it's never too late to say I'm sorry
Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

L'effort te brûle les jambes après des heures sur la route mais au loin le paysage change un peu et c'est tout ce qu'il te faut pour retrouver un semblant de motivation. Marcher dans le froid est difficile. Marcher dans le froid avec une horizon déserte est un enfer. Durant trop longtemps tu n'as pas eu grand chose à faire pour te distraire. Rester en vie est une occupation en soi mais elle finit par être redondante et devenir paranoïaque n'est pas sur ta liste de priorités. Les dangers sont là, tu le sais. Tu restes attentif mais tu as vite abandonné une super vigilance trop épuisante. Vous êtes tellement et il y en a suffisamment qui font gaffe à chaque détail. Ce n'est pas malin de penser comme ça mais tu te dois de t'appuyer sur les autres. Tu as bien assez à faire lorsque vous traversez une zone instable où chaque pas vient menacer tes chevilles. Parfois tu as observé les gens autour de toi. Beaucoup d'étrangers avec quelques visages familiers ici et là. Certains que tu n'as plus vu depuis une éternité. Dont un qui agite en toi un peu trop de culpabilité. Mais faire le pas n'était pas facile. Tu n'avais jamais eu le courage d'Ella. Aujourd'hui tu en aurais eu bien besoin pour faire ce qui était juste. Mais tu n'avais jamais pu aller totalement au bout des choses. Il y avait eu quelques regards, un sourire parfois. De ta part. Le sien n'était pas apparu et tu comprenais sans mal pourquoi. Un autre faciès trop connu avait été comme un satellite autour d'elle. Thiago. Si au début tu l'avais cru dans la même situation que toi, tu avais eu bien du mal à lui octroyer un tel bénéfice du doute. Tu n'en sais pas beaucoup mais tu as cette certitude qu'il est trop maladroit pour elle en ce moment et qu'il y a bien trop de choses qu'il peut briser. Bien trop de secrets à dévoiler. Dont un qui t'inquiète plus que les autres. Au milieu du chaos vous n'avez pas besoin que la nouvelle sorte brutalement. C'est ce qui te donne la dernière poussée nécessaire pour oser l'approcher lorsqu'il devient évident qu'il va l'accoster. Ce ne sont pas tes affaires. Tu le sais bien. Mais ça ne t'empêche pas de vouloir protéger Ella. Lorsque tu emboîtes le pas de Yulia tu te sens un peu honteux d'être intéressé mais tu te rassures en te disant que c'est le résultat qui compte. Tu y es. Finalement. « Yu. » Le vieux surnom glisse avec familiarité hors de tes lèvres. Dans un souffle un peu agité par le froid et l’exercice. Par l'appréhension peut-être aussi. Du coin de l’œil tu avises Thiago qui hésite avant de t'expliquer. « J'ai pensé que le moment n'était pas idéal pour ses attaques puériles. » Parce que pour toi c'est ce qu'il est. Tu ne dis pas ça parce que tu lui en veux ou que tu ne l'estimes pas assez bien pour ta petite sœur. C'est plus profond et tu le connais assez pour savoir. Il n'est un gamin qui avale mal certaines contrariétés et qui devrait vraiment apprendre à communiquer correctement avec les gens qu'il aime. Comme elle parfois.

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année 41- SI jour 81 (après-midi)

