Gaëlle & Zola
A41 SI J78 (après-midi)

Almost trusted

Le crime commit en mon domaine avait laissé ses traces. Faire confiance n'avait jamais été naturel pour moi et ça n'allait pas s'améliorer. Cela m'avait aussi privé du peu d'estime que j'avais pour l'humanité. On avait pas idée d'être aussi con, sincèrement. La punition infligée à l'idiote ferait son petit effet pour un temps, mais je n'étais pas prête de me relâcher. J'avais revu nos effectifs avec soin, prenant soin de ne sélectionner que des personnes avec de la bouteille et de bonnes raisons de ne pas jouer des cleptomanes amatrices. Naturellement, l'armurerie ne restait désormais plus sans surveillance et il n'était plus question de laisser des mécanos y traîner en mon absence. L'efficacité n'était plus la même à cause de ça, mais nous n'étions pas non plus en période de rush. Les armes servant peu, elles avaient besoin de moins de maintenance. J'aurais dû en être ravie car cela aurait pu me permettre de travailler plus sur des projets personnels, mais, dans ce climat, mon inventivité se la coulait douce.

- J'espère que tu as gardé les doigts au chaud.

C'était un salut tout à fait acceptable adressé à une mécano approchant pour prendre son shift. L'air avait beau s'être réchauffé, il restait désagréable de bosser dans ces conditions.

- J'aurais du boulot un peu minutieux pour toi. T'as l'habitude avec les poisons, non ?

La veille, Yulia avait révélé la nouvelle arme de notre clan et il allait désormais falloir que l'Atelier puisse suivre les nouveaux besoins en projectiles. Zola me semblait donc être une bonne candidate pour se faire. Elle était fiable et s'y connaissait grâce à sa famille. Cette même famille qui me rassurait malgré sa jeunesse. Elle avait le mérite d'avoir de bons antécédents, d'où sa sélection. Il aurait été bête d'envoyer un élément pareil taper sur des machines récalcitrantes à l'hôpital aujourd'hui.

Zola & Gaëlle

année 41, saison intermédiaire, journée 76

  almost trusted

Je n'avais pas eu une matinée particulièrement chargée, alors j'en avais profité pour rester dans la maison familiale, bien au chaud, discutant avec ma mère au sujet du conseil auquel participait James. Je n'avais aucun doute quant au fait qu'elle allait gérer cette réunion formelle avec les autres Lieutenants et, par là, j'entendais bien évidemment qu'elle saurait rappeler l'importance des Vipères dans Paris, sans froisser les autres clans, dont nos alliés. Les Dragons auraient bien mérité d'être remis à leur place. La chef de famille ne s'inquiétait pas non plus. Personne ne filait de mauvais coton dans la famille, même moi, je parvenais à me faire discrète. Je n'avais pas même été soupçonnée lors de la vendetta ratée, celle qui avait occasionné ce rassemblement et une discussion avec ma cousine. Je n'aurais jamais participé à quelque chose d'aussi grotesque. J'étais plus réfléchie que ça, don de la famille, encore une fois.

L'après-midi était un poil plus mouvementée. Je ne savais jamais à quoi m'attendre, même quand je rejoignais l'Atelier, alors l'incident qui avait eu lieu peu de jours avant avait rendu le tout encore plus inconfortable et tendu. « J'espère que tu as gardé les doigts au chaud. » Raison pour laquelle j'avais été accueillie de la sorte par Gaëlle, notre Armurière. Je n'attendais pas d'elle quelque chose de très chaleureux, ce n'était tout simplement pas dans son caractère. A sa place, je n'aurais pas été beaucoup plus agréable si j'avais été trahie sur mon territoire. Ce n'était pas non plus comme si je recherchais un accueil mielleux. Comme simple réponse, j'avais acquiescé d'un hochement de tête. « J'aurais du boulot un peu minutieux pour toi. T'as l'habitude avec les poisons, non ? » Ah, elle me parlait de quelque chose d'intéressant. Elle avait toute mon attention, encore plus que d'habitude, ou, en tout cas, avait toute mon attention et ma motivation. Je n'étais pas convaincue que toutes les mécaniciennes puissent se voir offrir un tel travail. « Comme toutes les filles de ma famille, oui. » Il ne fallait jamais rater une occasion de le souligner. « Je t'écoute. » Je ne m'étais pas déplacée pour rien, cette fois.

