Rory & Zola
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Les plaintes qui avaient suivi son départ s'étaient vite fait très vagues. Ses compagnes de route pouvaient dire ce qu'elles voulaient, elle avait mieux à faire que d'aider à décharger ou de faire un rapport. Il y avait assez de Membres aux alentours du Labo pour aider et trois personnes étaient largement suffisantes pour confier les dernières nouvelles aux gradées. Penser de cette façon ne lui ressemblait pas, elle était plus consciencieuse habituellement, mais elle gérait une urgence. A ses yeux, elle avait déjà des jours de retard, qu'importe qu'on ne lui ait pas laissé le choix. Elle aurait embarqué dans la première voiture retournant en ville si elle l'avait pu, mais on avait eu besoin d'elle sur place. Lorsque l'occasion de rentrer un peu plus tôt s'était enfin présentée, elle avait sauté dessus sans une once d'hésitation. Si son attitude déplaisait à quelqu'un, elle se chargerait des conséquences plus tard, au pire, James et Charlotte étaient bien placées pour comprendre son empressement. En passant devant la maison, elle s'en voulut un peu de ne pas aller saluer Mima et son frère, mais ils n'avaient pas besoin d'elle, pas vraiment. Elle se contenta donc d'abandonner son sac à dos sur le pas de la porte après avoir toqué quelques coups empressés pour qu'il soit récupéré et continua plus loin dans la rue, jusqu'à une habitation qui était devenue presque aussi familière que la sienne. Elle cogna trois fois avant de pousser la porte, peu soucieuse sur le moment de l'intrusion.

- C'est que Rory, je cherche pas d'embrouille.

C'était dit à la cantonade d'une voix essoufflée, plus un réflexe car on entrait pas exactement comme dans un moulin. La plupart des gens n'étaient pas assez idiots pour essayer, la réputation suffisait. Vu l'heure, elle n'était pas certaine non plus de qui serait présent. Venir ici avait tout d'un coup de poker, il n'aurait pas été étonnant que Zola se trouve ailleurs sur le territoire ou même en dehors. Ce qu'elle décrirait comme son instinct de meilleure amie fut récompensé vu la tête blonde qui apparu. D'un coup, elle sentit quelque chose se calmer en elle, juste un tout petit peu. Au moins, elle serait présente, même si ça ne ferait qu'une faible différence.

- Hé, t'es là.

Elle n'hésita pas une seconde avant de lui fondre dessus pour la prendre dans ses bras, fort, assez que pour la faire décoller un peu du sol dans son empressement. Comme si elle cherchait à combler l'absence par une affection plus féroce encore.

- J'avais peur de pas te trouver.

Zola & Rory

année 41, seconde saison tempérée, après-midi 95

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Six putain de jours. Six foutus jours trop longs. Je traînais des pieds, je n'étais que l'ombre de moi-même. Le baiser n'avait été qu'un court instant de répit, une parenthèse de bonheur au beau milieu d'une avalanche de malheur. C'était toujours compliqué avec James et Charlotte, avec ma mère aussi. Elles tentaient toutes tant bien que mal d'être présentes mais elles souffraient elles aussi et je ne savais pas toujours comment les aborder. J'aurais voulu leur exprimer que j'étais désolée, que j'aurais aimé être là-bas au moment où Louane souffrait mais ça ne sortait pas. De temps en temps, il m'arrivait de crier contre mon oreiller par réflexe, parce que je n'avais pas besoin de réveiller tout le quartier lors de mes crises d'angoisse, que je n'avais pas besoin d'inquiéter davantage ma famille mais c'était beaucoup trop dur. Beaucoup plus que je ne l'aurais jamais imaginé. C'était horrible comme sensation. Un vide dans le coeur. Je ne savais pas trop quand ça allait passer. Je n'avais pas faim. Charlotte venait tous les jours vérifier mon état mais je voyais bien que ça la travaillait aussi et je me détestais d'être un fardeau pour elle.

« C'est que Rory, je cherche pas d'embrouille. » Je n'avais pas entendu si elle avait frappé à la porte ou pas. J'étais une fois de plus absente mentalement. Cette nuit encore j'avais rêvé que j'étais celle qui avait arraché la vie à ma petite sœur. La nuit d'avant, c'était l'impression de courir pour la rattraper mais ne jamais y arriver. Quand je compris enfin qu'il s'agissait de Rory, je l'avais retrouvée dans la pièce principale de la maison, lente et sans le moindre sourire. Je n'en avais pas la force.

