let me let you go — sidonya

VIPERES DE L'OUEST

Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

let me let you go

Le silence s'alourdissait avec chaque pas qui les rapprochait de l'Ouest. La légèreté n'avait fait qu'un passage temporaire qui n'avait pas survécu à cette solitude nouvellement trouvée en-dehors du quartier des jeux et de toutes ses dérives. Marcher amenait aussi un peu plus de sobriété qui laissait beaucoup trop de place aux pensées qui se multipliaient. Elle ne se sentait plus masochiste d'avoir accepté de passer la nuit chez Nadya, mais bien suicidaire. Cette erreur allait lui coûter la vie, elle ne pouvait pas imaginer une autre finalité. Son cœur lâcherait ou elle ferait une overdose après avoir passé tant de temps à soigneusement éviter sa binôme. Malgré tout, elle continuait à avancer, sans chercher à produire une excuse qui lui aurait permis de s'esquiver très loin d'ici. La vérité était qu'il n'y avait pas grand chose qu'elle pouvait faire avec la blonde tout contre son côté, un bras enroulé autour de sa taille pour lui offrir un peu plus d'équilibre. Son bras à elle avait aussi été passé par-dessus les épaules de Nadya, forçant une étreinte serrée et trop intime pour le pauvre organe dans sa poitrine. Le pire était cette petite voix dans sa tête qui continuait à lui donner trop d'espoir. Il lui était difficile de ne pas voir tous les signes alors qu'elles savaient toutes les deux que le soutien n'était plus nécessaire depuis plusieurs rues déjà et que l'alcool ne justifiait pas tout. Pourtant, elle se garda bien de le verbaliser et profita stupidement de cette impression faussée d'être plus que ce que son amie pouvait lui offrir. Si ses sentiments avaient été partagés, elle n'aurait pas agis différemment. Il n'y aurait simplement pas eu tous ces doutes, la culpabilité, la douleur, et elle n'aurait pas eu à retenir son envie de pencher la tête pour embrasser sa tempe. Ou s'arrêter pour l'embrasser tout court, juste parce qu'elle était sienne et qu'elle le pouvait, le voulait. Tout ça n'était néanmoins qu'un rêve idiot et les signes n'en étaient pas vraiment. Nadya se comportait comme elle l'avait toujours fait, il n'y avait ni mystère, ni espoir derrière ses gestes. C'était ce qui rendait sa présence si douloureuse, leurs attitudes n'étaient plus compatibles depuis que leurs sentiments avaient pris des chemins différents.

Malgré les occasions, elle ne se déroba pas jusqu'à ce qu'elles se retrouvent devant la maison où la blonde vivait avec ses sœurs. Cette dernière poussa la porte et elles y entrèrent l'une après l'autre avec des gestes prudents. L'exercice n'était pas simple dans l'obscurité - et, d'accord, peut-être que l'alcool l'impactait encore -, mais elle se serait plié en quatre si cela lui évitait une rencontre gênante au milieu de la nuit avec Maya et Giya. La première avait déjà donné son avis sur ce qu'il s'était passé, mais elle craignait encore de subir les foudres de la seconde. A l'heure actuelle, elle n'était surtout pas en état de répondre à une quelconque question ou de subir des sous-entendus douteux. Si entrer dans la chambre fit monter un peu d'anxiété, elle n'hésita pas à aller se laisser tomber au bord du lit dans un soupir fatigué. L'épuisement lui paraissait incrusté partout, autant sur le plan physique que mental. Elle rêvait de dormir et peut-être de ne pas se réveiller avant un bout de temps.

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let me let you go
Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

Ta satisfaction est égoïste. Tu ne devrais pas avoir le droit de tirer autant de plaisir en sa présence. Sa proximité. Lorsque tu t'es rapproché d'elle l'excuse était toute trouvée. Il n'aurait pas fallu qu'elle tombe. Mais est-ce que cela demandait d'être pressée si fort à son flan ? De maintenir son bras passé au-dessus de tes épaules avec fermeté pour t'assurer qu'elle ne puisse se dérober ? La réponse est non. Tu évites de trop y penser. Parce que tu as retrouvé la place que tu estimes tienne depuis trop longtemps. Sa chaleur et la tienne partagées. La démarche qui n'a rien de difficile. Chaque pas encouragé par l'habitude. Combien de fois avez-vous traversé le territoire de cette façon ? A rire bêtement. A partager les potins de la journée. Parfois pour le simple plaisir de profiter de la fraîcheur de la nuit. Si tout était normal tu aurais posé la tête contre son épaule. Toujours à la recherche de son contact. Tu t'en abstiens. La situation ne s'y prête pas. Le silence reste un bon rappel. Tu ne peux pas tout occulter. Tu ne peux même pas nier ce sentiment d'étrangeté quand plus tard vous vous retrouvez dans ta chambre. Cela fait si longtemps. Avec ce que tu sais désormais tu comprends qu'un des premiers signes de son retrait avait été de ne plus venir chez toi. Toujours c'était toi qui la rejoignait. A l'époque tu n'y avais rien vu de si étrange. Tu fermes doucement la porte derrière et t'y appuies un instant. Tes yeux sont sur elle, discernant peu dans l'obscurité. Tu ne fais aucun effort pour allumer une lampe. Tu te contentes de rester là et de regarder les contours de ses épaules voûtées, la fatigue qu'elle dégage. Un soupir te glisse des lèvres. Puis tu bouges. Tu ôtes tes bottes de la pointe des pieds avant d'aller t'agenouiller devant elle pour en faire de même avec ses bottines. Tu n'es pas mécontente d'avoir de quoi occuper tes mains. Tu n'es pas si à l'aise. Pas parce qu'elle est là. Tu crains trop l'après. L'absence. Le rejet peut-être. Tu écartes ses chaussures du passage une fois retirées, poses une main sur son genou pour te redresser. A nouveau tes doigts viennent cueillir sa mâchoire, inclinent sa tête. Les marques paraissent déjà plus prononcées. Tu grimaces. Ton pouce glisse sur sa joue avant que tu ne t'éloignes. « Tu peux pas dormir comme ça. » Une petite tâche à la fois. Tu te sens retrouver tes appuis. Tu pioches des vêtements dans un tiroir, les déposes sur le lit. Les mouvements sont familiers sans vraiment l'être. Tu la délestes de son bonnet, défais son écharpe, déboutonnes un à un son manteau avant de le pousser de ses épaules. Tu as ce besoin car elle parait si défaite. Prendre soin d'elle. Un sentiment que la petite fille de huit ans pur produit de la brutalité dragonne n'aurait jamais cru ressentir. Et pourtant tu le fais aujourd'hui pour lui rendre la vie plus facile, pour qu'elle puisse tomber plus vite dans ce sommeil dont elle semble avoir tant besoin.

