salem & lena

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L'ascension était bien plus difficile que dans son souvenir, sans doute parce que la dernière fois qu'il s'était hissé le long de cette gouttière, il ne s'était pas pris une sérieuse dérouillée qui avait dû lui déranger un peu les côtes. Ses phalanges le faisaient souffrir aussi à cause des coups qu'il s'était appliqué à rendu et ses avant-bras avaient encaissé une partie des chocs lorsque gérer autant d'adversaires était devenu impossible. Il n'en menait vraiment pas large, raison pour laquelle il était ici, dans le seul endroit où il s'imaginait encore en sécurité dans cette foutue ville. L'effort en vaudrait le coup lorsqu'il pourrait s'allonger, avec un peu de chance les douleurs finiraient même par partir d'elles-mêmes si il prenait assez longtemps pour se reposer. Vu la mouise dans laquelle il s'était mise, il n'avait de toute façon pas d'autre choix que de faire profil bas pour un moment. Il savait pertinemment qu'il aurait dû fermer sa gueule, accepter ce qu'il se passait dans le petit appartement où la bande s'entassait, faute de mieux, mais il y avait eu la saleté de trop. Il se souvenait assez mal du moment en lui-même, la rage était montée si vite qu'elle l'avait aveuglé. Il n'avait dans la tête que des flashs, se voyaient cogner l'un de ses plus proches compagnons, quelqu'un qu'il avait cru moins mauvais que ça, puis il y en avait eu un autre avant que les coups ne soient rendus. Il avait dévalé plusieurs volées d'escaliers, la main serrée autour de celle de cette fille dont il ne connaissait pas le nom, et ils avaient couru aussi vite qu'ils le pouvaient. A un moment, les autres les avaient rattrapés. La fille s'était barrée et il avait été seul à subir leurs foudres. On lui avait craché de rester à sa place et il avait été abandonné dans une ruelle sans un regard en arrière. Il n'y avait jamais eu de notion de loyauté dans la bande, chacun agissait en pensant à sa survie en premier lieu, mais il s'était attendu à mieux de la part de certains.

C'était comme ça qu'il s'était retrouvé là, dans un équilibre précaire sur un bout de toit, à tenter de forcer la fenêtre d'une maison banale dans un quartier plutôt calme de la ville. Si il avait été plus en forme, il se serait rendu compte que des choses avaient changé. La façade avait été repeinte, les rideaux étaient plus modernes, et il se dégageait de la maison quelque chose de plus vivant. Il n'était néanmoins pas en état de trop réfléchir, il se contenta donc de sortir son couteau pour forcer la sécurité de la fenêtre et la souleva le plus silencieusement possible. La vieille femme qui vivait aussi avait déserté l'étage depuis longtemps et était sourde comme un pot, il avait donc passé de nombreuses nuits ici sans qu'elle ne se rende compte de quoi que ce soit. En s'appliquant à ne rien déranger et en nettoyant derrière lui, il s'assurait de ne pas être remarqué. Le deal était à sens unique, mais il ne s'était jamais senti trop coupable d'abuser. Il passa une jambe à l'intérieur, mais n'eut pas l'occasion d'en faire de même avec la deuxième. La porte de la chambre s'était ouverte et il s'était soudain retrouvé dans la lumière. Deux détails le frappèrent alors : la pièce n'avait rien en commun avec la chambre vieillotte qu'il avait l'habitude de squatter et cette fille sur le pas de la porte était définitivement trop jeune pour être l'habitante des lieux.

- C'est pas ce que tu crois.

Le réflexe était particulièrement stupide puisqu'il était bien entré par effraction et qu'il avait la dégaine d'un agresseur avec son couteau toujours à la main et sa mauvaise allure. Les blessures ne devaient pas non plus aider. Il lâcha le canif qui tomba au sol dans un bruit métallique qui le fit sursauter, sa position un peu précaire avec une jambe toujours hors de la fenêtre. Le mouvement lui fit serrer les dents et il grimaça un peu, une main se posant machinalement sur son torse.

