Hazel & ?

année 41 ; deuxième saison tempérée ; matinée 93

safe zone

Ca commençait vraiment à tirer en longueur et je devenais folle à rester enfermée à la maison. J'avais attendu le bon moment pour sortir de ma chambre, quand j'avais reconnu la délicatesse légendaire de Shae, seulement je n'avais pas prévu qu'il serait dans les pattes. Noah. J'avais esquissé une grimace, comprenant parfaitement le manège derrière tout ça. « La traîtresse... Elle t'a demandé de jouer les guets ? C'est bas. Même de sa part. » Elle grossissait encore une fois les événements. Je bougeais trop, selon ses propos. Je n'étais pas stupide, sortir quand je n'avais pas d'amis, ça pouvait sembler être de l'acharnement sans bonne raison puisque personne ne m'attendrait dehors mais j'avais le droit de vouloir regarder autre chose que ces foutus murs. Elle avait même utilisé le nom de Charlotte la veille quand j'étais rentrée mais ma peur n'avait duré qu'un instant. Personne n'irait déranger l'infirmière pour des broutilles de ce genre, surtout pas pour le moment.

J'avais juré en cherchant à me dépatouiller pour enfiler des vêtements chauds sous son regard réprobateur. Il n'avait pas besoin de parler pour que je sache d'avance ce qu'il allait me dire. Shae s'inquiétait pour moi. Elle ne voulait que mon bien. A ses yeux aussi, j'étais un bordel monstre. Une bombe à retardement. Rien de plus. Rien de moins. Comme si j'avais besoin que quelqu'un me le dise. Je n'étais pas foutue d'avoir des amis, je rejetais continuellement tous ceux qui s'approchaient. Kyra traînait probablement avec moi parce que j'étais toujours prête à m'entraîner. Maze, c'était encore autre chose. Ezio, il m'avait pris en pitié. « Tu pourras lui dire que j'en ai fait qu'à ma tête, comme d'habitude. Et si elle veut me taper la honte, je serai à la salle d'entraînement. » J'avais enfilé mon écharpe avant d'ajouter. « Et non, je ne m'entraînerai pas. Je prends l'air. Si ça vous dérange, vous n'avez qu'à mettre un verrou à ma chambre. » J'étais sortie en claquant la porte, me moquant complètement du soupir que j'avais entendu au passage.

Il m'avait fallu du temps pour rejoindre la salle d'entraînement. Là-bas, je m'étais posée sans la moindre délicatesse sur un banc, me laissant tomber en arrière. J'étais en safe zone à cet endroit. Je n'étais rien de plus qu'un vieux meuble qu'on n'avait plus vu pendant plusieurs jours à cause de cette foutue tempête. On ne me remarquait plus à force. Mes béquilles étaient mes seules compagnes du moment et c'était sans doute mieux comme ça. Ce n'était rien de ne pas avoir d'amis, n'est-ce pas ? Je serrais le poing parce que je sentais bien que des émotions voulaient remonter à la surface mais je n'étais plus un bébé. Tout ça, ça me passait par-dessus la jambe.