Romane & Klaus

année 41, saison intermédiaire, après-midi 76

 it's a joke, isn't it ?

Cette journée entière était une blague. C'était même pire que ça ; c'était du gâchis. Nous n'avions que ça à faire, surtout sur le territoire est ? Je mourrais d'envie de dire ce que je pensais de tout ça à Samuel mais j'avais le sentiment que j'allais me ratatiner dès que ce sujet serait mis sur le tapis, comme lors de notre discussion autour du feu. Ouais, pas franchement glorieux. En tout cas, pas autant que je ne l'avais imaginé dans ma tête. Je pourrais toujours essayer d'en glisser deux mots à Jayden mais j'avais comme le sentiment qu'il s'en moquerait un peu. Qu'il joue les rigolos, c'était drôle un temps mais soit il continuait et il me désespérait, soit il se montrait plus sérieux et je prenais le même risque qu'avec notre chef. Il fallait décidément que je trouve quelqu'un avec qui parler de tout ça. Quelqu'un qui n'hésiterait pas à partager mon opinion, tant pis si ça voulait dire cracher sur des gradés mais j'avais peur de ne pas trouver le bon public au sein des Soumis qui faisaient sagement ce qu'on leur avait demandé : autrement dit, faire à manger pour ceux qui s'éclataient, en manquant de respect aux dépouilles et aux ruines est. Je ne voulais pas forcément la jouer sentimentaliste mais j'étais plus attachée que ça à la symbolique. Et là, la symbolique était mauvaise. Je pensais que nous pouvions au moins respecter ceux qu'ils avaient massacrés. N'était-ce pas d'autant plus important et d'autant plus compréhensible pour des personnes qui se préparent à se battre tous les jours ? Est-ce que même ça, c'était oublié chez les Dragons ? Plus j'y pensais, plus j'étais contente de ne pas faire partie de leur monde. J'avais beau avoir plus de difficultés que ceux qui brillaient, j'en gardais au moins une dignité intacte. Je n'avais pas peur de me regarder dans une glace, quoi qu'ils en disent.

Dégoûtée par le spectacle, j'avais pensé un instant m'échapper de tout ça puisque j'avais déjà bien travaillé pour le petit repas de conquérants mais j'étais tombée sur Klaus, qui n'avait pas l'air plus enchanté par la perspective. Il faisait presque autant tâche que moi dans ce décor. Je me risquais donc à accueillir cette opportunité. Avec tout ça, nous n'avions pas pu discuter honnêtement de l'attaque. J'avais préféré éviter le sujet avec qui que ce soit dans un premier temps. Je lui faisais confiance, mais j'avais besoin de digérer et de penser à autre chose. Je n'avais jamais été plus en désaccord avec mon clan que depuis cette horreur sans nom. Il fallait le faire d'être soigneur chez les Dragons. Je me savais cependant chanceuse d'avoir écouté mon cœur jusque-là et de n'être que soigneuse. Je n'avais pas la lourde tâche d'ôter la vie des gens lors de génocides. Je soignais tous ceux qui venaient à l'hôpital. Je rétablissais évidemment ceux qui allaient prendre les armes à nouveau, à l'infirmerie, mais c'était autre chose. « Je suis la seule à trouver que cette histoire d'après-midi sur les ruines est de mauvais goût ? » Je n'avais pas parlé trop fort et l'agitation était telle que j'étais quasiment sûre qu'il serait le seul à entendre ma remarque. A ses côtés, je me sentais quasiment en sécurité. Je ne pouvais pas exactement déconner et me montrer irrespectueuse face aux gradés ouvertement mais je pouvais lui dire ce que j'avais sur le cœur sans craindre de représailles. On se connaissait depuis un bout de temps et si le personnage ne lui plaisait pas, je le saurais depuis belle lurette.