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

let me let you go

Le moment était beaucoup trop chargé pour ce qu'elles étaient. C'était ce qui avait rendu l'histoire si floue et continuait à le faire, et, sans doute, ce qui lui rendait en partie la tâche si difficile lorsqu'il s'agissait de passer à autre chose. Une toute petite partie d'elle ne pouvait s'empêcher de nourrir un reste d'espoir quand Nadya la scrutait de la sorte. Malgré toute cette fatigue qu'elle ressentait, il lui était difficile de rester immobile sous son regard et elle remercia l'obscurité qui l'empêchait de trop détailler les traits de sa binôme aussi bien qu'il camouflait la chaleur qu'elle sentait partir de sous son cou et remonter lentement vers ses joues. L'envie de tituber vers elle pour aller l'embrasser, profitant de cette fuite qu'elle n'aurait pas pu prendre avec la porte dans son dos, se construisait solidement en elle lorsque la bulle de tension éclata avec un pop qui la sonna un peu tant qu'elle était certaine qu'elle aurait pu trouver assez de courage, ou de stupidité, pour le faire si une seconde de plus s'était écoulée. L'idée était dérangeante et donnait du bois à sa culpabilité, mais le baiser qui s'était produit deux saisons plus tôt, aussi peu partagé qu'il avait été, avait laissé sa marque et hantait ses pensées. Sa binôme avec son affection débordante ne lui facilitait vraiment pas la tâche et elle se retrouva à retenir son souffle, le regard posé sur le plafond, jusqu'à ce qu'un contact sur son genou ne vienne attirer son attention. Elle se tendit un instant, autant à cause de ça que de la proximité soudaine, se tendit un peu plus lorsque Nadya lui toucha le visage - les blessures faisaient au moins une bonne excuse pour ça -, avant de fondre sous la délicatesse de son geste. Elle se demanda une seconde comment il était possible de passer d'une telle rigidité à ça en si peu de temps avant de se souvenir qu'elle avait eu un exemple parfait du phénomène sous les yeux à plus d'une occasion. Aussi solide que pouvait être le métal, il devenait malléable exposé à la bonne température, et cette fille en face d'elle était sacrément douée pour souffler le chaud et le froid. Pour preuve, la tension remonta dans son corps au fur et à mesure des vêtements qu'elle perdait. Bonnet, écharpe, manteau,... Ses mains se refermèrent autour des poignets de Nadya avant que cette dernière n'ait l'occasion d'effleurer le bas de son pull. Il y avait une limite à ce qu'elle pouvait supporter.

- Je vais le faire.

Elle le murmura en regardant ailleurs, espérant que le message serait assez clair. Prudemment, elle libéra son amie et pivota un peu en remontant une jambe sur le lit. Se changer n'avait rien de compliqué, elle avait accompli l'acte plus d'une fois devant un tel public, mais il évoquait trop de choses désormais. Comme une écharde qu'on retire, tu peux le faire. Sans se donner plus de temps pour y penser, elle retira en un coup les trois couches qu'elle avait superposé pour se tenir chaud et les troqua contre les vêtements posés à ses côtés. Elle ne pouvait nier que le changement n'était pas déplaisant après la soirée qu'elle avait passé. Le sweat-shirt qu'elle portait avait beau être le sien initialement, il sentait comme Nadya, et si elle se retint de porter le col à son nez, elle resserra tout de même les doigts sur le tissu avec une pointe d'amertume.

- Je savais pas qu'il était ici.

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let me let you go
Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

Tu ne penses pas à mal. Tu suis la logique d'une action se succédant à une autre. Tout ce qui vous amènera vers la suite. T'empêchera de trop réfléchir. Aux détails. A la notion que la dernière fois que vous avez été ensemble comme ça les choses ne se sont pas bien finies et que ta vie n'a plus jamais été la même. Mais à trop chasser ce qui pourrait se passer dans ta tête, tu déconnes. L'habitude est pas bien ancrée. Te fier à ton cerveau autour de Sidonie. T'as toujours trop été dans l'émotionnel. Et ça pose un problème. Ca explique des trucs. L'éloignement pour commencer. Le stop soudain t'étonne. Le geste est ferme, significatif. « Je vais le faire. » Tu baisses tes yeux vers tes mains, les siennes, et seulement tu comprends. Le sous-entendu qui peut venir avec ce que tu fais. Parce que t'as pas pensé. Ni à mal, ni à bien. Tu recules lorsqu'elle te lâche. Tords tes mains devant ton ventre comme une gosse coupable. « Désolée. » A peine un murmure qui s'échappe. Tu remet en cause ce qui vous a conduit ici. Ton insistance. T'aurais peut-être pas dû. Mais le regret ne parvient pas à prendre toute la place. Un fond de besoin demeure. T'avais besoin de l'avoir avec toi là où tu pourrais garder un œil sur elle. Pour son bien. Pour le tien surtout. Tu devrais t'occuper ailleurs. Passer d'autres vêtements à ton tour. Mais tu restes immobile. Paumée dans tes pensées, le regard flou. « Je savais pas qu'il était ici. » Elle attire ton attention et tu comprends pas tout de suite sur quoi. Puis ça te frappe. Tu lui as donné le sweat-shirt par réflexe. Encore. Innocemment vraiment. Parce que c'est le sien et que tu te dis qu'au moins elle ne pourrait pas se plaindre des manches trop courtes. Mais ce pull là c'est pas n'importe lequel. Tu le portais le jour où ça s'est passé. T'es rentrée en l'ayant sur le dos, le cœur au bord des lèvres et des larmes que t'avais refusé de laisser couler plein les yeux. Depuis il est avec toi. T'as pas eu l'occasion de le lui rendre. T'en as pas eu l'envie surtout. Trop facile de se dire que si tu le rends, tu ne le verras plus jamais. Il est symbolique ce sweat-shirt. T'es pas sûre de ce qu'elle en pense. Juste qu'elle doit se souvenir aussi. Tu te contentes de hocher la tête. Tu ne sais pas quoi lui dire. Si tu dois t'excuser, te justifier. Si ça ne sera pas pire. Tu te retournes précipitamment pour attraper d'autres vêtements. Pour toi cette fois. Devant la commode, le paquet serré contre la poitrine, t'hésites. T'as les lèvres qui tremblent un peu lorsque tu expires. « Je vais voir pour dormir avec Maya ou Giya. Ca va râler mais rien de nouveau. » Tu te forces à rire malgré les larmes qui te bordent les yeux. T'as vraiment pas envie de partir. Mais c'est mieux. Faut que tu te mettes à réfléchir plus. Que tu lui montres que tu peux faire des efforts pour que ce soit plus facile pour elle. Ce ne sont même pas des réels efforts juste d'autres réflexes à prendre. Faut que tu changes parce que tu ne veux plus lui faire de mal bêtement. Puis que ça te terrorise l'idée qu'elle te laisse derrière si t'arrives pas à lui montrer que ça peut aller. Que vous pouvez vous en sortir si t'en fais assez.

