In the darkside of the moon ;

Qu'il était facile de gravir le mur d'enceinte du palais. A chaque fois qu'elle le faisait, Yulia ne pouvait s'empêcher d'y penser avec un sourire amusé. Malgré l'amusement supplémentaire qu'elle aurait pu trouver en voyant la tête de Violette en insistant sur le sujet, elle s'en gardait bien. La jeune mage ne souhaitait pas que ses petites incursions soient rendues plus difficiles. De plus, elle avait plus d'un tour dans son sac pour l'aider. Tous les intrus n'étaient pas en mesure de créer des prises plus aisées pour leurs mains et leurs pieds dans la muraille et d'effacer leurs traces derrière eux. Ils ne pouvaient pas non plus quémander l'assistance un vent qui amortirait quatre cent mètres de chute libre.

Quand ses pieds touchèrent le sol, Yulia ressentit à peine l'impact. Elle reprit son avancée sans réfléchir à ce saut qui aurait pu lui coûter la vie. Elle préférait penser aux autres obstacles sur sa route. Un souffle de magie quitta ses lèvres et alla tuer la flamme d'un lampadaire mal placé. Le garde dont elle voyait à peine les contours au loin n'y prêta pas attention. A cette heure, être sentinelle n'était pas passionnant. La mage éprouvait de la pitié pour lui. Heureusement, elle n'allait pas lui créer d'ennuis. Yulia était de ces intrus charmants à l'intérêt peut dérangeant. Elle ne faisait que visiter une connaissance et serait passée par la porte si on lui en avait laissé l'occasion.

Devant la caserne, la jeune femme s'arrêta. Elle revérifia chaque étape de son plan. Une prudence dont elle faisait preuve uniquement pour le bien de la garde. Elle était toujours si sérieuse et perfectionniste. Y penser réchauffa un peu la mage. Puis, elle s'élança. Une impulsion depuis le sol, une autre sur le rebord de la fenêtre donnant sur l'armurerie, ensuite le vent lui fournit la dernière impulsion pour atteindre sa destination. Un soupçon de magie souleva le loquet et poussa la fenêtre ouverte.

— Ce n'est que moi, inutile d'essayer de m'égorger. murmura-t-elle en riant, perchée sur le rebord.

La chose s'était déjà produite. Yulia avait eu beaucoup de chance que sa magie défensive soit aussi instinctive. Elle avait juste eu le temps de former un bouclier là où la lame avait été sur le point de lui découper la gorge.

in the darkside of the moon
(the fantasy au)

Tu grimaces. Tentes de trouver une autre position. Ton lit est particulièrement inconfortable ce soir. Le fait que chaque mouvement tire sur ta blessure n'aide pas. Et tu n'aimes pas dormir sur le dos, ni en faisant face au mur. Rien ne va. Un soupir s'échappe. Rien ne va depuis bien plus tôt dans la soirée. Tu as mal vécu le temps passé entre les mains d'une soigneuse à la fois brusque et bienveillante. Mal vécu de récolter les critiques de ton supérieur pendant que l'un de tes compagnons serrait un bout de tissu trop fort autour de ton biceps. Mal vécu de voir le corps d'un assassin être évacué en sachant que sa lame avait fait couler ton sang. Il valait toujours mieux ça que celui du roi mais tu n'avales pas facilement l'échec. La honte est cuisante. Tu ne peux pas mettre ton erreur sur le compte de la fatigue, d'un manque d'expérience ou d'un adversaire trop expérimenté. Non. Tu as juste mal jaugé les frappes et l'une d'elle a terminé dans ton bras. Bon d'accord peut-être que sans ton armure d'apparat tu aurais été plus agile. Cela ne reste pas une excuse. Tu as appris à te battre dans ces conditions aussi. Tu adresses une injure bien placée au plafond. Puis un bruit attire ton attention sur ta gauche. Une sorte de grattement contre le mur. Ta main se referme automatiquement autour de l'épée courte penchée contre ton lit. Un clic et tu sors les jambes du lit. La pierre est froide sous tes pieds nus. La fenêtre bouge sans aide et te voilà debout. « Ce n'est que moi, inutile d'essayer de m'égorger. » Tu exhales. Il ne manquait plus que ça. Au moins ce n'est pas une menace. Drôle de pensée. Elle reste une mage. Tu te forces à te le rappeler. Ta lame retrouve son fourreau. Ta chambre n'étant pas très grande il ne te faut que deux enjambées pour rejoindre la fenêtre. Tu l'écartes un peu plus. Yulia est perchée là comme si sa présence était toute naturelle. Seule amusée bien que tu ne puisses contenir l'ébauche d'un sourire en la voyant toute recroquevillée. « Rentre avant de faire une mauvaise chute. » Ou de te faire repérer. Vous êtes toujours en état d'alerte après tout. Mais ta chambre est située trop haut pour que sa présence attire l'œil et il fait nuit. Même si une sentinelle venait à la voir avant qu'elle ne puisse entrer, il penserait sans doute avoir la berlue. Tu recules, lui tends une main pour l'aider à descendre. Une habitude. Tu as réalisé ce geste trop souvent pour accompagner les mouvements des dames de la cour. « Si tu n'avais pas cette terrible habitude de t'introduire sans être invitée dans la chambre des gens aussi... » Tu grondes, faussement agacée. Tu le peux maintenant. A l'époque ton sens de l'humour avait été plus difficile à trouver.

