tempérée ; matinée 92

douceur et subtilité

L'entendre rire me braqua un peu plus encore. Je n'arrivais pas à la cerner ou pas totalement en tout cas. Elle manquait de tact, ça c'était une évidence. Elle criait facilement, même au beau milieu d'une foule quand il s'agissait de rassembler ses troupes ou sa famille. Selon le point de vue. J'étais pourtant incapable de savoir ce qui se cachait derrière ce rire. Raison pour laquelle j'étais si tendue. « Mignon de penser que Yulia est forte. » J'aurais certainement dû profiter de la pique qu'elle lançait à Yulia mais cette dernière était absente, donc incapable de se défendre et ça signifiait qu'elle pouvait probablement le faire au sujet de n'importe qui, donc moi y compris. C'était désagréable.

« T'as du répondant. C'est tout ce que je sous-entendais. » Je n'aurais pas pu dire si c'était un compliment ou pas. Ça aurait pu être une manière subtile de me reprocher mon sale caractère. J'étais naturellement paranoïaque mais ne rien connaître la concernant ne facilitait pas la lutte contre un comportement trop bien connu, trop spontané. J'avais à peine relâché la pression, parce que je ne me sentais pas attaquée mais je restais sur le qui-vive, quand bien même j'étais toujours épuisée et moins réactive qu'à d'autres moments.

« J'aurais pas dû t'approcher comme ça. C'est pas mon genre. Prendre des pincettes. Je suis pas comme Sana. La preuve t'es toute sur tes gardes. » Entendre tout ça fit tomber une partie de la muraille. Le premier niveau. Elle ne se cachait pas de fonctionner autrement qu'Oksana et, en plus de ça, elle reconnaissait qu'elle me mettait mal à l'aise. J'avais le sentiment que c'était une preuve d'attention, à sa façon. Personne n'était parfait et pour une fille qui y allait franco, c'était un véritable effort.

« Je suis méfiante. J'ai appris récemment votre existence, ça n'aide pas. Moi aussi, j'ai ma part de torts. Désolée. » Et c'était un putain d'effort, ça aussi. Un sacré pas dans son sens. Je me montrais vulnérable et ça me foutait la trouille mais, pour une fois, j'en avais marre de jouer les égoïstes à tort et à travers. Je voulais démontrer aux autres que j'étais pas juste cette fille qui rejetait tout le monde, même ceux qui faisaient des efforts.

AVENGEDINCHAINS

JAGUARS DU SUD

douceur et subtilité
Année 41, saison tempérée 2 (matinée 92)

« Je suis méfiante. J'ai appris récemment votre existence, ça n'aide pas. Moi aussi, j'ai ma part de torts. Désolée. » Le changement te surprends. Se marque un instant sur tes traits. Ce n'est sans doute pas une mauvaise chose vu ce qui a provoqué le dit changement. La sincérité. Tes lèvres s'étirent en un sourire à peine là. « C'est pas une mauvaise chose d'être méfiante. » Tu le comprends sur plusieurs autres points. C'est juste venu lentement pour celui-ci. Simplement parce que tu n'avais vu qu'un détail de l'équation : le fait qu'elle appartenait à ta famille. Comme si cette simple connexion passait au-dessus de tout le reste. Comme si vous vous aimiez juste à cause d'elle avec les autres. Tu les connais tous depuis toujours alors pour toi c'est naturel. Mais tu n'es personne à ses yeux. Tu aurais été plus au clair avec ça si tu avais pris plus le temps d'écouter Sana. L'écouter vraiment. Mais tu es rarement connue pour régler les problèmes avec diplomatie et tu avais vu cette situation comme telle. Une erreur qu'il fallait réparer parce qu'il ne te semblait pas naturel que Lena se retrouve seule quand elle aurait pu vous avoir. Tout ça à cause de son égoïste de père. Si ton père ne s'était pas déjà occupé de son cas tu l'aurais volontiers déjà fait. Ta tante Marla l'aurait sans doute déjà fait elle-même si il n'y avait pas eu Anton. « Peut-être même que ça t'aidera avec certaines. » Tu rigoles, un peu nerveusement il faut bien l'avouer. Cela fait longtemps que tu ne fais plus de paris sur les réactions des jumelles. De façons différentes elles peuvent être imprévisibles. « Mais moi je voulais juste savoir qui t'étais. Maladroitement, je reconnais. Et peut-être aussi te dire que tu peux rejoindre le troupeau si t'as un problème. Je dis pas que je t'aiderais pas sans ça mais prendre soin de la famille c'est ma mission perso. » Tu hausses les épaules. Pas certaine d'avoir été claire dans ce mélange de toi et d'un effort pour parler avec moins d'autorité. Tu vois bien que ça ne fonctionne pas avec elle. C'est con mais l'effort est plus facile à faire sans avoir des images de la môme qu'elle a été dans la tête.