Dernière édition par Nadya le Lun 3 Avr - 16:57, édité 1 fois

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

let me let you go

Les non-dits étaient particulièrement lourds dans l'air. Elle ne doutait pas qu'elles étaient toutes les deux en train de penser à la même chose sans réussir à se regarder. Après cette matinée, non, plus tard, lorsqu'elle avait pris conscience de tout ce qu'elle était en train de perdre, trouver le sweat-shirt n'aurait pas manqué de lui arracher des larmes qui avaient tendance à couler bien trop vite. Elle ne l'avait pas cherché et avait fini par oublier la possibilité de le trouver un jour. Il valait mieux, encore aujourd'hui il lui faisait l'effet d'une gifle, les souvenirs encore trop frais, mais elle ne fit aucun effort pour s'en débarrasser. Fidèle à elle-même, elle finissait toujours par accueillir trop proche de son cœur ce qui lui faisait si mal. Nadya n'en dit rien et, si le moment ne passa pas, elle lui signifiait clairement par son attitude qu'elle voulait mettre ça de côté. C'était sans doute mieux. Assez de blessures avaient déjà été ouvertes aujourd'hui.

- Non.

Le refus avait fusé sans qu'elle n'ait l'occasion d'y réfléchir. Il n'y avait eu que ce besoin de s'assurer que son amie ne disparaitrait pas derrière la porte, celui aussi de réagir à cette douleur beaucoup trop visible. Tout aurait été plus simple si elle n'avait pas été si faible. Ce n'était pas pour rien que la seule façon de se protéger qu'elle avait trouvé était de rester loin. Cette fois-ci, elle ne l'envisagea pas du tout. Avec un équilibre miraculeux pour la nuit qu'elle avait vécu, elle se leva et rejoint vite Nadya, se moulant dans son dos, les bras serrés autour de sa taille.

- Je veux pas dormir sans toi. Pas après tout ça.

C'était la pire décision qu'elle aurait pu prendre, elle aurait dû saisir cette perche qui lui était tendue, mais elle en aurait été incapable. Aussi stupidement douloureux que cela soit. Demain, elle aurait sans doute un autre avis, mais, pour le moment, elle préférait encore passer la nuit avec cette souffrance entre elles que séparées par un mur.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

Les mots ont à peine eu le temps de quitter tes lèvres quand sa voix résonne. « Non. » Le soulagement qui gonfle ta poitrine est égoïste. Tu devrais insister. Ne pas te soucier de son refus. Rester sur ce chemin plus sain sur lequel tu as à peine mis un pied. Mais tu es faible. Une part de toi est trop heureuse qu'elle soit si rapide à refuser la séparation. C'est ridicule. Elle a placé de la distance entre vous de tant d'autres façons. Peut-être est-ce pour ça qu'il est si facile d'accepter. Qu'il t'en faut peu pour te rassurer. « Je veux pas dormir sans toi. Pas après tout ça. » Pas totalement néanmoins. La blessure de son absence est encore trop fraîche. Alors même que tu t'accroches à son bras de peur qu'elle se détache de toi il y a cette rigidité qui demeure. Tu es clouée là. Incapable de continuer sur ta lancée, tout aussi paralysée par cet autre choix que tu pourrais faire. Ton cœur bat son approbation tandis qu'une petite voix t'implore d'être plus prudente. De penser à l'après. « Tu seras là demain matin ? » Ta voix te semble si petite. « Je veux pas me réveiller sans toi. » Pas comme cet autre fois où tu avais cru l'avoir retrouvée. « Je ne veux pas que tu regrettes. » Et tu n'es pas sûre qu'elle puisse te promettre ça.

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

let me let you go

Convaincre Nadya de rester n'aurait pas dû être si important, surtout après tout ce temps passé à la fuir. Elle se sentait ridicule à s'accrocher de la sorte sans réellement comprendre ce qui avait changé au détour de cette soirée. Insensible à tout ça demeurait le besoin de rester à ses côtés sans se soucier des conséquences qu'il lui faudrait assumer une fois le matin venu. Elle ne voulait écouter que son cœur et sa demande était claire. Le rappel qu'elles ne pourraient pas rester dans cet entredeux indéfiniment ne la fit pas réagir plus que ça - elle ne le savait que trop bien -, mais les difficultés de sa binôme étaient plus difficiles à ignorer. Parce qu'elle n'était pas la seule concernée dans cette histoire, Korra le lui avait assez souvent rappelé, elles souffraient toutes les deux pour des raisons différentes. Elle avait multiplié les erreurs au nom de cet amour qui avait fait plus de mal que de bien, mais qu'elle ne parvenait jamais à totalement regretter. Il lui était arrivé de souhaiter que ces sentiments n'aient jamais existés, mais le moment n'avait pas duré. Il était trop tard pour qu'elle envisage sa vie sans eux, ils avaient laissé une marque indélébile, l'avaient changée pour toujours.

- Okay.

Un seul mot n'avait jamais été si difficile à articuler. Elle enfouit la tête contre l'épaule de la blonde avant de continuer plus doucement.

- Je partirais pas tant que tu seras pas réveillée.

Elle se forçait à énoncer ce qui avait tout d'une promesse pour éviter ce retour en arrière qui le lendemain serait si tentant. C'était en sachant pertinemment qu'elle avait la fâcheuse tendance de prendre des décisions douteuses lorsque la nuit était au plus sombre qu'elle mettait des obstacles sur la route de la Sidonie du futur pour qu'elle évite de blesser Nadya. Le résonnement était tordu, mais elle n'était pas exactement équilibrée. Apparemment, elle n'apprenait pas non plus de ses erreurs, la vie lui avait bien montré que les promesses se brisaient facilement avec un peu de lâcheté ou de gymnastique mentale.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

« Okay. » Une pression disparait dans ton torse. Tu ne sais pas si c'est parce qu'elle a accepté. Si tu le dois à ce contact renforcé. Les deux. Inutile de chercher trop loin. Tu te laisses aller contre elle. Lâches en partie les vêtements que tu as au creux des bras pour aller passer la main dans ses cheveux. La manœuvre est un peu maladroite au vu de votre position. Un détail. Tu as ressenti le besoin de faire quelque chose en plus. Parfois cela tient du réflexe. A d'autres moments c'est comme si un fil tirait une envie directement de ta poitrine. « Je partirais pas tant que tu seras pas réveillée. » Ce n'est que la moitié de ce que tu lui as demandé. Malgré le soulagement il y a aussi de l'amertume. L'impression de déconner qui reste. Tu viens poser ta main sur la sienne. Il devint évident qu'elle n'en dira pas plus. « Et après ? » Tu pousses. Une part de toi dérangée par l'idée même de le faire. Il serait si facile d'arrêter de discuter. De la tirer dans ton lit et d'oublier les détails. Juste profiter de la trêve. Mais vous ne faites que ça depuis un moment. Passer d'une trêve à l'autre. « Je me réveille, tu t'en vas, tu m'ignores à nouveau ? » Le ton n'est pas accusateur. Juste fatigué. Par la nuit, ces dernières saisons, la situation. « Et tu t'en veux pour ça. Pour tout. »

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

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Et après ? Ce confort qu'elle avait trouvé durant quelques instants contre Nadya avait été de courte durée. Pourtant, elle se refusa à bouger. Elle resta là, tendue, le souffle un peu plus laborieux à cause de ce qui allait probablement venir. Elle ne voulait pas avoir à nouveau cette discussion parce qu'il n'y avait rien de neuf à dire. Rien qui ne pourrait les satisfaire toutes les deux. Depuis des jours, elles étaient dans une impasse. C'était à se demander si la blonde en avait réellement conscience.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Nadya ?