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Love you like oxygen

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La luminosité était faible dans la chambre. Malgré cela, Yulia remarqua les traits tirés de l'humaine. La fatigue laissait souvent sa trace sur elle. Cette insupportable créature avait toutes les peines du monde à se souvenir de sa nature fragile et de l'importance de prendre soin d'elle. La mage ne laissa pas cette pensée atteindre sa bonne humeur. Certaines conversations se voulaient inutiles. Elle avait beau l'ennuyer, Yulia ne la changerait pas. Elle résistait aussi mal à ce sourire à peine présent que Violette esquissait parfois. L'équivalent aux yeux de la mage du soleil perçant de derrière les nuages.

La tentation de répondre à la mise en garde par de la provocation était tentante. Yulia envisagea de se laisser tomber en arrière. La manœuvre n'aurait pas représenté un danger. Ils se faisaient la blague tout le temps au sein de sa famille. Parfois en réponse à un défi, ils jouaient à qui amortirait sa chute le plus tard possible. L'équivalent de qui urinerait le plus loin pour les mages, elle supposait. Violette ne comprendrait pas l'humour, elle en était certaine. Docile, elle passa une jambe puis l'autre, sa main s'accrochant à celle de la brunette avec un sourire appréciateur. Les deux pieds sur le sol, elle serra une fois sa main avant de la lâcher. Derrière l'armure et la rigidité se cachait une personne charmante.

— Qui te dit que j'en ai fait une habitude ? Penses-tu donc que j'ôte facilement ma cape ? feignit-elle, une main sur le cœur.

Avant de faire basculer son capuchon et d'ôter sa cape dans un mouvement exagéré.

Certes, Violette n'avait pas été la première personne pour qui elle avait bravé un couvre-feu ou une interdiction. Elle n'en faisait néanmoins pas une habitude. Elle empruntait les portes et toquait comme toute personne civilisée.

Si la brunette était quelque chose c'était bien une exception à la règle.

in the darkside of the moon
(the fantasy au)

Tu t'attends à devoir te répéter. Insister. Yulia est souvent peu encline à faire ce qu'on lui demande. Ce que tu lui demandes en tout cas. Tu n'es pas certaine de ce qu'il en est avec les autres. Tu as trop l'habitude d'exister avec elle sans témoin. Cette fois-ci elle plie pourtant. Tu t'en étonnes sans le faire remarquer. Tu ne feras pas cette erreur. Sa main est froide dans la tienne. Tu frissonnes lorsque ses doigts se resserrent pour un court instant. Sans doute aussi parce que la fenêtre est ouverte et qu'elle apporte le froid. Et lorsqu'elle te lâche tu ne sais que faire de ce bras levé. Tu finis par le poser contre ton ventre en reculant d'un pas. Un peu gênée sans trop savoir pourquoi. « Qui te dit que j'en ai fait une habitude ? Penses-tu donc que j'ôte facilement ma cape ? » Il est facile d'oublier les détails lorsqu'elle se donne en spectacle de la sorte. Un rire discret t'échappe. « C'est votre façon de le dire ? Avoir la cape légère ? » Pure curiosité pour sa culture. Une culture à laquelle tu ne devrais vraiment pas t'intéresser mais passons. Tu n'es pas non plus concernée par le sujet. La vie de Yulia ne te regarde pas. Encore moins sa vie privée. Qu'importe cette petite étincelle de chaleur logée dans ta poitrine à l'idée qu'elle ne s'amuse pas à visiter d'autres personnes comme elle le fait avec toi. Tu n'as pas l'habitude d'être spéciale. Elle ne l'a pas dit si clairement. Elle peut se jouer de toi et tu n'en sauras jamais rien. Elle aime ça, jouer, après tout. Mais ton cœur aime saisir des occasions de battre un peu plus vite lorsqu'il s'agit d'elle. Même si il le fait à tort.

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Yulia se sentait emportée par cette énergie paisible qui exsudait de la brune. Elle l'avait toujours trouvé solide avec son petit air strict en dépit de sa fragilité humaine. Malgré tout, ce qu'elle préférait était de voir Violette heureuse. Son rire mélodieux la désarmait et elle se sentit sourire. Une réaction toute naturelle qui restait différente dès que cette soldate entrait en jeu.

— Je ne peux dévoiler les secrets de mon peuple. souffla-t-elle, amusée, avec un index contre les lèvres. Mais ne crois pas que je ne vois pas ce que tu essayes de faire.

L'attitude de Yulia avait soudain changé. Sérieuse, elle s'était redressée de toute sa hauteur. Les mains sur les hanches, elle scruta la brune un moment.

— Tu as été blessée. Montre-moi.

Aucune hésitation n'avait eu la chance d'exister dans sa voix. Yulia savait. Pour une fois, cette visite n'avait rien d'une escapade pour son bon plaisir. Elle avait fait le chemin jusqu'à la capitale suite à l'impulsion de l'inquiétude. La mage n'avait fait que l'oublier un peu en route. Puis elle s'était laissé déviée par la simple vision de l'humaine. Malgré tout un sentiment désagréable était resté dans son ventre depuis qu'elle avait appris la nouvelle. Il se rappelait à elle à corps et à cri désormais.