Klaus & Romane
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Ce n'était pas la honte qui l'accablait. Lorsque l'on commettait un acte, il fallait savoir l'assumer, ne pas se laisser dévorer par la culpabilité ; il était un fervent partisan de cette pensée. Cela ne l'empêchait pas de trouver ce retour sur le territoire Est difficile. Les traces de la bataille étaient encore présentes partout. Dans ces bâtiments noircis par la fumée. Dans les cendres. Dans ces corps décomposés que l'on découvrait parfois. La mort était là, planant au-dessus des ruines. Ils n'auraient pas dû être là. Ce mouvement de la part des gradés était ridicule. Une énième provocation qui n'allait pas améliorer la situation politique du clan déjà précaire. Même indépendamment de ça, il ne se sentait pas à l'aise dans tout ce cirque. Ils manquaient de respect à ces combats menés ici. Aux Dragons, morts pour accomplir leur mission. Et puis, quel était même le sens de tout ça ? Ils n'allaient récolter que des ennuis et des blessures supplémentaires. Il suffisait de Membres un peu trop excités pour déclencher des accidents. Au moins, on avait pensé à ce détail tout au-dessus au vu de la présence au grand complet de l'équipe Infirmiers et de soigneurs. A son groupe, Klaus n'avait donné aucune instruction spéciale. Qu'ils participent si ça leur chantait, lui ne comptait pas se ridiculiser dans tout ce bordel. Un peu à l'écart de la place où ils avaient installés leur camp temporaire, il s'était appuyé contre un mur, les bras croisés sur son torse, et son habituelle clope au coin des lèvres.

- Tu es trop tendre. C'est tout simplement ridicule.

Il détourna légèrement les yeux pour fixer la rousse à ses côtés, un sourire à peine présent étirant ses lippes. Il savait où se trouvait les limites, mais avec elle, au moins, il n'avait pas à retenir tout le piquant de son point de vue. Ils partageaient le même état d'esprit sur beaucoup de points.

- Pour autant que de les faire courir dans le froid, il aurait mieux valu relancer les entraînements spécialisés. Même les Aspirants auraient eu besoin de se retrouver. Les risques auraient au moins payés.

Baissant la tête pour cacher une moue mécontente, il tapa sa cigarette pour se débarrasser de l'excès de cendre avant d'aspirer une nouvelle bouffée. Si les Dragons continuaient à déconner de la sorte, il ne donnait vraiment pas cher de sa réserve qu'il avait pourtant eu tant de mal à acquérir. L'anxiété quotidienne rôdant autour de lui ne le rendait que plus enclin à fumer.

- Sans même parler de cette image que l'on envoie. Nous ne sommes plus que des clowns sans cervelle.

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« Tu es trop tendre. C'est tout simplement ridicule. » Au moins, il ne décevait pas mes attentes, il y allait franchement et tant pis si ça dérangeait. C'était ce que j'aimais chez Klaus, en plus d'être sage, il ne se laissait pas dicter sa façon de penser par un chef quel qu'il soit, surtout si ça allait totalement contre ses principes. Il n'était pas en train d'humilier Samuel ou même Jayden devant l'assemblée qui se grouillait comme le plan initial le proposait, non, il crachait son venin au second plan. J'avais lâché un soupir en guise de réponse, les yeux levés au ciel. Je savais bien que parler n'arrangerait pas la solution mais ça ne nous faisait pas de mal. En plus, si même lui ne pouvait faire plier ni le chef, ni le second lors des réunions rassemblant ces deux-là et les lieutenants, je ne voyais pas trop ce que j'allais pouvoir apporter. Samuel et moi avions une intimité que peu devaient avoir avec lui, alors peut-être qu'avec le temps, j'allais oser exprimer franchement mon avis, comme il le souhaitait et que ça l'aiderait à faire de meilleurs choix mais en attendant, il faudrait beaucoup de patience, comme à ce moment précis. La réalité était là, c'était ridicule et d'un très mauvais goût et nous ne pouvions pas faire grand-chose si ce n'était râler.

« Pour autant que de les faire courir dans le froid, il aurait mieux valu relancer les entraînements spécialisés. Même les Aspirants auraient eu besoin de se retrouver. Les risques auraient au moins payés. » Encore une fois, il avait tapé dans le mille et semblait avoir de meilleurs plans que ceux proposés par nos deux têtes de clan. Peut-être que les Spécialistes n'y voyaient pas d'inconvénients mais, personnellement, j'étais très heureuse de pouvoir m'occuper à l'hôpital. Le froid me crispait toujours autant mais je pensais à autre chose pendant les trop longues journées sans réel soleil. « Je vais te le demander par principe mais je suppose que tu as exposé ton point de vue à Samuel et Jayden quand tu en avais l'occasion ? Je suis certaine que Violette était de ton avis, entre nous. Alors pourquoi est-ce qu'ils se sont entêtés, sérieusement ? » On dirait deux gamins. J'avais voulu le crier mais je m'étais retenue. Par principe et pour ne pas mourir sur le champ non plus.