Après tout ce qu'il s'était passé, être ici n'était pas simple pour Yulia. A l'exception de l'un ou deux éléments, elle se sentait entourée de trop de gens lui rappelant ses erreurs et son comportement de ces dernières semaines. La culpabilité était encore un sentiment diffus en elle, quelque chose de léger, mais qui planait tel un fantôme. Beaucoup d'autres émotions bataillaient pour la première place. Il y avait aussi le plan des vipères. Prendre sa revanche sur les dragons, elle l'avait désiré. Seulement, maintenant que la réalité de cette vengeance était entre ses mains, elle craignait de voir le courroux du clan s'abattre. Parce qu'il n'y avait pas que des étrangers parmi eux. Le nord et ce voyage même étaient peuplés de têtes connues. Des personnes à qui elle en voulait, mais sûrement pas au point de les voir mortes. En elle existait encore beaucoup trop de conflits en plus de ce mal-être qui restait bien présent. Une seule discussion n'arrangerait pas tout même si elle avait eu la sensation de nettoyer le pus d'une plaie purulente. Sur l'échelle de la guérison, Yulia était encore à un échelon si bas. Elle n'avait même pas encore eu le temps de prendre conscience de tout, le voyage était arrivé beaucoup trop vite.

La longue route avait ce mauvais côté de lui laisser trop de temps pour penser. Devant le paysage terne et infini, il était facile de se perdre dans ses pensées et elles étaient loin d'être positives. Il aurait été facile de chercher la proximité de quelqu'un pour ne pas laisser le silence ambiant prendre le dessus, mais elle ne se sentait pas non plus d'humeur bavarde. Elle était trop épuisée psychologiquement pour ça.

La voix qui l'appela soudain était terriblement familière. Pourtant, Yulia avait dans la tête un timbre plus jeune prononçant son surnom. Elle avait l'impression que sa dernière conversation avec Grey se trouvait dans une autre vie. Alors qu'ils étaient encore jeunes et proches. Elle n'avait jamais compris ce qui les avait séparés. En vérité, cela s'était passé comme ça. Un jour, ils avaient juste cessés de passer du temps ensemble. Il n'y avait pas eu de dispute, pas de trahison. Juste la vie passant par là.

— Grey. dit-elle, plus solennelle qu'elle n'aurait dû l'être avec ce vieil ami.

Yulia suivit son regard et croisa un instant celui de Thiago. Ils ne s'étaient pas adressés la parole depuis cette rencontre à la zone industrielle. Elle n'était pas particulièrement pressée de lui faire face. Grey venait de la sauver avec cette gentillesse discrète qui le caractérisait si bien. A ses côtés, elle se sentit soudain nostalgique. Il était comme un roc. Une force tranquille avec laquelle on se sentait à l'aise.

— C'est gentil de ta part. avoua-t-elle avec un demi-sourire, un peu penaude. J'espère que je ne t'ai pas arraché à quelqu'un.

Elle ne voulait pas le chasser, loin de là. Grey était le genre de personne avec qui elle savait que le silence ne serait pas problématique. Avec lui, Yulia se sentait assez à l'aise pour passer quelques instants. Seulement, elle ne voulait pas être une gêne pour lui et l'ennuyer avec son humeur morose.

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

« Grey. » Un mur évident est monté entre vous. Tu ne sais pas si c'est toi, si c'est vous ou s'il s'agit juste de cette Yulia un peu étrange à laquelle Ella a été confrontée. Peut-être un mélange des trois. Tu n'as pas le droit de t'attendre à ce qu'elle t'accueille les bras ouverts. Vous n'en êtes plus là. « C'est gentil de ta part. » Tu n'en es pas si certain. Après tout il y a toujours ce but caché derrière ta présence, ton envie égoïste de protéger Ella. Alors tu te sens presque un peu coupable en voyant que la glace fond. Elle sourit et ce n'est que l'ombre de ceux que tu as vu. Éteinte. C'est ce qu'elle est. « J'espère que je ne t'ai pas arraché à quelqu'un. » « Oh non tu me connais. » Et tu as cette grimace réflexe parce que tu n'en sais trop rien en fait. Peut-on encore dire qu'elle te connait ? Ce n'est pas une critique. Juste un fait. Vos conversations ont été sporadiques ces dernières années. Tu ne serais même pas capable de pointer du doigt un moment que vous avez passé seul à seul. « Je ne suis pas le plus sociable des Jaguars. » Tu te forces à continuer car tout ça est déjà assez gênant. En effet tu n'es pas sociable. Comment passer à côté alors que tu n'es même pas fichu d'avoir une discussion avec une vieille amie. Quelqu'un qui t'avait compris et accepté lorsque vous n'étiez encore que deux gosses dans un clan horrible. Ton attention se reporte vers l'avant, vers ce cortège qui progresse. Même si vous baignez toujours au milieu des gens chez les Jaguars, au QG plus précisément, dans ce cas-ci c'est différent. Ce sont tous des étrangers. « Même avec des gens que je connais je ne pense pas que j'arriverais à parler ici. J'ai toujours cette impression d'être observé. C'est dérangeant. »