Gaëlle & Zola
A41 SI J78 (après-midi)

Almost trusted

Zola avait cet avantage de ne pas être bavarde comme les autres mécanos. Elle parlait lorsqu'il le fallait et avec ce petit côté mordant qui me plaisait bien. J'aurais sûrement été moins satisfaite si j'avais été la cible de sa langue acérée... Rectification, non. Je m'en serais probablement fichu comme d'une guigne. Elle pouvait bien penser et dire ce qu'elle voulait, son avis ne pouvait tout simplement pas lutter contre le mien. On pouvait dire ce qu'on voulait, c'était vachement pratique de s'auto-valider sans mal. Au moins, j'étais la première et seule responsable de mes remises en question. Ou presque, mais on ne s'arrêterait pas sur ce malheureux incident avec Sasha à la suite de l'attaque. Le sujet se voulait sensible et donc tabou. Si ça ne tenait qu'à moi, il aurait été inexistant. J'allais bien mieux depuis, preuve que ça n'avait été qu'un petit désagrément, un enrayement de la machine.

- Je ne sais pas si tu en as entendu parler, mais, hier, on a mis une nouvelle arme entre les mains des sentinelles. Pour le moment, elles s'entraînent encore, c'est donc le moment idéal pour commencer la production des projectiles spéciaux qui vont avec.

Son enthousiasme vis à vis de sa famille m'importait peu. Cette fierté, je ne pouvais tout simplement pas la comprendre. Peut-être aurais-je réagis de la même façon si j'avais été dans son cas, mais, en attendant, je trouvais surtout qu'elle ne se mettait pas assez en avant. A l'entendre, on pouvait comprendre qu'elle ne valait tout simplement pas mieux qu'une autre fille de sa famille. Et à quoi bon ne pas être unique ? Voir supérieure. J'aurais certainement peu apprécié sa position, maintenant que j'y pensais réellement. Enfin, qu'importe. J'avais besoin de quelqu'un de doué, mais pas forcément de la meilleure.

- Je ne tiens pas trop à mettre ça dans les mains d'une autre fille, si elle déconne et est affectée par le produit, je vais l'entendre geindre inutilement.

D'un signe de tête, je lui avais indiqué l'Atelier avant d'y entrer, verrouillant soigneusement derrière elle. Au moins, nous ne serions pas dérangées. Pour un temps du moins. Il y aurait bien les habituelles fins de garde, mais la tournante de l'après-midi venait à peine de commencer.

- Prends l'établi à côté du mien.

Ce n'était pas tellement que je souhaitais la surveiller pendant qu'elle travaillait, mais bien qu'il serait plus facile de coopérer comme ça. Pendant qu'elle s'installait, j'allais chercher le matériel nécessaire. Fioles de poison, injecteur et les précieuses fléchettes, pour la plupart encore en pièces détachées. Ce serait mon travail de l'après-midi. Je partageais avec soin le matériel entre nos deux établis avant de me poser sur mon tabouret.

- Rien de compliqué. Une dose par fléchette. Passe par la pointe et scelle avec la cire.

Zola & Gaëlle

année 41, saison intermédiaire, journée 76

  almost trusted

« Je ne sais pas si tu en as entendu parler, mais, hier, on a mis une nouvelle arme entre les mains des sentinelles. Pour le moment, elles s'entraînent encore, c'est donc le moment idéal pour commencer la production des projectiles spéciaux qui vont avec. » Cette idée venait de Yulia, je le savais par l'intermédiaire de James qui n'avait eu aucune raison de le cacher ni à Charlie, ni à moi. Charlie, c'était évident mais quelque part, ça l'était me concernant aussi puisque je travaillais étroitement avec l'Atelier, en théorie. Qu'elle veuille avancer rapidement sur cette production était légitime. Gaëlle était connue pour se donner à fond dans son travail et je ne pouvais pas le lui reprocher, ni ouvertement, ni dans son dos. Je respectais cela. Au-delà de son attitude en général, c'était une décision réfléchie allant dans le sens du clan. J'avais acquiescé d'un hochement de tête, n'ayant rien de particulièrement intelligent ou nouveau à répondre à cela. Et il était de réputation dans la famille qu'on ne parlait pas pour ne rien dire, sous peine d'avoir l'air ridicule.