Je regardais tout autour de nous, tout en l'écoutant attentivement. « Sans même parler de cette image que l'on envoie. Nous ne sommes plus que des clowns sans cervelle. » Cette fois, je lui répondis d'un simplement haussement d'épaules. Je pensais que le clan n'aurait pas pu tomber plus que ça dans mon estime mais c'était malheureusement le cas. Et si je pensais ça, que penseraient les Vipères et les Jaguars ? Des clowns sans cervelle. C'était tout ce qu'on devait être à leurs yeux. « Je n'imagine même pas un Conseil en l'état. En plus d'avoir la réputation d'être imprévisibles, nous passerons pour des abrutis qui organisent des petits jeux à l'improviste. Je n'en suis pas aussi certaine au sujet des Jaguars mais je pense que les Vipères ne devraient pas louper une telle occasion. Heureusement, elles sont loin, mais avec leur réputation... Elles ne feraient qu'une bouchée des célèbres Dragons. » C'était peut-être pour ça que, quelque part, je restais sur mes gardes. Elles étaient connues pour avoir des techniques plus vicieuses et elles auraient eu raison de vouloir terrasser une menace.

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IT'S A JOKE, ISN'T IT ?

A trop agir dans l'ombre et à prétendre, on finissait par renvoyer une image faussée. On s'appliquait à donner l'impression que les Lieutenants avaient leur mot à dire, mais la réalité était autre. Oui, ils pouvaient parler. Parfois. Et ce n'était même pas avec l'assurance d'être écoutés. Dans ce cas-ci, ils n'avaient tout simplement pas eu voix au chapitre. La sortie avait été précipitée et il n'avait pas été question d'écouter ce qu'ils avaient à dire.

- Sur la situation générale, oui. Le reste n'a pas été discuté. J'ai appris que l'on partait peu de temps avant le reste du clan.

Il aurait probablement dû garder cela pour lui, c'était la décision la plus sage, mais il n'avait pas eu envie de faire semblant. Il ne cherchait même pas à se dédouaner. Dans son esprit, il était encore pire qu'il ne parvienne pas à se faire entendre et considérer en tapant du poing sur la table. Il la savait suffisamment intelligente pour faire la part des choses et pour savoir qu'une telle chose ne se répétait pas. La preuve, elle voyait loin. Un point dans le paysage qui comptait tout particulièrement. Même s'ils n'en étaient pas encore là, avec un vrai danger au-dessus de la tête, ils s'en approchaient et le plus inquiétant était que rien n'était fait pour stopper la machine.

- J'ai beau réfléchir, je ne vois pas de solution dans l'immédiat. Rien de faisable en tout cas. La logique voudrait que l'on coupe le membre avant la gangrène, mais nous ne sommes pas en état d'assumer un tel changement.

Et puis, couper pour mettre quoi à la place ? La tête du clan ne pouvait décemment pas rester sans représentant et il ne parvenait pas à penser à un seul candidat valable pour le moment. Ils étaient tous trop jeunes et inexpérimentés dans l'art de la politique. Les terribles Dragons s'étaient tellement relâchés qu'ils avaient des remplaçants pour tout le monde, sauf pour Samuel. C'était une triste blague lorsque l'on savait qu'il était sans doute le moins fiable de la chaîne alimentaire.

- On ne peut que limiter la casse.