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année 41- SI jour 81 (après-midi)

Avoir à marcher sur des œufs n'était pas la chose la plus confortable à faire. Yulia était pourtant consciente qu'elle avait contraint beaucoup de gens à le faire durant ses jours les plus sombres. Même si ce n'était pas voulu, cela devait être la seule option qu'elle leur avait laissé. Elle découvrait néanmoins que l'attitude était pire. Que si c'était pour ça, elle préférait encore qu'on ne lui adresse pas la parole. A quoi bon communiquer si la franchise n'était pas envisageable. Tout ça, elle l'avait compris tout récemment. Grey venait comme une piqûre de rappel. Ou une façon d'appuyer plus encore sur les faits.

Tout maladroit qu'il pouvait parfois être, ce n'était pas comparable à cette discussion qui tentait de se tisser. Il était presque pénible de le voir galérer pour Yulia. Pour autant, elle ne prit pas la parole alors qu'il s'enfonçait. Elle voulait juste qu'il se reprenne de lui-même, qu'il se rende compte que tout ça n'était pas nécessaire entre eux.
De toute évidence, cela ne se ferait pas si simplement. Elle poussa un léger soupir, forçant un sourire à peine présent sur ses lèvres.

— Tu y arrives avec moi. glissa-t-elle, désireuse de défendre son ami qui se dénigrait un trop à ses yeux. Pourtant, je ne te facilite pas la tâche.

Parce que Grey restait son ami et qu'il avait ici évoqué quelque chose d'important. Malgré tout, il s'était confié.

— Peut-être que tu ne devrais pas te forcer, que ce soit ici ou ailleurs. Tu es comme tu es et personne n'attends de toi que tu ailles faire ami-ami avec le premier venu. Même avec tes proches, si tu ne le sens pas, si ça se trouve c'est juste pas le bon moment. Ils te connaissent et ils ne restent pas avec toi pour ton caractère de bout en train.