« Je ne tiens pas trop à mettre ça dans les mains d'une autre fille, si elle déconne et est affectée par le produit, je vais l'entendre geindre inutilement. » Je ne pouvais qu'apprécier sa description très crue des choses. Mon point de vue rejoignait le sien. C'était à se demander comment il n'y avait pas plus d'accidents de ce genre dans le Labo. Prétentieuse ? Je l'assumais totalement. C'était un héritage de famille, la fierté. « Elles se plaignent de tout et ce n'est jamais de leur faute. » Une petite remarque cinglante n'était jamais de trop, surtout quand on me tendait la perche. Je savais néanmoins que ce serait à double tranchant avec quelqu'un comme Gaëlle qui ne s'encombrait pas de détails comme la délicatesse ou l'avis des autres. Sans un mot de plus, je l'avais suivi jusqu'à l'intérieur de l'Atelier.

« Prends l'établi à côté du mien. » Une fois installée, je la regardais s'affairer. « Rien de compliqué. Une dose par fléchette. Passe par la pointe et scelle avec la cire. » Après une réponse positive, je m'étais lancée dans la tâche avec minutie. C'était le quotidien d'une mécanicienne que de jongler avec ses mains. L'héritage familial me permettait, quant à lui, de gérer ces fioles de poison avec grand soin. Le silence avait repris le dessus mais ce n'était pas dérangeant dans ce cas.

Gaëlle & Zola
A41 SI J78 (après-midi)

Almost trusted

Elle résumait bien la situation et tout ce que je détestais chez une sous-armurière. Théa m'avait bien dit d'y aller mollo avec elles, mais je ne pouvais pas faire de miracle. Ni réellement d'efforts. Dans ce cas-ci, je n'y voyais vraiment aucun intérêt. A quoi bon perdre mon temps avec des filles qui finiraient de toute façon par craquer ? Au moins, je savais avec qui je travaillais et les rejetées pouvaient aller se trouver un travail ailleurs. On avait toujours besoin de mains habiles, mais pas trop, du côté du Labo ou parmi les mécanos. Comme pour prouver qu'elle méritait d'être placée parmi les Membres dignes de se décarcasser dans l'Atelier, elle ne chercha pas à se perdre en conversations inutiles. Sitôt les consignes finies, elle se mit au travail, nous laissant dans ce silence à peine entrecoupé du cliquetis des outils que j'appréciais tant. Un bon moment passa, les gestes restant minutieux et les yeux concentrés. Jusqu'à ce qu'une question ne me vienne.

- J'y pense, j'ai pas l'impression de te voir souvent dans le coin. Tu ne serais pas du genre à préférer les lames lorsque tu pars en mission, quand même ?

La question pouvait paraître anodine, mais elle se voulait très sérieuse. Elle avait beau avoir accumulé pas mal de bons points jusqu'ici, une faute de goût de ce style aurait pu faire la différence vis à vis de l'estime que je lui portais.

Zola & Gaëlle

année 41, saison intermédiaire, journée 76

  almost trusted

Ce silence n'était pas uniquement dû au caractère de Gaëlle qui n'aimait pas parler pour rien, c'était avant tout une condition nécessaire quand on travaillait. Il n'était pas nécessaire de parler pour ne rien dire, ça ne ferait que perdre sa concentration s'il fallait trouver quoi dire pour instaurer un dialogue secondaire. En plus, je n'étais moi-même pas forcément bavarde, il fallait que Rory ou Kyra soient dans les parages pour que je me montre plus loquace, si ce n'était pas mes cousines ou ma sœur, ça allait sans dire. C'était pour toutes ces raisons que cette ambiance ne me mettait pas mal à l'aise. Au contraire, je m'affairais sérieusement, me rappelant que Gaëlle serait encore plus regardante pendant un bon moment. Elle n'oublierait pas de sitôt cette mauvaise histoire. Heureusement, je tenais tellement à la fois à mon clan et à ma tâche pour ne jamais avoir envisagé l'idée de la flouer.