Elle n'avait pas voulu que sa voix sonne si dure, mais la nuit avait été drainante et elle n'était pas en pleine possession de ses moyens. Elle regretterait peut-être plus tard, lorsque la fatigue prendrait moins de place et qu'elle aurait l'occasion de ruminer. Elle s'efforça de prendre une longue inspiration, un peu apaisée par l'odeur si familière de sa meilleure amie, et expulsa l'air lentement. Son attitude n'était pas cohérente, elle en avait bien conscience, mais elle s'en fichait pas mal.

- Je veux plus parler de ça.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

« Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Nadya ? » Que tout ira bien. Que tu me laisseras pas derrière. Qu'on va trouver une solution. Toutes les deux. La liste est longue. Tient de l'espoir. La moitié de ce que tu désires n'est pas réaliste. Tu le sais. Mais tu ne veux pas croire au fait qu'il n'y a rien à dire. Rien à faire. Pour autant tes lèvres restent pincées. Toi non plus tu ne sais pas quoi dire quand elle est comme ça. Trop blessée. A bout de patience. Ivre aussi. Tu te montres injuste. Tu t'en rends compte. Tu ne l'as pas traînée ici pour ça. Elle est là pour se reposer. Pour être en sécurité. Parce que tu la voulais près de toi. Il faut que tu te recentres sur ton but premier. Aussi dur que cela soit. « Je veux plus parler de ça. » Alors tu ne peux qu'acquiescer. Accepter et espérer que vous pourrez parler plus tard. Qu'elle ne te fuira plus autant. Tu n'es pas sûre que tu pourras à nouveau supporter ça. Devenir quelqu'un dont elle veut se tenir le plus loin possible pour ne plus souffrir. Ce n'est pas un rôle que tu veux jouer. Encore moins avec elle. « Faut que tu me lâches pour que je puisse me changer. » Un soupir. Tu tâches d'être légère. D'étirer un sourire qui ne reste pas.

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Quelques instants tendus passèrent pendant lesquels elle se demanda ce qu'elle ferait si Nadya venait à continuer à les pousser sur cette pente trop glissante. Elle avait beau être certaine de ne pas vouloir parler, elle n'était pas aussi sûre de ce qu'elle était prête à faire pour que cela s'arrête. Elle manquait trop de courage ce soir et il aurait fallu beaucoup pour lui faire claquer la porte. Entre les deux existaient trop peu d'options. Heureusement, la blonde changea le sujet, bien qu'elle ne comprit pas immédiatement le sous-entendu. Il fallut à son cerveau de longues secondes pour connecter la demande avec la notion qu'elle voulait se changer pour qu'elles puissent aller se coucher. Lorsque la compréhension vint, un peu de gêne s'installa avec elle. Un brin de toux lui passa les lèvres après une tentative de déglutir et de respirer en même temps alors qu'elle s'éloignait. Ses mouvements étaient sans doute un peu trop empressés et elle manqua de perdre l'équilibre lorsqu'elle pivota dans l'autre direction.

- O... Okay. Je regarde pas. Promis.

Elle continua jusqu'au lit et s'y laissa tomber à plat-ventre, la tête enfouie dans un coussin pour éviter tout doute. Ou tentation. Elle n'en savait trop rien. Sur le moment, elle avait juste trouvé judicieux d'agir de la sorte, mais cela venait avec une forme de mal aise qui lui fit chauffer un peu les joues.

- T'es bête.

Elle l'avait grogné, incompréhensible grâce à l'oreiller, résistant à peine à l'envie de tirer la couverture par-dessus sa tête en bonus. Peut-être qu'elle aurait réussi à se faire oublier comme ça.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

La séparation vient avec de la crainte. Aussi ridicule soit-elle. Elle ne fait que suivre ta demande. S'éloigne temporairement. Mais tu as peur que le moment passe. Que tout ait changé quand tu te retourneras. Cela dit quelque chose sur votre situation que tu préfères un moment tendu et douloureux à rien. Tu n'aimes pas ça. Froide sans elle, tu te sens glisser trop vite dans tes pensées. « O... Okay. Je regarde pas. Promis. » Mais elle t'en arrache et tu ne peux t'empêcher de jeter un coup d'œil par-dessus ton épaule. Tu la vois s'écraser sur ton lit avec une absence de délicatesse qu'elle regrettera peut-être demain matin au vu de tous les coups qu'elle s'est pris. Malgré toi, tu souris. Aussi amusée qu'amère. Un duo qui ne devrait pas pouvoir coexister. Tu troques rapidement tes vêtements pour une tenue plus agréable. Un peu parce que tu crains qu'elle s'étouffe dans cette position. Si elle grogne c'est néanmoins qu'elle doit encore être vivante. Tu lui tapotes la jambe lorsque tu la rejoins pour lui signifier qu'elle peut arrêter ça. Ensuite tu grimpes sur le lit, l'enjambe de façon à rejoindre l'autre côté. Tu as à peine la place de t'y asseoir. « Tu dors pas contre le mur. Pousse toi. » Parce que si elle doit vomir tu ne veux pas être dans le chemin. Une part de toi préférerait pourtant être du côté de la porte. Tu as un peu de mal à la croire. A croire qu'elle restera. Tu aurais volontiers fait barrage sans cet autre impératif. « Tu sais que t'as pas besoin de faire tout ça ? Ce show pour me faire comprendre que tu regardes pas. » Tu lui fais confiance. Et puis tu t'en fiches pas mal. Tu n'as jamais été très pudique. Une part de toi envisage aussi difficilement la chose. Que tu puisses éveiller du désir chez elle. Ce n'est pas dérangeant. Juste étrange. D'autant plus quand il semble y avoir eu un avant et un après. Tu te demandes ce que ça fait. Donner un autre sens à quelque chose qui a déjà été vu dans d'autres circonstances.

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Respirer calmement n'était pas vraiment une option dans cette position, mais elle avait fait de son mieux pour se concentrer là-dessus pour éviter de trop penser à ce qu'il se passait non loin, ainsi qu'à l'approche imminente d'un nouveau moment qui promettait d'être difficile à gérer. Après toutes ces fois où elle s'était endormie aux côtés de Nadya, la tâche n'aurait pas dû lui paraître si difficile, mais elle la redoutait pourtant. Sans doute aussi à cause de cette petite étincelle au fond d'elle qui n'attendait que de grandir et ne demandait pas mieux que de rester dans ce lit pour toujours. Déjà perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsque la main froide de son amie se posa sur sa jambe. Elle resserra la couverture autour de sa tête et resta encore un peu comme ça pour faire bonne mesure, d'autant plus satisfaite de ce choix quand elle sentit le matelas bouger alors qu'un corps s'incrustait dans son espace. Pourquoi avait-elle soudainement l'impression que ce lit était beaucoup plus petit que dans ses souvenirs ? Je vais pas survivre. Elle se déplaça machinalement vers le bord, sans doute plus à cause de cette habitude de se plier aux demandes de la blonde qu'en réaction à la proximité.