« Hé, t'es là. » Je me sentis au moins un peu plus vivante quand elle me prit dans ses bras et me fit décoller juste ce qu'il fallait du sol pour réaliser que je ressentais encore des choses en moi. Il n'en fallut pas plus pour que je craque. Les larmes montèrent à nouveau et j'enfouis ma tête contre son épaule sans plus attendre. Avec elle, j'étais en sécurité. Avec elle, je pouvais être moi-même, elle me connaissait par cœur, elle avait supporté mes pires humeurs et avait entendu des choses que je n'avouais pas à n'importe qui.

« J'avais peur de pas te trouver. » Je m'étais désespérément accrochée à elle, les mains dans son dos pour ne pas tomber, pour garder ce contact si précieux encore un moment. Elle m'avait manqué. Plus encore quand j'avais appris pour Louane. Je pouvais prétendre ce que je voulais aux autres, Rory, c'était mon roc. J'avais conscience de la chance que j'avais de l'avoir auprès de moi, tout le monde ne pouvait pas supporter une petite princesse des glaces, comme l'avait si bien dit Kyra. Dans un premier temps, j'avais besoin de ça. J'aurais été incapable de dire quoi que ce soit.

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Elle avait eu la chance de voir certains aspects de Zola que d'autres ne pouvaient pas imaginer car ils se contentaient de voir les murs, sans même imaginer qu'elle avait comme tout le monde différentes couches, certaines qu'elle réservait à ses proches uniquement. Pour autant, elle ne l'avait jamais vue dans cet état, aussi affectée, la souffrance au premier plan et, si cela ne l'étonnait pas, cela ne signifiait rien vis à vis de cette douleur qu'elle ressentait par empathie pour son amie. C'était l'une des choses les plus horribles qu'on pouvait vivre qu'elle expérimentait là et elle se détestait un peu de ne pouvoir rien faire. Elle aurait volontiers tout enduré si ça avait permis à Zola de ne pas avoir à surmonter un tel chagrin. Malheureusement, elle ne pouvait qu'être enfin là et la serrer aussi fort qu'elle le pouvait dans ses bras. Malgré les excuses qui voulaient lui glisser des lèvres, elle les garda bien à l'intérieur. Si elle ressentait de la culpabilité, la blonde n'avait pas à s'en préoccuper, elle était celle qui avait besoin de cet espace pour laisser sortir ses émotions.

- Tu vas bien ? Physiquement, je veux dire. Je suis pas en train d'appuyer quelque part où ça fait mal ?

Elle y pensait un peu tard, après tout les quelques informations qui étaient revenues parlaient de beaucoup de blessés à cause de la tempête, mais elle avait réagis trop instinctivement que pour se soucier des détails. Ce n'était probablement pas très sérieux de la part d'une sous-infirmière, mais elle restait jeune et il n'était pas facile de naviguer dans cette situation.

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« Tu vas bien ? Physiquement, je veux dire. Je suis pas en train d'appuyer quelque part où ça fait mal ? » Je ne pouvais oublier ni mes poings, ni ma tête qui me faisaient encore un mal de chien mais je les avais mis de côté assez rapidement parce que je n'arrivais pas à oublier la perte de Louane et que ça prenait beaucoup trop de place. C'était normal, je le savais bien, je n'étais pas complètement idiote mais je n'avais jamais imaginé que ça me prendrait tant d'énergie et que je deviendrais un tel fardeau. Je pouvais mentir autant que je le voulais, j'étais aussi humaine que n'importe quelle autre personne à Paris et c'était frustrant parce que j'aurais préféré ne pas avoir besoin de m'appuyer sur qui que ce soit. Rory et ma famille mises à part. Kyra, c'était encore nouveau et j'avais l'impression que ce n'était encore que dans ma tête, pas réellement officiel, vrai.

Comme trop souvent depuis la mort de ma petite sœur, je répondais avec des années de retard. J'étais dépassée, physiquement et moralement. A côté de la plaque. « Une plaie à la tête. Les poignets un peu abîmés. Rien de grave. » J'avais reculé ma tête le temps de lui dire ça avant de reprendre ce contact si précieux, ma tête contre son épaule. J'avais l'impression de lui lister des éléments composant une potion ou un remède quelconque et ça ne devait pas être beau à voir de l'extérieur. Je n'avais pas envie de l'inquiéter mais c'était plus simple de se laisser aller en sa présence. Elle n'était ni nouvelle, ni impliquée de la même façon que James et Charlotte. C'était monstrueux de penser comme ça, de profiter de la facilité mais je ne m'étais pas fait beaucoup d'amis. Alors je pouvais essentiellement compter sur elle.