« J'y pense, j'ai pas l'impression de te voir souvent dans le coin. Tu ne serais pas du genre à préférer les lames lorsque tu pars en mission, quand même ? » Cette question, je l'avais entendue plus d'une fois. Quand on connaissait même un tout petit peu le phénomène, on comprenait qu'il n'y avait qu'une seule bonne réponse. Je mentirais si je prétendais ne pas appréhender sa réaction. Il serait difficile de la tromper. « Pas particulièrement. Je ne suis certainement pas la meilleure tireuse mais j'essaie de varier entre les lames et les armes à feu pour être la plus polyvalente possible. » Je préférais de loin jouer la carte de la vérité. Trop en faire risquait de me griller. Gaëlle se moquait bien de la prétention, elle détestait même ça et je respectais mine de rien son caractère et le respect qu'elle inspirait, même si c'était hors norme.

Gaëlle & Zola
A41 SI J78 (après-midi)

Almost trusted

S'il y avait bien une chose que j'appréciais encore moins que ceux qui prétendaient les lames supérieures à mes petits bijoux, c'était bien les lèches-bottes. Les mauvaises réponses étaient donc multiples. Plus d'une gonzesse avait essayé de me flouer en essayant de se prétendre partisane des armes à feu, mais elles étaient trop évidentes dans leur précipitation à mentir. En plus, les faits étaient trop facilement vérifiables. Je connaissais assez bien les aller-retours dans notre arsenal pour savoir lorsqu'une Membre ne se tournait jamais vers un type d'armement. Au moins, Zola n'avait pas essayé de se payer ma tête et restait droite dans ses bottes.

- Hm. C'est une bonne philosophie.

Même si mes préférences étaient claires, je pouvais reconnaître qu'avoir un couteau sous la main m'avait déjà aidé. Comme chaque Membre, je ne me séparais pas du mien, toujours camouflé dans l'une des brettelles de mon sac à dos, mais je n'aurais jamais placé ma vie sur le fil d'une lame.

- Tu songeras à dire à James que tout sera prêt dans les temps. Elle croisera sans doute Yulia avant moi.

En plus, cela m'éviterait d'avoir à jouer les coursières. Ou d'envoyer quelqu'un pour s'en charger, ce que j'aurais sans doute fait. Mais tant qu'à avoir la cousine sous la main, autant en profiter. Nous avancions trop bien pour qu'un quelconque problème vienne retarder les plans, l'avantage d'avoir une bosseuse dans les parages.

Zola & Gaëlle

année 41, saison intermédiaire, journée 76

  almost trusted

Les silences de Gaëlle ne m'effrayaient pas franchement ou, en tout cas, je n'avais pas aussi peur que certaines parce que j'avais de l'entraînement familial, il était important au sein de la famille de préparer tout le monde à toutes sortes de pression et personne n'était aussi bavard que Louane. Ni James, ni Charlotte, ni moi ne parlions pour parler et combler un vide que nous avions appris à apprivoiser. En plus de ça, je n'avais rien à me reprocher : je n'avais ni chercher la petite bête, ni jouer un jeu dangereux en jouant les parfaites petites Membres aux yeux de l'Armurière qui était presque aussi dangereuse que James, selon les rumeurs, de façons différentes. « Hm. C'est une bonne philosophie. » Au moins, elle avait réagi comme je l'avais imaginé, très bon signe en l'occurrence.

« Tu songeras à dire à James que tout sera prêt dans les temps. Elle croisera sans doute Yulia avant moi. » J'avais acquiescé d'un mouvement de tête, continuant ma tâche avec soin avant qu'elle ne m'invite à partir, une fois la tâche finie. J'avais une dernière mission, que je gardais précieusement dans ma tête alors que je la quittais.