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« Sur la situation générale, oui. Le reste n'a pas été discuté. J'ai appris que l'on partait peu de temps avant le reste du clan. » Si j'appréciais la personne qu'était Samuel, son comportement en tant que Chef ne s'arrangeait pas et m'indignait. Cette capacité à faire la part des choses me permettait de me regarder dans le miroir et de ne pas remettre tout ça sur le tapis lorsque l'on se croisait mais tout le monde n'était pas capable de ça. C'était pour cette raison même que je gardais pour moi le fait que je me rapprochais de lui depuis que je le soignais. Pour certains, ceux qui ne le voyaient pas au-delà de son rôle de Chef - parce que monsieur ne s'ouvrait pas assez - ne pouvaient que me juger. L'avouer à Kaiden fut particulièrement difficile, une véritable épreuve. L'avouer à Klaus était inimaginable. D'une part parce qu'il avait mieux à faire, d'autre part parce que son opinion était bien prononcée et je ne pouvais que le comprendre. Pourtant, je serais prête à rétorquer qu'il m'avait proposé lui-même de m'occuper du cas récalcitrant que représentait Samuel. Pour seule réponse, je me frottai nerveusement le front, accompagnant ce geste d'un soupir.

« J'ai beau réfléchir, je ne vois pas de solution dans l'immédiat. Rien de faisable en tout cas. La logique voudrait que l'on coupe le membre avant la gangrène, mais nous ne sommes pas en état d'assumer un tel changement. » Couper le membre, c'était suffisamment explicite. Il n'avait pas besoin d'en dire plus, j'avais compris ce qu'il avait insinué et c'était une réflexion très dragonne mais très légitime à vrai dire. « Je propose que tu deviennes Chef et je te seconderai. Tant qu'à modifier les choses, autant les modifier à fond ! » Même s'il n'y avait pas besoin de ça pour qu'il conçoive que je n'étais pas du tout sérieuse, j'avais rigolé, un peu nerveusement aussi. Ce merdier était beaucoup plus inquiétant qu'il n'y paraissait mais nous - ou plutôt je - ne pouvions pas trop l'afficher. Lui parce qu'il devait assumer les choix, moi parce que je n'étais qu'une Soumise.

« On ne peut que limiter la casse. » Limiter la casse n'était pas suffisant mais Klaus n'était pas fataliste de nature, alors il était évident que les Lieutenants étaient pieds et poings liés avec ces deux personnages à la tête du clan. C'était bien décourageant, surtout pour ceux qui subissaient davantage encore les décisions du clan, les cibles faciles qui, cette fois, n'étaient pas forcément les Soumis mais plutôt les Membres, les Aspirants et même les Spécialistes. Ils avaient prêté allégeance pour se battre selon les décisions des gradés. « Parfois, je regrette un peu ce choix pris à mes dix ans. Je ne le dis pas de gaieté de cœur mais quand on voit comme les Jaguars se sont relevés, ça me désespère de nous voir tomber toujours plus bas et de constater que vous ne pouvez rien faire. » Parce qu'à ce niveau-là, avec lui, je pouvais être honnête. Klaus n'était pas de ceux qui tapaient les non-natifs, alors un natif consterné, il le comprendrait sans problème.

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La touche d'humour dans une conversation si sérieuse et, presque, désespérée était bienvenue. Lui, Chef ? Il ne pouvait pas nier que l'idée lui ait déjà traversé l'esprit. Lorsque l'on faisait face à un tel casse-tête, on finissait par tout imaginer. Le devenir ne l'avait jamais attiré, il aimait sa vie en tant qu'Infirmier et le travail qu'il pouvait accomplir, cette chance qu'il avait de former d'autres gens pour améliorer encore et encore les chances de survie de cette ville. Seulement, s'il s'était estimé apte à assumer une responsabilité plus grande, il l'aurait fait. Même si l'idée ne lui plaisait pas, il aurait pu endosser ce rôle pour le bien des siens. Seulement, comme toutes les solutions proposées, elle était encore trop bancale. Ils avaient besoin d'un vrai Chef, pas d'un remplaçant pas trop mauvais qui s'épuiserait dans une existence déplaisante. Il n'aurait de toute façon pas la patience pour les jeux politiques. Lorsqu'il voyait un problème, il avait besoin de le régler, pas de tourner autour.

- Peut-être qu'on ferait un malheur.

Il en voyait beaucoup qui n'aurait pas apprécié. Tranquillement, il prit une dernière latte de sa cigarette et l'éteignit contre le mur avant de la ranger dans son étui. Il en avait déjà assez consommé aujourd'hui et, même si ce n'était pas la période idéale, il était bien obligé de se freiner pour éviter de tomber trop vite à court. En récupérer ne serait plus si simple.