- Tu peux pas comprendre.

Elle l'avait dit tout en lui tournant le dos, toujours aussi bien planquée sous cette couette qu'elle ne se voyait décidément pas quitter. Peut-être que si elle évitait de la regarder, la suite s'avérerait plus facile. Cela valait le coup d'essayer.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

Elle se déplace mais tu ne bouges pas. Tu restes assisse au-dessus des couvertures, sourcils froncés. Tu n'aimes vraiment pas ça. Cette maladresse entre vous. La communication difficile. Sidonie qui te fuit encore même quand il ne peut pas y avoir plus de quinze centimètres qui vous séparent. « Tu peux pas comprendre. » La couverture parle de sa voix étouffée. Tu prends une brusque inspiration. Repousses de tout ton possible cette poussée d'agacement qui monte dans ta poitrine. Cela reste difficile. Tes poings se serrent et se desserrent. Ce n'est pas le moment. Tu essayes de te le rappeler. Il est tard. Vous êtes à vif. Mais elle est là et tu es là. Enfin. Tu crains trop l'après. Le rien. Tu as déjà trop gardé pour toi. Tu n'es pas vraiment calme lorsque tes doigts pincent la couverture pour la tirer. « Je peux pas comprendre quoi ? T'es pas devenue un putain d'animal, Sidonie. Tu penses à des trucs quand tu me vois et ? Tu veux que je te dise quoi ? Que ça me met mal à l'aise ? C'est pas le cas. » Tu arraches cette barrière physique entre vous à défaut de pouvoir le faire avec celles plus métaphoriques qui semblent pourrir votre relation. Ta main trouve son épaule pour la presser contre le matelas. Tu veux qu'elle arrête de te fuir. Penchée sur elle, tu cherches son regard. Tu la coinces de ton poids. « Arrête d'essayer de tout régler dans ta tête. Y a des problèmes qui n'en sont pas. Certaines choses n'ont pas changées. C'est toujours nous. Je suis là, Sidonie. Laisse moi être là. » Tu implores. La voix ferme malgré l'émotion. Les joues sèches même quand tu te sens prête à fondre en larmes à cause d'un désespoir qui te creuse la poitrine depuis des semaines. La colère aide. Tu en veux à cette situation de merde. A toi pour trop de raisons que tu ne comprends même pas. A elle parce qu'elle continue de te repousser.

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Sous sa couverture, elle se sentait un peu comme une gosse, persuadée qu'elle serait protégée tant qu'elle ne sortirait pas la tête. Non seulement la pensée était idiote, mais il fallait aussi croire qu'elle faisait ressortir son manque de maturité. L'alcool devait aussi avoir sa part de culpabilité dans l'histoire. Une preuve qu'il valait mieux la boucler parfois n'était pas nécessaire, mais le monde devait avoir décidé de lui faire apprendre sa leçon ce soir. Le regret vint avec une gêne particulièrement cuisante. Elle n'était pas particulièrement timide, sa binôme, clairement, ne l'avait jamais été non plus, et elles avaient déjà parlé de sexe à l'occasion, mais, à l'époque, cela ne concernait que l'une ou l'autre. Rien qui les impliquait toutes les deux. Elle sentit ses joues chauffer à la mention de pensées et de désirs qui avaient définitivement existés. Savoir que Nadya s'en fichait n'était pas exactement plaisant, elle venait frotter du sel dans la plaie en disant ça, mais cela venait avec une petite touche de soulagement qui ne durerait sans doute pas. La culpabilité était trop bien ancrée depuis quelques saisons. A l'instant, cette dernière était néanmoins absente, à sa place se trouvait un début de ressentiment. La blonde était trop proche, elle occupait tout son espace, et, dans un lit, il était plus difficile de trouver quoi que ce soit de platonique dans cette position. Elle serra les poings dans les draps pour ne pas aller les poser sur les hanches de son amie - ton amie, rappelle-toi, ta meilleure amie même, qui n'a aucune envie que tu l'embrasses -, mais rester immobile en devenait presque pénible. Nadya s'échauffait et, pendant ce temps, elle ne pouvait s'empêcher de fixer ses lèvres comme l'idiote qu'elle était. Les mots prononcés ne lui échappaient pas, malheureusement au vu de ce ressentiment qu'ils continuaient de nourrir. Même la culpabilité était revenue avec cette souffrance apparente qu'elle affichait, mais il y avait cette envie qui prenait de plus en plus de place et la blonde était tellement injuste parfois. Dans ce genre de moments, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle ne le faisait pas exprès avant de se remettre les idées en place. Elle n'était pas cruelle comme ça, elle était juste... Elle n'aurait pas su par quel mot la définir.

- Nadya.

Une sorte de grognement plaintif s'était échappé de ses lèvres sans son consentement. Elle ne contrôlait pas plus la main qui alla s'accrocher dans le pull de la blonde et la tira un peu en avant. Peut-être était-ce un mensonge. Peut-être qu'une partie d'elle savait parfaitement ce qu'elle faisait et était prête à prendre le risque. Nadya était là et c'était autant un problème qu'une bénédiction.

- Si je m'écoutais, je t'embrasserais. Encore et encore. Parce que t'a pas idée d'à quel point t'es sexy lorsque tu t'énerves parce qu'un truc compte pour toi.

Malgré tout, une autre part, plus vaste, n'était pas prête pour la douleur d'un rejet supplémentaire. Elle se serait aussi détesté d'avoir commis encore cette erreur d'embrasser Nadya quand elle ne voulait pas. Elle avait été clair à ce sujet, malgré tous les signes que son cœur pouvaient voir, la réalité restait qu'elle ne l'intéressait pas. Alors, elle desserra les doigts et reposa une main tremblante sur le lit, même si quelques secondes auparavant son ton était parfaitement sérieux et assuré.

- Les choses ont changées. Peut-être pas pour toi, mais, pour moi, trop de choses sont différentes. Je me déteste d'en avoir fait ton problème quand ça n'aurait dû être que le mien, c'est mon plus gros regret, mais je peux pas revenir en arrière, Nadya. Si je le pouvais, je le ferais, mais c'est pas possible.

Les derniers mots étaient sortis dans un sanglot étouffé et elle avait cherché à cacher les larmes avec son bras, aussi honteuse que paumée à cause de ce rollercoaster d'émotions qu'elle ressentait et avait affiché.