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

« Tu y arrives avec moi. » Tu veux lui dire que ça n'est pas pareil. Que tu la connais. Que tu es à l'aise avec elle. Mais les mots ne sortent pas car ils sont aussi vrais que faux. Tout est une question de nuance naturellement mais tu ne sais pas comment exprimer ce que tu ressens. Et puis il y a ce pour quoi tu es là qui te force à sortir de ta zone de confort. « Pourtant, je ne te facilite pas la tâche. » Il est presque curieux qu'elle le reconnaisse aussi facilement. Yulia n'est pas une idiote incapable de se remettre en cause mais elle peut se montrer butée. Surtout dans la souffrance. Mais elle semble avouer de bon gré qu'elle n'est pas d'une compagnie facile et ta seule réponse fut de hausser les épaules. Beaucoup de choses peuvent être comprises. Dans l'ensemble tu veux qu'elle capte que tu comprends. Que tu te fiches bien qu'elle ne soit pas très causante. Même si tout ça n'est pas vraiment à propos d'elle. Tu as bien saisi que cet aveu avait été fait pour toi et cela ajoute un peu à ta gêne. Tu ne veux pas qu'elle ait à faire un effort parce que tu t'avères être trop renfermé sur toi-même parfois. « Peut-être que tu ne devrais pas te forcer, que ce soit ici ou ailleurs. Tu es comme tu es et personne n'attends de toi que tu ailles faire ami-ami avec le premier venu. Même avec tes proches, si tu ne le sens pas, si ça se trouve c'est juste pas le bon moment. Ils te connaissent et ils ne restent pas avec toi pour ton caractère de bout en train. » Ce discours, tu aurais pu le lui adresser. Tu l'aurais même dû. Cela vaut pour elle même si c'est un peu plus compliqué. Tu restes silencieux un moment, cherchant comment articuler toutes ces idées qui se bousculent dans ta tête. Tu ne peux t'empêcher de voir toutes les failles dans tes mots, toutes les raisons que tu pourrais lui donner de partir. Toutes les blessures que tu pourrais lui infliger si tu n'es pas prudent. Tu finis même par t'arrêter, une main saisissant délicatement la manche de sa veste pendant que tu la guides un peu à l'écart du chemin formé par le convoi. « Yulia... » Avant toute chose, tu t'es rendu compte qu'il y avait un truc sur lequel tu devais t'exprimer. Le sujet le plus difficile de tous. Une façon de crever l'abcès. « Je suis désolé de pas avoir été là. J'ai pas été fichu de voir autre chose que ma propre souffrance. Mais je sais à quel point il comptait pour toi. Et je sais aussi que son attitude avant... Je l'aimais mais il changeait et il a été injuste. Avec toi aussi. Je sais que tout ça c'est facile à dire. Mais j'ai été un con égoïste. Alors que... Si je devais perdre Ella... Pardon. Je referais les choses différemment si je le pouvais. »

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année 41- SI jour 81 (après-midi)

Cela faisait un moment que Yulia n'avait pas eu à se montrer aussi attentive durant une simple conversation. De part son silence récurent, la compréhension passait beaucoup par du non-verbal avec Grey. Elle se trouva donc à garder l’œil sur lui plus qu'elle ne l'avait fait avec d'autres. A vrai dire, elle s'était appliquée à ne pas croiser le regard des autres plus que le contraire depuis la saison polaire. Mais si elle voulait le comprendre lui, une telle attitude était à bannir.

Au milieu de tout ça, Yulia se trouva traversée par l'envie de le bousculer un peu. Le problème n'était en rien le comportement de Grey. Il était juste agaçant (bien que le mot était un peu dur) avec cette façon de hausser des épaules pour chasser son argument. Trop prompt qu'il était à se sous-estimer, bien sûr. Mais, au dernier moment, elle avait hésité à agir si familièrement. Le doute avait tué l'initiative qui avait vite été mise de côté.

Le silence se teintait d'une certaine forme de malaise alors qu'ils progressaient encore. Yulia l'avait observé se creuser la tête, les sourcils froncés sans trop savoir quoi faire. Quoi dire. Elle s'était demandé s'ils étaient déjà arrivés au bout de cette conversation aisée. Avant que Grey ne cherche à l'entraîner à l'écart. Elle le suivit sans faire d'histoire, à la fois en confiance et soucieuse de ce qu'il avait à lui dire. Deviner le sujet qu'il avait à aborder dans un cadre plus intimiste n'était pas difficile. Son poing se serra légèrement, les murs remontant un peu sous l'appréhension.

Anton. Grey était sûrement le mieux placé pour lui parler de son frère. Au fil des années, il avait même passé plus de temps avec lui que Yulia elle-même. Le duo soudé et dépareillé, mais qui fonctionnait si bien. C'était du moins ce qu'elle avait cru. Dans la bouche de Grey, la vérité se parait d'autres couleurs. Alors comme ça, il n'avait pas changé qu'avec elle ? Yulia avalait difficilement les informations. Comme des bouchées un peu trop grosses au goût amer. Cela ne changeait rien au fond. Anton était mort après tout. Néanmoins, cela jetait un autre éclairage sur ses derniers moments passés avec son frère. Elle s'était flagellée pour ne pas avoir su le comprendre et rendre l'instant meilleur, mais peut-être n'était-elle tout simplement pas aussi coupable qu'elle le pensait. Peut-être que c'était comme pour tout. Chacun avait sa part. Une chose qu'elle avait oublié, pardonnant trop facilement tout au disparu pour ne pas entacher sa mémoire.