_________________
DISCIPLINE EQUALS FREEDOM

JAGUARS DU SUD

Lena & Anya

année 41 ; deuxième saison tempérée ; matinée 92

douceur et subtilité

Elle faisait même de sacrés efforts, je le voyais bien ce sourire pointer le bout de son nez. Il était discret, pas franc mais là quand même. J'avais pincé les lèvres, encore un poil embarrassée et pas très à l'aise pour sourire à mon tour mais c'était une avancée de ma part aussi. « C'est pas une mauvaise chose d'être méfiante. » J'avais haussé les épaules. Elle ne m'apprenait rien, j'avais survécu jusque-là grâce à ce rempart important tout autour de moi. Ca m'avait évité des déceptions supplémentaires et particulièrement inutiles.

« Peut-être même que ça t'aidera avec certaines. » J'avais spontanément imprimé ces mots dans ma tête, signal clair que j'allais devoir me montrer doublement prudente avec des filles de sa famille. C'était trop précis pour que ce ne soit qu'une coïncidence, le rire renforçait mon impression. Je n'étais toujours pas plus pressée de tous les rencontrer officiellement, au contraire, je ne cracherais pas sur l'idée de retrouver mon quotidien et mon coin dans l'ombre. C'était beaucoup plus rassurant.

« Mais moi je voulais juste savoir qui t'étais. Maladroitement, je reconnais. Et peut-être aussi te dire que tu peux rejoindre le troupeau si t'as un problème. Je dis pas que je t'aiderais pas sans ça mais prendre soin de la famille c'est ma mission perso. » A sa façon, elle était adorable et touchante, difficile de ne pas remarquer que sa famille avait vraiment de l'importance pour elle. Je ne pouvais pas me permettre de la juger vis-à-vis des autres mais elle se montrait vulnérable à son tour, s'ouvrait franchement et j'appréciais vraiment le geste. Elle était maladroite mais apparemment pleine de bonnes intentions dans le fond. Je n'avais pas pu m'empêcher de sourire bêtement et de rougir un peu parce que ce n'était pas la première à me proposer de les rejoindre et parce que c'était réconfortant, même si je jouais les dures insensibles.

« Je peux pas promettre que je ne chercherai pas de temps en temps à me cacher par réflexe mais je veux bien essayer. Entre Oksana, Yulia et toi, j'ai bien senti que vous ne me vouliez pas de mal. » J'affichais encore ce sourire timide, signe de peu de confiance en moi dans ce genre de situations. Les galères affectives, je connaissais ça par cœur, l'ouverture beaucoup moins.

AVENGEDINCHAINS

» what goes around comes around — lena
» Lena • if you want something you never had, do something you've never done
» First encounter with the other family ft. Lena
» The leap (Lena + family & co)
» shut the world out — lena

douceur et subtilité (Lena)

douceur et subtilité (Lena)

Sujets similaires

Sujets similaires