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let me let you go
Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

« Nadya. » Tu attends. Attends et cherches à comprendre. Espères comprendre plutôt. Mais tu restes perdue. Parce que la Sidonie qui te fait face tu ne la connais pas vraiment. La différence est peu notable. Juste un jeu de lumière suffisant pour te perturber. Comme ce jour là. Juste après qu'elle t'ait embrassé et que tu avais eu cette pensée : comment as-tu pu ne rien voir ? La question demeure. Tu l'observes se transformer en quelqu'un qu'elle a sans doute été avec une autre. Tes yeux cherchant, suivant chaque mouvement. Sa main s'accroche à ton pull, tire, et vous voilà plus proche. Trop proche ? Une question de plus pour la pile. Tu déglutis. « Si je m'écoutais, je t'embrasserais. Encore et encore. Parce que t'a pas idée d'à quel point t'es sexy lorsque tu t'énerves parce qu'un truc compte pour toi. » Et tu y penses. Tu y penses vraiment. Est-ce que ce serait si difficile d'embrasser Sidonie ? La première fois tu avais été surprise. Mais sans ça ? De ton propre chef ? Tu pourrais attraper sa nuque, combler la distance. L'embrasser pour de vrai. Lui donner ce qu'elle veut. Quand n'as-tu pas donné à Sidonie ce qu'elle voulait ? L'acte est naturel. Ce ne serait pas si différent n'est-ce pas ? Tu pourrais l'embrasser. Tu l'aimes. Pas comme ça mais tu l'aimes. Mais si tu l'embrasses est-ce que ça suffirait ? Tu l'aimes, tu l'embrasses, l'histoire se finit bien. La solution paraît si simple. Tu pourrais. Tes yeux glissent vers ses lèvres. Tu envisages. Tu as embrassé tant de garçons sans qu'ils ne comptent. Alors avec elle qui compte ça ne peut que bien se passer. N'est-ce pas ? Tu ne sais pas de quoi tu tentes de te convaincre. L'embrasser ou ne pas l'embrasser. L'idée tourne en boucle. L'insécurité te pousse. Tu veux l'embrasser et tout mettre de côté. Que ça sécurise ta place près d'elle. Mais l'instant passe. Tu ne l'embrasses pas. Parce que Sidonie te relâche. Parce que tu as trop peur. Peur que même comme ça elle ne reste pas. Peur de la perdre encore plus vite à cause de ça. De lui faire du mal. Tout ce que tu sais faire ces derniers temps apparemment. « Les choses ont changées. Peut-être pas pour toi, mais, pour moi, trop de choses sont différentes. Je me déteste d'en avoir fait ton problème quand ça n'aurait dû être que le mien, c'est mon plus gros regret, mais je peux pas revenir en arrière, Nadya. Si je le pouvais, je le ferais, mais c'est pas possible. » Et cette version de Sidonie qui revient. Celle de l'après. Celle qui te fait mal à chaque fois que tu la vois. Parce que cela a beau ne pas être de ta faute elle est quand même comme ça à cause de toi. Et tu ne peux rien faire. Rien réparer. Les pièces ont été éparpillées et tu penses que certaines se sont perdues. Que c'est ça qu'elle essaye de te faire comprendre encore et encore. Ca que tu refusais de voir. Tu t'es mis le bandeau sur les yeux toute seule. Comme une grande. Et enfin tu l'arraches. Parce que vous en êtes là. Que t'as été à deux doigts d'aller trop loin. De lui donner du faux juste pour pas la perdre. Elle mérite mieux. Beaucoup mieux. Tu te redresses. La distance entre vous si douloureuse. L'envie trop présente de la prendre dans tes bras pour qu'elle ne s'échappe pas. Mais tu seras jamais assez. « Arrête de dire ça. » Tu pleures. Après tout ce qui est déjà venu cette nuit tu ne pensais avoir encore tant de larmes. Mais elles viennent. Infinies. Tranchantes. « T'as rien fait de mal. » Tu la touches pas. T'en as envie mais tu gardes l'espace entre vous. Ta douleur et la sienne côte à côte.

Dernière édition par Nadya le Lun 3 Avr - 16:55, édité 1 fois

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

let me let you go

Elle avait mal aux yeux à force des coups reçus et de tant pleurer. La réflexion était bête, elle paraissait si anodine au milieu de ce drame qu'elle vivait, mais elle était toute de même venue parce que les larmes s'agglutinaient dans la manche de son pull et irritaient la peau à vif. Il valait mieux penser à ça quelque part qu'à la douleur qui n'existait pas physiquement, mais lui donnait pourtant l'impression d'être tout aussi présente. Elle se demanda, un peu distraitement, si il était possible de mourir parce qu'on avait le cœur brisé avant de mettre ça de côté. Après toutes les fois où il lui avait donné l'impression de se casser, elle ne respirerait sans doute déjà plus si cela avait été le cas. Il valait mieux vu toutes les fois où elle avait blessé le cœur de Nadya sans le vouloir. Le sien n'avait pas dû exploser de la même manière, mais, malgré sa maladresse lorsqu'il fallait le lui faire comprendre, elle acceptait et était consciente que le cœur de sa meilleure amie aussi avait été plus qu'amoché dans la manœuvre. Pour des raisons différentes, elles s'étaient perdues l'une l'autre. Même si les sentiments qu'elles éprouvaient n'étaient pas identiques, il n'empêchait que leur relation avait les deux pieds dans la tombe. Aussi tordu et douloureux que cela soit, penser restait mieux que ressentir. La chaleur de la blonde n'avait pas disparue, il en restait un fragment tout proche qui était plus insupportable encore. La possibilité de la toucher était toujours là. Elle n'aurait eu qu'à tendre la main pour pouvoir l'attirer contre elle. Physiquement et théoriquement, l'option restait ouverte, mais, émotionnellement, elle n'en pouvait plus. Le va et vient incessant l'avait épuisé, plus que l'absence qui au moins avait eu le mérite de juste faire mal. La spirale était infernale, mais, malgré tout, elle ne regrettait pas totalement d'être venue. La majeure partie de son être se rebellait contre cette idée stupide, mais un tout petit bout d'elle demeurait satisfaite de pouvoir encore se faire du mal au contact de Nadya parce que cela signifiait que cette dernière l'aimait encore en dépit de leur amitié qu'elle avait jugé bon de noyer sous son amour mal placé.

- Ce serait plus facile si tu me détestais.

Elle était à bout de souffle et les mots sortaient péniblement. Il était facile de le penser quand ce n'était pas vrai, elle ne savait vraiment pas comment elle aurait vécu un tel rejet. Seulement, dans ce cas-là, garder la distance n'aurait pas été si difficile. Elle aurait eu d'autres émotions sur lesquelles se concentrer. Une partie de cet amour qu'elle ressentait aurait été tué d'un coup sec plutôt qu'au cours de de tentatives qui se révélaient toutes inutiles et plus douloureuses les une que les autres. Peut-être que si Nadya la détestait, elle aurait réussi à s'échapper à force de courir dans l'autre sens. Ce qu'elle n'était vraiment pas sûre de vouloir. Là était tout le problème. Elle ne voulait rien à part ce qu'elle ne pouvait pas avoir.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