- Je suis pas un voleur. Enfin si, mais pas là. Je te veux pas de mal. C'est juste un malentendu.

Un malentendu illégal, mais soit.

Lena & Salem

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Dès que la sonnerie retentissait, signe que la journée était finie, je filais comme une flèche de l'école. Je n'étais pas la fille la plus populaire, j'étais de celles et ceux qui restaient en retrait, je mordais quand on cherchait à m'approcher et je me bagarrais quand on me cherchait des noises. On avait vu mieux niveau popularité. Rentrer à la maison était une possibilité mais c'était de plus en plus difficile de voir ma mère au plus bas et de découvrir chaque jour que mon père ne faisait pas le moindre effort pour être plus présent. J'étais impuissante et ça me rendait folle. Je ne pouvais jamais rien lui dire parce que j'étais injuste selon ma mère et parce qu'il n'était justement jamais là. Il me posait des questions par-ci, par-là au sujet de mes cours mais ne semblait pas se soucier de ce qu'il se passait à l'école, il s'en moquait même pas mal, il ne s'inquiétait pas du fait que j'étais en dernière année et que c'était l'année de mon diplôme. Il avait sûrement mieux à penser, son travail, ses voyages d'affaire. Conneries. Conneries. Conneries. La plupart du temps, je passais sur le terrain de basket du quartier où je déversais toute ma haine par l'intermédiaire du ballon que j'avais reçu à mes treize ans.

Je rentrais une fois de plus en début de soirée, juste à temps pour manger un bout et filer dans ma chambre. Parfois je traînais un peu en bas, quand l'humeur n'était pas massacrante et de préférence quand il n'était pas à la maison et quand j'en avais la foi. Donc pas souvent. Cette fois ne faisait pas exception, j'avais monté les escaliers pour rejoindre ma chambre dès que j'avais fait la vaisselle. Je me voyais me poser dans mon lit, regarder une série sur mon ordinateur portable avant de lire quelque chose et voir si le sommeil arrivait, il n'y avait rien de moins sûr. J'avais allumé la lumière avant de comprendre d'où provenait ce bruit bizarre. Un intrus. Un cambrioleur mal en point surtout. « C'est pas ce que tu crois. » Par réflexe, le temps de comprendre ce que j'avais sous les yeux, j'avais pris une batte que j'avais soigneusement rangée dans un coin, au pied de mon lit.

« Je suis pas un voleur. Enfin si, mais pas là. Je te veux pas de mal. C'est juste un malentendu. » Il était drôlement loquace ce voleur. Drôlement amoché aussi. Il n'avait pas l'air d'être en forme olympique et je ne l'imaginais pas avoir pris le temps de se dessiner des blessures aussi plausibles. Cela ne signifiait pas qu'il ne cherchait pas à m'endormir pour que je me laisse sagement faire. C'était con mais j'envisageais mal un agresseur ou un cambrioleur de pacotille se présenter en disant qu'il était prêt à me blesser pour avoir le butin qu'il cherchait, même minime. C'était peut-être sa technique habituelle. C'était même sûrement parce que j'étais une fille, donc j'allais forcément compatir.

« Oui, c'est sûr, tu t'es dit que tu pouvais venir crécher ici et tu t'attendais à essuyer un refus donc tu as tenté sans passer par la case départ. Et là, tu te dis que je vais tout gober ? Parce que j'ai l'air faible, hein ? » Je n'allais pas me blâmer de lui balancer toute ma rage. C'était sûr qu'il n'était pas la cause de toute cette haine en moi mais au moins, je pouvais lui tomber dessus puisqu'il était le fautif dans l'histoire. Et les flics, je m'en moquais bien. Ils étaient comme les profs et le proviseur, ils n'écoutaient pas. Ils se moquaient des autres. On était juste des personnes parmi la foule.