— Merci. souffla-t-elle, en tentant de refluer les larmes. Je pense que j'avais besoin d'entendre ça.

Grey penserait peut-être que ce n'était pas grand chose, mais son courage faisait la différence pour Yulia. Il l'aidait à passer une étape importante vers la guérison.

— Mais ne t'en veux pas. S'il te plaît. Tu as fait ce que tu pouvais. Et puis, je t'aurais mal accueilli, comme tous les autres. Je n'étais pas prête à tolérer qui que ce soit autour de moi à cette époque. La perte m'a rendue cruelle.

Elle s'en rendait compte désormais. Pas de tout, le chemin devait encore être retracé. Mais Yulia avait eu à faire face à ce mal qu'elle avait fait. Alors, elle pouvait comprendre son envie de réécrire le passé, mais ce n'était là qu'une chimère. Ils ne pouvaient vivre que dans le présent. Et cela passait par l'étape crucial du pardon. Celui des autres, mais surtout de soi-même.

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Année 41 - saison intermédiaire (après-midi 81)

Après ton accès de courage tu es pétrifié. Une part de toi regrette. L'autre non. C'est quelque chose qu'il te fallait dire et cela vint t'ôter un peu de poids des épaules. Tu te sens mieux avec ton deuil mais surtout avec ta culpabilité. Cela ne t'empêche pas d'appréhender sa réaction. C'est seulement lorsque tu te tais que tu percutes sur le fait que tu ne connais plus aussi bien Yulia qu'avant, qu'elle peut avoir des réactions qui t'échappent complètement. Vous avez grandi, vécus des vies différentes. Les secondes, les minutes peut-être, qui s'écoulent semblent être des heures. Et plus le temps passe plus ton désir de t'enfouir six pieds sous terre devient grand. « Merci. » Ta bouche s'ouvre par réflexe mais aucun son n'en sort. Tu restes idiot avec les lèvres entrouvertes. « Je pense que j'avais besoin d'entendre ça. » Tu vois les larmes dans son regard. La souffrance qui est toujours bien présente et qu'elle se permet enfin de te montrer. Maintenant tu peux mieux appréhender les difficultés rencontrées par Ella. « Mais ne t'en veux pas. S'il te plaît. Tu as fait ce que tu pouvais. Et puis, je t'aurais mal accueilli, comme tous les autres. Je n'étais pas prête à tolérer qui que ce soit autour de moi à cette époque. La perte m'a rendue cruelle. » Tu le sais un peu trop bien sans en avoir fait les frais. Mais il est inutile de mettre ça sur le tapis. Yulia n'est ni idiote, ni vraiment méchante. Elle sera la première à s'en vouloir pour ta sœur et il serait stupidement revanchard de venir faire péter la cicatrice toute fraîche. Cela ferait clairement plus de mal que de bien. A tout le monde. « L'important c'est que tu t'en sois rendue compte. Que tu dépasses ce cap. » Oui Yulia aura sans-doute bien du travail à faire sur elle-même avant de pouvoir se pardonner pour les faux-pas engendrés par le chagrin. Il n'existe pas d'excuse universelle pour s'offrir un droit de blesser les autres et chacun en faisait les frais, tôt ou tard. « Même si on sait tous qu'au fond de toi tu ne le voulais pas. » Tu oses un geste vers elle, ta main se posant sur son épaule avec une fermeté réconfortante. Tu n'as jamais été particulièrement tactile mais le moment te semblait important. Même toi tu avais ressenti le besoin d'initier ce contact. Comme si il allait vous aider à combler un trou de plusieurs années d'absence.

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