maybe i could hold you in the dark
you won't even notice me depart
the bodyguard au

La rigidité dans ta colonne vertébrale est naturelle. Implantée par des années de drills. Tu observes cette posture comme tu le ferais si on te demandait de t'asseoir. C'est ce que les clients veulent voir. L'attitude toute militaire qui leur vend l'impression d'acheter le bon produit. Qu'importe que tu n'ais jamais mis les pieds à l'armée. Que cela n'efface jamais totalement le doute devant ton jeune âge. Tu n'es plus si jeune en réalité. Vingt et un ans, majeure, vaccinée, tous tes permis en ordre et le droit de consommer de l'alcool. Pour le boulot ça ne reste rien. Ceux qui ne savent pas quoi regarder doutent. Ne voient en toi qu'une débutante. Qui voudrait envisager la vérité ? Ce que tu as subi pour en arriver là. Le rôle de celui qui se tient à tes côtés en ce moment même dans cette carrière atypique qui t'a accueillie des années plus tôt. Ton menton se redresse encore un peu plus lorsqu'une porte s'ouvre. Tu observes du coin de l'œil cette femme qui entre. Ne détends tes bras pliés derrière ton dos que pour serrer sa main lorsqu'elle vous salue. Tu sais qui elle est. Tu as lu le dossier, vu les photos. Il se dégage d'elle une froideur différente en personne. Elle paraît pressée mais polie. Elle aussi cache bien son jeu. Dans une foule on ne la choisirait pas si on demandait à qui que ce soit de trouver le scientifique responsable d'une découverte qui pourrait changer la face du monde. Tu reviens à ta position alors qu'elle s'installe à son bureau. Refuses la chaise proposée contrairement à ton paternel qui s'y pose pour parler business. Une jambe chevauchant l'autre, l'air charmant. Le masque bien en place pour cacher la bête qu'il est réellement. Tu n'écoutes la discussion que d'une oreille. Continues ton observation du bureau, te concentres sur l'extérieur. Il faut que cela te concerne pour que tu paraisses plus intéressée. « Vous êtes sûr que c'est une bonne idée ? » « Sa présence sera plus discrète. Elle a le même âge que votre fille, pourra l'accompagner à des endroits où je paraitrais suspect. » Elle doute bien sûr. Tu ne te vexes pas. Acceptes la réalité de la situation. Cela ne t'empêchera pas de faire le job demandé. Elle soupire. Laces ses mains sur le bureau. « Sidonie risque d'être difficile. Elle accepte mal d'avoir à se plier à tout ça. » Tu la vois un instant. L'affection qu'elle a pour sa fille. « Mais je ne peux pas arrêter maintenant. Je suis trop proche du but. » Tu en découvres aussi les limites. « Je saurais me faire oublier. » Tu t'introduis enfin dans la conversation. Tu es sûre de toi. Comme toujours. C'est une mission et tu as pour habitude de réussir celles-ci. « Ou apprécier. Ce qui fonctionnera le mieux. » Tu lui adresses un sourire. Purement commercial malgré l'impression qu'il renvoi. Tu n'as pas pour habitude de sourire sincèrement. C'est rarement nécessaire. La femme te fixe longtemps, esquisses un nouveau soupir. D'une main elle te désigne la porte d'où elle est venue. « Voyons ça. Sidonie est à côté. Pourquoi ne pas aller faire les présentations ? » Ton regard se fixe sur elle, glisses sur ton père qui hoche la tête. Tu obtempères donc. La porte mène sur un petit couloir qui desserre un escalier métallique à l'opposé de ce que tu as vu dans le reste de la maison. Il te fait descendre dans une sorte d'atelier sans fenêtre. La lumière est blanche comme dans celle d'une morgue. « Mademoiselle Hasting ? » Tu appelles pour éviter de la surprendre.

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Un peu de bruit dans un coin attire ton attention. Personne n'est visible mais il y a bien quelqu'un. Cela se confirme lorsqu'un bang résonne. « Aie. Aie, aie, aie. » Vite suivi de quelques plaintes. Il n'est pas difficile de comprendre ce qu'il s'est passé. Ta part de culpabilité supposée dans ce petit accident ne t'affecte pas. Tu te contentes de faire deux pas en avant de façon à pouvoir jeter un œil par-dessus une paillasse de travail. Juste pour t'assurer que ton nouveau job ne s'achève pas trop vite. Ou ne commence pas sur une note teintée de négatif. De toute évidence il y a plus de peur que de mal. Elle se redresse sans difficulté. Presque. Tu soulèves un sourcil face à son changement d'attitude soudain. Un peu confuse lorsqu'elle te scrute de la sorte. « Hum. Bon... Bonjour ? » Et voilà tes sourcils qui se froncent d'un cran. Il t'est difficile de rester de marbre devant tant de maladresse même si les signes extérieurs sont peu nombreux. Oook. Tu te râcles la gorge après l'avoir observé de la tête aux pieds dans un geste professionnel. Quelque chose te dit que Sidonie Hasting va te donner du fil à retordre. Peut-être pas par choix. C'est juste que tu n'as pas l'habitude de fréquenter ce genre de personnes. Tu vas y arriver, tu n'en doutes pas. Cela te demandera peut-être juste plus de patience que tu n'aimes en dépenser. Aussi peu nécessaire que cela soit tu te redresses. Epaules bien tirées vers l'arrière et nuque droite. A cette distance tu n'as pas à relever les yeux mais tu devines qu'il te faudra faire un effort supplémentaire pour la regarder lorsque vous serez plus proches. Elle est étonnement grande. Maladroite dans son corps aussi de ce que tu as vu. « Je m'appelle Nadya. Je fais partie de l'équipe de sécurité engagée par votre mère. Je serais votre garde du corps pour les semaines à venir. Enchantée de faire votre connaissance, mademoiselle Hasting. » Aucune émotion ne filtre dans ta voix. Ce n'est qu'une formalité. Si cela est nécessaire tu feras en sorte de te rendre plus accessible mais dans l'immédiat tu préfères ce professionnalisme.