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Bien sûr, il faut qu'elle ait une batte ! En temps normal, il s'en serait peu inquiété parce qu'il avait derrière lui assez de bagages pour savoir comment se débarrasser de l'arme sans prendre trop de dégâts, mais il n'était vraiment pas en état de se prendre de mauvais coups supplémentaires. Il en grimaça à l'idée même, les mains levées, bien en évidence, en espérant qu'elle le verrait comme un signe qu'elle n'était pas obligée de tenter un home-run avec sa tête.

- Non, non, c'est pas ça. J'ai une explication.

C'était une grande première, habituellement il inventait des excuses pour se sortir de situations délicates, mais, pour une fois, dire la vérité représentait sa meilleure chance.

- Tu vis ici depuis pas longtemps, n'est-ce pas ? Deux mois à tout casser ? La vieille qui vivait ici avant ne venait jamais à l'étage et elle entendait que dalle. Je sais, c'est pas clean, mais j'avais pris l'habitude de squatter là lorsque je devais me faire discret. Je savais pas qu'elle vivait plus ici, j'ai pas fait gaffe aux signes.

Cela n'arrangeait pas l'image de délinquant qu'il présentait, mais c'était ce qu'il était après tout. Juste une petite frappe embrigadée de force dans une sale histoire depuis trop longtemps parce qu'il n'avait pas commencé avec les bonnes cartes dans la vie.

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Je pouvais au moins lui reconnaître de l'intelligence, il ne faisait pas le fier avec ce qu'il trimbalait comme blessures. Avec un peu de chance, il ne faisait pas partie de ces mâles qui pensaient avoir forcément le dessus sous prétexte de leur genre et sous prétexte que je n'étais pas particulièrement énorme, surtout en comparaison avec sa propre carrure. « Non, non, c'est pas ça. J'ai une explication. » Malgré sa position et ses mots, j'avais toujours les mains bien posées sur la batte. Les ruses, ça connaissait les cambrioleurs. Ils étaient rarement seuls. Il m'endormait peut-être le temps que son complice ne braque par le rez-de-chaussée, même si je n'entendais rien pour le moment.

« Tu vis ici depuis pas longtemps, n'est-ce pas ? Deux mois à tout casser ? La vieille qui vivait ici avant ne venait jamais à l'étage et elle entendait que dalle. Je sais, c'est pas clean, mais j'avais pris l'habitude de squatter là lorsque je devais me faire discret. Je savais pas qu'elle vivait plus ici, j'ai pas fait gaffe aux signes. » Je ne pus m'empêcher de rire, un rire nerveux à cause de toute la tension dans mon corps, tension qui avait grimpé d'un coup d'un seul à cause de son inattention. J'avais finalement roulé les yeux avant de soupirer, de poser ma batte contre mon genou droit tandis que je m'étais posée sur mon lit. Qu'est-ce que j'étais censée faire d'un cambrioleur dans cet état ?

« C'est bien ma vaine de tomber sur un cambrioleur en morceaux. J'suis pas sans cœur et de toute façon, ma mère est en bas, dans un état pitoyable. Elle viendra pas dans ma chambre avant demain. » J'avais moi-même du mal à croire ce que je venais de lui balancer, c'était confus dans ma tête mais pour me bagarrer pour un rien, je pouvais un peu comprendre sa situation. Ça n'allait pas jusque-là, heureusement pour moi. « Ferme la fenêtre derrière toi. Prends le plaid sur la chaise mais bouge pas après ça. Je reviens. Je veux pas d'emmerde. Elle s'inquiète pour un rien. » J'avais ouvert la porte, vérifié qu'elle n'avait pas choisi son moment pour monter, rejoint la salle de bains pour choper la trousse de pharmacie avant de la lui tendre. « T'as besoin d'aide ? » Je n'étais pas mielleuse, je mettais encore de la distance entre nous par ma voix et mon attitude.