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Elle avait su cultiver une certaine patience au fil des années et elle en aurait utilisé l'intégralité pour Zola sans l'ombre d'une hésitation, mais les secondes, les minutes peut-être, qui s'étaient égrainées avant qu'elle ne réponde avaient été difficiles à cause de l'inquiétude soudaine. Elle s'était pourtant efforcée de ne pas la relancer, les bras toujours bien serrées autour d'elle, la lèvre coincée entre les dents comme seul signe des émotions qui se contredisaient en elle. Heureusement, vu leur position, elle n'était pas prête d'être découverte. La blonde avait un peu bougé pour répondre et le contact visuel suffit à la rassurer sur le fait qu'elle ne lui cachait pas quelque chose. Elle diminuait peut-être son état parce qu'elle avait été anesthésiée par le chagrin, mais il y avait assez de gens dans cette famille pour s'assurer qu'elle ne couvait rien de plus grave. Juste pour apaiser toutes ses craintes, elle se promit néanmoins de vérifier cette plaie par elle-même plus tard, lorsque le temps serait plus adapté. C'était ridicule, on ne pouvait pas faire mieux que Charlotte dans le domaine, mais elle ressentait le besoin de la voir de ses propres yeux.

- J'aurais pas voulu t'abimer plus.

Ce n'était pas très utile et elle le savait bien, mais elle n'avait pas pu s'empêcher de le murmurer. Elle savait bien qu'il n'y avait rien qu'elle puisse dire à l'instant, aucune façon d'arranger les choses, mais son cerveau ne pouvait pas s'empêcher de chercher. C'était une bonne chose qu'elle ait toujours été tactile et qu'elle ait eu l'occasion d'apprivoiser Zola car tout se faisait en pilote automatique et c'était apparemment ce qui était nécessaire dans un premier temps.

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« J'aurais pas voulu t'abimer plus. » En temps normal, je me serais rebiffée en prenant ce qu'elle venait de dire pour une attaque personnelle contre ma fierté parce que j'étais comme ça, je râlais, bien qu'avec elle il ne s'agisse rien de plus qu'un geste de défense machinal, rien de vraiment sérieux mais là, même ça, c'était de trop. Au lieu de ça, j'avais grappillé encore un peu de sa chaleur. Je me rendis compte plus que jamais que j'avais besoin à en crever de ces moments de chaleur juste entre nous en toute sécurité parce que je savais qu'en sa présence, je pouvais être moi. Au fond, ça m'était bien égal quand j'étais avec Rory d'être plus faible que Charlotte et James, d'avoir besoin d'un vrai soutien moral quand elles arrivaient à lutter seules, comme de véritables héritières de la famille parce qu'elle acceptait mes défauts de fabrication.

« Tu crois que j'arriverai à accepter qu'elle y soit passée à ma place ? Je sais même pas si elle savait que je l'aimais. » J'avais réussi à extérioriser mes premières pensées, les plus violentes, celles qui me bousillaient l'esprit depuis plusieurs jours. Celles qui me bouffaient, d'autant plus quand je n'arrivais pas à dormir et je n'avais pas vraiment réussi à dormir depuis l'annonce. J'étais un fantôme qui traînait et hantait la maison. « Et James et Charlotte ? Elles doivent me trouver ridicule. Elles sont plus solides, elles. » Etre aussi vulnérable, c'était nouveau ou en tout cas c'était différent. Plus pervers. Ca avait le don d'exacerber des doutes que je ressentais déjà quand je me comparais à mes cousines. Je pensais tromper tout le monde mais même Kyra avait toujours vu clair en moi.

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Tout n'était pas facile à entendre, cela lui faisait mal au cœur, mais il était trop important que les pensées sortent plutôt que de rester à l'intérieur à où elles ne feraient que tout envenimer. L'idée que Zola soit restée si longtemps avec cette idée en tête, seule à lutter contre une voix trop forte, était déjà horrible. Elle aurait tellement voulu avoir été là dès les premiers instants pour empêcher certaines graines de se développer, mais, en vérité, cela n'aurait sans doute pas changé grand chose, sa présence n'était en rien magique et certains réflexes étaient plus forts que tout. Du temps, elle en aurait de toute façon eu besoin avant de réussir à communiquer.

- Oh, Zola... Bien sûr qu'elle savait. Des chamailleries, il y en avait, mais tu étais là pour elle. Chacun montre son affection à sa façon. Je suis bien placée pour le savoir.

Elle-même n'avait pas eu besoin de grands discours pour savoir à quel point la blonde l'appréciait. Quand on apprenait à connaître quelqu'un, on trouvait aussi comment décoder les messages tacites. Parfois, Zola avait l'amour vache, parfois il était subtil, mais il n'y avait que les idiots pour penser qu'elle n'aimait pas les autres, aussi petit soit son cercle.