« Ce serait plus facile si tu me détestais. » Ton cœur pulse si fort dans ta poitrine. Te fais si mal. La détester. Comment le pourrais-tu ? Jamais. Jamais tu ne détesteras Sidonie. Elle est trop importante. Mais jamais est un grand mot. Il pèse aussi lourd que toujours. Vous vous êtes promis d'être toujours là l'une pour l'autre et la vie s'est parée d'un sens de l'humour blessant. Elle vous a prouvé qu'on ne la tentait pas de la sorte quand on était enfant sans en subir les conséquences. Cruelle leçon. Alors même si les mots sont au bord de tes lèvres, que tu veux lui assurer que la détester n'était pas une option, ce n'est pas ce qui sort. « C'est ce que tu veux ? » Ta voix est rauque. Épuisée. « Ce dont tu as besoin ? » Si vous ne partagez plus, tu prends. Et tu t'es promise de ne pas prendre avec Sidonie. Tu orientes les orteils vers un chemin que tu ne veux pas emprunter. Que tu détestes déjà. Mais c'est elle et tu crois que plus que de souffrir tu n'en peux plus de la voir si mal. Que t'as bien compris que c'est fini. La réalisation t'a foudroyée et maintenant tu te sens insensible par endroits. Plus tu luttes, plus tu la blesses. Tu l'as déjà trop fait. Stupide que tu as été. Égoïste et désespérée. « Je peux faire comme si. T'éviter pour que t'ais plus à le faire. Ne plus te parler. Ne plus demander de tes nouvelles à tes amis. Rester hors de ta vie. » T'es presque trop détachée. Les larmes coulent encore mais ta voix est morne. Elle a raison. Ce serait plus facile si tu la détestais. Mais ça non plus t'en es pas capable. Comme tu ne peux pas l'aimer de la façon qu'elle désire. Mais tu peux lui laisser l'espace dont elle a besoin. Tu peux enfin faire ce qu'elle t'a réclamé quand tu pensais encore que tout était possible.

Dernière édition par Nadya le Lun 3 Avr - 16:54, édité 1 fois

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

let me let you go

Un sanglot prenait trop de place dans sa gorge pour qu'elle puisse respirer correctement. Même sans ça, elle avait le poids de plusieurs saisons de souffrance culminant sur sa poitrine, comme si elle avait jugé bon de se poser là pour ce qui avait tout l'air d'être un grand final. La pensée l'avait traversée avec beaucoup trop de clarté pour son état actuel et toutes les émotions avec lesquelles elle bataillait. Il y avait quelque chose de différent chez Nadya désormais, elle avait passé trop de temps à la regarder pour ne pas saisir les messages envoyés par chaque micro-expression, chaque intonation. Avant de tomber amoureuse d'elle, elle l'avait observé comme la personne la plus précieuse à ses yeux après tout. Elle avait ses secrets, des parts d'ombre qu'elle ne comprendrait jamais, mais il lui semblait parfois qu'elle décelait mieux les émotions de son amie que les siennes. Cela n'arrangeait en rien la situation tant elle pouvait se laisser affecter par les vagues de ses réactions. Ne pas réagir tenait de la torture lorsqu'elle la voyait dans cet état, mais elle manquait d'énergie pour réagir. Elle n'avait plus la force de lutter, autant pour elle que pour la blonde, et c'était sans doute ce qui les avait conduit à ce moment exact. Nadya s'éloignait, émotionnellement parlant, et elle la regardait faire sans parvenir à l'arrêter. C'était ce qu'elle avait voulu après tout, de la distance pour parvenir à guérir. Elle ne l'avait pas voulu comme ça, n'avait pas voulu la payer à ce prix, mais elles en étaient là parce que toutes les autres options possibles avaient déjà été exploitées. Une part d'elle hurlait pour qu'elle refuse, qu'elle débarrasse au plus vite sa meilleure amie de cette idée saugrenue, mais elle avait vite été étouffée par le reste. Parce qu'il n'y avait tout simplement pas de scénario gagnant, juste cette situation moins pire que les autres avec laquelle elles devraient vivre.

- Ce sera pas pour toujours.

Elle ravala difficilement la boule logée dans sa gorge pour articuler ce qui avait tout d'un baume qu'elle tentait de passer sur une plaie purulente. Tout au fond, une petite touche d'espoir demeurait, mais elle ne pouvait pas lui laisser trop de place. Il ne paraissait néanmoins pas trop délirant d'imaginer que, dans un futur lointain, elle pourrait croiser Nadya et lui parler sans souffrir. La pensée n'était pas si réconfortante que ça. Après tout, elles ne seraient plus jamais les mêmes. Leur relation ne serait plus jamais celle qu'elles avaient connu. Mais lorsqu'elles ne seraient plus à vif et que tout aurait été laissé derrière, elles trouveraient peut-être quelque chose qui serait mieux que rien. Ses larmes redoublèrent. Elle pleurait pour ce qu'elle avait perdu, perdait encore et n'aurait jamais. Si elle peinait dans ce présent, ce futur sans Nadya ou avec elle à peine présente, presque étrangère, ne lui faisait pas plus envie. Elle en avait déjà assez de devoir faire avec du mieux que rien, mais, pourtant, c'était ce qu'elle offrait à la blonde faute de mieux.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

« Ce sera pas pour toujours. » T'as attendu que les mots tombent avec la tête sur le billot. Consciente désormais de ce qui t'attendait. Incapable de ralentir la chute brutale de la lame. Tu ne bronches pas quand elle t'achève. Les larmes roulent sans que tu n'y prêtes attention. Sur le site du massacre, t'en es pas encore à te demander comment vous en êtes arrivées là mais ça viendra. Les questions vont vite devenir obsédantes. Une culpabilité vicieuse va venir te serrer la gorge. Tu vis pas le pire. L'après. C'est ça qui décide et détruit. Mais t'en es pas là. Tu luttes contre le besoin primaire de t'accrocher à elle. De prendre, prendre, prendre. Et cette part de toi gagne. Un peu. Tes doigts se nouent dans son pull. « J'peux rester là cette nuit ? » Le murmure t'est arraché difficilement. T'as peur de parler. T'as aussi la voix rauque de quelqu'un qui a trop crié. Peut-être parce qu'intérieurement tu l'as fait. T'as du mal à croire à ce qu'elle t'a dit. Que ce sera pas pour toujours. Le glas sonne en fond et tu ne peux pas l'ignorer. Sidonie n'est pas douée pour mentir. Ou peut-être que si puisqu'elle a réussi à se cacher de toi. Mais c'est différent. Elle n'est pas convaincante cette fois. Vous vous mentez mal l'une à l'autre et à vous-mêmes. Depuis trop longtemps.

Dernière édition par Nadya le Lun 3 Avr - 16:54, édité 1 fois

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

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Voir Nadya si défaite, si résolue à accepter enfin cette vérité qui était là depuis des dizaines de jours, fit monter une émotion sale qui s'accompagna d'une petite voix hypocrite. J'aurais voulu que tu te battes plus pour moi. Comment pouvait-elle penser ça quand elle n'avait cessé de demander de la distance ? Sa binôme se contentait de se plier à une demande qui avait été maintes et maintes fois faites et une minuscule part d'elle essayait de le lui reprocher. Elle se détestait pour ça. Face à ce qu'il passait, un peu de bienveillance aurait pourtant été de rigueur. Ses sentiments n'étaient pas si simples à comprendre et, peut-être que plus que d'être au cœur d'une lutte, elle aurait voulu être aimé. Aimé de la même façon qu'elle le faisait, si mal, mais si intensément. Elle continuait de le faire, la poitrine gonflée par tellement d'affection qui essayait de l'empêcher de respirer.

- Je serais là à ton réveil, je te l'ai promis.