- Au moins, ils se redressent, c'est vrai. Sûrement car leur système n'est pas aussi fermé, qu'il permet aux Membres d'avoir une plus grande marche de manœuvre. Savoir lâcher du leste, c'est une preuve de confiance de la part d'un Chef.

On avait beau dire que Samuel ne faisait rien, il ne déléguait pas non plus beaucoup. A une époque, avec Chad, cela avait été différent. Le Second avait plus de pouvoir encore que lui sur le clan. Il avait secrètement espéré qu'une telle dynamique se créé avec Jayden. Cela n'aurait pas été parfait, mais déjà mieux que rien. Ici, ils prenaient leurs mauvaises décisions à deux et formaient un duo pour le moins mal assorti. Un peu fatigué par tout ça, il saisit l'occasion d'explorer un terrain moins lourd, puisqu'elle avait commencé à s'y engager.

- Si tu avais pris cette décision de partir, où aurais-tu été ?

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« Peut-être qu'on ferait un malheur. » Nous savions l'un comme l'autre que tout cela n'avait rien de sérieux mais c'était ce que j'aimais chez Klaus, sa capacité à pouvoir rire de tout plutôt que de pleurer ou de s'énerver à cause d'une situation sur laquelle nous n'avions aucun pouvoir, moi la dernière. Lui, à la rigueur, il pouvait essayer de faire raisonner les Spécialistes de son équipe et même les autres Lieutenants. Moi, je pouvais tout juste tenter de dialoguer avec d'autres Soigneurs qui, pour la plupart, étaient heureusement de mon avis. Il n'y avait pas que des potiches parmi les Soumis, loin de là. On se rendait compte avec les années que nous ne faisions pas le choix de rester Soumis parce que nous n'avions pas les capacités, ou en tout cas pas forcément, mais parce que nous étions convaincus de pouvoir faire de grandes choses depuis nos différentes positions. Etre Seconde m'aurait certainement mis trop de pression et je préférais prendre du temps pour les autres en les soignant du mieux que je le pouvais.

« Au moins, ils se redressent, c'est vrai. Sûrement car leur système n'est pas aussi fermé, qu'il permet aux Membres d'avoir une plus grande marche de manœuvre. Savoir lâcher du leste, c'est une preuve de confiance de la part d'un Chef. » J'aurais aimé que Samuel s'en rende compte plus tôt ou qu'il s'en rende compte tout court. Il essayait de faire des efforts mais les Jaguars semblaient plus forts et plus soudés à ce niveau. Il suffisait d'entendre Zeke en parler à l'hôpital pour se faire une idée. Si seulement les Dragons avaient pu allier forces de combat et ouverture d'esprit, je ne serais certainement pas aussi méfiantes concernant certains Spécialistes. Les Lieutenants étaient plus intelligents qu'eux. J'avais acquiescé de la tête, les lèvres pincées, un peu trop fataliste concernant notre clan que j'aimais malgré tout mais d'un amour nuancé.

« Si tu avais pris cette décision de partir, où aurais-tu été ? » La question était difficile mais intéressante, elle me permettait de réfléchir à une alternative à cette vie, bien que ce ne soit plus qu'un rêve. « C'est pour ça que j'aime discuter avec toi, tu pousses les autres à réfléchir. » Je pris une pause avant de réfléchir à voix haute. « Les Aigles, n'y pensons même pas. Ils m'ont refroidi quand je n'étais encore que gamine et que j'aidais mon père. Ils sont peut-être trop fermés aussi. Mais mon cœur balance entre les Vipères que je respecte beaucoup et qui n'ont pas l'air de sous-estimer leurs Soumis et les Jaguars avec qui j'ai beaucoup accroché lorsque je les ai rencontrés en centre neutre ou à l'hôpital. Ils ont l'air beaucoup moins coincés que certains Dragons, si tu veux mon avis. » Ah oui, les Jaguars m'auraient bien plu, j'en étais certaine mais je n'allais pas renier mes origines pour autant et j'acceptais ce choix d'il y a dix ans malgré les problèmes rencontrés actuellement avec Samuel et Jayden au pouvoir.