- Charlotte a des années d'avance sur toi, James aussi, même si c'est moins. Je ne dis pas qu'elles ne souffrent pas, juste qu'elles sont eu plus d'occasions de se blinder. Je dis ça, mais je n'ai vu aucune des deux. Je doute qu'elles ailent si bien que ça, mais peut-être qu'elles ne le montrent pas aussi parce qu'elles ne veulent pas ajouter à votre peine. C'est différent, tu as perdu ta sœur, tes parents ont perdu une fille. Je sais que vous êtes tous proches, mais ce n'est pas tout à fait pareil. Tu ne crois pas que Charlotte ou James seraient en miettes si elles venaient à perdre l'autre ?

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« Oh, Zola... Bien sûr qu'elle savait. Des chamailleries, il y en avait, mais tu étais là pour elle. Chacun montre son affection à sa façon. Je suis bien placée pour le savoir. » J'aurais tellement aimé que ma tête enregistre cette information et l'accepte directement mais ce n'était pas aussi simple que ça. C'était toujours difficile d'accepter ce qui était arrivé, c'était toujours difficile de se lever le matin sans la retrouver dans mes pattes et la culpabilité continuait de me ronger. Dans le fond, je savais que je n'y pouvais rien, que je n'avais pas prévu qu'elle y passerait, personne ne pouvait anticiper ce genre de choses, c'était les aléas de la vie mais je m'en voulais parce que je n'avais pas été capable de lui dire que je l'aimais, comme une vraie grande sœur aurait dû le faire. Elle était morte, seule, dans la souffrance. Je sentais quelque chose dans ma poitrine, mes muscles se contractaient et les larmes montaient mais je me retenais. Par principe.

« Charlotte a des années d'avance sur toi, James aussi, même si c'est moins. Je ne dis pas qu'elles ne souffrent pas, juste qu'elles sont eu plus d'occasions de se blinder. Je dis ça, mais je n'ai vu aucune des deux. Je doute qu'elles ailent si bien que ça, mais peut-être qu'elles ne le montrent pas aussi parce qu'elles ne veulent pas ajouter à votre peine. C'est différent, tu as perdu ta sœur, tes parents ont perdu une fille. Je sais que vous êtes tous proches, mais ce n'est pas tout à fait pareil. Tu ne crois pas que Charlotte ou James seraient en miettes si elles venaient à perdre l'autre ? » Plus elle parlait, plus les émotions montaient en moi. Je m'agitais intérieurement. Je plongeai une nouvelle fois ma tête contre le torse de Rory pour pleurer. J'avais l'impression de ne faire que ça. Comme une enfant. Incapable de gérer ses émotions.

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Aussi douloureux que cela soit, elle ne demandait qu'à voir pleurer Zola autant qu'elle en avait besoin. Tout ce qui sortait ne formerait pas un blocage en plus de tout le reste et qu'importe qu'il faille répéter la manœuvre encore et encore. Elle était prête à rester là aussi longtemps que cela serait nécessaire et à lui prêter ses bras autant de fois qu'il le faudrait. A vrai dire, elle aurait été bien incapable de partir dans tous les cas. Même si la blonde l'avait rejeté, elle n'aurait pas bougé du périmètre et elle sentait bien qu'il faudrait un bout de temps pour qu'elle se sente capable de le faire sans qu'on ait à la trainer de force.

- C'est bien. Pleure tant que ça vient. T'es pas moins forte à cause de ça. Tu pleures parce que ça te fait mal d'avoir eu le courage de l'aimer.

Les insécurités de sa meilleure amie lui étaient plutôt familières, les mots lui semblaient donc judicieusement choisis pour tenter de ne pas la laisser se faire emporter dans le vortex de ses pensées. Tout du long, elle lui avait caressé le dos en espérant que cela aiderait un peu, aussi superficiel que cela puisse paraitre.

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« C'est bien. Pleure tant que ça vient. T'es pas moins forte à cause de ça. Tu pleures parce que ça te fait mal d'avoir eu le courage de l'aimer. » Rory était beaucoup trop gentille pour une fille comme moi, je le savais. Je ne la méritais pas, tout comme je n'avais jamais mérité Louane. Pourtant, j'étais encore plus égoïste. Je m'accrochais à elle pour ne pas m'écrouler et sombrer totalement. C'était si facile de l'utiliser, d'user et d'abuser de sa gentillesse. C'était devenu un véritable quotidien. Je ne comprenais pas qu'elle soit encore à accepter une relation avec une personne aussi toxique mais ça ne m'empêchait pas d'être soulagée tous les jours. Comme celui-là.

Je m'étais reculée pour mettre juste ce qu'il fallait de distance pour lui parler et rester à son crochet, la main agrippant sa manche. « Est-ce que ça ne fera plus mal, un jour ? Est-ce que je vais arrêter de regretter d'avoir été une mauvaise sœur et une mauvaise amie ? J'ai mal, Rory. » Je crevais de mal. Je sentais cet étau qui se resserrait toujours plus autour de ma poitrine. J'étouffais à coups de reproches tous plus mérités les uns que les autres.