Le dernier moment qu'elles passeraient ensemble avait désormais une limite. Le penser fit perler quelques larmes au bord de ses yeux alors qu'elle ouvrait grand les bras. Maintenant que tout avait été décidé, quel était le mal à se faire du mal, justement ?

- Viens là.

Elle ne s'imaginait pas rester ici sans serrer sa meilleure amie dans ses bras, sans entendre sa respiration doucement se calmer alors qu'elle sombrait dans le sommeil. Elle voulait vivre la nuit jusqu'au bout et tout graver dans son esprit, aussi masochiste que cela puisse paraître.

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Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

« Je serais là à ton réveil, je te l'ai promis. » Maigre consolation. Si c'est comme ça tu fais le vœu de ne jamais te réveiller. Aussi douloureux que cela soit maintenant tu préfères rester dans l'entre-deux. T'y faire ton trou et abandonner le futur. Quelle gamine tu fais toute drapée dans une naïveté qui essaye de te sauver du rythme frénétique de ton cœur. « Viens là. » Tu te laisses couler dans ses bras sans une hésitation quand ils te sont présentés. Tu as toute la délicatesse d'une ancre balancée par-dessus bord. La même volonté de l'accrocher. Elle qui te garde trop souvent au-dessus des flots mais que tu devras bien lâcher. Elle vogue et tu restes au fond. L'image se veut efficace. Parce que tu sais aussi que sans toi son périple sera plus pénible. Réflexion amère et égoïste. Pendant un temps au moins elle sera vrai. Tes bras se lacent autour de sa taille et tu viens nicher le visage dans le creux de son cou. La position trop familière pour que tu arrives à imaginer que c'est la dernière fois. Tu te forces à respirer tandis que l'angoisse te serre la gorge. « Tu dois me promettre quelque chose. » Un murmure. « Prends soin de toi, ok ? Pas comme ces derniers temps. Je veux que tu fasses de ton mieux pour avoir de bonnes journées. » Tu peux pas la laisser partir si c'est pour qu'elle soit misérable et s'isole à nouveau. Tu veux qu'elle vive.

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Sidonie & Nadya
A41 ST2 (nuit 96)

let me let you go

Souvent, elle s'était demandé comment elle avait pu passer autant d'années à aimer Nadya sans une once de cette romance qui était venu ruiner leur vie. Elle n'avait aucun doute à ce sujet, si elle n'aurait su dire à quel moment exactement ses sentiments avaient changés, il n'y avait eu que de l'innocence dans ses pensées par le passé et un désintérêt total pour certains aspects de Nadya qu'elle avait remarqué chez Vega et d'autres filles avant elle. Elle avait profondément aimé son ex et sa meilleure amie n'était pas non plus venue combler un vide dans son cœur quand son affection pour la Jaguar avait changé. Un jour, elle était tombée tête la première et elle s'était plantée dans cette passion qui lui tordait le ventre et lui avait déchiré le cœur. Les sentiments étaient venus comme une évidence. Aimer Nadya, qu'importe la façon, était naturel. Faire la transition avait été douloureusement facile et cela ne l'aidait pas à imaginer un quelconque retour en arrière. Une part d'elle ne cesserait jamais de l'aimer et ce de toutes les façons qu'il soit. Elle était tout aussi persuadée qu'elle ne trouverait jamais quelqu'un d'autre avec qui elle pourrait agir de la sorte. Pour Vega, elle n'avait jamais été aussi pliable, elle n'avait pas su être un refuge, les bras toujours grand ouverts et si vides sans personne pour s'y lover en son absence. Par réflexe, elle se resserra autour autour de Nadya comme si son seul désir était de l'englober toute entière. Elle aurait voulu pouvoir la garder à l'intérieur d'elle-même. Tous les membres enroulés autour de sa binôme et le visage perdue dans ses mèches blondes, elle ferma les yeux et se laissa exister dans sa chaleur.

- Je vais essayer.

Elle marmonna, incapable d'énoncer une vraie promesse. Elle pouvait faire des efforts pour aller mieux, mais faire plus et afficher trop d'assurance lui aurait demandé de sauter par-dessus un ravin infranchissable. Un jour à la fois. Elle allait faire ce qu'il faut pour prendre chaque matin comme une chance de faire les choses bien. Si la blonde lui avait demandé d'être heureuse, la chose aurait été plus difficile encore. Pour son plus grand soulagement, elle n'allait pas si loin.

- C'est pas ta faute. Je tiendrais toujours à toi. On a juste pas eu de chance. Ne l'oublie pas.

Les doigts emmêlés dans ses cheveux, elle lui embrassa le sommet de la tête et le répéta pour être sûre. Elle ne voulait pas que son amie vive avec cette culpabilité quand elles étaient toutes les deux les victimes d'une mauvaise blague de la vie. Si elle devait faire l'effort de vivre, Nadya devait faire celui de ne pas se laisser ronger par une sentiment mal placé.

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let me let you go
Année 41 - saison tempérée 2 (nuit 96)

Son contact est le seul bienvenu. La seule étreinte qui ne finit pas par devenir étouffante. Raison pour laquelle tu fuis toujours trop vite tes conquêtes. Tu te défiles face à leur affection, glisses hors de leurs bras à la façon d'un poisson désireux de retrouver l'eau. Tu ne comprends pas toi-même ce qui la rend si différente. Ce qui te fait rechercher en elle tout ce que tu dénigres chez les autres. Cela n'a plus d'importance désormais. Tes paupières tombent dans un soupir, ton visage réchauffé par la chaleur de sa peau qui perce au travers de son pull. La matière est rêche. Familière. Plaisante à sa façon malgré le fait que le vêtement a été trop porté. Tes mots à peine audibles, marmonnés tout contre elle, lui parviennent malgré tout. Sans doute parce que vous êtes si proches. Que tu parles tout contre son corps. Tu envisages l'idée qu'elle les ressent plus qu'elle ne les entends. Tu aimes l'idée. « Je vais essayer. » C'est suffisant. Tu en veux plus pour elle pourtant. Mais tu n'es pas si cruelle. Tu ne peux lui réclamer plus. Aussi égoïste que tu veuilles être. Pour que ça en vaille la peine de la perdre. « C'est pas ta faute. Je tiendrais toujours à toi. On a juste pas eu de chance. Ne l'oublie pas. » Les larmes coulent à nouveau. Tu ne veux pas de ce rappel. Tu renifles, frottes le visage contre elle. Tu n'en es pas si sûre. Ne seras sans doute jamais persuadée. Mais le manque de chance n'est pas difficile à croire. Tu as dû épuiser la tienne dans toutes ces rencontres que tu as faite. En l'ayant dans ta vie. Le sort ne pouvait pas se montrer sympathique éternellement. Elle le répète et tes doigts se resserrent dans son dos, s'accrochent comme des serres dans le vêtement. Tu n'oublieras pas. Juste sans doute pas ce qu'elle désire.

» I don't wanna go, think I'll make it worse (Sidonya)
» you put the knife in my hand (sidonya)
» wishing on dandelions (sidonya)
» you won't even notice me depart (sidonya)
» friends can break your heart too (sidonya)

let me let you go — sidonya

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