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Il ne s'attendait à rien de la part de cette fille, il cherchait juste à se sortir d'une situation compliquée, sans trop se soucier du reste. Si il quittait cette chambre en un seul morceau et sans menottes aux poings, il pourrait s'estimer chanceux d'avoir à envisager la suite. Il lui faudrait toujours un endroit où lécher ses blessures et où attendre que le temps passe, après tout. Il avait été trop surpris pour faire quoi que ce soit, au départ, lorsqu'elle avait baissé la batte, apparemment convaincue par l'histoire qu'il lui avait raconté, aussi invraisemblable soit-elle malgré sa véracité. Peut-être que dire la vérité n'était pas si mal si cela lui permettait de s'en sortir aussi bien. Le changement d'attitude tenait du miracle et il n'osa pas dire un mot de peur de mettre à mal cet équilibre bizarre. Il ne baissa même pas les mains avant le départ de la fille de la pièce, mais s'appliqua ensuite à faire ce qu'elle lui avait dit. Il ramassa son couteau au passage et le replia pour le glisser dans sa poche avant de fermer la fenêtre. Il n'en revenait toujours pas qu'elle lui dise de rester, mais il n'allait certainement pas s'en plaindre alors que l'idée d'avoir à redescendre la gouttière suffisait à remettre la douleur au premier plan. La seule chose qu'il n'avait pas fait était de prendre le plaid parce qu'il avait un peu de sang sur les mains et que ses vêtements étaient sale à force d'avoir passé un peu trop de temps au sol, il ne voulait pas ruiner une couverture qui avait l'air si douce. La trousse de pharmacie avait été une surprise de plus lorsqu'elle était revenue, seule, ce qui le poussa à douter un peu de sa chance.

- Tu cherches à m'occuper le temps que les flics arrivent ?

Il n'avait pas pu s'empêcher de le demander, à moitié sérieux seulement, en attrapant le matériel. Il l'observa un instant, perdu dans ce nouvel environnement où il ne savait pas comment se comporter, avant de décider que s'asseoir par terre serait le plus judicieux. Que ce soit ça ou non, il avait décidé de jouer le jeu, de ne pas mordre pour une fois la main qu'on lui tendait lorsqu'il était coincé contre un mur. Il était épuisé par tout ça et n'avait plus grand chose à perdre. Il se débarrassa de sa veste au prix de sacrés efforts et la laissa tomber derrière lui avant de soulever son hoodie pour vérifier ses suspicions, découvrant ainsi sans trop de réaction qu'un hématome s'étendait bien au niveau de ses côtes. Il n'avait pas eu beaucoup de gras pour attraper le choc après tout. Il ne savait par contre pas quand il s'était fait cette coupure au niveau du ventre.

- J'en ai croisé des gens, mais j'ai rarement été aussi surpris par l'attitude de quelqu'un. Je fais pitié, ça doit aider, tu vas me dire.

Il récupéra une lingette désinfectante dont il déchira l'emballage d'un coup de dents avant de la passer sur la coupure avec une nouvelle grimace. Pourquoi l'après devait-il toujours être pire que le pendant ? Il avait beau savoir que cela tenait d'une histoire d'hormone, la question n'était pas là, c'était juste stupidement cruel de la part de la vie.

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« Tu cherches à m'occuper le temps que les flics arrivent ? » J'avais levé les yeux au ciel une nouvelle fois en l'entendant balancer quelque chose qui n'aurait pas pu être plus faux. Si je fouillais au fond de moi et si j'étais honnête, j'admettrais sans trop de mal que ce n'était pas lui le problème mais juste la remarque de trop, celle qui me rendait encore plus blasée que je ne pouvais l'être vis-à-vis de l'espèce humaine. Je décidais d'être beaucoup trop clémente envers quelqu'un d'aussi suspect et il y voyait une forme de piège. C'était sûrement parce que c'était la suite la plus logique à ce bazar aussi invraisemblable que risqué. Sauf que je n'avais pas de souci à envoyer un majeur à la société et à l'autorité sous toutes ses formes. Nous n'étions pas si différents au fond. J'avais juste plus de chance. Ca ne signifiait pas que je comptais me soucier réellement de lui. J'avais installé de la distance entre les autres et moi depuis trop longtemps.

« J'en ai croisé des gens, mais j'ai rarement été aussi surpris par l'attitude de quelqu'un. Je fais pitié, ça doit aider, tu vas me dire. » C'était bien le premier qui me rappelait à ce point mon côté destructeur. Ce n'était pas réellement plaisant et pourtant je pensais assumer sans problème cette facette chez moi. Peut-être que c'était plus déstabilisant quand on observait ça de l'extérieur. Je m'étais de nouveau posée sur mon lit, fixant le mur face à moi pour ne pas me heurter davantage à ce qu'il renvoyait comme impression.

« Je fais pas dans la pitié. Vois ça comme un moyen d'envoyer chier les gens qui savent mieux que tout le monde. » Au final, c'était tellement plus facile de renvoyer soi-même l'image d'une fille qui se moquait bien des autres et qui cherchait juste la merde. Avec lui, ça marcherait sûrement plus facilement qu'avec ma mère parce qu'il ne me connaissait pas alors n'importe quel rôle pourrait être crédible. Il avait bien cru que j'avais appelé les flics. En quoi ce que je prétendais sonnerait plus faux ?

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Il n'avait pas pu s'empêcher de rigoler, un peu moqueur, ce qu'il regretta vite lorsque la secousse déclencha une nouvelle vague de douleur au niveau de ses côtes. Machinalement, il y porta une main et ferma les yeux le temps que le moment passe. Où allait le monde si il se faisait juger aussi durement dès qu'il émettait une opinion, aussi non-verbale soit-elle ? A ses yeux, elle avait tout d'une ado qui avait le privilège de pouvoir se rebeller à coups de sales plans du genre. Il n'allait pas cracher dessus, cela l'arrangeait bien qu'elle le couvre de la sorte et qu'elle lui file de quoi se soigner, mais cela ne l'empêcherait pas de se faire son avis.

- Et jusqu'où va l'étendue de ton coup de gueule ? Que je sache si je vais devoir me laisser tomber de ta fenêtre sous peu.

La question lui paraissait légitime. Il ne doutait pas qu'elle se lasserait vite de sa petite rébellion et qu'il serait alors prié de se tirer rapidement, avec ou sans plan en tête pour la suite. Il ouvrit une nouvelle lingette pour la passer sur les blessures qu'il avait au visage, soulagé de ne pas découvrir au passage de traces d'un sang trop frais dont il aurait dû s'inquiéter. Il allait douiller le temps de la guérison, il n'en doutait pas, mais les conséquences plus importantes semblaient avoir été évitées.

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Mon comportement n'était pas le plus cohérent mais le sien ne l'était pas franchement non plus. Il se moquait ouvertement de celle qui lui offrait des soins, je ne pensais pas que dans ce cas précis, on se permettait de chipoter et de prendre la personne qui nous aidait de haut. Je regrettai immédiatement d'avoir été conne, une fois de plus. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il fasse mes louanges mais il y avait une petite nuance malgré tout entre ça et le foutage de gueule franc. « Et jusqu'où va l'étendue de ton coup de gueule ? Que je sache si je vais devoir me laisser tomber de ta fenêtre sous peu. » Je ne me trompais pas. Même les inconnus se permettaient de me juger. Je rigolais jaune. J'avais grogné sans m'en cacher.

« Si t'es pas content ou que tu me fais pas confiance, tu peux aussi te tirer. Je te demande pas de me faire confiance mais j'apprécie moyennement qu'on se foute de ma gueule comme ça. » Si je n'avais pas compris pourquoi je lui avais vraiment donné le matériel de pharmacie, j'étais certaine que je n'apprécierais pas cette situation plus longtemps. « Je suis pas ton ancienne vieille colocataire. Soit tu acceptes les soins pour ce qu'ils sont et tu cherches pas plus loin, soit tu te barres. J'ai pas besoin d'un inconnu en plus pour me regarder de haut. » Malheureusement pour lui, il se prendrait toute ma haine à ce rythme.